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CHAPITRE 6 : DISCUSSION

6.1 Le contexte de travail des TAP

6.1.2 Les stratégies d’adaptation au stress

Notre revue de littérature a mis en lumière que les stratégies d’adaptation au stress chez les TAP n’ont été que très peu explorées. Les écrits du domaine de la psychologie permettent de mieux comprendre la complexité des réactions des individus face au stress en décrivant les mécanismes internes d’adaptation ou de défense liés aux caractéristiques individuelles prédisposantes, mais sur lesquelles les responsables de services ambulanciers n’ont aucun levier. C’est dans cette optique que nous mettons l’attention sur les stratégies qui peuvent être mises sur pied afin de favoriser la SPT des TAP du Québec.

Nos résultats en ce qui concerne les stratégies provenant du soutien social appuient les constats de Revicki et Gershon (1996). En ce sens, le soutien des coéquipiers (n = 11), des collègues (n = 9) et des supérieurs (n = 5) suggère que les TAP qui bénéficient de ces soutiens au travail semblent réussir à maintenir leur SPT. La cohésion dans l’équipe ainsi que l’accès et l’ouverture du superviseur ont un impact positif dans l’adaptation aux facteurs de stress liés à leur contexte de travail. Néanmoins, des améliorations quant aux soutiens des pairs et des styles de supervision des supérieurs immédiats sont souhaitées par certains TAP afin de

mieux contrer les effets négatifs des facteurs de stress de leur quotidien de travail. Dans cet ordre d’idée, mentionnons que les études présentées au chapitre 2 ont principalement eu pour objectif de déterminer les effets négatifs d’un manque de soutien sous différentes formes (des pairs, des superviseurs, de la direction) sur la santé psychologique, plutôt que d’explorer le potentiel bénéfique des formes de soutien sur la SPT et de comprendre pourquoi les TAP utilisent une stratégie plus qu’une autre. Ainsi, notre approche plus positive des stratégies d’adaptation au stress nous mène à des résultats qui démontrent l’apport favorable du soutien comparativement aux précédentes études (les bénéfices versus les effets négatifs): Par exemple, mentionnons que 1) l’attitude distante des cadres supérieurs et leur insensibilité face aux difficultés rencontrées par les TAP représentent des comportements de gestion qui ne favorisent point l’adaptation aux facteurs de stress du travail (Mahony, 2001), 2) le manque de soutien des collègues est un des éléments du travail les plus susceptibles de représenter un incident troublant pour le TAP (Alexander et Klein, 2001) et il est aussi un facteur de stress organisationnel le plus sévère et le plus fréquent (Sterud et al., 2008), et 3) le manque de soutien des collègues ou du superviseur représente des prédicteurs de symptômes post- traumatiques, d'épuisement professionnel et de fatigue (van der Ploeg et Kleber, 2003) et vont dans le même sens que le « demand-control-support model » (Karasek et Theorell, 1990). Conséquemment, nos résultats suggèrent l’apport positif du soutien provenant des pairs (coéquipiers et collègues) et des supérieurs tel qu’il a été démontré par la variable « soutien social » du modèle de Karasek et Theorell (1990). Effectivement, les TAP participants ont identifié le soutien social (pairs) en tant que stratégies d’adaptation utilisées afin de favoriser le maintien de leur SPT. Dans le même sens que Sterud et al. (2008), nous ne pouvons toutefois assurer que le soutien des pairs soit directement lié à une diminution du stress au travail, mais il est clairement important pour les TAP de pouvoir compter sur l’écoute de collègues ou de supérieurs lorsqu’ils ont besoin de parler de certains événements plus difficiles.

Plus particulièrement pour les stratégies de soutien par les pairs, nous constatons des ressemblances entre nos résultats et ceux d’Alexander et Klein (2001)

et de Mahony (2001). Dans notre étude, le soutien reçu en discutant avec le coéquipier est la stratégie d’adaptation utilisée de façon unanime tant face aux facteurs de stress du quotidien opérationnel que face au stress des interventions où sont répertoriés les incidents critiques. En effet, Alexander et Klein (2001) rapportaient que discuter de l’incident critique avec les collègues était la méthode la plus fréquemment utilisée47 et Mahony (2001) soulignait que les participants avaient reçu la compréhension et le soutien nécessaire de la part de leurs collègues immédiats lors d’incidents critiques.

Concernant la stratégie personnelle du sentiment de compétence (n = 8), suivant les propos des TAP, nous comprenons que celui-ci représente une base essentielle qui leur permet non seulement de faire leur travail, mais également de pouvoir s’y référer afin de s’adapter aux facteurs de stress. Par contre, ce sentiment de compétence se forge d’abord, grâce à la formation de base au métier, et ensuite, par l’acquisition d’années d’expérience. En ce sens, nous croyons que les connaissances et compétences spécialisées ainsi que l’expérience sont des ressources nécessaires à l’utilisation du sentiment de compétence en tant que stratégie d’adaptation au stress. Qui plus est que la formation académique et pratique est un levier par lequel les établissements d’enseignement concernés et les services ambulanciers pourraient favoriser le maintien de la SPT des TAP. Ces informations quant aux ressources n’étaient pas envisagées par les objectifs de notre étude alors nous croyons qu’elles pourraient constituer un éventuel objet d’étude chez les TAP du Québec.

Finalement, nos résultats confirment certains éléments de la littérature, particulièrement quant à la charge de travail, aux interventions émotionnelles de nature critique et potentiellement traumatique et à la stratégie de soutien par les pairs.

47 Dans l’étude d’Alexander et Klein (2001), « discuter de l’incident critique avec les collègues »