• Aucun résultat trouvé

Stigmatisation et récidive

Dans le document S ANCTION DES COMPORTEMENTS VIOLENTS , (Page 37-41)

U NE APPROCHE ECONOMIQUE

1.2. Stigmatisation et récidive

L’effectivité d'une norme sociale tient aux bénéfices qui lui sont associés lorsqu’elle est respectée, mais également à la sanction encourue dans le cas contraire : il s’agit des stigma d’une norme sociale (Paragraphe 1.2.1). La présence des stigma dans une société peut avoir un impact sur la politique pénale des autorités publiques (Paragraphe 1.2.2).

46 Cette théorie généralise la « théorie des associations différentielles » de Sutherland et Cressey (1966), reprise par Akers (1985). Elle explique l’hétérogénéité spatiale de la criminalité par des différences d’organisation et de cohésion sociale.

1.2.1. La stigmatisation des criminels

L’effectivité d’une norme sociale est liée à ce qu’il en coûte à celui qui ne la respecte pas. Ce coût dépend de la volonté et de la capacité des autres membres de la société à réagir à l’encontre de l’auteur d’un acte qui viole la norme. En d’autres termes, il dépend de l’importance qui est accordée à cette norme. On arle de la gravité de la violation, c’est-à-dire l’ampleur du préjudice que ceux qui ppliquent la norme ont le sentiment de subir lorsqu’elle n’est pas respectée. Si a part des autres membres e la société, cela signifie que cette action ne viole pas de norme et n’est donc pas

« grave

oyeur préfère perdre des profits plutôt que d’empl

comme une taxe sur les revenus présents et les rentes futures de l’individu. Ils peuvent être d’autant plus effectifs que les coûts d’être ostracisé et stigmatisé sont p

a

une action ne fait pas l’objet d’une réaction hostile de l d

».

Le coût de la violation d’une norme peut être nul, si l’auteur d’une telle action n’interagit pas avec les autres membres de la société ou n’est pas susceptible d’être victime de leurs représailles. En revanche, il peut affecter son comportement dans le cas contraire, sous la menace d’une sanction : il peut s’agir du ridicule associé à son acte, porteur d’une information sur lui-même qu’il aurait préférée que les autres ne sachent pas (Posner et Rasmussen, 1999) ; à l’extrême, il peut s’agir de l’opprobre, de l’ostracisme ou d’un rejet de ce type (Elster, 1989).

On parle des stigma du non-respect d’une norme sociale (Goffman, 1975).

Les stigma se réfèrent à la répugnance d’avoir une relation avec quelqu’un ayant un passé criminel ou ayant eu un comportement violent. En d’autres termes, on préfère encourir des coûts personnels plutôt que d’interagir avec un (tel) délinquant ; il s'agit d'une discrimination. Pour le criminel, le stigma se réfère ainsi à une incitation externe, au même titre qu’une peine de prison ou d’amende, et non à une motivation interne, comme la conscience (Eide, 1994). Les stigma sont de différents ordres : ils peuvent être économiques, comme un salaire plus faible, par exemple si un empl

oyer un ancien prisonnier très productif. Ils peuvent également être sociaux, comme la difficulté à trouver un conjoint. Les stigma agissent ainsi

élevés pour ceux qui les subissent. Leur portée devrait en théorie être d’autant plus importante que les opportunités de profit sur le marché illégal sont faibles.

Les stigma peuvent être d’autant plus effectifs que le groupe est de petite taille (Ellickson, 1991), ce qui peut d’ailleurs également contribuer à expliquer

ourquoi le taux de criminalité est plus élevé dans les grandes villes (Glaeser et acerdote, 1999).

1.2.2.

ermettent de réduire les dépenses associées à la mise e

commis un acte qualifié de éviant, c’est-à-dire les individus qui ne se sont pas conformés aux normes ciales (déviance primaire), peuvent être rejetés de façon permanente par les utres membres de la société. Ils peuvent ainsi être incités à rester déviants, uisque le stigma associé à leur passé peut les décourager de se conformer aux ormes ; ils réorganisent alors leur personnalité en fonction de leur nouveau rôle e déviant (déviance secondaire).

Sous l’angle du cadre méthodologique de l’économie du crime, Furuya (2002) montre ainsi que des stigma importants risquent d’inciter les criminels

p S

Financement de la sanction sociale et récidive

Le coût pour infliger des pénalités à ceux qui violent une norme informelle ne peut être financé par l’impôt, mais uniquement par ceux qui décident volontairement de la faire appliquer (Posner et Rasmussen, 1999). En d’autres termes, c’est le secteur privé qui impose les sanctions dites sociales. Rasmussen (1996) montre d’ailleurs qu’une société qui stigmatise les criminels va accroître sa richesse sociale, car les stigma p

n œuvre de la sanction légale, en renforçant son effet dissuasif. Cette conclusion prend à contre-pied une partie de la littérature relevant de la criminologie, qui s’est intéressée à la façon dont les individus peuvent être stigmatisés comme délinquants par la société et obtenir un « statut social » de délinquant47 : les individus soupçonnés d’avoir

d so a p n d

47 Il s’agit du courant dit interactionniste de la criminologie de la réaction sociale [Voir Lemert (1951) et Pinatel (1987)].

arrêtés à la récidive, en les empêchant de trouver un travail sur le marché légal.

our que cet effet soit contrebalancé, Funk (2004) suggère que les récidivistes devraie

x qui respectent la norme « honnête » ; un effet dissuasif, à avers la sanction encourue en cas de sa violation ; un effet ambigu sur le crime, ia les informations qu’elles transmettent, les normes sociales « perverses »

omotion de la violence au sein d’un gang ar exemple, et leur influence sur la formation des préférences et des normes individ

en œuvre : l’impôt.

P

nt être condamnés plus lourdement, puisque l’effet des stigma diminuerait en ce qui les concerne.

Conclusion de la première section

Les interactions sociales peuvent avoir trois effets pouvant jouant en sens opposé sur le crime : un effet préventif, à travers les bénéfices sociaux dont peuvent profiter ceu

tr v

qu’elles peuvent générer, comme la pr p

uelles (Andenaes, 1974).

Certaines sanctions sociales sont systématisées et deviennent légales : la sanction légale est la réaction officielle d’une norme sociale qui a été légalisée (Posner, 1997). Appliquée par les autorités publiques, elle peut accompagner d’autres types de réactions publiques et se distingue des autres sanctions sociales par le financement de sa mise

2. REACTION DES AUTORITES LEGALES ET SANCTION

La réaction des autorités publiques à un crime dépend du statut que possède le délinquant dans la société dans laquelle il commet son acte (le degré de responsabilité qui lui est reconnu) et de l’objectif que poursuivent les autorités en réagissant. Cela peut expliquer l’hétérogénéité de la forme et l’ampleur des réactions, d’une zone ou d’une époque à l’autre (Sous-section 2.1). Les économistes du crime ont focalisé leur attention sur les propriétés dissuasives d’une réaction en particulier, la sanction, et montré que les pénalités restrictives de libe

des mesures dites répressives, c’est-à-dire les mesures de sanctio

incitations positives spécifiques. Ce traitement des criminels s’accompagne en général de mesures dites de prévention ; il s’agit de dépenses publiques visant à inciter les individus qui ne sont pas délinquants à le rester.

rté pouvaient être les plus adaptées à l’encontre des crimes les plus violents (Sous-section 2.2).

Dans le document S ANCTION DES COMPORTEMENTS VIOLENTS , (Page 37-41)