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2. Description de la zone d’étude

2.3. Les usages de la ressource

2.3.3. Le soutien des basses eaux

Le soutien d’étiage consiste à stocker l’eau dans les réservoirs pendant les saisons et années excédentaires pour la rendre disponible lorsque cela est nécessaire. Il est destiné aux prélèvements d’Alimentation en Eau Potable, d’irrigation, des mines ainsi qu’au maintien d’un tirant d’eau suffisant pour la navigation entre Kayes et St-Louis.

L’AEP

Les états membre de l’OMVS et plus particulièrement les populations locales du bassin ont pour la plupart recours aux eaux souterraines pour leur alimentation en eau potable. Le poids des prélèvements pour l’AEP est faible comparé aux volumes d’eau disponibles sur le fleuve. Le taux d’accès à l’eau potable des états riverains du fleuve reste tout de même très bas. Les études réalisées par l’OMVS en 2008 ont montré qu’en moyenne près de 25% de la population des villes urbaines et près de 45% de la population vivant en zone rurale n’ont pas accès à une eau potable répondant aux Objectifs du

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Millénaire pour le Développement (OMD). A ce jour, les eaux de surface du bassin se limitent à approvisionner la population urbaine en pleine croissance des villes de Conakry, Bamako, Nouakchott et Dakar.

L’AEP étant la seule demande prioritaire sur le bassin, l’OMVS s’est basée sur l’évolution des besoins à l’Horizon du SDAGE (2025) pour fixer les conditions minimales de gestion des ouvrages de prise de manière à garantir une disponibilité permanente, présente et future, de la ressource pour les usages domestiques. Ces zones de protection, définies pour chaque réservoir, assurent une garantie lors des années déficitaires en eau.

L’irrigation

L’agriculture est la principale activité développée sur le bassin. Les trois types de cultures pratiquées sont: L’agriculture pluviale (essentiellement développée dans le haut bassin en raison de la bonne pluviométrie), l’agriculture de décrue (particulièrement importante dans la vallée et le delta) et l’irrigation (rendue possible grâce à la régulation du régime hydrologique depuis la mise en service des barrages de Manantali et Diama).

La dégradation tendancielle des conditions climatiques observée à partir des années 70 a toutefois amené les états riverains à adopter l’irrigation comme axe privilégié d’intensification et de sécurisation de la production agricole. Cette transformation suppose implicitement de réussir le passage d’une économie saisonnière de prélèvement et d’agriculture extensive, à une agriculture intensive et pérenne

Le potentiel irrigable du bassin est estimé à 420 000 ha (PNUE 2006). L’irrigation gravitaire est la technique la plus développée. Les superficies aménagées sont, aujourd’hui, estimées à 120 000 ha avec une exploitation réelle de 60%.

L’irrigation est très peu répandue dans le haut bassin en raison d’une topographie hostile à cette pratique. La configuration des terres du Mali favorise surtout l’aménagement de périmètres modestes. La superficie exploitée dans le haut bassin est estimée à 1036 ha/an. La mise en service du barrage de Manantali a toutefois permis d’accroitre le potentiel agricole du Mali à plus de 10 000 ha/an (FAO. 1997).

La vallée du fleuve Sénégal fait état d’une forte concentration d’activités agricoles rendue possible grâce à une meilleure régularisation des débits du fleuve. Le Sénégal et la Mauritanie se partagent plus de 90% des aménagements agricoles du bassin. L’irrigation permet de garantir deux récoltes annuelles et

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de varier les produits cultivés au cours des saisons. Les cultures dominantes sont la riziculture, le maraichage et l’agriculture industrielle (tomates et canne à sucre).

L’OMVS ambitionne de porter les exploitations agricoles à 255000 ha d’ici 2025. Cet objectif bien que très ambitieux, vu le rythme d’aménagement des surfaces irriguées au cours des dernières années, permettra d’améliorer et de sécuriser la base productive du bassin du fleuve Sénégal.

La navigation

Un autre objectif majeur de la mise en service du barrage de Manantali est de créer une voie navigable ininterrompue (12mois/12), de Saint-Louis jusqu’à Kayes au Mali sur une distance totale de 900 km. Il n’existe pas, à ce jour, de plan concret de développement de la navigation sur le bassin du fleuve Sénégal ce qui expliquerait le gel du projet depuis la création de l’OMVS. La Navigation est actuellement très limitée sur le bassin, et il y a un désir d'élargir ce domaine. Il est à cet effet prévu à l’horizon du SDAGE l’aménagement d’un chenal navigable de 55 m de large entre les villes d’Ambidédi (43 km en aval de Kayes au Mali) et St-Louis à l’embouchure du fleuve (OMVS. 2009)

Le transport fluvial permettrait de désenclaver les zones à développement prioritaire telles que les emplacements actuels et futurs des barrages, les zones de production agricole et minière, les villes enclavées par rapport à l’océan atlantique et ces dernières entre elles et de faciliter le transport des marchandises.

Bien qu’étant une demande non consommatrice, la navigation est tout de même une utilisation du cours d’eau qui nécessite de disposer d’un tirant d’eau minimal de 300m3/s à Bakel4, ce qui requiert en

ce sens une bonne coordination dans la mobilisation des ressources en eau.

Les mines

Les ressources minières du fleuve restent très peu exploitées se limitant aux mines du Mali. Ces faiblesses s’expliquent par les contraintes liées à la disponibilité permanente d’eau, d’énergie et de moyens de transport. Le projet d’exploitation des mines de la Falémé, avaient misé sur la fourniture d’énergie hydroélectrique bon marché par la centrale de Manantali. La réalité, aujourd’hui, est que l’énergie produite par le barrage est destiné à satisfaire d’autres besoins plus pressants.

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Les besoins en eau actuels du secteur minier sont estimés à 13 Mm3. Ils atteindront un volume brut

235 Mm3/an d’ici 2025 dont 85% seront réinjectés dans le processus de traitement des minerais. Ces

volumes, bien que très modestes (représentant moins de 5% des volumes d’eau disponibles sur le bassin) sont totalement prélevés sur l’affluent de la Falémé ce qui, faute de régulation, peut restreindre l’accès à l’eau durant la saison des basses eaux.

L’achèvement du futur projet de navigation fluvial propulserait le secteur minier, qui pourrait à long terme, figurer parmi les pôles de développement du bassin.

La mise en service du futur aménagement de Gourbassi, bien que permettant de réduire les déficits énergétiques de ce secteur, n’aura pas d’impacts notoires sur la réduction des déficits en eau dans le sens où l’accroissement des exploitations se concentre essentiellement sur la partie amont de la centrale.

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