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La production d’énergie hydroélectrique

4. Analyse des résultats

4.2. La production d’énergie hydroélectrique

Plusieurs simulations exploratoires ont été réalisées pour l’étude du fonctionnement des centrales hydroélectriques. Les résultats obtenus indiquent de manière générale, une production en phase avec la saisonnalité des débits, c’est-à-dire une production énergétique maximale durant les mois de forte hydraulicité. Aussi, comparativement aux productibles des années humides, les quantités d’énergie produites durant les années sèches peuvent décroitre de 40%.

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Dans le scénario 1, le productible annuel du barrage de Manantali est quasi invariable pour les trois politiques de gestion étudiées. On pourrait supposer que sous ces conditions hydrologiques testées, le soutien des basses eaux tel qu’établi dans le scénario 1 n’est pas antagonique à la production d’énergie hydroélectrique.

La quantité d’énergie moyenne générée par Manantali est estimée à 740 GWh/an. Cependant, les écarts de productions existantes entre les années humides et les années sèches justifient l’existante d’une forte corrélation entre l’abondance des apports hydrologiques et l’accroissement de la production hydroélectrique. L’année 14 (qui reste la plus humide de la série avec un apport annuel de 14200 Mm3)

enregistre une production d’énergie annuelle de 874 GWh bien supérieure à la production annuelle de l’année 20 (qui reste l’année la plus sèche de la série avec un apport hydrologique annuel de 6000 Mm3)

qui est de 485 GWh (voir tableau 15).

Années Production Simulée (GWh)/an Années Production Simulée (GWh)/an

2021 884,9 2031 772,2 2022 793,7 2032 809,3 2023 878 2033 873,8 2024 815,8 2034 703,3 2025 819,7 2035 713,6 2026 696,2 2036 774,4 2027 737,2 2037 607,3 2028 730,2 2038 537,5 2029 834,6 2039 485,2 2030 783,8 2040 515,8

Tableau 14: Production d’énergie annuelle simulée à Manantali

Le tableau 15 représente la production d’énergie annuelle de la centrale de Manantali observée depuis le démarrage de la production d’énergie hydroélectrique en 2002. La production moyenne annuelle est de 755 GWh /an. L’objectif de production annuelle de 800 GWh à Manantali est atteint 7 années sur 13.

La comparaison des rendements observés au cours des douze dernières années avec les productions simulées permettent de visualiser les impacts des changements climatiques sur la production d’énergie hydroélectrique. De manière générale, les valeurs de productions observées et simulées restent relativement proches.

L’analyse des données hydrologiques du bassin montre que l’année 2003 met fin à une longue période de sècheresse. Les apports en eau observés entre 2003 et 2006 sont de récurrence cinquantenale (voir études APS Boureya) et sont relativement inferieurs aux apports en eau de la période 1950-1960. Ceci se traduit par des productions énergétiques annuelles proches de 800 GWh à Manantali durant les

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périodes 2002-2006 et 2020-2025. Par ailleurs la réduction des apports en eau durant les années sèches entraine une baisse de production d’énergie pouvant dépasser 40%.

Production d'énergie annuelle Observée à Manantali (GWh/an)

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 437,9 846,52 827,44 880,03 815,4 596,2 771,4 837,1 842,6 802,1 768,6 726,8 675,4

Tableau 15: production d’énergie annuelle observée à Manantali Source : OMVS. 2015

Production Observée Production Simulée

Minimum (GWh) 437,9 485,2

Maximum (GWh) 880 880,5

Moyenne (GWh) 755,96 739,42

écart type (GWh) 123,45 115,78

Tableau 16: Analyse comparative de la production d’énergie annuelle observée et simulée à Manantali Partant de S1 à S2, la mise en service des nouveaux aménagements de Félou et Gouina en aval de Manantali fait croitre de près de 130% la production d’énergie annuelle. La quantité d’énergie moyenne annuelle générée par les centrales de Félou et Gouina sont respectivement de 323.GWh et 645 GWh. Les simulations exploratoires ont montré que sans la présence de Manantali, la production combinée de Félou et Gouina serait inférieure à 700 GWh/an. La régulation des eaux du Bafing par la centrale de Manantali permettrait d’augmenter, à hauteur de75%, le productible des centrales de Félou et Gouina, particulièrement en période d’étiage. En effet les centrales de Félou et Gouina, du fait de leur emplacement en aval du barrage de Manantali bénéficient de la régularisation des eaux du fleuve et sont donc moins affectés par la saisonnalité des débits. L’énergie générée durant la saison des basses eaux représente 40% de la production totale

