processus d’acc´el´eration (Lagage & Cesarsky 1983; Kirk & Dendy 2000a)
E
max∼6.10
13Z
u
o3.10
6m/s
t
age300ans
B
1µG
eV (8.15)
o`u il est suppos´e que le coefficient de diffusion spatiale D est ´egal au coefficient de Bohm,
D = r
Lc (o`u r
Lest le rayon de Larmor et c la vitesse de la lumi`ere) et que le temps
d’acc´el´eration est ´egal `a l’ˆage du choc (Z est le nombre de nucl´eons du noyau consid´er´e).
Etant donn´e les conditions r´egnant dans les restes de supernovae, on voit qu’il est difficile,
d’expliquer par ce processus la population de rayons cosmiques de la gamme d’´energie vers
10
15eV/nucl´eon. Cette estimation est bien entendu tr`es d´ependante de la valeur du coefficient
de diffusion lors de la rencontre avec les irr´egularit´es du champ magn´etique. La diffusion des
particules d´epend de l’orientation du champ magn´etique par rapport `a ces particules, ce qui
n´ecessite de prendre en compte des effets d’obliquit´e du champ (voir Pelletier (1999)).
8.3 Les chocs relativistes
D’autres chocs en expansion existent dans l’Univers. Ils proviennent des sursauts de
rayons gammas et sont relativistes. Etant donn´e la quantit´e d’´energie lib´er´ee durant ces
ph´enom`enes, l’acc´el´eration des rayons cosmiques produite par des processus de Fermi peut
ˆetre le m´ecanisme l’origine des rayons cosmiques observ´es au del`a de 10
19eV. Une difficult´e
´emerge n´eanmoins dans leur ´etude : ces chocs ´etant relativistes, il faut donc reconsid´erer la
th´eorie des chocs diffusifs en tenant compte des effets relativistes. Ces effets apparaissent
dans l’anisotropie des fonctions de distribution due `a la focalisation relativiste le long de
l’´ecoulement (similaire `a la focalisation Doppler). De plus, les changements de r´ef´erentiels
doivent prendre en compte les effets de la transformation sp´eciale de Lorentz.
Consid´erons une perturbation magn´etique se d´epla¸cant `a la vitesse V
A∗le long d’un axe z
(direction du champ magn´etique moyen). Dans le r´ef´erentiel propre de cette perturbation
(r´ef´erentiel R
0), d´efinissons l’´energie r´eduitep
0o=E
0/c et la quantit´e de mouvementp~
0d’une
particule de haute ´energie. Le passage dans le r´ef´erentiel R d’un observateur immobile nous
donne les relations
(
p
o= γ
∗(p
0 o+β
∗p
0 z)
p
z= γ
∗(p
0 z+β
∗p
0 o)
o`u γ
∗est le facteur de Lorentz de la perturbation et β
∗=V
A∗/c. Dans le r´ef´erentiel R
0de
la perturbation, la particule n’est soumise qu’`a la force exerc´ee par le champ magn´etique.
L’´energie de cette particule sera donc conserv´ee dans ce r´ef´erentiel, au contraire de la
com-posante de la quantit´e de mouvement suivant z. En termes de variation des grandeurs, cela
nous donne
(
∆p
o= γ
∗(∆p
0o+β
∗∆p
0z) =γ
∗β
∗∆p
0z∆p
z= γ
∗(∆p
0z+β
∗∆p
0o) =γ
∗∆p
0zLes particules relativistes conservant leur ´energie totale dans le r´ef´erentiel R
0, on peut ´ecrire
la composante de la quantit´e de mouvement selonz commep
0z=p
0µ
0o`uµ
0= cosα(α
0´etant
l’angle entre le champ magn´etique moyen et la quantit´e de mouvement ~p
0). Le lien entre le
gain en ´energie et la quantit´e de mouvement avant interaction est (petµ´etant des grandeurs
initiales avant l’arriv´ee sur la perturbation)
∆p
p =γ
2
∗
β
∗(1−β
∗µ)∆µ (8.16)
Si la diffusion angulaire n’est pas petite (sup´erieure `a 1/γ
∗) et si l’angle d’arriv´ee sur la
perturbation est plus grand que 1/γ
∗, alors le gain en ´energie sera d’un facteur γ
∗2. Ce gain
est beaucoup plus important que dans les chocs non-relativistes. Il suffirait donc de quelques
cycles pour atteindre des ´energies observ´ees, mˆeme au dessus de la coupure GZK.
