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Les remarques méthodologiques qui suivent sont la traduction en opérations de recherche concrètes des hypothèses et méthodologies exposées dans le chapitre 1. Elles présentent le déroulement effectif de l’enquête et entrent dans le détail des techniques utilisées.

5.1.Déroulement de la première phase : l’enquête par questionnaire

La conception stratégique dont le questionnaire est l’effet a déjà été présentée précédemment. Ici, on précisera les conditions de passation et leur temporalité.

L’enquête a été menée sur l’ensemble du territoire lorrain, par vagues successives, permettant d’ajuster progressivement l’échantillon aux conditions des quotas. Ces vagues d’enquête ont été tantôt collectives (tout ou partie de l’équipe se déplaçant vers un lieu défini et, se dispersant à l’arrivée sur le site ; ce fut le cas à : Epinal, Bar-le-Duc, Nancy, Saint-Dié, Lunéville, Longwy), tantôt par paires ou trios, tantôt individuelles (l’enquêteur procédant alors sur une aire plus restreinte).

Les enquêteurs arboraient un badge ad hoc (un collage des logos des deux université, du laboratoire et du CES – chacun de ces emblèmes pouvant jouer un rôle différentiel dans la crédibilisation de la démarche auprès du public, selon les lieux d’enquête) et abordaient les éventuels enquêtés sur la base du court texte figurant au début du questionnaire. Ils avaient pour consigne de proposer, soit de remplir eux-mêmes le questionnaire sous la dictée, à vue, des répondants, soit de laisser les répondants le faire en se tenant à proximité immédiate. La consigne était clairement de facilitation de la réponse (en deçà, toutefois, d’une limite qui

serait de proposer une réponse), soit en observant une difficulté soit en réaction à une demande explicite de la personne interrogée.

Les lieux choisis ont été en général déterminés sur place dans la commune ou ville de destination. Comme il s’agissait de privilégier les situations ouvertes, ce sont les parcs publics ou les terrasses de cafés qui ont été les lieux où la rentabilité de l’effort d’enquête a été a meilleure : c’est bien entendu une question de disponibilité (il est plus facile de remplir le questionnaire sur un banc ou sur une terrasse que debout dans la rue au sortir d’un marché) et aussi d’émulation (quand on a été témoin de la participation d’un voisin, il est plus difficile de refuser sa propre participation). Mais cette situation facilitante avait des limites, celles d’un certain biais de public, disponible pour être à telle terrasse « classante » à tel moment de la journée. On a donc aussi beaucoup enquêté sur les marchés de plein air, qui offraient l’avantage, comme les parcs publics et les cafés, pendant cette période estivale d’un plus grand brassage de population qu’en situation ordinaire.

Ces interactions ont été très riches d’observations additionnelles pour l’enquête, rassemblées et mêlées sur le trajet de retour. Elles ont d’emblée permis de voir que l’accueil était très favorable, les refus étant assez rares dès lors que des conditions minimales étaient réunies. Il faut cependant mentionner que, malgré l’uniformisation relative que procurait le badge, tous les enquêteurs n’avaient pas le même succès – toute habileté personnelle mise à part. Face à de douloureux insuccès répétés pour l’un de nos enquêteurs d’origine iranienne, il a parfois été nécessaire de prendre des mesures pro-actives : c’est ainsi qu’à deux reprises, dans deux villes moyennes de la région, nous avons pris langue de manière tout à fait improvisée avec le DGS pour qu’il autorise son personnel municipal à être interrogé par notre enquêteur, qui du coup, muni de cette rallonge d’autorité, croulait sous les demandes.

L’enquête a commencé sur le marché d’Epinal le 16 juillet 2008 et s’est achevée à Longwy- Haut le 9 septembre 2008. Au-delà de cette dernière date, les passations ciblées de questionnaires ont été destinées à rapprocher l’échantillon effectif de l’échantillon souhaité. Malgré le prix élevé à payer en disponibilité et en ténacité que représente la réalisation, par une équipe restreinte, de l’enquête par questionnaire, on ne peut en l’occurrence qu’en dire les avantages : outre que cette concentration évite le recueil de questionnaires mal remplis par des enquêteurs éloignés de la problématique de l’enquête, elle permet aussi au responsable scientifique, enquêteur au même titre que les autres, de mesurer en direct les difficultés et les incompréhensions que peuvent susciter les formulations qu’il pouvait estimer les plus ajustées et de ressentir ainsi le contexte de réponse.

