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Au sein d’un taxème donné, les spécèmes doivent couvrir un ensemble de relations de distinction (d’opposition en fait). On obtient de cette façon un graphe orienté dont les nœuds sont les sémèmes d’un même taxème. Ce graphe est complet, il y a pour chaque couple de sémèmes s, s0 d’un taxème t un spécème sp = (s, s0) défini.

‘Couteau’ ‘Cuiller’ //Couverts// ‘Fourchette’ opp =is =it

Figure 3.1 – Relations formelles entre spécèmes

‘couteau’

‘fourchette’ ‘cuiller’

//Couverts//

Figure 3.2 – Activation du graphe d’opposition d’un taxème - première étape

Par la suite, nous distinguerons les spécèmes activés, i.e. ceux qui sup- portent effectivement un sème, des spécèmes inertes, qui ne correspondent qu’à une caractérisation formelle. Ces derniers ne sont en fait que des sèmes spécifiques potentiels. Grâce à cette distinction, nous définissons ainsi un graphe partiel de spécèmes activés. Nous allons ici envisager les contraintes qui doivent organiser ce graphe partiel. Les spécèmes inertes seront en poin- tillés dans les différentes figures, alors que les spécèmes activés seront dessinés en continu.

Nous approfondirons l’exemple du taxème //couverts// pour exprimer les contraintes s’appliquant aux spécèmes. Sans aucune activation, le taxème est initialisé comme le montre la figure 3.2.

Considérons maintenant le spécème (’couteau’, ’fourchette’), dans le taxème //couverts// : si on lui attribue le sème /couper/ (nous verrons comment plus loin), cela signifie simplement que le couteau sert à couper,

‘couteau’

‘fourchette’ ‘cuiller’

//Couverts//

/Couper/ /Couper/

Figure 3.3 – Activation du graphe d’opposition d’un taxème - deuxième étape

par opposition à la fourchette. Nous avons ainsi une caractérisation positive de ‘couteau’, mais pas de ’fourchette’ ; ’couteau’ possède donc un sème spéci- fique, mais pas ’fourchette’. Une première conclusion est l’incompatibilité de cette attribution de sème à celle qui correspondrait à attribuer le même sème /couper/ au spécème (’fourchette’, ’couteau’) . La relation d’opposition entre les deux sémèmes serait alors symétrique, et perdrait tout son sens. De la même façon, on peut attribuer /couper/ à (’couteau’, ’cuiller’), c’est-à-dire rajouter un rôle distinctif au sème spécifique de ’couteau’ ; mais ’couteau’ ne reçoit pas pour autant de nouveau sème spécifique. L’activation de ces deux spécèmes est représentée dans la figure 3.3. Le problème à ce stade est l’absence de caractérisation positive de ’cuiller’ et ’fourchette’.

Pour attribuer une caractérisation positive aux deux sémèmes ’cuiller’ et ’fourchette’, nous pouvons activer les spécèmes (’cuiller’, ’couteau’) et (’fourchette’, ’couteau’) par le sème /prendre/. Ces deux sémèmes ont donc un sémantème contenant chacun le sème /prendre/, donc supportent bien une caractérisation positive. À ce stade, représenté par la figure 3.4, nous avons bien la présence pour chaque nœud d’un arc qui y prend son origine, donc une caractérisation positive pour chaque sémème.

Mais ’fourchette’ et ’cuiller’ possèdent alors exactement les mêmes sèmes spécifiques. Du point de vue de leurs caractérisations sémantiques, la four- chette et la cuiller sont donc à ce stade indistinguables. Si l’on se contente pour palier à cette lacune de sur-activer le spécème (’fourchette’, ’couteau’), par exemple en lui attribuant un autre sème comme /piquer/, nous distin- guons alors les ensembles de sèmes spécifiques de ’fourchette’ et ’cuiller’.

