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DE LA MONNAIE A VALEUR INTRINSEQUE A LA MONNAIE VALEUR EN CIRCULATION

AGENT DE LA CIRCULATION ET SIGNES

III. SIGNES ET ORDRE MONÉTAIRE

3.3. Substituts de monnaie et croissance

La question se ramène donc à ceci : J.-B. Say a-t-il rendu plus explicite le rôle de la monnaie et de tous les instruments de crédit ? Le point de départ de Say est la notion physiocratique selon laquelle tous les mouvements fondamentaux de biens et de monnaie qui constituent l'activité économique, consistent en flux et reflux plus importants que les flux d'avances. Ce court dialogue du Catéchisme illustre cette manière de voir qui était la sienne :

"A quoi sert le capital dans la production ?

Il sert à faire l'avance des frais que nécessite la production Qu'est-ce-qu'une avance ?

C'est une valeur que l'on prête ou que l'on consomme dans le dessein de la recouvrer. "N'y a-t-il pas cependant une partie de la valeur capitale d'une entreprise qui reste en écus ?

Pour ne laisser oisive aucune partie de son capital, un entrepreneur habile n'a jamais en caisse que la somme nécessaire pour faire face aux dépenses courantes et aux besoins imprévus2". Pour lui il y a toujours au point de départ une avance, qu'il s'agisse

d'une avance en capital, du salaire des travailleurs ou de l'outil de travail. Dans tout ce

1 H. HASHIMOTO, résumé, op. cit., p. 73 : "I-487 (II-ii-89 -91) Il vaut mieux faire les billets assez forts

pour qu'ils ne puissent circuler qu'entre négociants et non des négociants aux consommateurs. Smith propose 5 £ st.

I-488 (II-ii-92) On observe que quand les billets ne sont pas de trop. petites sommes, l'or et l'argent

restent abondants.

I-489 (II-ii-94) Le gouvernement a-t-il le droit d'empêcher les établissements particuliers d'émettre des

petits billets si l'on veut bien les recevoir? Oui, comme il a le droit d'ordonner la reconstruction d'une maison qui menace de tomber.

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que Say désigne sous le terme de substituts de la monnaie, le crédit à court terme devient un élément clé du processus économique.

J.-B. Say s'élève contre l'idée dominante qui veut que la reprise de l'activité économique soit freinée par un stock de monnaie métallique, insuffisant en regard des besoins de transaction1. Si l'on se replace dans le contexte de l'époque, il faut garder

présent à l'esprit le fait que la fin de la période révolutionnaire, avec le Consulat, marque l'avènement d'une ère de reconstruction économique. Ceci explique que les préoccupations et les discussions de la période, centrées sur les moyens les plus aptes à favoriser cette reprise économique, transparaissent ici, il est vrai, d'une façon détournée. Pour J.-B. Say ce n'est en aucun cas l'instrument de circulation qui est insuffisant. Ceci, parce que les opérateurs privés ont la possibilité de créer des instruments qui peuvent très bien remplacer la marchandise-monnaie dans un premier temps, et parce que la demande excédentaire d'instruments de circulation renchérit le prix de la marchandise monnaie, elle provoque un afflux de métal étranger dans un deuxième temps. La création des substituts de monnaie relève de l'initiative des opérateurs privés et elle représente une offre supplémentaire de moyens de circulation qui peut s'ajuster instantanément à la demande de moyens de circulation : "La marchandise intermédiaire

qui facilite les échanges (la monnaie) se remplace dans ces cas-là avec la plus grande facilité par des moyens connus des négociants, et bientôt la monnaie afflue, par la raison que toute espèce de marchandise se rend au lieu où on en a besoin ". et J.-B. Say

ajoute en note que l'on peut remplacer facilement la monnaie par : "Des effets au

porteur, des billets de confiance, des crédits ouverts, comme à Amsterdam où tous les principaux pays se faisaient crédit sur la banque2".

CONCLUSION

1 C'est une idée très courante à l'époque que le manque de numéraire pour expliquer toutes les difficultés économiques.

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Si l'on tente de généraliser l'approche de Say des substituts de la monnaie, nous en trouvons deux que l'on peut distinguer, bien qu'elles soient constamment mêlées dans l'argumentation. La première consiste à aborder les substituts de monnaie sous l'angle des erreurs à combattre et à insister fortement sur la différence fondamentale qu'il y a entre le signe et la chose signifiée, entre monnaie et substituts de monnaie. Pour établir cette distinction, Say développe considérablement l'approche en terme de créances et de leurs caractéristiques techniques. Il est amené à opposer le caractère de créance des signes à la monnaie. Dans toutes les éditions du Traité, il s'en tient là pour l’essentiel. Ce qui peut nous laisser croire qu'il établit une distinction rigide entre monnaie et substituts de monnaie et qu'il ne voit pas les ressemblances fondamentales.

Cependant lorsque l'on prend en compte ce qu'il écrit dans le Cours Complet et dans le Catéchisme, la distinction s'efface au profit de la ressemblance. Celle-ci repose alors sur la valeur-utilité indirecte qui est attribuée à tous les instruments utilisés comme moyens de circulation et ce n'est qu'en deuxième lieu que les différences d'utilisation pratique sont abordées. La cohérence peut se trouver dans le fait que du point de vue du marchand, posséder une créance ou de la monnaie-métal c'est toujours posséder un actif.

Du point de vue pratique Say, avance des propositions pour régler les problèmes du moment, comme celle de confier le monopole de l'émission du billon à l'État, ou encore les avantges sans cesse mis en avant des billets de confiance.

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CHAPITRE 7

LIBERTÉ ET ORDRE MONÉTAIRE : LE PAPIER-MONNAIE ET