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1. David

David a 44 ans. Il suit les traces de son père, pasteur missionnaire, en réalisant des études de Théologie.

Suite à sa formation, il deviendra pasteur et restera dans une paroisse pendant une année. Au moment où il change de lieu, il a déjà deux enfants et le troisième suivra de peu. Il restera cette fois-ci deux années dans cette paroisse. Puis, suite à une restructuration et un choix personnel (le quartier n’était pas vraiment son style), il ira travailler dans une autre paroisse plus dynamique. Il fait beaucoup de baptêmes et des camps de famille (il est en rapport avec la formation des adultes dans ces camps). Il reste donc 10 ans dans cette paroisse jusqu’à ce que sa femme le quitte. C’est alors un moment extrêmement difficile pour lui. La cassure se situe au niveau personnel, familial, mais aussi au niveau professionnel et vocationnel. Pour lui, c’est inimaginable de continuer d’être pasteur suite à cela.

Habituellement, c’est au pasteur de donner son soutien alors que c’est lui qui en a besoin à ce moment là.

Peu de temps après, les ressources humaines le contactent afin de lui proposer un poste de responsable de formation. David avait déjà vu l’annonce de ce poste à pourvoir, mais cela lui semblait trop de responsabilités et un autre statut qui ne lui convenait pas, notamment auprès de ses collègues pasteurs. Il saisit tout de même cette opportunité qui « tombe bien ».

L’Eglise lui offre les moyens de parvenir à ce poste en lui proposant de faire une formation, la FODA, ce qui le décide à accepter le poste. Il travaille donc à 40% et 60% sont destinés à son travail universitaire. Il obtient, en même temps, une aide précieuse de la part de deux collègues.

La FODA est très intéressante. Il a pu utiliser des parties théoriques directement en lien avec sa pratique, même si certains concepts devaient être totalement remaniés pour s’adapter au contexte de l’Eglise. N’étant pas porté sur les études, cette formation l’a tout de même réconcilié avec celles-ci. David s’était senti mal accompagné lors de sa formation initiale.

Actuellement, il est donc responsable chargé de formation dans une église protestante, mais se considère toujours comme pasteur.

David a l’impression d’exercer un autre métier, très différent du premier, mais en même temps, il trouve que les différences s’estompent du fait qu’il s’agisse de la même institution. Il continue de même d’être dans le même domaine et de voir les mêmes collègues, bien qu’il soit à une position différente de celle d’avant. De plus, à cette même époque, l’église vit un remaniement qui a induit des licenciements économiques. Ce remaniement est associé à la création de nouveaux postes comme le sien. Du coup, beaucoup de ses collègues ont cru qu’il les trahissait avec ce nouveau poste, croyant qu’il se trouvait dorénavant « du côté » de la direction. Il a été très mal compris au début.

Dans son nouveau métier, il ne fait plus du tout de cultes, de baptêmes, de mariages, etc. C’est un métier très différent. En tant que pasteur, il était en contact avec les gens de façon récurrente. Il retrouve beaucoup moins ce côté-là. Il n’est plus au centre d’une communauté. Son nouveau métier est plus solitaire (un peu trop à son gout) et comporte une part importante d’administratif. C’est du travail d’ingénierie, de politique de formation, de procédures, etc. Il est responsable de la formation des pasteurs et des diacres, mais aussi du personnel administratif et technique de l’Eglise (les finances, l’immobilier, architecture, service informatique, la communication, etc.). Son objectif est de trouver les meilleurs

prestataires de formation, en général. Pour lui, ce nouveau poste et la FODA qu’il a suivie ont changé son identité.

2. Marie

Marie a 49 ans. Elle est mariée à un enseignant et est mère de deux filles en études, l’une de 21 ans et l’autre de 24 ans.

Concernant son parcours scolaire, elle a fait l’école primaire, le cycle d’orientation et une année de culture générale qu’elle a abandonnée, après s’être rendue compte qu’elle souhaitait être infirmière. En effet, le diplôme délivré par l’école de culture générale ne lui permettait pas d’accéder à une formation d’infirmière. Elle entreprend alors une école de commerce, choix imposé par ses parents, mais a pour but personnel de rentrer par la suite dans l’école souhaitée. Elle interrompra de nouveau ses études car elle sera acceptée dans une école d’infirmière.

Marie considère avoir un parcours professionnel plutôt chargé. En effet, elle travaille quatre ans à l’hôpital. Durant cette période, on lui accorde un congé sans solde pour faire une spécialisation « santé publique ». Suite à celle-ci, elle sera engagée en tant qu’infirmière santé publique, pendant 6 ans, dans les soins à domicile. Suite à quoi, elle sera coordinatrice à la coopérative des soins infirmiers, pendant 3 ans. Puis, elle sera engagée en 1998 dans un service de santé publique de l’enfant durant 10 ans, à la petite enfance. Elle sera, dans un premier temps, responsable, puis infirmière scolaire dans les écoles. Parallèlement à ces postes dans ce service de santé de l’enfant, elle donne des formations dans plusieurs organisations venant en aide aux personnes démunies, mais aussi aux ASCC et aux assistants sociaux éducatifs. En janvier 2011, elle sera engagée en tant que formatrice dans le service de santé publique de l’enfant.

Lors de l’entretien, Marie fait mention d’un cours universitaire où elle a énormément appris sur elle-même. Durant ce dernier, elle a réalisé que sa vie est composée de plusieurs cycles d’environ 4-5 ans. Au bout de cette période, elle considère qu’elle a fait le tour et qu’elle ne peut plus rien découvrir dans son poste : « Je veux voir du nouveau. Je veux avoir de nouveaux défis ». Après une certaine période dans un poste, elle ressent donc le besoin de changer.

