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CHAPITRE 4. STRATÉGIE MÉTHODOLOGIQUE

4.1 Stratégie générale de recherche et approche méthodologique

Suite au dépouillement des différentes approches méthodologiques en sciences sociales, nous avons adopté une approche méthodologique et une stratégie d’analyse qui répondent précisément à l’ensemble de problèmes cernés et qui permettent de rassembler les éléments épars et antinomiques recueillis lors de la collecte.

4.1.1 Méthode qualitative

Nos travaux s’inscrivent d’abord et avant tout dans le cadre d’une recherche scientifique qualitative. Cette méthode accorde une importance particulière à la signification des phénomènes étudiés. En mettant en relation les phénomènes à l’étude et leur cadre théorique, une opération de décodage est effectuée ; on peut graduellement donner un sens à ces phénomènes, ce qui rejoint le principe d’intelligibilité scientifique (Mucchielli 2005).

4.1.2 Posture épistémologique constructiviste

Pour bâtir notre méthodologie, nous avons adopté le constructivisme en sciences sociales comme positionnement épistémologique21. La posture épistémologique se définit par le positionnement du chercheur ou sa vision quant à la construction de la connaissance scientifique (Mucchielli et Noy 2005). Nous avons adopté les fondements de cette posture, relatés ci-après, pour guider notre processus méthodologique, sans toutefois chercher à atteindre le résultat utilitariste de cette approche22. L’objectif de l’intégration de cette approche dans notre stratégie de recherche est de concilier les difficultés de notre terrain de recherche avec une approche qui en serait la plus compréhensive qui soit. Ce positionnement épistémologique est cohérent avec une approche inductive dans le cadre de laquelle la démarche scientifique est façonnée en regard du terrain de recherche (Benelli 2011). Lors de l’avancement de cette démarche, les orientations de la recherche et méthodes d’analyse ont été continuellement remodelées (Benelli 2011).

L’importance du contexte, qui s’est imposée lors du processus de construction de la connaissance et plus particulièrement pendant le terrain de mémoire, a justifié le positionnement constructiviste. Les fondements de cette posture soutiennent que la connaissance est « le produit de l’activité du sujet », et « l’acte par lequel le chercheur perçoit l’interaction entre les choses » (Mucchielli 2005, 14). Ce sont donc les particularités du terrain et les interactions avec celui-ci qui ont mené à ce positionnement épistémologique. En effet, en 2012, la fin de la période autoritaire était encore très récente. Tel que c’était le cas sous le régime autoritaire, la non- divulgation d’informations a compliqué notre collecte de données. Aussi, les phénomènes observés et les interactions réalisées se sont avérés partiellement à l’extérieur de notre cadre conceptuel initial. Nous verrons dans la prochaine section comment s’est réalisé le terrain de recherche afin de démontrer l'évolution de notre démarche. Mais avant tout, voyons ce qui caractérise la structure générale de la recherche.

21 À ne pas confondre avec le constructivisme social, qui défend que toute construction de la réalité sociale ou des phénomènes sociaux est graduellement intégrée dans les valeurs, traditions ou institutions (Keucheyan 2012, 69). 22 L’approche constructiviste comporte une orientation utilitariste, qui suggère qu’une recherche constructiviste aboutira en la résolution de manière innovante d’un problème concret qui émerge de l’évolution du monde social (Mucchielli 2005). Notre mémoire emploie une approche constructiviste, mais les résultats utilitaristes ne sont pas recherchés.

4.1.3 Étude de cas

Pour générer l’information recherchée, nous avons adopté l’étude de cas comme structure générale de recherche. L’étude de cas se situe au cœur de notre posture épistémologique, en ce sens qu’elle rejoint un parcours inductif, qu’elle favorise une démarche exploratoire, et qu’elle accorde une importance marquée aux éléments du contexte (Roy 2009).

L’étude de cas est cohérente avec la construction des bases de notre recherche : une mise en contexte large et multidimensionnelle, et une revue de la littérature composée de plusieurs éléments qui peuvent apparaître en discontinuité, mais qui sont en lien à différents niveaux avec notre objet de recherche.

Idéalement, le chercheur sélectionnera le cas après avoir mené une revue de littérature sur un sujet plus large qui le préoccupe. La revue portera sur les recherches empiriques antérieures, et les différentes théories qui touchent de près ou de loin son sujet. (Roy 2009, 213‑214)

L’étude de cas est le plus souvent adoptée pour l’étude de ces phénomènes peu étudiés, qui sont à un état embryonnaire ou difficilement mesurables (Roy 2009, 206). Ainsi, le recours aux différentes sources d’information est de mise. L’étude de cas permet donc l’élaboration de diverses collectes de données et l’emploi de méthodes d’analyses variées :

De façon générale, on la reconnaît (étude de cas) surtout pour sa capacité à décrire des phénomènes ou à les explorer lorsque le sujet est unique ou jusque-là négligé par la science [...] On n’hésitera pas à examiner différentes sources d’information, y compris des personnes, journaux, ou des registres. L’examen de ces sources exigera des instruments de recherche adaptés et souvent plusieurs méthodologies. (Roy 2009, 201‑202)

En somme, l’étude de cas n’est pas confinée à une démarche prédéfinie et présente une grande souplesse en vue de l’adaptation aux difficultés que peut présenter l’étude d’un cas. Cela ne permet pas pour autant de diminuer la rigueur lors de la collecte des données. Si notre posture épistémologique définit le processus de construction de la connaissance, l’étude de cas énonce comment nous percevons cette connaissance à construire : comme un cas à résoudre, ancré dans

un large éventail de phénomènes sociaux et insolvable sans l’exploration et la compréhension de ceux-ci.

Le cas étudié est donc bien délimité mais forme un sous-système dont l’analyse permet de mieux comprendre un système plus large. Ainsi, on s’intéressera aux composantes qui forment le cas, y compris son contexte immédiat, son histoire et ses différentes dimensions. (Roy 2009, 207)