5.2.Organisation de la deuxième phase : les tables rondes

Les 14 tables rondes (au lieu des 15 prévues) ont été organisées sur cinq grands bassins d’emploi de la région. Chaque bassin devait être le lieu de déroulement de trois tables rondes (une table « classes populaires », une table « classes moyennes » et une table « classes supérieures »). Dans la mesure du possible, ces trois tables rondes se partageaient entre deux villes différentes : par exemple, deux tables à Forbach et une à Sarreguemines, pour le bassin « Moselle-Est ». Si ni Nancy, ni Epinal ne figurent dans la liste qui suit, ce n’est pas par volonté de les ignorer, mais en raison de la difficulté circonstancielle d’y trouver les lieux de réunions appropriés aux moments choisis par l’équipe. Il faut donc entendre que la réunion de Tomblaine vaut pour l’agglomération nancéienne et la réunion de Thaon-les-Vosges, pour l’agglomération spinalienne. Enfin, pour le le bassin de Commercy soit aussi représenté, nous

L’équipe de chercheurs a assuré l’ensemble de l’opération (logistique, animation) avec le soutien du bureau du CESRL (un membre du bureau a introduit chaque session) et de personnes-ressources locales.

Les dates et lieux

23 septembre à Forbach (2 tables rondes : classes supérieures et classes populaires) 26 septembre à Sarreguemines (1 t.r. classes moyennes)

29 septembre à Verdun (2 t.r. : classes supérieures et classes populaires) 30 septembre à Bar-le-Duc (1 t.r. : classes moyennes)

7 octobre à Tomblaine (2 t.r. : classes supérieures et classes populaires) 10 octobre à Toul (1 t.r. : classes moyennes)

14 octobre à Gérardmer (1 t.r. : classes moyennes)

13 novembre à Metz (2 t.r. : classes supérieures et classes moyennes) 14 novembre à Hayange (1 t.r. : classes populaires)

28 novembre à Thaon-les-Vosges (1 table ronde mixte). Fonctionnement

Après les mots de bienvenue prononcées par le représentant du CES, une brève présentation de la place de ce jeu dans l’enquête et des contraintes de discussion est donnée par le responsable scientifique de l’enquête.

Puis on procède à une répartition des participants en groupes de 3 ou 4 personnes : cette taille des groupes est fonction de l’effectif total. Ce sont donc en principe 5 groupes de trois qui sont constitués sur un mode un peu aléatoire (les défections de dernière minute ne permettent pas vraiment de préétablir ces groupes).

On propose à chaque groupe de participants un jeu de 32 cartes contenant des affirmations sur la Lorraine (16 « constats » et 16 « propositions pour l’avenir »). Ils disposent en outre chacun d’une liste de toutes les phrases proposées. Il leur est conseillé de servir du jeu de cartes pour progresser dans la réalisation de la consigne : on peut ainsi empiler les cartes choisies et matérialiser en quelque sorte les accords.

Les participants doivent, d’abord en petits groupes de trois ou quatre, parvenir à un accord concernant 5 constats et 5 propositions. Ils ont droit à un « joker », c’est-à-dire de modifier l’une des 32 propositions pour se rapprocher d’une formulation qui leur conviendrait.

Les participants ont libre choix de la méthode pour parvenir à l’accord. Et de fait, en sous- groupes, les modalités de travail sont variables : examen séparé des affirmations, puis confrontation des choix individuels et effort de compromis ; ou bien : examen collectif des affirmations et décision. Dans certains cas, les groupes constituent des paquets de phrases (celles que l’on est sûr de choisir ; de ne pas choisir ; celles sur lesquelles il faut revenir…). Dans certains cas, des phénomènes de leadership ou de mini-coalitions peuvent modifier le déroulement des discussions, mais cette éventualité est en quelque sorte bornée par les passages réguliers des animateurs dans les groupes, qui ont un effet de normalisation.

