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Partie 4. Perspectives en matière de renforcement de la politique export

4.1 Les grandes étapes de la démarche export

Faire le choix de proposer ses activités sur les marchés étrangers induit une

réflexion stratégique sur l’avenir de l’entreprise. S’orienter vers l’export et plus

généralement s’orienter vers un développement international implique donc la mise

en œuvre d’une démarche séquentielle et structurée. La première étape étant de

sélectionner les marchés cibles afin de définir les stratégies internationales les plus

adaptées. Par la suite, il convient de mobiliser les outils nécessaires en adéquation

avec l’analyse globale et les recommandations du diagnostic à l’export. Cependant,

les problématiques des entrepreneurs (TPE) sont très différentes de celles des PME

et grandes entreprises. Préparer son entreprise aux marchés internationaux

nécessite néanmoins une connaissance théorique des techniques du commerce

international. Nous présenterons les grandes étapes de la démarche export afin de

mieux cerner les défis des exportateurs calédoniens et polynésiens.

Tout d’abord, il convient de définir l’environnement dans lequel on souhaite

développer ses marchés. A l’international, la variété des acteurs et des modes de

distribution oblige à une analyse fine du secteur cible. Dans ce sens, il est impératif

d’identifier les principaux concurrents actifs dans le pays visé mais également dans

les pays voisins pour avoir une vision d’ensemble80

.

80

Dans le cadre de la « stratégie export » mise en place à partir de 2016 en

Nouvelle-Calédonie, un outil à l’analyse sectorielle va être mis en place en sus d’un guichet unique

d’entrée pour accompagner les entreprises dans leurs démarches à l’international.

Par la suite, il est indispensable d’évaluer la valeur ajoutée du produit/service sur le

marché cible. Dans ce sens le lien entre innovation et exportation est très fort81. En

effet, il est quasiment impossible d’exporter un produit qui présente peu de valeur

ajoutée. Pour deux produits identiques la production sur place est évidemment

meilleur marché et plus compétitive. Un fois encore un travail approfondi devra être

effectué pour déterminer le type de produits, le niveau de technologie et le niveau de

prix accepté par le marché.

Après avoir déterminé le degré d’innovation requis ou le produit pour lequel

l’entreprise présente un avantage comparatif, il convient de choisir le marché

étranger. Ainsi pour définir le couple produit/pays il est possible de s’orienter soit

vers un marché en développement (petites économies insulaires), soit vers un

marché mature (Australie, Nouvelle-Zélande). En effet, prendre des parts de marché

dans un pays à faible potentiel semble possible pour des TPE plus réactives que les

grands groupes. A contrario, sur les marchés « matures » la concurrence sera

intense mais les perspectives pour développer sa clientèle seront plus significatives.

En outre, une parfaite connaissance de l’environnement normatif et douanier est

requise afin d’anticiper les règles auxquelles le produit va être soumis. En effet, on

observe fréquemment un différentiel de taxation entre un produit fini (taxation élevée)

et les composants (taxation plus faible) de conception de ce même produit. Au final,

les entreprises de transformation ont un intérêt évident à importer la majorité des

composants et à fabriquer localement le produit. Par ailleurs, l’appartenance à une

zone de libre-échange influe directement sur le régime tarifaire et fausse de facto la

concurrence. Dans ce sens, le statut de PTOM dont bénéficient la

Nouvelle-Calédonie et la Polynésie a toujours offert un accès privilégié au marché européen et

ne favorise pas la recherche de nouveaux marchés.