Cependant, la priorisation des besoins en soutien d’étiage qui sont augmentés par un facteur de 3 dans ce scénario, engendre des modifications sur la dynamique de production hydroélectrique des centrales. Par rapport à la politique de gestion qui priorise la production d’énergie (Politique 1) un accroissement de production d’énergie (variant entre 2% et 15% selon l’état d’hydraulicité du bassin) est observé au niveau des centrales de Félou et Gouina. Cette opposition vient du fait que Félou et Gouina bien que fonctionnant au fil de l’eau sont construits en amont de la zone majoritairement concernée par le

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soutien des basses eaux, ce qui leur permet de profiter des déstockages augmentés au niveau de Manantali pour accroitre leur productivité.

Les impacts observés à la centrale de Manantali sont toutefois variables. En effet durant les années de bonne hydraulicité, le volume stocké à Manantali est assez important pour garantir facilement la satisfaction des demandes en soutien des basses eaux et accroitre de 6% en moyenne, la production d’énergie hydroélectrique à Manantali. Cependant, la baisse d’hydraulicité des années sèches provoque un décroissement à hauteur de 20%, de la production hydroélectrique de Manantali. Sous ces conditions d’hydraulicité, le soutien d’étiage et la production d’énergie apparaissent clairement comme deux usages conflictuels.

La quantité d’énergie moyenne générée par l’ensemble des centrales étudiées sous S3 est de 3779 GWh /an soit un accroissement de production annuel de 410% par rapport à S1. Le barrage de Koukoutamba bénéficiant à la fois d’apports naturels abondant et d’un bon potentiel hydro-électrique (hauteur de chute et capacité de turbinage importantes) fournit le rendement le plus élevé (environ 25% du productible total) au moment où la contribution de Gourbassi est inférieure à 100 GWh/an soit moins de 5% de la production totale. La Guinée reste le producteur majeur d’hydroélectricité dans le sens où les centrales de Balassa, Koukoutamba et Boureya génèrent près de 50% de la production totale.

La comparaison des résultats de S2 au scénario 3 décrivent les avantages de la mise en service des futurs aménagements de Koukoutamba et Boureya sur la production hydroélectrique de Manantali (l’impact de Balassa est négligé puisqu’il fonctionne au fil de l’eau). L’étude met en évidence une meilleure régularisation des eaux du haut Bafing avec notamment un débit entrant plus important à Manantali durant la période d’étiage et une augmentation à hauteur de 15% des rendements énergétiques annuels de ce dernier attribuable à cette meilleure régulation. Cet effet bénéfique est limité voire nulle durant les premières années de remplissage des retenues de Koukoutamba et Boureya prévues en amont de Manantali et durant les longues années de sècheresse.

Il incombe aussi de souligner que le laminage des pics de crue va à l’encontre des objectifs de maximisation de la production hydroélectrique. En effet cette consigne de gestion classée parmi les plus prioritaires du bassin entraine d’importants déstockages avant l’arrivée des crues, ce qui diminue la hauteur de chute disponible au-dessus des turbines. Les conséquences directes et indirectes sont

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respectivement une baisse moyenne annuelle de 10% de l’énergie potentiellement productible des différents barrages réservoirs et un mauvais remplissage des retenues durant les années sèches consécutives.

Scénario 1 (référence) Scénario 2 Scénario 3

Réservoirs Politique 1 Politique 2 Politique 3 Politique 1 Politique 2 Politique 3 Politique 1 Politique 2 Politique 3

Manantali 739,4 739,3 739,2 737,8 730,4 737,9 780,3 759,8 763,9 Félou - - - 323,6 351 332,6 348,8 336,4 329,2 Gouina - - - 645,3 687,9 658,1 643,3 649,4 639,5 Koukoutamba - - - 831,8 821 826,8 Boureya - - - 710,1 714,7 708,8 Balassa - - - 370,7 370,7 370,7 Gourbassi - - - 94,4 92,1 93,6 Total 739,4 739,3 739,2 1706,7 1769,3 1728,6 3779,4 3744,1 3732,5

Tableau 17: Productible moyen annuel des centrales hydroélectriques

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