A la fin du temps imparti à cette première phase (ou dès qu’ils ont terminé leur tâche), les sous-groupes remettent aux animateurs les 10 cartons retenus et leurs éventuels jokers. Ces cartons sont immédiatement comptabilisés à l’aide d’un logiciel ad hoc qui permet aussi de procéder à un affichage sous forme de diagrammes en barres, qui sera projeté sur grand écran pour la deuxième phase. Lorsque tous les groupes ont remis leurs résultats, on affiche à l’écran les choix de chaque groupe et le total atteint par chacune des propositions, ce qui constitue une aide à la décision pour la suite. Durant cette pause, les groupes se voient offrir une collation, qui est aussi le moyen de faire connaissance par des discussions informelles.

Lorsque démarre la séance plénière, les participants se trouvent face à un dispositif beaucoup plus directif : un président de séance (de fait, le responsable scientifique de l’enquête), qui énonce les objectifs à atteindre (de nouveau un accord sur 5 constats et 5 propositions) ; un(e) animatrice qui est chargé(e) de relancer les débats, de les recentrer ou au contraire de les décentrer (en rappelant l’existence d’items délaissés) ; en outre, un membre de l’équipe filme les débats.

Après un rapide tour de présentation par chaque groupe de ses résultats, la négociation commence, sans impératif de fidélité au groupe d’origine (quoique, dans les faits, pratiquement personne n’y ait dérogé). Chaque fois qu’un accord est acquis, la proposition apparaît en clair sur l’écran. Les participants ayant été avertis que la qualité de la discussion importe plus que la satisfaction de la consigne, le président de séance ne cherche pas à tout prix à obtenir les 5+5 affirmations consensuelles. Il arrive donc que l’on ne puisse se mettre d’accord sur les 10 cartons ou que le temps qu’il faudrait pour y parvenir apparaisse comme trop long. Les participants prennent acte, de façons assez diverses, de ce semi-échec (sur le plan quantitatif). Il est clair que plus l’ensemble des affirmations retenues par les différents sous-groupes contient d’éléments, plus il sera facile d’arriver à satisfaire la consigne. Et une affirmation retenue par tous les sous-groupes est une bonne candidate pour figurer dans le décile final. Mais il n’y a pas là de véritable automatisme, les séances l’ont montré.

La séance se termine par un résumé des discussions effectué par le président de séance.

Les matériaux recueillis préservent l’identité des participants et leur droit à l’image (les enregistrements ne sont communiqués à aucune personne extérieure à l’équipe et ne servent qu’aux opérations d’analyse des données).

Déroulement chronologique

La séance commence à 16h45 (un quart d’heure étant consacré à la présentation de l’opération) lorsqu’il y a deux tables rondes qui se suivent. Le déroulement en est le suivant : -ENGAGEMENT : à 17h, renseignement du questionnaire (¼ h) ;

-ETAPE 1 : à 17h15, discussion en sous-groupe (¾ h) ; -PAUSE : à 18h, ½h de battement avec collation ; -ETAPE 2 : à 18h30, discussion en session plénière (1h).

Puis on enchaîne avec la 2ème T.R. à 20h, selon la même modalité, pour terminer à 22h30. La séance commence à 18h15 lorsqu’il n’y a qu’une seule T.R. :

-ENGAGEMENT : à 18h30, renseignement du questionnaire (¼ h) ; -ETAPE 1 : à 18h45, discussion en sous-groupe (¾ h) ;

-PAUSE : à 19h30, ½h de battement avec collation ; -ETAPE 2 : à 20h, discussion en session plénière (1h).

Circonstanciellement, en raison de retards au démarrage de la table ronde, il s’est avéré nécessaire de réduire le temps des sous-groupes. De même, lors de la deuxième table ronde d’une soirée, la durée réelle de la deuxième phase a souvent été beaucoup plus longue.