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Conclusion du chapitre 4:

5.3.2. Structure de la filière blé en Algérie

Semoulerie ou minoterie OAIC

Appel d’offre avec cahier des charges

Marchés internationaux Blé selon quota Boulangerie, pasterie, autres clients Négociants Blé Caisse de compensation coopératives Légende:

Secteur privé domestique Transfert de blé à prix administré Secteur public domestique Transfert de blé à prix libre

Acteurs internationaux Subvention

Figure 11: Les Canaux d’acquisition du blé en Algérie

Avant la montée des cours ces dernières années, les importations en propre représentaient la moitié du blé utilisé, le reste étant fourni par l’OAIC. L’OAIC achète du blé sur les marchés internationaux et revend moins cher sur le marché domestique. Le prix est subventionné pour le blé tendre depuis 2004 et pour le blé dur depuis janvier 2008. Des

quotas ont été mis en place pour éviter que cela coûte trop cher à l’État. Les opérateurs privés ne sont pas subventionnés pour leurs importations en direct, la montée des cours décourage ceux-ci d’importer par eux-mêmes. Pourtant, certaines grosses entreprises continuent d’importer de temps en temps des blés durs améliorant pour corriger la qualité fournie par l’OAIC. Elles en importent dans ce contexte de petites quantités par bateau de 5 000 à 10 000 t.

5.3.2.1. Blés importés en direct :

Les blés proviennent essentiellement de France, d’Allemagne, du Mexique, d’Ukraine et de Sicile.

Les minoteries appellent leurs partenaires habituels pour une consultation, la décision d’importer sera, par la suite, prise en fonction de la qualité, des délais de livraison et des prix (les différents industriels déclarent que le prix n’est pas le déterminant majeur, ce qui n’est pas une surprise pour ces petits volumes destinés à remédier à des manques de qualité sur le marché subventionné). Il n’y a pas de cahier des charges, les opérateurs s’appuient sur les fiches techniques fournies par leur laboratoire, le but est de corriger les blés déjà présents. Ils ne veulent pas s’enfermer dans une qualité, ils vont essayer d’être flexibles. Une même qualité peut en effet être obtenue par plusieurs combinaisons possibles de blés de différentes qualités et/ou origines.

Cette flexibilité est, entre autres, permise par les bonnes relations que l’entreprise entretient avec ses fournisseurs.

Les blés sont livrés soit au port le plus proche mais avec un faible tirant d’eau soit au port d’Alger où certaines entreprises ont leurs propres camions et Vigon (machine pour vider les bateaux). Si l’entreprise ne possède pas de silos portuaires elle ne peut pas gagner de temps afin d’immobiliser moins longtemps les bateaux évitant ainsi la pénalité d’immobilisation du bateau (surestaries). En effet, sans réservation particulière, les bateaux peuvent rester plusieurs jours dans la baie d’Alger avant qu’un dock se libère.

5.3.2.2. Blés achetés à l’OAIC :

Les entreprises ont une relation contractuelle et codifiée avec l’OAIC. Elles vont chercher le blé aux silos les plus proches, mais si elles ont des informations intéressantes concernant les blés présents dans d’autres ports, elles peuvent aller le chercher plus loin. Le contrat est annuel et est rediscuté tous les 3 ou 4 mois. Les industriels interrogés regrettent de ne pas avoir accès à une certaine traçabilité des blés qu’ils achètent. Il peut même y avoir des mélanges dans les silos. L’OAIC se place dans une logique de pénurie.

Comme nous l’avons vu, certaines entreprises minotières et semoulières font le choix d’importer du blé pour améliorer le blé de l’OAIC. Les laboratoires d’analyse travaillent 24 heures/24 pour vérifier tous les camions (20 t.) livrés. En ce qui concerne le blé en provenance de l’OAIC une double vérification est effectuée par les laboratoires de l’entreprise et ceux de l’Office.

Le secteur public est représenté en Algérie dans la filière d’importation et de transformation des blés par l’OAIC. Il s’agit d’une ancienne entreprise publique administrative créée en 1962. Cette entreprise était, jusqu’en 1997, dotée du monopole des importations de céréales. Depuis cette date elle est devenue un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) et n’est plus en situation de monopole.

L’OAIC se fournit auprès des grandes maisons de négoce. Les fournisseurs ont été retenus à la suite d’un appel à candidature (par voie de presse) pour la constitution d’un fichier fournisseurs comportant tous les éléments de dossier authentifiés par les services consulaires algériens à l’étranger. Ces données sur les fournisseurs permettent à l’OAIC de s’assurer de leur fiabilité. Seuls dix fournisseurs auraient ainsi été agréés : Cargill, Glencore, ADM, Dreyfus, Nidera, In Vivo, Soufflet et l’Australian Wheat Board (AWB), le Canadian Wheat Board (CWB) et le Board syrien (HOBOOB). En général, les contrats sont en blé optionnel c'est-à-dire que l’origine du blé n’est pas obligatoire. Toutefois certaines origines ne sont pas acceptées (par exemple les blés anglais, russes, ukrainiens ou kazakhs). La raison de cette exclusion de certaines origines serait d’ordre cognitif, c’est parce que ces blés sont mal connus qu’ils seraient refusés.

L’OAIC aurait également un contrat d’exclusivité avec le CWB pour 1 million de tonnes de blé de qualité CWAD 2 (sur une quantité d’importation totale de blé dur de 1,8 million de

tonnes). Cet accord avec le Canada a été conclu dans un intérêt réciproque bien compris. Le Canada est leader sur le marché du blé dur et représente à peu près la moitié du marché mondial et l’Algérie est le plus gros marché d’importation de blé dur.

Les cargaisons sont réceptionnées sur l’ensemble des ports existants sur la façade maritime de l’Algérie. Le critère d’affectation d’un port par l’OAIC est lié aux besoins de régulation et de gestion des stocks.

Les règles de l’OAIC font que l’office fournit, au maximum, la moitié des capacités d’écrasement des industriels, le reste doit être acheté ailleurs. Mais quand les prix ont augmenté, les importations du secteur privé ont disparu, et l’OAIC a dû augmenter ce quota pour le passer à 75 %.