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La satisfaction du soutien d’étiage

4. Analyse des résultats

4.5. La satisfaction du soutien d’étiage

Les résultats des simulations montrent que les demandes en eau pour les usages domestiques, et pour l’élevage sont totalement satisfaites pour tous les scénarios. Ceci montre que ces prélèvements représentent une faible proportion de la disponibilité en eau du bassin.

Par contre, à l’exception des années de très bonne hydraulicité, aucun des scénarios testés ne garantit une satisfaction totale de la demande du secteur minier. Près de 85% de l’eau alloué à ce secteur est recyclée c’est à dire réinjecté dans le processus de traitement du minerai. Les besoins en eau de ce secteur restent donc très faibles (demande nette de 13.2 Mm3/an dans S1 et 77 Mm3/an dans S2 et

S3). Ils restent toutefois difficiles à compenser dans le sens où les volumes alloués à ce secteur sont totalement prélevés sur l’affluent non régulé de la Falémé qui ne dispose quasiment de ressource durant la saison des basses eaux. De plus, dans les scénarios 2 et 3, les extensions minières sont non seulement localisées sur la partie amont du futur projet d’aménagement hydroélectrique de Gourbassi qui n’est pas contrôlée, mais aussi les besoins miniers sont supposés rester constants au cours de l’année sur une zone à hydraulicité naturelle très saisonnière, ce qui contribue considérablement à augmenter la fréquence de défaillance en terme de satisfaction des besoins en eau de ce secteur.

Concernant l’irrigation, le contexte d’aménagement étudié sous le scénario de référence (Scénario 1), permet une satisfaction totale des besoins en eau d’irrigation de la vallée et du delta et ce même durant les années sèches qui s’expliquerait par le fait que Manantali régule en partie les débits de la vallée mais

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aussi que les volumes turbinés pour la production hydroélectrique sont largement suffisants pour répondre aux besoins en soutien des basses eaux de cette partie du bassin.

Dans les Scenarios 2 et 3 le projet d’extension des aménagements agricoles de la vallée et du delta portera les besoins en eau d’irrigation à 5200 Mm3/an. Les trois politiques de gestion testés sous ces

scénarios garantissent une satisfaction totale de la demande durant la saison des hautes eaux de juillet à novembre.

Dans le scénario 2, les déficits d’allocations observés durant la période d’étiage représentent 8 à 20% des besoins, dépendamment de l’état d’hydraulicité du fleuve et des politiques de gestion adoptées. Ces résultats restent toutefois acceptables dans le sens où les besoins de ce secteur sont pénalisés durant des périodes bien définies. En effet, le secteur agricole affiche une saisonnalité dans la répartition des demandes en eau, et les besoins de la période d’étiage restent inférieure à 30% de la demande annuelle ce qui contribue grandement à limiter les déficits.

L’aménagement du haut bassin par la mise en service des centrales de Koukoutamba et Boureya permet une meilleure satisfaction du soutien d’étiage. En effet ceux-ci régulent les eaux du Haut-Bafing et assurent notamment un débit entrant plus important à Manantali en saison sèche ce qui permet de disposer d’un volume supplémentaire à Bakel et de réduire à plus de 50% les déficits d’allocation observés sous S2.

Il convient toutefois de souligner que bien que la priorisation du soutien des basses eaux génère de meilleurs rendements en termes de satisfaction des demandes en eau durant les années humides, elle produit aussi les plus faibles taux de satisfaction durant les années sèches consécutives. Cette opposition viendrait du fait que les déstockages importants réalisés durant les premières années sèches vident progressivement les réservoirs, qui à long terme ne disposent plus de stock suffisant pour compenser les besoins en aval.

La prise en compte du volet de la navigation fluviale nécessite un tirant d’eau minimal de 300 m3/s.

Les résultats des simulations ont révélé que le barrage de Manantali comme seul infrastructure de régulation ne permet pas de garantir un tirant d’eau supérieur à 280 m3/s entre janvier et juin (résultats

obtenus sous la politique 2 qui priorise cet usage); d’où la conclusion que Manantali comme seul ouvrage de régularisation du bassin garantit une navigabilité partielle du fleuve praticable 5 mois sur

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12. Elle serait toutefois possible dans S3 grâce à l’augmentation du débit minimal garanti à Bakel qui passe à 300 m3/s durant la saison des basses eaux.

La comparaison des résultats des différents scénarios montre d’une part qu’il y a de manière générale une bonne synergie entre l'irrigation, la navigation et la production hydroélectrique. Mais cette convergence est effective jusqu'à certains seuils d'aménagements hydro-agricoles et/ou de navigation. En effet, les performances du système sont dégradées lorsqu'on dépasse 195 000 ha aménagés ou lorsque la navigation requiert un tirant d’eau supérieur à 200 m3/s, qui se manifeste par une compétition

entre les différents usages. D’autre part l’amélioration de la navigabilité du fleuve jusqu’au Mali ne pourrait être effective sous certaines conditions d’hydraulicité et de régulation. Par ailleurs, le contexte actuel des changements climatiques et de réduction de la disponibilité des ressources en eau du bassin qui prévaut depuis la fin des années 60 devrait pousser les décideurs à adopter le soutien d’étiage comme une solution complémentaire à d’autres moyens beaucoup plus structurels comme la stabilisation ou la réduction des prélèvements et l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation des ressources. Besoins annuels (Mm3) Allocation moyenne annuelle (Mm3) Allocation minimale annuelle (Mm3) Allocation maximale annuelle (Mm3) Déficit moyen annuel (Mm3) Déficit minimal annuel (Mm3) Déficit maximal annuel (Mm3) Scénario 1 Politique 1 1562 1561,7 1561 1564 3,6 1,5 4,3 Politique 2 1563,1 1562,9 1565,3 2,2 0 2,4 Politique 3 1562 1559,1 1564,9 3,3 0,5 6,2 Scénario 2 Politique 1 5425 4924,5 4573,1 5207,3 500,7 218 852,2 Politique 2 5279,2 4360,2 5425,4 146,1 0 1065,3 Politique 3 5118,6 4785 5336,6 306,8 88,8 640,4 Scénario 3 Politique 1 Politique 2 5425 5049,1 5406,9 4733,5 5193,2 5260,2 5425,4 376,3 18,5 165,2 0 691,9 232,2 Politique 3 5301,7 4955,3 5416,5 123,8 8,9 470,1

Tableau 18: Soutien des basses eaux sur le bassin du fleuve Sénégal

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