1. Les cas de reconversions professionnelles
Pour David, il semble que les raisons de son choix de changement professionnel peuvent se situer au niveau de sa vocation et de l’épreuve de la rupture avec sa femme. En effet, pour nous, une raison peut se définir par l’envie de « sauvegarder » sa vocation, notamment en réponse à la peur du licenciement que les pasteurs subissent. On ne lui enlève pas sa vocation, il la garde pour lui. D’ailleurs, il l’a toujours, même s’il a changé de métier.
La deuxième raison peut se définir par son divorce. Effectivement, suite à cet événement, David a la volonté de changer quelque chose dans son travail, mais ne sait pas quoi. Il s’agit donc d’une « occasion » qui se présente à lui.
La volonté de changer pour David est bien présente, mais la volonté de son choix d’orientation pour la formation des adultes est moins marquée. Nous pouvons penser qu’il saisit l’opportunité que présentait ce poste afin de rester dans cette institution qui « fait partie » de sa vie. Nous ne pouvons donc pas vraiment déterminer les raisons de son choix pour le domaine de la formation des adultes.
Quelles sont les raisons qui font que Marie choisit de s’orienter vers la formation des adultes et ainsi de rompre avec son ancien métier d’infirmière ? Comme nous l’avons vu dans l’analyse, durant ses différents métiers, Marie découvre le milieu de la formation des adultes, petit à petit. Pendant plusieurs années, elle acquiert une certaine expérience dans ce domaine, tout en exerçant son métier de base : infirmière. Nous supposons qu’il y a plusieurs raisons qui l’amènent à changer professionnellement. Tout d’abord, nous percevons un certain ennui et une routine dans son métier d’infirmière. Ceci nous amène à penser que lorsqu’elle découvre le milieu de la formation, elle se retrouve face à une nouvelle situation et face à de nouveaux défis, qui selon nous, la conduisent à s’engager en formation des adultes et à valider ses expériences par une formation (la FODA).
Intéressons-nous, maintenant, à la dimension volontaire du changement de profession, ainsi qu’au choix de cette formation universitaire. Marie découvre petit à petit la formation des adultes de manière involontaire et, malgré tout, elle s’engage dans cette voie, par la suite.
Nous estimons que dans le cas de Marie la dimension volontaire vient donc plus tard, nous la percevons, notamment lorsqu’elle décide de valider son expérience dans le milieu de la formation.
Essayons de définir les raisons qui font que Nathalie choisit de s’orienter vers la formation des adultes? Comme nous l’avons vu, suite à sa formation HEC, Nathalie se dirige vers le poste de responsable de formation. La raison de ce choix s’explique par le fait que ce poste lui permet selon elle, de se rapprocher de sa vocation contrée : l’enseignement. Par contre, comme explicité dans l’analyse, la formation (FODA) est vécue comme une opportunité. En effet, lorsqu’elle est directrice d’un centre de formation bancaire, on lui demande qu’au moins un de ses employés fasse une formation universitaire de formateurs d’adultes. A ce moment-là, elle réalise que c’est elle qui doit aller faire cette dernière, dans le but de se professionnaliser. A travers ce fait là, nous percevons une volonté de formation.
Que pouvons-nous dire sur les raisons du choix d’orientation de Pierre en formation des adultes ? Son cas est intéressant, dans le sens où, pour lui, s’engager dans une formation universitaire de formateurs d’adultes n’est pas vraiment un choix déterminant. En effet, il s’engage dans celle-ci, car c’est une des seules formations où l’entrée peut se faire sans Maturité. Ce qui compte réellement, pour lui, à l‘époque, est de faire une formation universitaire, pour obtenir un certain ce niveau. En effet, Pierre ressent une frustration du fait qu’il n’a pas pu faire d’études supérieures. Ce n’est qu’une fois dans la formation, que nous pouvons vraiment dire qu’une volonté réelle d’aller vers la formation des adultes, se dessine.
Concernant Xavier, les raisons qui ont dirigé son parcours professionnel vers la formation des adultes, signifient une réelle envie d’enlever l’étiquette du social qu’il dit avoir collé sur le front. Cependant, au départ, faire une formation n’est pas une volonté personnelle.