Si le choix de développer son activité dans un pays étranger est toujours pertinent

après ces différentes phases d’études il conviendra de procéder à l’analyse des

81

Pour une étude plus complète du lien entre innovation et exportation sur le tissu de

TPE/PME en France, se référer à une récente étude d’OSEO et d’UBIFRANCE. Effectuée

sur un échantillon de 701 entreprises qui appartiennent pour près de 60 % à l’industrie, pour

un tiers au secteur des services et pour 10 % à celui du commerce. L’effectif médian de ces

entreprises est de 31 salariés et le chiffre d’affaires médian de 4,2 millions d’euros. En

termes d’ancienneté, 63 % ont été créées il y a plus de dix ans et 5 % seulement depuis

moins de trois ans (revue dédiée, Regard sur les PME N°19, 2010, la documentation

française).

composantes de l’entreprise. L’objectif est de mettre en exergue les forces et les

faiblesses de la structure et identifier les axes de développement. Cette étape,

largement reconnue sous le nom « diagnostic interne », prend tout son sens quand il

s’agit de mettre en place une nouvelle stratégie commerciale. Cette prise de recul

doit concerner toutes les variables de l’entreprise : savoir-faire des salariés, avancée

de la recherche et développement, capacité des machines-outils…

En outre, l’élaboration de la stratégie commerciale se définit traditionnellement par

les quatre politiques comprises dans le plan de marchéage (marketing mix). Selon

Philip Kotler ces 4P correspondent à :

- Product : la politique de produit (choix de la gamme de produits : profondeur

de gamme, largeur de gamme,…). Cela comprend également les prestations

liées aux produits (emballage, aide à l'utilisation, maintenance...)

- Price : la politique de prix (ex : écrémage, pénétration, prix d'acceptabilité,

rentabilité, etc.)

- Place : la politique de distribution (choix du réseau et des canaux de

distribution, force de vente, etc.). La distribution inclut également les stratégies

web et réseaux82.

- Promotion : la politique de communication (choix du type publicité, promotion,

marketing direct, relations publiques, etc.)

Du reste, la clé du succès réside dans la pertinence des conseils externes et la

qualité des structures d’accompagnement. Que ce soient des acteurs publics comme

82

De nombreuses études confirment que la quasi-totalité de la population mondiale sera

connectée au web en 2020, alors que l’on compte aujourd’hui 3 milliards d’internautes. En

outre, les connections mobiles représentent plus de 25% du trafic web contre 10% en 2012.

Dans ce contexte, la zone Asie-Pacifique est devenue en 2014 la première place mondiale

pour le E-commerce entre les entreprises et les consommateurs (business to customer)

devant l’Amérique du Nord. En conséquence, la stratégie web et média sociaux doit faire

l’objet d’une attention particulière pour les sociétés exportatrices des territoires français. Plus

exactement, le travail collaboratif, la vente en ligne et plus généralement les modèles de

distribution sur internet offrent aux îles du Pacifique insulaire des perspectives nouvelles

pour contourner l’isolement.

les Missions Economiques Ubifrance, des Chambres de Commerce et d’Industrie

françaises à l’étranger, ou des sociétés privées d’accompagnement à l’international,

l’exportateur doit faire appel à la bonne compétence au bon moment.

L’approche d’un nouveau marché demande un engagement exceptionnel : connaitre

le secteur, se faire connaitre, réorganiser l’entreprise, mettre en place une campagne

de communication, former les collaborateurs… Sont autant d’investissements qui ne

seront amortissables le plus souvent qu’au bout de 4 à 7 ans (voir schéma n°2 : la

démarche d’analyse stratégique internationale). Au regard du tissu économique du

territoire il apparait qu’un soutien public conséquent doit être fourni aux artisans et

TPE qui considèrent développer leur activité en Océanie. En conséquence, il semble

nécessaire d’orienter les dispositifs de soutien à l’export de Nouvelle-Calédonie et en

Polynésie en fonction des besoins spécifiques des entreprises. Dans ce contexte, la

multiplicité des aides (Etat, provinces…) tend à rendre illisible l’assistance offerte aux

sociétés exportatrices. La perspective d’instaurer un guichet unique d’entrée est une

piste à explorer, mettre en œuvre un "choc de simplification" administrative en est

une autre.

Schéma n°2 : la démarche d’analyse stratégique internationale.