Malheu-reusement, Gallant & Achterberg (1999) ont montr´e que le maintien de tels cycles n’´etait pas
possible `a cause de l’effet de focalisation relativiste. En effet, pour qu’une particule pass´ee du
milieu amont au milieu aval retourne vers le milieu amont, il faut que son angle d’incidence
par rapport au champ magn´etique soit inf´erieur `a 1/γ
∗. Ils montrent ainsi que lors des chocs
suivants, le gain ne sera plus que d’un facteur 2. Le gain en ´energie des particules sera donc
tr`es important lors de la premi`ere moiti´e de cycle puis plus faible lors des suivants. Le seul
moyen pour atteindre les plus hautes ´energies est d’avoir pour la particule un grand nombre
de cycles. Kirket al. (2000b) ont montr´e que si la particule effectue un grand nombre de ces
cycles, le spectre en ´energie r´esultant sera une loi de puissance ayant un indice spectral ´egal `a
−2.2. La probabilit´e d’´echappement d’un choc relativiste par une particule n’est pas connue,
donc la validit´e du r´esultat pr´ec´edent n’est pas sre, la particule pouvant quitter la zone du
choc apr`es quelques cycles seulement.
La th´eorie des chocs non-relativistes ou relativistes (pr´esent´ee ici rapidement) a besoin
de connatre de fa¸con plus d´etaill´ee le comportement des coefficients de diffusion spatiale et
angulaire pour obtenir des estimations plus sres des ordres de grandeurs des ´energies
acces-sibles par ces processus d’acc´el´eration. Je vais pr´esenter dans la suite de cette partie le travail
entrepris en collaboration avec G. Pelletier et M. Lemoine pour mesurer num´eriquement les
coefficents de diffusion affectant des particules charg´ees se propageant dans un milieu soumis
`
Diffusion des Rayons Cosmiques
dans un champ magn´etique
chaotique
Sommaire
8.1 Base du mod`ele . . . 123 8.2 Les chocs diffusifs non-relativistes . . . 124 8.3 Les chocs relativistes . . . 128
Ce chapitre est d´edi´e `a l’´etude des coefficients de diffusion angulaire et spatiale d’une
popu-lation de particules se propageant dans une zone de l’espace o`u r`egne un champ magn´etique
ayant une composante irr´eguli`ere. L’´etude de l’interaction entre des particules charg´ees et
de tels champs magn´etiques n’avait pas encore ´et´e r´ealis´ee `a ce jour. Je vais tout d’abord
pr´esenter le type de chaos magn´etique employ´e au sein de cette ´etude ainsi que sa mod´elisation
num´erique. Je pr´esenterai ensuite la notion de r´esonance n´ecessaire pour la diffusion. Dans la
troisi`eme section, je donnerai les r´esultats obtenus num´eriquement sur les divers coefficients
de diffusion. Le code num´erique utilis´e ici a ´et´e ´ecrit `a l’origine par M. Lemoine et a ´et´e
adapt´e par nos soins `a l’´etude du probl`eme abord´e ici. Le contenu de ce chapitre a fait l’objet
d’un article en collaboration avec M. Lemoine et G. Pelletier, soumis `aPhysical Review D.