La demande vient de son supérieur afin de justifier son accession au poste de directeur adjoint. Xavier choisit la formation de formateurs d’adultes car il désire vraiment sortir du social et se stabiliser dans ce milieu-là.
Pour Françoise, il semblerait que les raisons de son choix de changement professionnel proviennent de l’ennui et de la lassitude qu’elle rencontre dans les emplois qu’elle occupe. Si elle s’ennuie, elle va alors penser à changer de métier. Nous pourrions émettre l’hypothèse que l’ennui et la lassitude viennent lorsque le métier n’offre plus de perspectives, c’est-à-dire lorsque les individus en « ont fait le tour » comme nous l’avons souvent entendu. Certaines personnes ont peut-être le besoin d’être toujours stimulées par ce qu’ils font, que leur travail leur apporte de la nouveauté et de la découverte. Mais nous laisserons là cette interrogation posée.
Que ce soit dans les « petits boulots » qu’elle fait ou dans sa branche initiale, celle de l’art, elle reste dans le même état d’esprit : lorsque cela devient répétitif et ennuyant, elle rentre dans un « processus » de recherche d’un emploi plus stimulant, ou d’un « nouveau » travail (peut-être pour le côté découverte, pour le côté nouveauté où l’ennui ne s’installera pas immédiatement). Pour nous, il s’agit d’une quête du métier qui ne sera jamais monotone, ou plutôt qui « saura » toujours la stimuler.
La volonté de changement chez Françoise est donc très prégnante. Elle veut vraiment changer de métier et trouver autre chose. Cependant, le choix de la formation des adultes est moins prononcé : c’est par hasard qu’elle arrive à ce poste de formatrice. Nous ne pouvons donc pas vraiment déterminer les raisons de son choix d’orientation en formation des adultes.
2. Les cas d’évolutions de carrière
Chez Stéphane, nous ne connaissons pas réellement les raisons de son choix de changement professionnel (le passage d’urgentiste à enseignant-assistant du métier d’infirmier urgentiste). Il s’agirait apparemment d’une opportunité pour lui : on lui a proposé de devenir enseignant-assistant, ce qu’il a accepté. Nous pouvons tout de même émettre l’hypothèse qu’il a accepté ce poste pour son côté valorisant. Il adore son métier d’infirmier urgentiste et ce serait alors une gratification de pouvoir transmettre son savoir.
La volonté est totale vu que Stéphane fait le choix de devenir enseignant-assistant. Il accepte de ne plus être « sur le terrain » de la même manière qu’avant (à réanimer des patients, etc.) et est en accord complet avec ses nouvelles fonctions.
Les raisons qui motivent Jean et Stéphane sont presque les mêmes. Jean accepte ce qu’on lui propose, l’opportunité qui s’offre à lui. En même temps, cette dernière est comprise dans la perspective de carrière d’animateur. Nous pouvons aussi penser qu’il a envie de progresser dans son métier, c’est-à-dire, dépasser le stade d’animateur. Aussi, l’entretien ne nous donne pas plus d’informations.
De plus, nous émettons l’hypothèse qu’il n’est pas possible de donner les raisons de leur choix de devenir formateur ou enseignant-assistant car il s’agit d’opportunités que l’entreprise offre à leurs employés. Si l’institution propose elle-même un changement de fonction, on peut alors penser que le choix de ce dernier est vu comme l’obtention d’une promotion.
En conclusion, nous pouvons établir un certain nombre de déductions concernant notre échantillon d’individus.
Apparemment, les raisons du choix de l’orientation en formation des adultes que nous avons relevées, chez certains de nos interviewés, sont :
- Transmettre son savoir,
- L’ambition, la progression de sa carrière, - Abandonner son métier premier,
- Découvrir un nouveau champ, stimuler son intellect par la nouveauté,
- Intérêt pour les thèmes traités par la formation des adultes et d’une manière plus générale, satisfaire son intérêt pour l’ « Humain ».
Il s’agit ici de propositions non exhaustives des raisons du choix de cette orientation, que nous pouvons poser grâce aux explications de nos interlocuteurs. Nous n’en faisons donc pas une généralisation, mais traitons bien exclusivement des cas de nos participants.