• Aucun résultat trouvé

5 Résultats de l'analyse

5.1.1 Superficies naturelles et services écosystémiques

La proportion et la répartition des espaces verts sur le territoire de la municipalité de São Paulo, et plus largement, sur la superficie de la région métropolitaine, sont rapportées dans cette section. La caractérisation qualitative de cinq espaces verts choisis sur le territoire à l’étude est également exposée afin d’illustrer, par des exemples, les différents services écosystémiques rendus par les aires protégées et primordiaux à l’adaptation aux variations climatiques et au maintien des conditions environnementales des bassins versants.

5.1.1.1 Répartition des espaces verts

Depuis 2010, le secrétariat de l’Environnement de la municipalité de São Paulo (SVMA) réalise l’inventaire des espaces verts publics contenus dans les limites de la ville. Celui-ci comprend les places publiques, les parcs urbains municipaux et étatiques et les Unités de conservation de développement durable ou de protection intégrale définies par le Système national des Unités de conservation (SNUC). Dans le but d’évaluer la distribution de ces espaces végétalisés et de leurs services écosystémiques, les agents du gouvernement mesurent, en fait, la superficie d’aire protégée comprise dans chacun des arrondissements de la ville de même que cette superficie ramenée par habitant. La comparaison de ces indicateurs mesurés annuellement permet de mettre en évidence le degré d’effort du pouvoir public pour la création et l’expansion d’aires protégées. Par l’observation des résultats obtenus, on constate qu’en 2010, les espaces verts recouvraient 138 890 900 m2 à l’intérieur du territoire de la municipalité de São Paulo, alors qu’en 2016, ils s’étendaient sur une superficie de 194 138 890 m2. On a donc enregistré une expansion de 55 247 990 m2. Quant à la proportion

d’aires végétalisées par habitant, elle est passée de 12,34 m2 en 2010, à 16,68 m2 en 2016 (SVMA, 2011; SVMA et al., 2016). Bien que cet indicateur atteint désormais le seuil des 16 m2 d’espaces verts par habitant recommandés par l’Organisation des Nations unies, il se situe bien en deçà des 52 m2 d’aires vertes par habitant de la ville « écologique » du Brésil, Curitiba, située au sud de São Paulo (Blanco, 2005). À titre comparatif, la norme établie pour les villes nord-américaines est de 40 m2 par habitant, tandis que les grandes villes de la France ont, en moyenne, une superficie de 48 m2 d'espaces verts par habitant (NRPA, 2017 ; Observatoire des villes vertes, 2017).

De plus, il est à noter que la distribution des superficies végétales est très inégale sur le territoire de la métropole de São Paulo. Certains arrondissements présentent très peu d’espaces verts de nature publique. C’est entre autres le cas des arrondissements Guaianases, Mooca et São Mateus, tous trois situés à l’est du centre-ville et détenant chacun moins de 200 km2 de surface dédiée aux espaces verts publics (SVMA, 2011). Le secteur est fut d’ailleurs généralement caractérisé par les répondants à l’enquête comme détenant un équilibre écologique précaire, alors que la dominance d’espace construit y est des plus grandes. Cette situation est sensiblement en relation avec le niveau socioéconomique de cette zone qui est considéré comme plus faible, alors que de nombreuses favélas s’y situent. De plus, ce secteur était privilégié pour l’implantation d’usines et de manufactures lors de l’important développement industriel des décennies 1950 et 1960 (Saglio-Yatzimirsky, 2004).

D’un autre côté, les zones aux extrêmes sud et nord de la municipalité de São Paulo, respectivement occupée de façon partielle par la Serra do Mar et la Serra da Cantareira, deux formations montagneuses recouvertes de forêts et protégées par l’État, contrastent avec le reste de la ville. Sur la carte représentant l’occupation des sols dans la municipalité de São Paulo, il est possible de différencier les Unités de conservation (UC) de protection intégrale, en vert foncé, de développement durable, en vert vif, et de conservation et récupération en vert pâle. Quelques parcs urbains sont également identifiés en vert phosphorescent au centre de la ville (Figure 16) (Cardim, 2013).

Pour sa part, la région métropolitaine prise dans sa totalité ne présenterait qu’une proportion de 2,6 m2 d’espace vert public par habitant, ce qui suppose que plusieurs municipalités de la périphérie urbaine détiennent très peu de couverts végétaux (Cardim, 2013).

5.1.1.2 Espaces verts et services écosystémiques

L’une des principales initiatives de la Réserve de la biosphère de la ceinture verte de São Paulo consiste spécifiquement à l’évaluation, mais également à la cartographie des services écosystémiques afin d’encourager la considération de ceux-ci lors de l’élaboration des plans directeurs urbains et du zonage de l’utilisation des sols. L’application de l’Évaluation des

écosystèmes pour le millénaire à la Réserve de la biosphère de la ceinture verte de São Paulo,

Figure 16 : Occupation des sols, 2015, Municipalité de São Paulo, Brésil

nommée Évaluation sous-globale, a soulevé l’importance de ces espaces protégés pour : le contrôle des processus géohydrologiques d’érosion, de glissement de terrain, d’envasement et d’inondation, le contrôle de la qualité de l’air, la séquestration du carbone et la réduction des gaz à effet de serre, la régulation du climat et la biodiversité (Rodrigues et al., 2014). Lors de l’entretien du 4 mars 2016, Renaldo Vasquez, de la Fondation forestière de São Paulo16, stipule cependant que le projet de cartographie des services écosystémiques ne fut toujours pas mis en branle. Il affirme aussi : « Le thème des services écosystémiques devrait être plus valorisé pour montrer comment la conservation environnementale est liée au bien- être humain ».17