9.1 Description et mod´elisation du champ magn´etique
Dans le cas le plus g´en´eral, ce champ magn´etique peut se d´ecomposer en deux composantes
distinctes : un champ magn´etique `a grande ´echelle, not´eB~
o, et une composante turbulentenot´ee δB~ . Le champ magn´etique `a grande ´echelle peut d´ependre du temps et de la position
dans l’espace, mais `a travers des fonctions bien d´efinies et non al´eatoires. La composante
irr´eguli`ere, suppos´ee statique en seconde approximation (la force ´electrique E~ = −∂ ~A/∂t
corrige la force `a l’ordreV
A/c), d´epend des caract´eristiques de la turbulence rencontr´ee dans
131
132 9.1 Description et mod´elisation du champ magn´etique
cette zone. Pour le d´ebut de cette ´etude, le champ magn´etique `a grande ´echelle est choisi
statique et homog`ene. La composante chaotique sera d´ecrite par une distribution al´eatoire
dont le spectre isotrope est une loi de puissance (indice ´egal `a 5/3) , semblable `a ce que
donnerait une composante magn´etique d´esorganis´ee engendr´ee par une turbulence de type
Kolmogorov.
L’ordre de grandeur de la composante magn´etique chaotique δB~ ne peut ˆetre connu que
par son ´ecart quadratique moyen. En effet, si une turbulence est isotrope, la densit´e de
probabilit´e des phases du champ turbulent est uniform´ement r´epartie sur l’intervalle [0,2π].
Ainsi, la valeur moyenne du champ magn´etique chaotique est nulle (< δB >= 0 o`u les crochet
d´enotent une moyennisation sur les phases). Par contre, son ´ecart quadratique moyen n’est
pas nul,< δB
2>6= 0. La valeur moyenne de la composante turbulente sera donc√
< δB
2>.
J’introduis ici le premier param`etre qui mesure l’importance de la turbulence du champ total
η = < δB
2>
< B
2> =
< δB
2>
B
2 o+< δB
2> ≤1 (9.1)
Ce param`etre varie entre 0 (pas de turbulence) et 1 (pas de champ moyen). Dans ce cadre,
on peut d´efinir les grandeurs associ´ees au mouvement de la particule que sont le rayon de
Larmor
r
L= p
ZeB (9.2)
et la pulsation de Larmor (reli´ee `a la gyro-fr´equence de rotation de la particule)
ω
g= c
r
L=
ZeB
p (9.3)
Le nombreZ est le nombre de protons du noyau consid´er´e dont la quantit´e de mouvement est
dsign´ee parp. La charge ´electriqueeest celle d’un proton alors queB est le champ magn´etique
moyen, B = B
o+√
< δB
2>. Le champ magn´etique n’´etant pas compl`etement ordonn´e,
du fait de la pr´esence de la turbulence, la particule ne suivra pas la trajectoire h´elico¨ıdale
habituelle de toute particule baignant dans un champ magn´etique ordonn´e. N´eamoins, le
rayon de Larmor a tout de mˆeme une signification physique car il est une mesure de l’´energie
de la particule ultra-relativiste (E =pc)
E '925Z
r
L1M pc
B
1µG
EeV (9.4)
o`u un exa´electronvolt (EeV) est ´egal `a 10
18eV. Le rayon de Larmor peut ˆetre r´ecrit sous la
forme d’un param`etre ρ sans dimension appel´e param`etre de rigidit´e. Ce param`etre est
pro-portionnel `a la rigidit´e de la particulep/Zet fait intervenir la plus grande taille caract´eristique
de la turbulence, L
Mρ = 2πr
LL
M∝ p
Z (9.5)
Comme je le montrerai dans la prochaine section, la particule doit entrer en r´esonance avec un
des modes de la turbulence pour diffuser dans l’espace. Cette condition ´equivaut pour le rayon
de Larmor de la particule ˆetre ´egal `a l’une des tailles caract´eristiques de la turbulence. Ainsi
quandρ est beaucoup plus grand que l’unit´e, la particule n’interagit pas avec la turbulence
et quitte la zone sans avoir ´et´e affect´ee par la turbulence magn´etique.
