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Partie 2. Etats des lieux du tissu d’entreprises des territoires français

2.3 Description de la nature des TPE/PME de la Polynésie française

En 2011, l’institut des statistiques de Polynésie recense 20 767 entreprises actives

tous secteurs confondus. Plus de 69% des sociétés sont concentrées dans le

secteur des services, l’industrie regroupe 14% des entreprises, le secteur de la

construction 17%. En l’absence de ressources naturelles, seules les initiatives de

projets agricoles ou touristiques présentent des réelles perspectives de

développement. D’un côté, les radiations d’entreprises ont atteint le seuil record de

2000 par an, de l’autre il se crée environ 2000 nouvelles sociétés personnelles par

an depuis 2010. Dans une petite économie insulaire l’entreprenariat est-il une

solution au chômage de masse ?

Les entreprises de Polynésie se caractérisent par un statut juridique unique et

apparaissent particulièrement concentrées vers Tahiti. La forme juridique majoritaire

dans le secteur privé est celle des personnes physiques ou entrepreneurs individuels

(82% des entreprises). Cette spécificité se justifie par la prédominance d’une activité

économique encore traditionnelle : travail et production domestique, absence de

gestion administrative et comptable.

Voir tableau n°4 : nombre d’entreprises par secteur et taille en 2011 en

Polynésie française.

Industrie Construction Services Total

Entreprises sans

salarié 1700 2020 14200 17920

1 à 4 salariés 235 148 602 985

5 à 9 salariés 109 180 739 1028

10 à 19 salariés 20 90 360 470

20 à 49 salariés 8 40 206 254

50 à 99 salariés 4 17 40 61

100 salariés et plus 4 14 31 49

Total 2080 2509 16178 20767

Source : Institut des statistiques de Polynésie française, 2012.

En outre, l’économie polynésienne se caractérise par une forte rotation du parc

d’entreprises. En 2014, le nombre des créations pures de sociétés a augmenté de

7% tous secteurs confondus. Les primo créations se développent davantage dans le

secteur tertiaire (14% pour une baisse de 5% en 2013) (voir annexe 11 : créations

des entreprises du secteur tertiaire en Polynésie française en 2014).

En 2014, les créations augmentent dans la majorité des activités de services, trois

entreprises nouvelles sur cinq y voient le jour. La plus forte hausse concerne la

« santé humaine et action sociale » avec 224 nouvelles structures enregistrées

contre 160 en 2013. Plus exactement ce sont les médecins, infirmiers, et

sages-femmes, qui participent le plus aux créations dans le secteur de la santé. Egalement,

175 entreprises ont été créées dans les « Activités spécialisées, scientifiques et

techniques » et 71 dans les « transports et entreposage ». Par ailleurs, les créations

pures dans les secteurs du « Commerce de gros et réparation d’automobiles »

déclinent de 20% et 26% par rapport à 2013. Malgré 420 créations en 2014, ce poste

compte 27 entreprises de moins comparé à 2013. Enfin les « autres activités de

services » subissent une baisse de 5% mais concentrent la majorité des primo

créations dans les services (409) (ISPF, 2014).

Pour le reste, trois sociétés sur quatre créées sont des nouvelles structures

unipersonnelles alors que les autres entités se réactivent après une interruption de

l’activité. Ainsi, les entreprises individuelles constituent 87% des nouvelles entités en

2014. Les créations sous la forme de SARL (Société à Responsabilité Limitée) et

EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) ne représentent que 8%

et 4 % des nouvelles structures.

D’autre part, il convient de souligner que la production des entreprises polynésiennes

est axée principalement sur la satisfaction des besoins du marché local. Dans ce

sens, l’industrie agroalimentaire n’est orientée qu’en direction du commerce de

l’archipel, l’industrie des biens intermédiaires n’approvisionne que la filière

alimentaire et le secteur de la construction.

En 2008, les entreprises industrielles emploient 6100 actifs et représentent 10% du

PIB de la Polynésie française. L’agroalimentaire compte pour 37% du chiffre

d’affaires de ce secteur, plus exactement l’industrie des boissons et la transformation

des aliments sont les activités les plus conséquentes. L’industrie des biens

intermédiaires représente ensuite 25% du chiffre d’affaires total, notamment en

raison de la production à destination de la construction. Enfin, l’industrie des biens de

consommation pour les entreprises, de biens d’équipement et l’imprimerie comptent

pour 19% des 35 milliards de FCFP que génère le secteur de l’industrie (ISPF,

2008).

En outre, l’hypercentralisation des entreprises sur Tahiti se justifie par l’installation

des centres de décisions et la concentration d’infrastructures économiques sur cette

partie de l’archipel. Ainsi, les Îles du Vent concentrent 77% des entreprises, dont

72% sur la seule Tahiti.

En définitive plus de 95% des entreprises polynésiennes ont moins de 10 salariés et

opèrent localement, essentiellement dans le secteur des services (voir annexe 12 :

répartition des entreprises en Polynésie française en 2010). Dans ce contexte, le

déficit de la balance commerciale se creuse continuellement depuis plus de deux

décennies pour atteindre -150 milliards FCFP en 2013. Si la diversification des

sources de revenus est une priorité affichée, la perle représente toujours plus des

deux tiers des recettes à l’export (7,7 milliards de FCFP en 2013) (ISPF, 2014). A

l’image de la Nouvelle-Calédonie, il semble alors légitime de s’interroger sur le profil

des entreprises en capacité de gagner des parts de marché à l’international dans un

contexte où la compétitivité des entreprises est mise à mal par un coût du travail hors

normes (Martins et Winters, 2004).

Encadré n°3 : compétitivité des entreprises et surcoût de l’isolement, l’analyse de

Martins et Winters (2004).

Dans une étude sur la transition économique postcoloniale des Etats du

Commonwealth, Martins et Winters (2004) segmentent les surcoûts en fonction de la

taille du marché intérieur : micro (12 000 habitants), très petite (200 000 habitants),

« seuil » (1,6 million d’habitants) et petite (4 millions d’habitants).

Le tableau n°5 : surcoûts supportés par les petites économies par rapport au cas

médian, synthèse des résultats pour trois industries :

NB : Les tailles des économies sont : Micro (M), Très petites (TP), Seuil (S), Petites (P).

Source : Martins et Winters, 2004.

La colonne M (Micro) qui correspond à la réalité des territoires français du Pacifique

traduit une pénalité supportée par le facteur travail des coûts de plus de 14% par

rapport au cas médian dans l’industrie de l’assemblage électronique et des

vêtements, et atteint 29% pour l’hôtellerie et tourisme. En moyenne, la pénalité du

facteur travail par rapport au cas médian est de 60%, celle du capital est de 100%.

En définitive, la petite taille du marché intérieur freine le développement d’un tissu

d’entreprises compétitives et diversifiées. En outre, l’isolement engendre des frais qui

se répercutent sur le coût du travail. Les valeurs des biens et services dans les

petites économies insulaires seront par nature toujours supérieurs aux standards

internationaux.

Partie 3. Un modèle de mono -exportation inadapté à son