‘couteau’ ‘fourchette’ ‘cuiller’

//Couverts//

/Couper/ /Couper/ /Prendre/ /Prendre/

Figure 3.4 – Activation du graphe d’opposition d’un taxème - troisième étape

nomènes et processus que nous décrivons, nous souhaitons, tout comme F. Rastier, proposer la description d’une interprétation. Rappelons également qu’une interprétation n’est jamais véritablement achevée, et que la structure que nous décrivons actuellement ne capte qu’un minimum de stabilité néces- saire pour établir cette interprétation. Autrement dit, rien ne nous assure à ce stade de la description du taxème des couverts que le sème /piquer/ ne s’applique pas également au spécème (’cuiller’, ’couteau’).

C’est-à-dire que l’absence de détermination n’est pas une caractérisation. La seule certitude que nous puissions avoir est que deux spécèmes opposés ne peuvent supporter le même sème. Par exemple, que l’on ne peut pas, sans bien sûr modifier la description déjà effectuée, attribuer /couper/ à (’cuiller’, ’couteau’).

Nous basant sur cette constatation, nous pouvons clairement voir le seul moyen de distinguer avec certitude les deux sémèmes récalcitrants : activer un des deux spécèmes qui les relient. C’est ce que nous faisons en attribuant le sème /pour solides/ à (’fourchette’, ’cuiller’), comme le montre la figure 3.5. La situation que nous atteignons est donc une complétude non-orientée et la présence d’un arc sortant pour chaque nœud.

Note : Il est important de noter que les problèmes d’identité sémantique que nous avons en partie traités ici sont loin d’être résolus. La notion d’identité des sémèmes au sein d’un taxème prend en compte dans notre précédente discussion la totalité de l’information contenue dans la forme du spécème défini comme un couple de sémèmes. D’autres formes d’identité seront étudiées par la suite, qui nous forceront à nous repencher sur ce problème, sans pour autant modifier les contraintes telles que nous les avons énoncées.

‘couteau’ ‘fourchette’ ‘cuiller’

//Couverts//

/Couper/ /Couper/ /Prendre/ /Prendre/ /Pour solides/

Figure 3.5 – Activation du graphe d’opposition d’un taxème - dernière étape

tation des arcs) et de chaque nœud doit être issu au moins un arc. Ces contraintes seront précisées plus loin, une fois la notion d’isotopie introduite. Nous pouvons ainsi calculer le nombre minimal de spécèmes activés pour un taxème de n sémèmes. Il suffit tout d’abord d’activer n spécèmes afin de mettre en place un cycle entre tous les nœuds (n spécèmes) comme présenté dans la figure 3.2, puis de compléter le graphe pour qu’il soit complet (sans se soucier de l’orientation de ces derniers arcs).

1 2 3 4 n

En tenant compte de ces contraintes, pour un taxème à n éléments, un minimum de n(n−1)2 spécèmes doivent être activés (sauf pour le cas d’un taxème à deux éléments qui doit, lui, posséder deux spécèmes activés).

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Les sèmes

Intuitivement, les sèmes sont des « étiquettes » qui seront attribuées aux différentes entités définies jusqu’ici (sémèmes, taxèmes, spécèmes). Le but de ce formalisme étant d’attribuer finalement les sèmes aux sémèmes, mais par des méthodes différentes instaurant autant de types, nous allons maintenant définir une nouvelle et dernière entité, l’isotopie, qui va assumer ce rôle.

se indicé ou non. La définition des sèmes est du même type que celle des sémèmes (inhérence de la relation d’identité, notée =SE).

Exemple : Au vu des exemples précédents, les sèmes vont nous permettre d’expliciter d’une part les notions que supportent les classes mises en place (les taxèmes), donc le point commun entre les sémèmes que contiennent ces classes, et d’autre part les rapports sémantiques qui existent entre les sémèmes de ces classes. Par exemple, nous pourrons exprimer le fait que les éléments du taxème t1 sont liés à la notion d’Islam, et que ceux du taxème t2 sont liés à celle de Christianisme, et également que l’ensemble de ces deux taxèmes est lié à la notion de Religion. /Islam/, /Christianisme/ et /Religion/ sont donc trois exemples de sèmes. Il va nous falloir maintenant expliciter la façon dont on peut les attribuer aux éléments formels mis en place.

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Isotopies