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4.3.1 Création des taxèmes et isotopies associées

Pour toute pré-isotopie P I(se) qui n’inclut pas une autre pré-isotopie (au sens de S), on crée un taxème t dont l’extension est celle de la pré-isotopie (toujours au sens de S).

Soit, ∀se ∈ SE tel que @se0 ∈ SE tel que P I(se0) ⊂ P I(se), on applique donc la suite d’opérateurs :

+t Création du taxème vide ∀si ∈ P I(se), add(si, t) Remplissage du taxème

+i(t, se) Attribution du sème au taxème

À ce stade, toutes les pré-isotopies minimales au sens de S deviennent donc des taxèmes. Le critère de minimalité propre au taxème est donc vérifié de façon simple : le taxème est bien une classe sémantique n’en contenant aucune autre. Les contraintes inhérente à T ne sont pas encore toute res- pectées, puisque des intersections entre taxèmes sont encore possibles. La fonction I est en partie précisée, et conserve à ce stade l’association sémème- sème présente dans P I (sans pour autant la comprendre intégralement).

Si une pré-isotopie n’est pas minimale et que ses sous-pré-isotopies ne couvrent pas tous ses sémèmes, on crée artificiellement une nouvelle pré- isotopie «générique», dont l’extension est le reliquat de la sur-pré-isotopie. Par exemple, si l’on dispose de la pré-isotopie /religion/, contenant les sé- mèmes ’église’, ’mosquée’, ’évêque’, ’muezzin’ et ’foi’, et qu’on la découpe en /christianisme/ (’église’ et ’évêque’) et en /islam/ (’mosquée’ et ’muezzin’), il reste ’foi’, que l’on place dans une nouvelle pré-isotopie, baptisée /reli- gion générique/. cette dernière pré-isotopie est donc minimale et donnera également lieu à la création d’un taxème.

Soit, si ∃se ∈ SE tel que ∀sei ∈ SE t.q. P I(sei) ⊂ P I(se), ∪iP I(sei) 6= P I(se), on applique :

+t création d’un nouveau taxème vide

∀s ∈ P I(se) \ ∪iP I(sei) : add(s, t) remplissage du taxème

+se0 création du sème « se générique »

+i(t, se) attribution du sème se au taxème t

Exemple : La figure suivante (4.4) exemplifie la première étape de créa- tion des taxèmes à partir d’une pré-interprétation. On peut y voir trois taxèmes : //Christianisme//, //Islam// et //Économie//. Le sème /Reli- gion/ ne correspond pas à une classe terminale et ne donne donc pas lieu à un taxème.

/Christianisme/

’Église’

’apôtre’

’extrême-ponction’

’Mosquée’ ’La Mecque’

/Religion/ /Islam/ /Economie/ ’fiche de paye’

S

SE

PI

Figure 4.4 – Création des taxèmes

respondant aux trois sèmes qualifiant les taxèmes : t1 = { ’Église’, ’apôtre’, ’extrême-ponction’ } t2 = { ‘Mosquée’, ’La Mecque’ }

t3 = { ‘fiche de paye’, ’extrême-ponction’ } et :

I (/Christianisme/) = (∅, {t1}, ∅) I (/Islam/) = (∅, {t2}, ∅)

I (/Économie/) = (∅, {t3}, ∅)

4.3.2 Création des domaines et isotopies associées

Il faut maintenant traiter le cas des pré-isotopies non terminales, qui contiennent donc les cas précédemment traités. Pour chaque isotopie ter- minale qu’une telle pré-isotopie «contient» (au sens de l’inclusion de leurs

extensions dans S), on crée une isotopie comportant les taxèmes de ces pré- isotopies terminales.

Note : On considère à ce stade qu’il n’y a, dans l’organisation de P I qu’un seul niveau d’inclusion : soit une pré-isotopie est terminale, soit elle ne contient que des pré-isotopies terminales.

Soit, ∀se ∈ SE, tel que ∃se0 ∈ SE tel que P I(se0) ⊂ P I(se), si tse0 est

le taxème correspondant au sème se0, on applique l’opérateur +i(tse0, se).

À ce stade, l’intégralité de la structure organisée par P I est traduite par l’ensemble T et la fonction I. Les ensembles S et SE sont inchangés.

Aucun nouveau taxème n’est créé durant cette étape. Sont générées uni- quement des isotopies servant à caractériser les domaines.

Exemple : La suite de notre exemple consiste durant cette étape en la création de l’isotopie /Religion/, portant sur les deux taxèmes //Christia- nisme// (noté t1) et //Islam// (t2) :

I(/Religion/)= (∅, {t1, t2}, ∅)

4.3.3 Gestion des contraintes sur T

Comme nous l’avons dit précédemment, toutes les contraintes portant sur l’ensemble T des taxèmes ne sont pas encore respectées. À ce stade la parti- tion de S n’est qu’en partie réalisée : aucun élément de T n’en contient un autre, mais certains sémèmes peuvent encore appartenir à plusieurs taxèmes. C’est donc cet état de fait que l’on doit à présent traiter.

