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5 Résultats de l'analyse

5.4 Les stratégies métropolitaines de construction de la capacité d’adaptation et de la

5.4.2 Programmes de la municipalité de São Paulo

Récemment, les tentatives d’intégration de la gestion du risque sont particulièrement apparues dans le cadre de la planification municipale de São Paulo. On peut, entre autres, souligner les projets du Comité municipal sur les changements climatiques et l’économie verte (CMMCE)99 de São Paulo, sous la direction du Secrétariat municipal de l’Environnement. Ce comité a pour responsabilité d’appuyer l’application de la Politique

97 Zoneamento Ecológico-Econômico. 98 Coordenaria de Planejamento Ambiental.

municipale des changements climatiques100 introduite en 2009 et d’élaborer le Plan d’action de la ville de São Paulo pour l’adaptation et la mitigation des changements climatiques101. Ce comité consultatif regroupe des représentants du pouvoir public municipal et étatique et de la société civile, comprenant la sphère entrepreneuriale et académique de même que des organisations non gouvernementales (Rede Nossa São Paulo, 2014). Se réunissant mensuellement, les membres tentent, entre autres, de mettre en évidence les zones les plus vulnérables aux aléas climatiques et d’atteindre des objectifs de mitigation et d’adaptation aux changements climatiques dans les secteurs du transport, de l’énergie, des matières résiduelles, de la santé, de la construction et de l’utilisation du sol (Steinbaum et Massambani, 2011). Leurs objectifs spécifiques sont de mettre en application les propositions issues de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux non préjudiciables aux conditions des écosystèmes et de promouvoir une économie durable (Souza et Sotto, 2015).

De ce fait, la Politique municipale prévoit l’établissement d’instruments permettant la gestion des émissions de GES, l’accroissement des connaissances sur les effets des changements climatiques sur la santé publique, l’émission de permis environnementaux et de plans de compensation pour les projets d’envergure et la récompense économique des acteurs mettant sur pied des projets et équipements utilisant des énergies renouvelables (Souza et Sotto, 2015).

Les activités du comité furent toutefois évincées de la sphère publique pendant plusieurs mois lors de l’arrivée de l’actuel gouvernement municipal, en 2013. Cet enjeu n’était pas inclus aux priorités gouvernementales. Suite à la divulgation d’un bilan négatif des résultats de la loi municipale sur les changements climatiques, le gouvernement du maire Fernando Haddad s’appliqua à reformer le Comité municipal sur les changements climatiques et l’économie verte (CMMCE). Le Secrétariat municipal de l’Environnement a donc pu reprendre la planification et la coordination des consultations et des actions de ce comité (Rede nossa São Paulo, 2014).

100 Política Municipal de Mudança do Clima.

Aujourd’hui, la ville de São Paulo fait également partie du C40 Global Leadership on

Climate Change. L’intégration à ce groupe encourage les autorités municipales à partager les

initiatives réalisées dans le cadre du Plan d’action pour l’adaptation et la mitigation des changements climatiques, à considérer les idées soulevées dans les autres villes et à collaborer pour affronter les défis et atteindre des objectifs communs dans le domaine du climat (Massambani, 2012).

Suite à de nombreuses études réalisées en 2010 et 2011, le Groupe de travail sur l’utilisation et l’occupation du sol de São Paulo102 émis plusieurs recommandations lors du sommet C40 Global Leadership on Climate Change de 2012. Il avance que la densification des aires

urbaines centrales, affectée négativement par l’expansion urbaine, permettrait une réduction de l’utilisation du transport individuel et de l’énergie associée ainsi qu’un maintien des espaces verts périphériques. De plus, selon ce groupe, la priorisation de la préservation des bassins versants et de la biodiversité de même que la revitalisation des cours d’eau à travers le Programme Córrego Limpo et le Plan municipal de drainage sont des éléments que la municipalité doit essentiellement considérer afin de s’orienter vers une adaptation aux changements climatiques. La gestion des aires dégradées et des aires à risque, de même que l’amplification et la consolidation du Programme de préservation et de protection des espaces verts103 sont d’autres stratégies. Finalement, l’augmentation de la captation et de la réutilisation de l’eau est soulevée comme une mesure pouvant être grandement utile à la ville en cas de pénurie hydrique comme ce fut le cas entre 2014 et 2016 (Massambani, 2012; Souza et Sotto, 2015).

Ces nombreuses recommandations intégrant la Politique municipale des changements climatiques commencent à s’insérer dans le Plan directeur stratégique de la ville, comme c’est le cas, entre autres, des mécanismes de densification de l’aire centrale (Souza et Sotto, 2015). Plusieurs bassins de rétention d’eau de pluie visant à réduire les conséquences des inondations subites furent aussi récemment implantés. Le Plan de drainage de la ville de São Paulo a contribué à la mise sur pied de nombreux projets tels que la réforme des galeries de drainage et la revitalisation de certaines rives de cours d’eau (Massambani, 2012). De

102 Grupo de Trabalho de Uso e Ocupação do Solo. 103 Programa de Preservação e Proteção de Áreas Verdes.

surcroît, les corridors verts introduits dans le cadre du Programme 100 parcs de la municipalité et longeant les rivières urbaines cherchent à répondre au danger de crues subites et à la variabilité du régime hydrique (SMVA, 2008 ; Brollo, 2010).

Le nouvel instrument municipal nommé Quota environnemental – Quota Ambiental – intégrant la stratégie d’aménagement urbain s’inscrit dans l’optique de réduire les conséquences des pluies intenses, des inondations subites et des îlots de chaleur urbains. Les quotas environnementaux se veulent un ensemble de règles d’occupation du territoire qui chercheront à influencer l’édification des nouvelles constructions et la modification de celles existantes pour faire en sorte que chaque lot et propriété ait un rôle à jouer dans l’amélioration de la qualité de l’environnement. L’atteinte d’un drainage urbain efficace et l’atténuation des variations climatiques locales en sont les principaux objectifs. Ainsi, des paramètres d’occupation des lots liés à la perméabilité du sol et à la végétation seront pondérés proportionnellement aux impacts qu’ils représentent sur le drainage et le climat urbain. Les superficies perméables, semi-perméables et végétales, l’arborisation, les toitures et les murs verts et les piscines de rétention d’eau sont des exemples de paramètres qui intégreront la ponctuation des quotas environnementaux. Un quota environnemental minimal fixé par les instances municipales devra être atteint sur la propriété où a lieu la construction ou la modification de l’occupation du sol. Ce quota minimal sera variable en fonction de la localisation du lot dans la ville et de sa dimension. En outre, Priscila Silveira soulève que la municipalité étudie présentement la possibilité de créer des incitatifs économiques liés au quota environnemental atteint par les propriétaires fonciers (SMUL, s.d.).

Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour que tous ces moyens soient mobilisés étant donné qu’une part des instances municipales continuent à discréditer les informations relatives aux changements climatiques, et ce, au profit des intérêts économiques.

5.4.3 Intégration de la gestion des risques associés aux variations climatiques dans la