• Aucun résultat trouvé

Les subtests complémentaires du K-ABC

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 183-186)

L'évaluation des compétences cognitives

3.2.2.2. Les subtests complémentaires du K-ABC

3.2.2.2. Les subtests complémentaires du K-ABC.

Le K-ABC (Kaufman Assessment Battery for Children, 1993 version française) est un test mesurant l’intelligence et les connaissances des enfants âgés de 2 ans ½ à 12 ans ½.

A la base de ce test, l’intelligence est définie comme un niveau de fonctionnement de processus mentaux, concept qui s’appuie sur la psychologie cognitive et sur la neuropsychologie. L’accent est mis sur le style cognitif de l’enfant, sur une évaluation de son mode privilégié de traitement de l’information plutôt que sur les acquisitions ou la performance en elle-même.

Ces styles cognitifs reposent sur la dichotomie processus séquentiels / processus simultanés qui caractérisent deux modes possibles de traitement de l’information. Les processus séquentiels résument la capacité d’un enfant à résoudre des problèmes en traitant mentalement les stimuli selon un ordre sériel, les processus simultanés expriment la capacité à résoudre des problèmes nécessitant l’organisation et l’intégration de nombreux stimuli de manière parallèle et simultanée. Pour reprendre la définition proposée par Robitaille A., Everett J., Thomas J. (1990) :

"Dans le processus simultané, il y a intégration des stimuli par groupe, de manière à ce que les éléments soient vus comme un tout. Les éléments sont alors tous inter reliés et sont accessibles en même temps. Dans les processus séquentiels, les stimuli sont intégrés dans un ordre temporel, organisés en série. Chaque élément est relié à l’élément qui le suit, de sorte qu’ils forment une chaîne238."

Un exemple de processus séquentiels peut être donné par l’épreuve classique de Mémoire des chiffres, un exemple de tâche impliquant des processus simultanés peut-être appréhendé dans une épreuve qui consiste à identifier un dessin incomplet telle que Reconnaissance de formes.

Nous présentons ici les subtests puisés dans le K-ABC qui nous ont permis de compléter les observations conduites à partir WISC, toujours dans la perspective d'une évaluation classique des caractéristiques cognitives de notre population.

3.2.2.2.1. Du côté des processus simultanés.

"Reconnaissance de formes" est une épreuve originale du K-ABC qui, à côté d’autres subtests, participe à la construction de l’échelle des processus simultanés. On présente à l’enfant 25 dessins (plus un exemple) représentant différents objets (oiseau, visage, chien, cochon, téléviseur,

238 Robitaille R., Everett J., Thomas J., (1990), "Etude neuropsychologique d'enfants de 7 à 12 ans, présentant des troubles de l'attention. Inhibition des processus séquentiels et hypothèse frontale", ANAE, 2, Paris, PDG COMMUNICATION, p. 60.

appareil photo, etc.) qu’il doit reconnaître et nommer malgré les altérations de l’image. Les dessins sont en noir et blanc et seules quelques lignes du tracé de l’objet sont figurées, ce qui donne à l’image l’aspect d’une silhouette éclatée, parcellaire, plus ou moins reconnaissable. D'après Kaufman A.

(1993), "Reconnaissance de formes mesure l'aptitude de l'enfant à remplir mentalement les blancs d'un dessin incomplet de façon à pouvoir le nommer ou le décrire239." Cette épreuve apparaît comme très complémentaire au WISC III parce qu'elle permet de mesurer l'inférence perceptive et la capacité de l'enfant à convertir des stimuli abstraits en un objet concret. Le WISC III est en effet un outil très centré sur les performances de l'enfant, c'est la raison pour laquelle il ne propose aucun subtest susceptible d'évaluer ce type de compétence.

Mais la principale raison qui justifie à nos yeux le choix de Reconnaissance de formes comme subtest complémentaire tient surtout à sa potentialité projective qui paraît naturellement riche d'utilisation dans le cadre d'un travail portant sur l'approche clinique du fonctionnement cognitif de l'enfant. Ce potentiel projectif est évoqué par les auteurs eux-mêmes240 du test (bien qu'ils s'inscrivent sans ambiguïté dans le cadre d'une démarche neuropsychologique), et il a rapidement fait l'objet d'étude de la part des cliniciens241 (Denardi M. T., Douet B., 1994). En effet, ce subtest présente un matériel qui, de par sa structure, est déstabilisant et sollicite un percept qui ne prend sens que par une interprétation, c'est à dire une comparaison à un modèle interne préalablement posé. Ici, l'imprécision du dessin infléchit la perception dans le sens de l'affect. L'image du corps est fortement sollicitée dans ce type de tâche qui s'apparente finalement à un test projectif, tel le Rorschach, alors qu'il est introduit dans la batterie dans une visée purement cognitive. Les dessins altérés et nommés par l'enfant sont à mettre en rapport avec la solidité des enveloppes corporelles, ainsi que la fiabilité des objets internes.

"Mémoire spatiale" consiste à rappeler l'emplacement d'images dans une page qui a été brièvement exposée à l'enfant. Cette épreuve mesure l'aptitude à mémoriser des localisations spatiales et à les restituer de mémoire en les pointant sur une page organisée sous la forme d'une grille délimitant des emplacements vides. Il s'agit d'une épreuve de mémoire immédiate visuelle qui sollicite les processus simultanés et non pas séquentiels dans la mesure où l'enfant doit maintenir en mémoire simultanément l'ensemble des emplacements avant de les restituer en les pointant séquentiellement.