Pour chaque sémème de S, s’il appartient à plus d’un taxème, il faut uti- liser une fonction de décision représentant le choix de l’interprète pour n’en choisir qu’un parmi ceux-là. Cette fonction de choix, pour traiter le recouvre- ment est désignée par Fr, définie sur S × P(T ) → T . Si Fr(s, t1, ..., tn) = ti, avec s ∈ t1, ..., s ∈ tn, alors s n’appartiendra qu’au taxème ti. Par contre, le rapport entre le sémème et les sèmes des taxèmes, tel qu’il était exprimé par la fonction P I, doit être conservé dans I, via le phénomène (ici détourné) de l’afférence. Plusieurs opérations en découlent ainsi :

— ti est conservé tel qu’il l’était après les étapes précédentes

— Par contre, s est retiré des autres taxèmes t1, ..., ti−1et ti+1, ..., tnpar l’application de ∀j ∈ {1, ..., (i − 1), (i + 1), ..., n} sub(s, tj).

— Enfin, s doit être rajouté dans la partie afférente des isotopies conte- nant les taxèmes dont il a été retiré.

microgénérique du taxème tj. Ces isotopies prennent la forme : (∅, {tj}, {s}).

À ce stade, l’ensemble des taxèmes T est effectivement une partition de S. Le problème du recouvrement vient d’être réglé, et S n’ayant toujours pas été modifié depuis la pré-interprétation, pas plus que les rapports entre S et SE, tout sémème appartient bien à un taxème. La seule contrainte à vérifier est donc la cardinalité des taxèmes remaniés par l’afférence : en effet, rien ne garantit plus le nombre minimum d’éléments. Il faut donc à ce stade exiger la complétion des taxèmes ne possédant qu’un élément. Les sémèmes exigés par cette opération peuvent être extraits du texte, ou bien au contraire être repérés «en langue», il s’agit alors de sémèmes non lexicalisés. Le rôle de ces derniers est de servir de référence pour expliciter par la suite les rapports (via les sèmes spécifiques) d’un sémème isolé dans le texte avec d’autres éléments d’une de ses classes définitoires.

Soit : ∀t ∈ T , si |t| = 1 on applique +s et add(s, t).

Une fois les taxèmes passés en revue, leur cardinalité est bien entendu supérieure ou égale à deux, et les contraintes définies sur l’ensemble T sont toutes vérifiées.

Exemple : Le seul sémème de notre exemple qui appartient à deux taxèmes est ’extrême-ponction’, déclaré comme appartenant à //Christia- nisme// et à //Économie//. La fonction de choix appliquée à cet élément doit donc sélectionner un des deux taxèmes. Étudions les deux cas :

— Choix de //Économie//. Le taxème //Christianisme// ne contient plus dès lors que deux sémèmes (’Église’ et ’apôtre’), et //Éco- nomie// contient maintenant ’extrême-ponction’ en plus de ’fiche de paye’. De plus, le sème /Christianisme/ est déclaré afférent à ’extrême-ponction’, et son isotopie devient donc : I(/Christianisme/) = (∅, {t1}, {0extrême-ponction’})

— Choix de //Christianisme//. Le taxème //Christianisme// reste in- changé avec trois sémèmes. Par contre, le taxème //Économie// ne contient plus qu’un seul sémème, et il doit être complété. On peut le faire en y ajoutant le sémème (non lexicalisé) ’salaire’. De plus, ’extrême-ponction’ est placé dans la partie afférente de l’isotopie de /Économie/, qui devient :

I(/Économie/)= (∅, {t3}, {0extrême-ponction’}) avec t3 = {’salaire’, ’fiche de paye’}.

4.3.4 Résultat du traitement générique de la pré-interprétation Résumons ici l’état de la structure sémantique telle qu’elle est élaborée à ce stade de l’analyse. Tout ce qu’a fait le lecteur jusqu’ici est de défi- nir un ensemble d’extraits du texte interprété et de classifier ces derniers. Sans vouloir nous aventurer dans les méandres des caractérisations psycholo- giques ou même cognitives de l’opération de classification, contentons-nous de qualifier ces opérations «pré-interprétatives» de globales. Argumentons tout de même : il est clair que ces classes sémantiques ne sont établies et nommées que par corrélation entre les différents éléments repérés. Bien pire que cela, l’établissement d’une classe va inciter le repérage d’autres ex- traits du texte. Il est donc possible que la globalité affirmée ne soit qu’un masque de la complexité combinatoire des opérations de lecture à ce stade. Le point positif dans notre qualification est tout de même la part d’aprioris que l’on trouve dans les classes initialement repérées. Par exemple, pour un poème de Verlaine comme celui que nous présentons en annexe («En sourdine»), les thèmes propres au romantisme se retrouvent comme classes initiales (//mort//, //amour//, //nature//, //temps//, etc.). Mais il s’agit bien entendu, non pas de notions globales, mais de notions plus globales. Au vu de la suite des opérations, ou des notions, émergeront de considérations portant sur un petit ensemble d’éléments du texte : les sèmes et isotopies spécifiques, dont nous allons à présent expliciter la mise en place.