Marie a longuement exprimé les diverses raisons pour lesquelles elle a changé autant de fois de postes. Ce qui ressort fortement est vraiment l’envie d’avoir de nouveaux défis et de pouvoir apprendre et approfondir de nouvelles choses.

Ces dernières années, Marie s’est beaucoup interrogée sur le fait de devenir formatrice et laisser de côté les soins infirmiers. Lorsqu’elle était responsable au service de santé publique de l’enfant, elle a fait un bilan de compétences. Le bilan de compétences confirme que la formation d’adultes était vraiment sa voie. Suite à ce bilan, elle entame une formation continue à l’université pour formateurs d’adultes. La formation n’étant pas reconnue par son institution, elle poursuivra avec une validation des acquis pour obtenir le FSEA 1. Cette formation lui sera demandée pour continuer à donner des formations dans les diverses institutions mentionnées ci-dessus. Cependant, après réflexion, elle décidera d’entreprendre la FODA en 2007. Tout au long de son parcours universitaire, Marie a toujours continué à

formation des adultes. Cependant, elle n’avait aucune formation à l’époque pour légitimer cette expérience.

L’entrée dans la FODA a été assez angoissante pour Marie. En effet, elle avait peur de ne pas pouvoir tout gérer : les études, le travail, et la vie de famille. A cela, s’ajoute la peur de ne pas être capable de faire des études universitaires. Petit à petit, elle se rend compte qu’elle se mettait trop de pression et qu’elle arrivait tout à fait à suivre les cours et à faire les travaux académiques demandés.

Actuellement, elle est toujours dans un service de santé de l’enfant et va bientôt commencer dans un nouvel emploi en tant que responsable de formation pour les aides familiales et les aides soignantes, pour un mandat de 3 ans.

Marie a vraiment tourné la page sur son ancien métier d’infirmière. Elle se sent complètement formatrice.

3. Nathalie

Actuellement, Nathalie a 47 ans et travaille dans un centre de formation bancaire.

Dans sa jeunesse, elle fait une maturité commerciale gymnasiale. Elle a toujours été intéressée par le domaine de l’éducation et aurait souhaité être maîtresse d’école. Elle est remplaçante après avoir obtenu sa maturité, mais ne supportant pas les classes enfantines, elle pense alors à s’orienter vers le cycle d’orientation. Cependant, pour cela, elle doit obtenir une licence.

A ce moment-là, Nathalie a besoin de travailler car elle souhaite prendre son indépendance. Elle laisse donc de côté son souhait d’être enseignante. Suite à quoi, elle est engagée par la banque où elle travaillait en étant étudiante, à un poste de conseillère à la clientèle. Après un certain temps, elle veut évoluer dans ce milieu, mais on lui réclame une licence en contrepartie.

On lui propose alors de faire une formation universitaire en économie en parallèle de son emploi à la banque. Par la suite, elle hésite à se spécialiser dans une branche en particulier, mais la formation lui plait également. D’ailleurs toute sa famille a « un pied » dans l’enseignement. Ses intérêts portent sur le domaine de la banque et le domaine de la formation.

Suite à sa formation HEC, elle postule à un poste de responsable du département formation et est donc engagée en tant que responsable de formation, sans avoir de formation correspondante pour cet emploi. Elle a tout de même les connaissances « métier », mais cela n’empêche pas qu’elle ait le sentiment d’être « lâchée comme ça » à ce poste. Au bout des trois ans, elle part dans un centre de formation bancaire car son poste de responsable l’intéresse un peu moins. Elle devient alors formatrice, toujours sans aucune formation pédagogique. Elle suit cependant des cours en interne. Elle s’occupe d’universitaires, entre autres. Elle est alors en congé maternité lorsque le centre de formation bancaire

« déménage ». Rien ne lui assure qu’elle retrouvera son poste à son retour et ses responsables lui suggèrent alors de trouver autre chose. Faisant également partie du comité d’un autre centre de formation bancaire, elle postule dans celui-ci pour devenir directrice. Elle entre donc à ce poste en 1998. Jusqu’à présent, tout son parcours s’est déroulé sans qu’elle suive de formation en éducation des adultes, ce qui lui a beaucoup manqué.

C’est lorsqu’elle est directrice du centre de formation, qu’elle a l’opportunité de faire la FODA. Elle suit tout d’abord une formation continue de formateurs d’adultes, et enfin la FODA. Cette formation est une volonté en même temps qu’une obligation. En formation, elle

se rend compte de ses erreurs passées, mais découvre aussi qu’elle a développé certaines compétences « sur le tas ».

Pour Nathalie, elle a exercé trois métiers différents : responsable de formation, formatrice, directrice de centre (sans compter le métier de conseillère clientèle). Elle suggère qu’il est indispensable de connaitre le « business », c’est-à-dire la base du métier, pour pouvoir être responsable de formation, formatrice ou directrice.

Pour elle, ses divers changements professionnels ne sont pas des reconversions professionnelles, même si elle se rend compte qu’ils sont importants. Elle situe la vraie reconversion lors de son entrée dans la banque, après l’université, lorsqu’elle a été « jetée » dans un poste de responsable. Elle considère aujourd’hui qu’elle n’avait pas les outils pour être responsable de formation.

Elle qui voulait être dans l’enseignement et qui est entrée dans le monde de la banque, est finalement revenue dans la formation plus tard, son domaine de « prédilection ».