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Après avoir tenté de mettre en controverse les notions d’ « évolution de carrière » et de transition avec les notions de « reconversion professionnelle volontaire » et de bifurcation, et après avoir décrit de manière assez rapide ce qu’est un formateur et ses activités, nous aimerions revenir sur le fait de devenir formateur d’adultes : est-ce une évolution de carrière ou une reconversion professionnelle ?

Qu’est-ce que signifie devenir « formateur »? Que signifie pour les individus exerçant un métier, devenir formateur d’adultes ?

Devenir formateur d’adultes, est-ce une transition, un changement professionnel impliquant plutôt une évolution de carrière ? Ou est-ce plutôt une bifurcation dans la trajectoire d’un individu et serait-ce assimilé à une reconversion professionnelle ? Essayons de discuter ces points de vue.

Nous pensons que la formation des adultes est une branche transversale à tous les autres métiers. C’est en partant de ce fait, que nous établissons cette discussion. En effet, tous les métiers « demandent » en général, une formation initiale et des formations que l’on pourrait nommer de « remise à niveau » ou prenant en compte les évolutions des métiers. Les métiers de la formation des adultes sont, pour nous, particuliers au sens où ils touchent à

de la santé, etc., nous pouvons nous apercevoir qu’ils ne se retrouvent pas, ou peu, dans d’autres domaines professionnels. Même si le secteur d’activité de la vente, par exemple, se retrouve dans beaucoup de domaines professionnels, il n’est pas transversal, comme le serait le secteur d’activité de la formation, à tous les domaines.

D’ailleurs, si nous reprenons la formule de Gravé (2002) : « le formateur ne peut plus être seulement un spécialiste d’une discipline, mais un spécialiste du « travail » » (p.37). Ce qui signifie bien l’importance de la portée de la branche de la formation des adultes.

Devenir formateur d’adultes peut avoir plusieurs significations. En effet, en se référant aux trois fonctions du métier de formateur de Gravé (op. cit.) (le formateur-animateur, le responsable de formation et le formateur consultant), nous avons trois métiers quelque peu différents dans la formation des adultes. Alors, nous pouvons nous poser la question suivante : dans quel(s) cas, devenir formateur-animateur peut-il être reconnu comme une reconversion professionnelle volontaire ? Nous imaginons que le formateur-animateur connait souvent le face à face pédagogique. Cette fonction est, selon nous, attribuée au fait de donner des cours à des adultes ou d’animer des séances, entre autres. L’individu qui devient formateur dans sa branche, vit-il une reconversion au sens d’une bifurcation ? Si nous regardons sa trajectoire dans son ensemble, nous pourrions remarquer que cette personne reste dans la branche ou le domaine professionnel qu’elle connait et donc nous pouvons nous demander s’il y a réellement un « tournant » dans la trajectoire de celle-ci ? Nous pourrions imaginer une trajectoire assez « rectiligne » dans la carrière professionnelle de celle-ci. Pourtant, il s’agit bien d’un autre métier qui requiert d’autres compétences en plus de celles que l’individu possède déjà.

Nous pensons que le fait de devenir formateur-animateur est un changement professionnel. Tout de même il est moins important qu’une reconversion professionnelle volontaire du type : un cuisinier qui devient informaticien car un lien est souvent encore présent avec l’ancien métier. En effet, un mécanicien automobile qui deviendrait formateur mécanicien serait encore proche de sa branche initiale. Le dépaysement ne serait pas total.

Selon nous, le métier de responsable de formation est « au-dessus » hiérarchiquement du métier de formateur-animateur. C’est pour cela que nous émettons l’hypothèse que le fait de passer de formateur-animateur à responsable de formation est une évolution de carrière dans le métier de la formation. En effet, il s’agit de monter d’un grade dans la branche de la formation. Le responsable de formation gère, en général, une équipe de formateurs-animateurs. Il y a bien évidemment un changement de compétences, voire une évolution des compétences, mais nous pensons que la base reste la même.

Reprenons l’exemple du mécanicien automobile. Si cet individu, exerçant le métier de mécanicien, devient tout à coup responsable de formation dans une école de mécanique, sans passer par la « case » de formateur, ce changement peut-il être considéré plutôt comme une reconversion professionnelle volontaire ou plutôt comme une évolution de carrière importante ? La réalité, en général, veut que le responsable de formation connaisse un minimum le métier de formateur-animateur et connaisse surtout un minimum la formation.

Aussi, le formateur consultant est encore une fonction qui, pour nous, est « à part ».

Les activités d’un consultant sont surtout auprès d’entreprises ou d’institutions qui évoquent un besoin par la formulation d’une commande. Il s’agit alors pour le formateur de développer une capacité d’adaptation assez importante. Surtout, ce que nous relevons est le fait que le consultant n’a pas affaire à une entreprise ou une institution seulement, ou à une branche ou à un domaine professionnel. Il est amené à côtoyer divers secteurs, divers métiers, etc. Il n’est

donc pas spécialiste dans une branche, mais bien spécialiste du « travail » comme disait Gravé, de telle sorte qu’il se doit d’être polyvalent et « adaptable » à tous types d’entreprises et d’institutions ainsi qu’à toute commande qui lui serait faite. Il ne s’agit donc pas d’un métier semblable à celui de formateur-animateur ou à celui de responsable de formation. Ces deux métiers s’exercent en général dans une entreprise ou dans une institution et comportent, nous semble-t-il, une branche de base. Si nous prenons l’exemple d’un institut de cours de langues, nous pourrions tout à fait imaginer un groupe de formateurs-animateurs qui donneraient des cours de langues, dont le responsable serait justement un « responsable de formation » de l’institut. Nous remarquons alors la même base pour ces deux métiers qui sont au cœur de la même institution : les langues. Cependant, un consultant ne serait pas

« attribué » à une seule institution, comme ici. Son métier est de « naviguer » entre diverses institutions. La différence se situe donc à ce niveau-là.

Il nous semble alors, qu’un individu devenant formateur consultant serait plus à même de vivre une reconversion professionnelle volontaire au sens d’une réelle bifurcation car il y aurait moins de chances pour qu’il garde un lien avec son ancienne profession.

V. L’INTENTIONNALITE DU PROCESSUS DE

RECONVERSION PROFESSIONNELLE VOLONTAIRE

Dans cette partie, nous voulons questionner la dimension de la volonté chez les individus, du processus de changement professionnel qui peut s’avérer être un processus dit

« de reconversion professionnelle volontaire » ou une évolution de carrière. Car, dans cette appellation, le côté volontaire est totalement intégré. Or qu’en est-il, dans les cas que nous avons choisis, c’est-à-dire chez les sujets que nous avons désignés pour l’analyse ? Le processus de changement professionnel peut-il être plus ou moins volontaire selon les cas ? Avant d’aller plus loin, il nous a semblé nécessaire de tenter de définir les termes suivants :

« volonté », « volontaire », « intention », « intentionnel » et « intentionnalité »,.