Les m´ethodes d’observation des rayons cosmiques d´ependent de l’´energie de ces derniers.
En effet, comme on peut le voir sur la figure (7.2), la largeur de la gamme d’´energie sur
laquelle on d´etecte des rayons cosmiques est ´enorme : elle s’´etend de particules ayant une
´energie totale de 1GeV jusqu’`a des particules dont l’´energie atteint 10
20eV.
114 7.2 Spectre de rayons cosmiques et coupure GZK
7.2.1 Le spectre diff´erentiel en ´energie
Le spectre diff´erentiel en ´energie est extrmement r´egulier (et isotrope) et se d´ecompose
en deux r´egimes principaux :
– la gamme 10GeV-10
15eV o`u le spectre diff´erentiel suit une loi de puissance d’indice
−2.7. Ces rayons cosmiques sont suppos´es d’origine galactique car divers sc´enarii
ex-pliquent la loi de puissance obtenue comme ´etant l’interaction entre des particules de
“basse” ´energie et les restes d’un Supernovae. Les explosion de supernovae se produisent
en nombre suffisant `a l’int´erieur de notre Galaxie pour expliquer le spectre observ´e dans
cette zone du spectre. Les particules de cette gamme peuvent ˆetre d´etect´ees par des
d´etecteurs spatiaux (satellites, ballons, ..) grˆace leur flux important.
– la gamme 10
16eV −10
19eV o`u le spectre diff´erentiel suit aussi une loi de puissance
mais d’exposant ´egal `a 3.1. On attribue g´en´eralement une origine extra-galactique `a
cette composante. En effet, en se basant sur des consid´erations ´energ´etique, il semble
qu’aucun objet astrophysique galactique ne puisse ˆetre en mesure de produire de telles
particules. De plus, un changement dans la composition chimique de la population
de ces rayons cosmiques semble confirmer un changement de leur lieu d’acc´el´eration
(Bhattacharjee & Sigl 2000). La zone reliant les deux parties du spectre (`a 4 P eV
(Kampertet al.2001)) est appel´ee “genou”. Sa forme et sa localisation sont loin d’ˆetre
claires. Le flux des particules de la gamme d’´energie situ´ee au del du genou n’est pas
d´etectable directement. En effet, en raison du flux trop peu important de ces particules,
la zone collectrice n´ecessaire `a la mesure est trop importante pour ˆetre embarque´ee sur
un satellite. Seuls les d´etecteurs terrestres ont des superficies suffisantes.
Malheureuse-ment, comme je l’ai ´evoqu´e dans la section pr´ec´edente, l’atmosph`ere joue le rˆole d’un
absorbant pour les rayons cosmiques. Ainsi, les gerbes d’Auger sont rep´er´ees par des
d´etecteurs en co¨ıncidence au niveau du sol et l’on peut remonter, grˆace `a la physique
de ces gerbes, aux caract´eristiques des particules primaires.
Dans la gamme d’´energie inf´erieure `a 10 GeV, les rayons cosmiques proviennent
majoritai-rement du Soleil. En effet, leur spectre est corr´el´e avec l’activit´e solaire. La derni`ere zone du
spectre (sans doute celle qui pose le plus d’interrogations) est celle situ´ee au del de la
“che-ville” (la cheville est le nom de la transition se situant `a 10
19eV). Dans cette zone, le nombre
d’´evnements d´etect´es n’est pas encore suffisant pour d´eterminer un spectre statistique. Des
exp´eriences (AGASA Hayashida et al. (1998) et Fly’s Eye Sokolsky (1998)) ont clairement
montr´e qu’il existait toutefois des particules arrivant sur Terre avec des ´energies d´epassant
10
20eV. Malheureusement le flux de telles particules est si faible que le nombre de d´etection
est tr`es rduit. Pour rem´edier `a ce manque de donn´ees, le projet du grand observatoire de
rayons cosmiques Pierre AUGER a ´et´e initi´e. Cet observatoire terrestre se composera de
deux sites d’observations : l’un en Argentine et l’autre probablement dans l’Utah aux
Etats-Unis. Cet ensemble devrait occuper pr`es de 3000km
2avec plus d’un millier de d´etecteurs de
type scintillateurs et quelques d´etecteurs `a fluorescence (de type Fly’s Eyes). Avec une telle
Fig. 7.2– Spectre observ´e de rayons cosmiques de 100 MeV `a 1021
eV. Ces donn´ees regroupent tous les rayons cosmiques sans distinction de masse. Le spectre se d´ecompose en deux gammes d’´energie : la partie situ´ee au dessus du “genou” a un indice spectral de−2.7 (∝E−2.7
) alors que la partie entre le genou et la cheville a un indice spectral ´egal `a −3.1. Les indications sur les flux de particules par unit´es de surface montrent la n´ecessit´e d’avoir des installations de plus en plus grandes pour d´etecter un nombre constant de particules de plus en plus ´energ´etiques. Ainsi la limite de d´etection pour les satellites se situe vers 1014
eV. Au del de cette ´energie, seules les installations au sol peuvent collecter un nombre suffisant d’´ev`enements.
superficie, cet instrument devrait ˆetre capable de d´etecter et d’analyser un grand nombre de
particules d’´energie extrˆeme, au del de 10
19eV. Pourquoi un tel intrt pour ces particules ?
Ceci va faire l’objet du prochain paragraphe.
116 7.2 Spectre de rayons cosmiques et coupure GZK
Fig. 7.3 – Diagramme montrant la distance maximale o`u peut se propager un rayon cosmique en fonction de son ´energie, ´etant donn´e l’effet GZK. L’´energie de seuil de la coupure GZK avec les photons du corps noir cosmologique est d’environ 300EeV, ce qui interdit aux ´ev`enements sup´erieurs `a cette ´energie de venir de plus loin que typiquement une cinquantaine de m´egaparsecs (voir Aharonian & Cronin (1994)).
7.2.2 La coupure GZK
La coupure GZK (du nom des auteurs Greisen (1966) et Zatsepin & Kuzmin (1966)) est
une limite physique qui majore la distance de propagation d’une particule ayant une ´energie
sup´erieure `a une ´energie seuil. En effet, la physique des particules autorise un proton `a se
d´esint´eger sous la forme de pions `a travers la r´eaction
2/3
→ p+π
o→p+γ +γ
p+γ→ (7.1)
1/3
→ n+π
+Le seuil ´energ´etique de cette r´eaction s’obtient en appliquant les lois de conservation de
l’´energie totale et de la quantit´e de mouvement, en supposant que les produits de la r´eaction
sont au repos. On obtient alors facilement que l’´energie seuil de cette r´eaction soit
E
GZK= m
πc
2