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Chapitre 3 Rôles et logiques des marchés financiers

3.1 Structure des marchés financiers

Les institutions financières et les produits financiers se développent de façon à répondre aux demandes des investisseurs et plus généralement aux besoins de l'ensemble des agents

économiques. Selon Bodie, Kane et Markus (Bodie, Kane, & Marcus, 2005)on distingue

plusieurs types de marchés financiers selon le développement de leurs structures et leur capacité d'intégration des participants et des informations pertinentes:

Le "marché de recherche directe"37 est le type de marché le moins développé. Il est en

fait assimilé à une absence de marché. Acheteurs et vendeurs doivent se rencontrer par leurs propres moyens (networks, petites annonces, etc.) les biens échangés ne sont pas standardisés et généralement peu coûteux. Les faibles volumes de transactions et le faible nombre de

36 Citons: (Mishkin & Eakins, 2003)

37 En anglais "direct search market"

participants découragent la spécialisation des individus et l'implication d'institutions. Remarquons que l'absence de marché organisé et de standards acceptés pose un problème fondamental d'asymétrie de l'information. L'acheteur comme le vendeur n'ont que peu de recul par rapport à la transaction: l'acheteur doit évaluer la qualité des biens par ses propres moyens tandis que le vendeur doit s'assurer de la solvabilité de l'acheteur. C'est bien à cause de ce manque de visibilité sur les qualités et défauts des biens concernés, sur la solvabilité des acheteurs ainsi que sur les offres concurrentes que ce type de marché n'est approprié que pour des transactions ponctuelles généralement de faible volume.

Le marché d'intermédiaires38 représente le niveau de développement suivant. Dans ce cas

les courtiers, aussi nommés brokers, sont des négociateurs pour comptes de tiers. Ce marché correspond à une activité commerciale suffisamment active et profitable pour que des

intermédiaires puissent offrir des services aux vendeurs comme aux acheteurs. La valeur de ces services est liée aux potentielles économies d'échelle et parfois à la valeur ajoutée de l'expertise. L'exemple le plus commun est sans aucun doute le marché de l'immobilier. Les gains de temps liés aux recherches d'un bien immobilier ou encore le manque d'expertise quand à la valorisation d'un bien immobilier justifient les commissions payés aux agents. Dans les marchés financiers nous retrouvons ce type de dynamiques dans les transactions directes où les courtiers mettent en relation directe les demandeurs et pourvoyeurs de capitaux. Un exemple typique d'une telle transaction est l'introduction en bourse d'une société dont les parts sont placées par une banque directement auprès de sa clientèle privée. Dans un tel cas les intermédiaires ont donc tout intérêt à se spécialiser, et à développer leur connaissance sur la valorisation des biens concernés.

Quand l'activité commerciale pour un bien ou un titre se développe plus en avant les intermédiaires financiers se spécialisent dans ces biens et les achètent pour leur propre compte avec pour objectif de revendre leurs inventaires pour un profit. On parle de marché de

contrepartie ou marché de dealers. Ces dealers sont des négociateurs pour comptes propres. Un tel marché permet de réduire certains coûts, notamment ceux liés à la recherche de contreparties.

38 En anglais "Brokered market"

Les prix sont facilement accessibles à tous et les forces compétitives les maintiennent en ligne avec les attentes des marchés. De plus Les négociateurs, de par leur activité sur comptes propres participe à la liquidité des marchés, permettant des échanges plus fréquents avec des prix plus réactifs aux évolutions des conditions économiques et à l'arrivée de nouvelles informations pertinentes. Les évolutions technologiques, avec notamment le développement de l'informatique et des connexions Internet, ont permis la dématérialisation des transactions ainsi qu'une meilleure visibilité des prix. Prenons comme exemple de ces dynamiques les marchés de titres de gré à gré. Les volumes journaliers y sont assez importants pour générer un revenu suffisant pour les

dealers. Notons cependant la fragmentation des opérations qui encourage la compétition sur les prix entre dealers.

Le type de marché le plus intégré est le marché aux enchères au sein duquel l'ensemble des participants se rassemble. La différence principale par rapport au marché de contrepartie est la concentration de l'activité des échanges et donc le volume des transactions. Les grandes bourses mondiales telles que le New York Stock Exchange sont des exemples de tels marchés. Notons cependant que la dématérialisation des transactions change fondamentalement

l'organisation de ces bourses. L'exemple de la bourse de Paris est flagrant: le palais Brongniart, ancien centre névralgique des transactions boursières françaises s'est transformé en une "vitrine" de la bourse et un centre de conférence, les transactions étant elles informatisées. L'avantage principal des marchés aux enchères est l'accès direct au meilleur prix. En effet les participants se réunissant tous autour d'une seule plateforme s'accordent sur les prix les plus ajustés, réduisant d'autant plus les marges des dealers. De plus, selon Bennouri (Bennouri, 2003), cette forme de

marché possèderait un atout important par rapport au marché de contrepartie:en effet la

concentration des agents et des ordres permettrait une diminution des problèmes d'asymétrie de l'information, essentiellement en diminuant l'avantage informationnel des "agents informés" grâce à la meilleure transmission des informations entre participants du marché.

Notons enfin que les marchés financiers ne sont que rarement cloisonnés à l'une de ces définitions. Bennouri rappelle ainsi que la Bourse de Paris, qui fonctionne sous le modèle d'un

marché aux enchères électronique, permet à certaines transactions d'être conclues en dehors du marché, n'apparaissant électroniquement qu'au moment de l'exécution.