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Conclusion du chapitre 4:

5.1.2. Structure de la filière blé en Tunisie

Figure 9: Les Canaux d’acquisition du blé en Tunisie

En Tunisie, la situation est différente selon la finalité de la production : Nous distinguerons donc le blé destiné au marché local du blé destiné à l’export.

5.1.2.1. Le blé destiné au marché domestique

L’approvisionnement en blé destiné à l’approvisionnement du marché domestique est un monopole de l’Office des céréales. L’état contrôle aussi bien la collecte du blé produit en Tunisie que les importations de blé.

Au début du mois, le chef meunier fait des prévisions sur les quantités dont son entreprise aura besoin.

Il prépare un effet de sa banque et se rend à l’Office des céréales à Tunis. En échange de cet effet, il obtient une autorisation de retirer du blé valable un mois. Sur cette autorisation sont spécifiés la quantité, et le centre d’où le blé doit être retiré en plus du prix unitaire. La qualité (hard, soft ou semi-hard pour le blé tendre par exemple) n’est pas spécifiée. Le chef meunier peut essayer de demander de retirer son blé dans un centre ou un autre, et parfois, il obtient gain de cause, mais la plupart du temps le centre lui est imposé par l’Office des céréales.

Les ports où le blé est importé sont ceux de Radès (Tunis), Bizerte, Sousse, Gabes, Sfax. En ce qui concerne le blé local, le chef meunier demande une autorisation d’enlever du blé local dans une coopérative agréée par l’état : la CCGC (Coopérative Centrale des Grandes Cultures) ou la COCEBLE (Coopérative Centrale du Blé). Là aussi, la qualité des blés n’est pas spécifiée.

Pourtant, les minotiers disent avoir les moyens de connaître la provenance et la qualité des blés qu’ils achètent. En fait, si la qualité est en théorie inconnue, officieusement, les entreprises s’informent de la qualité auprès du personnel des centres de retrait. Pour cela, le chef meunier fait marcher ses relations qui l’informent des provenances et qualités des blés présents dans le centre. Une autre méthode consiste à envoyer un camion pour avoir un échantillon, cet échantillon est analysé à l’usine dans le laboratoire. Si la qualité est bonne plusieurs camions sont envoyés pour en chercher plus. De plus, une fois au centre, les minotiers peuvent essayer de faire jouer leurs relations pour choisir dans quels silos ils prennent le blé. Ceci est illégal, mais cette pratique semble assez répandue dans mon échantillon. Toutefois, il est courant que dans une même cellule soient mélangées 3 ou 4 qualités différentes de blé ce qui limite l’intérêt du choix du silo. Au total, dans la majorité des cas, le meunier prend le blé qu’on lui donne. La marge de manœuvre sur la qualité est donc limitée.

L’enlèvement du blé est à la charge de l’industriel qui utilise ses propres camions ou fait appel à des sous-traitants. Ce transport est subventionné, mais les modalités de cette subvention sont peu claires, car les enquêtes ont donné des résultats variés. Certains

industriels évoquant une prise en charge totale des coûts de transport alors qu’un industriel évoquait le fait que seuls les 30 premiers km seraient subventionnés.

Le prix est constitué d’un prix de base indiqué sur l’autorisation. Ce prix est modifié par la suite en fonction du bulletin d’analyse. Il peut alors être affecté par des réfactions ou des bonifications en fonction de la qualité. Pour se faire, deux échantillons sont pris à la livraison, l’un pour l’usine, et l’autre pour le centre. Ces échantillons sont mis dans des boites plombées et scellées puis ils sont ouverts au bout de 35 J et sont analysés conjointement par le centre et par l’usine. En 2007, la force boulangère W a été rajouté dans les critères de qualité.

Les effets sont encaissés au bout de 35 ou 45 J (auparavant c’était 60 J).

En conclusion si le transformateur a des leviers très faibles pour influer sur la qualité du produit qu’il reçoit il paie après coup pour la qualité qu’il a effectivement reçue.

Le système étatique de gestion des approvisionnements en blé tunisien est celui qui assure la couverture la plus large du marché des pays de notre étude. En effet, à l’exception du blé destiné à être réexporté après transformation, tout le blé présent dans le pays est géré par des organismes publics, que ce soit les coopératives ou l’Office des céréales. L’Office des céréales procède aux importations de blé par appels d’offres internationaux. Des soupçons existent quant au fait que ces appels d’offres seraient effectués alors que le fournisseur est déjà connu (Source nos entretiens).

5.1.2.2. Les blés destinés à l’export de dérivés

Pour les blés destinés à être réexportés après transformation, la situation est différente. L’office n’intervient pas dans ce cas et le marché est entièrement libéralisé.

L’entreprise importe le blé en admission temporaire. Des documents émis par le ministère du commerce prouvent que toute la marchandise est transformée et réexportée. Un appel d’offres est fait auprès des fournisseurs habituels de chacune des entreprises (Cargill, Glencore, Eurograni, Granite, Soufflet, Nidera…) selon un cahier des charges où certaines provenances peuvent être exigées. Le fournisseur qui fait l’offre la plus intéressante remporte le marché. Souvent il s’agit de blés d’Europe de l’Est (Ukraine, Kazakhstan, Ouzbékistan, Roumanie…) dont les cours sont relativement bas.