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2. Description de la zone d’étude

2.3. Les usages de la ressource

2.3.1. L’hydroélectricité

Sur l’ensemble de la zone OMVS, l’accès à l’électricité constitue un réel frein au développement. Les pays membre de l’OMVS sont, dans leur totalité, confrontés à des pénuries et à des demandes croissantes en énergie. Et pourtant le bassin versant dispose du potentiel hydroélectrique nécessaire pour couvrir les besoins de ses populations. La production actuelle d’électricité représente 16% de la capacité de production du bassin.

La demande actuelle des états riverains du bassin est évaluée à 4400 GWh/an. Si le taux d’accroissement se maintient sur l’ensemble des réseaux d’électricité des États membres, les besoins énergétiques seront de l’ordre de 15000 GWh en 2040. La centrale de Manantali, qui est à ce jour, le seul ouvrage opérant pour la production d’énergie permet de répondre à 18% des besoins énergétiques du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal.

Depuis 2012, l’OMVS a entrepris de grands projets de construction de barrages hydroélectriques, l’objectif étant d’augmenter l’offre énergétique et de contrôler totalement les eaux du bassin. La figure 5 indique les emplacements des différents barrages en service et en projets sur le bassin.

En Guinée: la Guinée est considérée comme le château d’eau d’Afrique de l’ouest. Elle dispose du

plus fort potentiel hydroélectrique du fleuve Sénégal, celui–ci étant évalué à 6000 MW. Cette estimation concerne les grands bassins versants tels le Sénégal, le Niger et la Gambie et ne prend pas en compte les centaines de rivières et de cours d’eau qui serpentent et irriguent la grande zone forestière du pays et qui sont autant de sites potentiels pour la mini et la micro hydroélectricité.

Paradoxalement, la Guinée expose le plus bas taux d’électrification du bassin avec une exploitation hydroélectrique inférieure à 2%. Face à cette situation, la nouvelle politique énergétique de l’OMVS prévoit mettre en service trois grands aménagements d’ici 2025. Il s’agit des barrages de Koukoutamba et Boureya et la centrale au fil de l’eau de Balassa. Le fonctionnement de ses centrales devrait permettre, à long terme, de stabiliser l’offre énergétique du pays en garantissant une puissance installée de 625 MW.

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Au Mali: Autour du barrage de Manantali jusqu’à Bakel se pose la problématique de la mise en services

des nouveaux barrages et centrales au fil de l’eau. Le Mali devra abriter l’essentiel des centrales hydroélectriques du bassin (7 + le barrage existant de Manantali). Ces aménagements prévus, pour la plupart, en amont de Manantali sur les affluents non contrôlés de la Falémé et du Bakoye auront pour rôles principaux de réguler les débits du fleuve à un minimum de 500 m3/s à Bakel et de produire de

l’énergie hydroélectrique pour le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Les centrales au fil de l’eau de Félou et Gouina prévues en aval de Manantali n’ont pas d’impact sur la régulation des débits du bassin mais permettent de transformer les chutes d’eau de Manantali et l’affluent du Bakoye en énergie hydroélectrique. La puissance installée du Mali devrait à terme atteindre 600 MW.

Au Sénégal: le barrage de Gourbassi prévu en amont de la Falémé a pour objectif de contribuer à la

régularisation des débits du fleuve Sénégal pour permettre l’agriculture irriguée, la navigation et la production d’énergie. Sa capacité de stockage de 2100 Mm3 et sa puissance installée de 30 MW restent

très faibles compte tenu de l’enjeu du contrôle des eaux de l’affluent. Les études d’avant-projet ont toutefois révélé que les conditions morphologiques et géologiques de la Falémé ne sont pas favorables à la mise en service d’un plus important aménagement et que Gourbassi est le seul ouvrage qui puisse être réalisé sur la Falémé (SNC-Lavalin. 2012).

Figure 5: localisation des barrages du bassin du fleuve Sénégal

Source: Développements hydrauliques et gestion d’un hydrosystème largement anthropisé. Le delta du fleuve Sénégal (2013)

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Pays Barrage Cours d'eau stockage (Mm³) Capacité de Puissance installée

(MW) Fonctions

Mali

Manantali Bafing 11300 200 Hydroélectricité + Régulation Félou Sénégal 0 (au fil de l'eau) 70 Hydroélectricité Gouina Sénégal 0 (au fil de l'eau) 140 Hydroélectricité Moussala Bafing 3000 30 Hydroélectricité + Régulation Bindougou Falémé 2000 49,5 Hydroélectricité + Régulation Boudofora Bakoye à déterminer 30 Hydroélectricité + Régulation Maréla Bakoye 3000 21 Hydroélectricité + Régulation Badoumbé Bakoye 10000 70 Hydroélectricité + Régulation Guinée Koukoutamba Bafing Boureya Bafing 3600 5500 280 160 Hydroélectricité + Régulation Hydroélectricité + Régulation

Balassa Bafing 0 (au fil de l'eau) 180 Hydroélectricité Sénégal Gourbassi Falémé 2100 30 Hydroélectricité + Régulation

Tableau 3: Projets de centrales hydroélectriques sur le bassin du fleuve Sénégal

Hormis les centrales au fil de l’eau qui n’ont aucun impact sur la mobilisation des ressources, tous les projets de barrage du bassin tiendront compte de l’objectif de régulation des débits du fleuve. La réalisation de ces projets aura des répercussions aussi bien positives que négatives sur le fonctionnement global du système. En effet ces aménagements auront pour conséquence d’artificialiser le régime du fleuve. Bien qu’il ne soit pas évident de dissocier les modifications attribuables aux changements climatiques à celles dues à la mise en service des barrages hydroélectriques ni même de prédire l’état hydrologique du bassin en absence de ces aménagements, il est reconnu que la mise en service des barrages réduit la sévérité des étiages, les risques d’inondation et la remontée des eaux salines au niveau de la vallée et du delta.

Par ailleurs l’altération du régime hydrologique du fleuve va créer un corps d'eau douce permanent assez stable et qui pourrait favoriser la prolifération d’une végétation dense de plantes aquatiques envahissantes. Ces plantes prolifèrent sur le long du fleuve et dans les canaux d'irrigation, réduisant ainsi les vitesses d'écoulement, et augmentant le risque de développement de maladies liées à l’eau. Aussi, un meilleur contrôle des eaux de la vallée et du delta pourrait faire ressurgir la question de l’occupation foncière entre les populations locales sénégalaises et mauritaniennes qui ont de réels intérêts sur ce fleuve.

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