En outre, le présent projet de recherche a permis, grâce aux données recueillies dans la littérature et sur le terrain, de mettre en évidence, à titre d’exemple, les services écosystémiques rendus par quatre espaces verts situés dans le périmètre de la municipalité de São Paulo et un espace situé dans la municipalité de São Bernardo do Campo. Les espaces ont été choisis en fonction de leur importance en termes de superficie, d’utilité écologique ou d’intégration et de notoriété dans le milieu urbain. Seuls les services écosystémiques pertinents dans le cadre du projet de recherche furent considérés dans cette caractérisation qualitative. L’image satellite suivante présente la localisation de ces cinq espaces verts (Figure 17).

16 Fundação Florestal (FF).

17 « O tema dos serviços ecosistémicos deve ser mais valorizado para mostrar como a conservação ambiental

Les espaces nommés Parque Dr. Fernando da costa, Parque Tenente Siqueira Campos

(Parque Trianon) et Parque Ibirapuera sont des parcs administrés par la municipalité de São

Paulo. Leur superficie est de 137 000 m2 pour le Parque Dr. Fernando da costa, 48 600 m2 pour le Parque Trianon et 1 584 000 m2 pour le Parque Ibirapuera, ce qui fait d’ailleurs de ce dernier le plus grand parc municipal à São Paulo (SVMA, s.d.; SMA, s.d.). Le Parque

Ibirapuera fut érigé sur la plaine inondable d’Ibirapuera, formée par les cours d’eau Caguaçu

et Sapateiro, ce qui explique la présence d’un grand lac sur son territoire (Kolher et al., 1996). Le Parque Estadual Alberto Löfgren est, comme son nom l’indique, une propriété de l’État de São Paulo située sur le territoire de la municipalité de São Paulo. Il détient une superficie de 1 870 000 m2 dont 350 000 m2 sont mis à la disposition de la population. Il constitue une zone d’amortissement adjacente au Parque Estadual da Cantareira qui protège le territoire de la Serra da Cantareira et de son système hydrique approvisionnant une grande part de la population métropolitaine. Il soutient donc la recharge en eau de l’aire de bassin versant (SMA, s.d.).

Figure 17 : Espaces verts sélectionnés pour la caractérisation des services écosystémiques, 2017, Région métropolitaine de São Paulo, Brésil.

Ces quatre espaces verts situés en milieu très urbanisé sont importants à la régulation du climat, particulièrement à la réduction de la température dans des zones affectées par les îlots de chaleur urbains. Ils constituent d’ailleurs, selon les répondants à l’enquête, d’importantes aires de rafraichissement pour la population. Ces parcs peuvent également jouer un rôle important pour le drainage de l’eau lors d’évènements climatiques extrêmes tels que des pluies intenses. Le Parque Ibirapuera et le Parque Estadual Alberto Löfgren, contenant tous deux des lacs en leur enceinte, contribuent aussi à l’irrigation des superficies végétalisées. D’autre part, le soutien à la biodiversité peut être considéré comme un service écosystémique rendu par ces espaces puisque de nombreuses espèces végétales natives de la Mata Atlantica et des espèces exotiques y sont protégées. Par ailleurs, l’importance culturelle, esthétique et surtout éducative de ces parcs est indubitable. Des ateliers d’éducation environnementale sont dispensés dans le Parque Ibirapuera, le Parque Dr. Fernando da costa et le Parque

Estadual Alberto Löfgren, ce dernier détenant aussi un musée dédié au milieu forestier, soit

le Museu Florestal Octávio Vecchi. Le Parque Ibirapuera accueille pour sa part les infrastructures de l’Université libre de l’environnement et de la culture de la paix18 (SVMA, s.d.; SMA, s.d.).

De son côté, le Parque Riacho Grande, situé à São Bernardo do Campo dans la section sud de la Métropole, jouxte le réservoir d’eau Billings. Il fut créé par le Programme de compensation environnementale de l’État suite à l’édification de l’anneau routier Mário Covas. Il occupe une superficie de 1 870 000 m2 (Governo de Estado de São Paulo, DERSA, USP, 2012). La participation à la rédaction d’un rapport d’évaluation de l’espace protégé au côté de l’Institut forestier de São Paulo lors du séjour dans la métropole a permis de cerner les principaux services écosystémiques rendus par celui-ci. Le Parque Rachio Grande, situé davantage en périphérie de la ville, se démarque, entre autres, par son rôle majeur pour le système hydrique de la métropole de São Paulo. Encore peu popularisé pour la villégiature, il protège le réservoir d’eau Billings en réduisant l’érosion des sols et les possibilités de contamination et en constituant une zone de recharge hydrique de par sa perméabilité (Governo de Estado de São Paulo, DERSA, USP, 2012).

Cette brève caractérisation qualitative des services écosystémiques associés à cinq espaces verts de la région métropolitaine de São Paulo illustre en quoi la protection des superficies végétales, si petites soient-elles, est primordiale à l’adaptation de la ville aux effets de la variabilité climatique et au maintien ou à l’amélioration des conditions environnementales et hydriques du territoire métropolitain.