Le spectre de turbulence choisi suit un spectre de Kolmogorov. Un tel spectre suit la loi
de puissanceS(k)∝k
−βo`u l’indice spectral de turbulence est ´egal `a 5/3 dans la th´eorie de
Kolmogorov. Le th´eorme de Wiener-Khitchine relie la valeur moyenne du produit de deux
composantes du champ magn´etique chaotique `a son spectre de via la relation
< δB
2>=
Z
S(k)dk=
Z
kM kmS
ok
−βdk (9.6)
o`u les bornes de l’int´egrale repr´esente le domaine inertiel de la turbulence. Ces normes de
vecteur d’onde sont les grandeurs conjugu´ees, au sens de la transform´ee de Fourier, des
longueurs d’ondeslde la turbulence (k= 2π/l). La constanteS
opeut ˆetre reli´ee au param`etre
η via le carr´e de la norme du champ magn´etique total B
2S
o=η B
2
(β−1)
k
m1−β−k
M1−β(9.7)
o`u les vecteur d’ondes sont reli´es aux tailles caract´eristiques comme k
m= 2π/L
Met k
M=
2π/l. Ces tailles caract´eristiques sont celles d’une boˆıte carr´ee p´eriodique `a 3D discr´etis´ee
par un maillage dont l’arˆete est d’une longueurl. Le nombre de cellules dans cette bote est
N
3, sachant que l’arˆete de la bote cubique est L
M= N l. Cette grille `a trois dimensions
repr´esente l’espace r´eciproque d’une zone cubique dans l’espace de configuration. Ainsi les
vecteurs d’ondes~k existant dans cet espace discrtis´e doivent pouvoir “relier” deux points de
la grille. Le nombre de modes de turbulence, c’est `a dire le nombre de vecteurs d’ondes~k,
sera ´egal au nombre de cellules, N
3. Il faut respecter deux conditions sur les composantes
de Fourier du champ magn´etique. En effet, pour respecter la divergence nulle du champ
magn´etique, il faut que chacune des composantes de Fourier du champ soit perpendiculaire
au vecteur d’onde~k correspondant.
T F(∇~. ~δB) = 0⇔X
j~k
j.
∧~
δB
j= 0 (9.8)
L’espace de Fourier (ou espace r´eciproque) tant un espace `a trois dimensions, la composante de
Fourier du champ doit donc ˆetre dans ce plan. L’orientation de la composante de Fourier dans
ce plan est tir´ee, via la phaseφ
k, al´eatoirement en utilisant une m´ethode Monte-Carlo ayant
une probabilit´e uniform´ement r´epartie sur [0,2π]. Ensuite, il faut affecter chaque composante
de Fourier de son poids statistique, donn´e par le spectre :
|
∧
~
δB
j|
2∝k
−jβ(9.9)
La transform´ee de Fourier du champ turbulent est prˆete aprs normalisation au champ
sta-tique en utilisant le niveau de turbulenceη qui est fix´e par l’utilisateur. Il ne reste plus qu’`a
134 9.1 Description et mod´elisation du champ magn´etique
k δB δB δB δB δB δB δB k δB | |2 α k−β ϕ aleatoire k δB . k = 0T.F. 3D
δB 2 = η Β 2 . ( Β + δΒo ) = 0Espace de Fourier
ϕ k k k kPour chaque mode :
Bo
Espace de configuration
Fig. 9.1– Diagramme montrant l’algorithme suivi pour mod´eliser la turbulence magn´etique isotrope. Le sch´ema ne montre qu’une section de la grille 3D utilis´ee. Pour assurer la divergence nulle du champ magn´etique, les composantes de Fourier du champ sont prises perpendiculaires `a leur vecteur d’onde dans l’espace de Fourier. La direction dans le plan perpendiculaire est choisie al´eatoirement pour simuler les phases al´eatoires du champ. Les amplitudes des composantes de Fourier du champ sont affect´ees de la loi du spectre de puissance enk−β. Une fois ces op´erations termin´ees, il ne reste plus qu’`a retourner dans l’espace de configuration en utilisant une transform´ee de Fourier 3D et `a ajouter le champ `a grande ´echelle pour obtenir un champ chaotique avec un champ moyen. Entre les points de la grille, le champ magn´etique total est interpol´e lin´eairement.