Nous avons retenu ce subtest comme épreuve complémentaire essentiellement parce que le WISC III ne propose pas de subtest analogue, ou s'en rapprochant, susceptible de fournir des observations concernant la mémorisation spatiale qui nous semble occuper une place centrale dans la structuration du monde extérieur par l'enfant. Ici, c'est plus particulièrement le schéma corporel de l'enfant qui nous paraît sollicité, notamment l'axe du corps qui permet de construire les repères externes et d'organiser l'espace. Pour réussir, l'enfant doit faire preuve de fluidité, montrer une bonne organisation perceptive et posséder de bonnes aptitudes spatiales. Ceci dit et cliniquement, il faut également prendre en compte le fait que la réussite à Mémoire spatiale demande une bonne concentration. En effet, un empan d'attention faible, peut indiquer que la distractibilité et l'anxiété de l'enfant participent aux mauvaises performances.

3.2.2.2.2. Du côté des processus séquentiels.

Grégoire J. (1996), rappelle avec justesse que le K-ABC ne mesure pas de façon identique les processus simultanés et les processus séquentiels. Certaines épreuves prévues à l'origine pour mesurer

239 Kaufman A., Kaufman N., (1993), Batterie pour l'examen psychologique de l'enfant; Manuel d'interprétation, Paris, ECPA, p. 44.

240 Ibid, p. 11.

241 Denardi M.T., Douet B., (1994), "Potentiel projectif du subtest Reconnaissance de formes du K-ABC", L'examen psychologique de l'enfant - K-ABC - pratique et fondements théoriques, Grenoble, La pensée sauvage, p. 203-213.

le traitement séquentiel ont dû être abandonnées par les auteurs du test parce qu'ils se sont aperçus in fine qu'elles ne parvenaient pas à l'objectif fixé parce qu'elles mettaient plus particulièrement en jeu les processus simultanés. Par conséquent, dans la version définitive du test, seules trois épreuves seront conservées pour mesurer le traitement séquentiel. Ces trois subtests sont tous les trois des tâches de mémoire à court terme : Mouvements de main, Mémoire de chiffres et Suite de mots.

"Nous pouvons donc nous interroger sur la véritable nature de la note totale à l'échelle de traitement séquentiel. Il y a là un risque non négligeable de simplifier abusivement la réalité cognitive242"

Pour conserver, malgré tout, une appréciation des processus séquentiels, nous avons sélectionné deux subtests de l'échelle comme subtests complémentaires à l'évaluation réalisée à partir du WISC. Nous avons écarté le subtest Mouvements de mains qui, selon nous, reste trop dépendant des aspects praxiques mis en jeu par l'épreuve. Par contre, nous avons conservé Mémoire immédiate de chiffres qui a permis de remplacer avantageusement le subtest facultatif Mémoire de chiffres du WISC III. Enfin, nous avons inclus dans le protocole Suite de mots qui est un subtest original et qui n'a pas d'équivalent dans le WISC :

"Mémoire immédiate de chiffres" mesure l'aptitude de l'enfant à répéter dans l'ordre des séries de chiffres données verbalement par le psychologue. La répétition de chiffres dans le même ordre est une épreuve célèbre depuis qu'elle a été introduite par Binet A. (1905) dans son premier test d'intelligence et reprise par la suite dans de nombreux tests d'intelligence, de développement et d'aptitudes psycholinguistiques. Ce subtest a l'avantage d'être très indépendant des influences culturelles et ne nécessite pas de manipulation d'un matériel particulier, ce qui est certainement la raison de son succès. D'après Kaufman243 A. S. (1993), les analyses factorielles font apparaître qu'il s'agit de la meilleure mesure du traitement séquentiel à travers les âges. Cette tâche sollicite un bon empan de l'attention ; la distractibilité et l'anxiété nuisent effectivement aux performances. Elle mesure préférentiellement la mémoire immédiate auditive.

"Suites de mots" consiste à mesurer l'aptitude de l'enfant à montrer du doigt des dessins d'objets usuels dans l'ordre où le psychologue les a nommés. Cette épreuve est une adaptation de l'épreuve clinique audito-verbale utilisée par Luria244 A. R. (1966) pour mesurer les fonctions supérieures du lobe temporal gauche. Elle a été légèrement modifiée dans le K-ABC en remplaçant la restitution verbale par une réponse motrice ; "Ceci pour réduire, dans toute la mesure du possible, les réponses verbales de l'enfant245." (Kaufman A. S., Kaufman N., 1993). De la même façon que dans le test de Luria nous trouvions une tâche perturbatrice, le subtest Suites de mots du K-ABC propose une tâche d'interférence qui consiste à faire nommer par l'enfant une suite de couleurs entre le moment de l'encodage des mots et leur restitution. Cette introduction d'une variation dans le déroulement du subtest sollicite chez l'enfant, d'une part, une flexibilité pour s'adapter rapidement au changement et, d'autre part, un effort d'attention-concentration supplémentaire. C'est à dire une certaine maturité qui permet de travailler efficacement malgré les distractions et de bien tolérer la frustration. Enfin, d'un point de vue instrumental Suites de mots mesure l'intégration visuelle, la mémoire auditivo-motrice, et la mémorisation sans répétition.

242 Grégoire J. (1996), "L'évaluation diagnostique des troubles de l'apprentissage", A.N.A.E., 39/40, Paris, PDG COMMUNICATION, p. 120.

243 Kaufman A., Kaufman N., (1993), Batterie pour l'examen psychologique de l'enfant; Manuel d'interprétation, Paris, ECPA, p. 46.

244 Luria A. R., (1966), higher cortical functions in man, New York, Basic Books.

245 Ibid. p.48.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 183-186)