Partie 4. Perspectives en matière de renforcement de la politique export
4.3 Quelle structure du commerce extérieur?
On observe un manque incontestable de recul sur les secteurs à soutenir à l’export
mais plus exactement sur l’équilibre à espérer entre ce qui peut être importé ou
produit localement. Les territoires français qui cherchent leur place comme Etats
associés autonomes dans le Pacifique devraient être en mesure d’assumer
localement une réflexion de fond sur la politique économique propre à servir le
bien-être général.
Tout d’abord, le manque de visibilité des différentes filières freine considérablement
les échanges au niveau international. Dans ce sens, la Fédération des industries de
Nouvelle-Calédonie (FINC) a créé un service dédié à l’étude et à l’accompagnement
des industriels tournés vers l’export85
. Pour autant, la structure du tissu industriel et
commercial des territoires français n’est pas assez organisée en réseau. La création
en Nouvelle-Calédonie de l’Etablissement de régulation des prix agricoles (ERPA)
reste isolée, mais devrait être imitée par d’autres secteurs d’activités. Le
regroupement des PME/PMI d’une filière permet la mise en commun des ressources
et des savoir-faire techniques pour se tourner vers de nouveaux marchés. En outre,
la capacité à exporter sa production se traduit également par la disposition de ses
entreprises à se développer dans d’autres pays. Ainsi, la Société minière du Sud
Pacifique (SMSP) reste l'une des rares sociétés calédoniennes ayant adopté une
dimension internationale en ayant pris des participations dans l’usine sidérurgique de
Posco en Corée du Sud (Nouvelle-Calédonie 2025, Atelier Mondialisation, 2009).
De son côté, la Polynésie connaît un véritable déclin industriel, son faible tissu
productif fondé sur le bâtiment et la construction navale reste orienté sur le marché
intérieur. Le secteur industriel contribue à hauteur de 7 % à la formation du PIB en
2011 (IEOM 2012), les exports sont concentrés uniquement sur l’industrie de la
perliculture. L’accompagnement de la chambre de commerce et d’industrie répond
aux besoins des entreprises dans leurs démarches à l’export.
L’intégration régionale proposée par le libre-échange implique naturellement une
réflexion de fond sur les orientations économiques des territoires français du
Pacifique. L’économie de rente combinée à une protection tarifaire soutenue par la
métropole et l’UE ont conduit à un manque total de réflexion sur la viabilité du
système économique (Descombels, Lagadec, 2009). Si les gouvernements
calédonien et polynésien souhaitent développer la coopération régionale, la structure
des marchés insulaires ne se prête pas à l’adoption d’une zone de libre-échange
locale. Les îles du Pacifique ont peu de compétences pour l’export, les flux
d’échanges intra-océaniens sont quasiment inexistants ou symboliques et ne
peuvent pas être réellement stimulés.
Plus généralement, la création d’accords commerciaux propres au Pacifique insulaire
reste une première étape vers le libre-échange : ils engagent un calendrier pour
moderniser les économies insulaires et s’insérer dans la mondialisation. Ainsi, la
question de la structure du commerce extérieur va se poser naturellement, au même
titre que l’ouverture à la concurrence des biens et des services.
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