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CHAPITRE 1 REVUE CRITIQUE

1.1 L’eau

1.1.4 Les sources d’espoir

Considérer la ressource eau de façon différente est nécessaire si l’on veut atteindre notre triple objectif de sécurité alimentaire, réduction de la pauvreté et conservation des écosystèmes. Bien qu’il soit possible de produire la nourriture dont nous avons et aurons besoin avec l’eau disponible, il est probable que la production alimentaire et les tendances environnementales d’aujourd’hui, si elles se poursuivent, mènent à des crises supplémentaires dans plusieurs parties du monde. Alors que l’augmentation des prélèvements d’eau pour l’irrigation dans les pays en développement est favorable à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté, elle est souvent mauvaise pour l’environnement. D’un point de vue global, le potentiel de l’agriculture à l’eau de pluie est assez grand pour subvenir aux besoins présents et futurs si la productivité est augmentée. Seulement en agissant pour augmenter l’efficacité de l’eau en agriculture arriverons nous a surmonter les défis importants que l’humanité affrontera dans les prochaines 50 années (Comprehensive Assessment of Water Management in Agriculture 2007). Le Comprehensive

Assessment of Water Management in Agriculture, qui a rassemblé pendant cinq années de travail

plus de 700 scientifiques à travers le monde, a émis un message fort et urgent : les problèmes vont s’intensifier s’ils ne sont pas adressés, et ce, dès maintenant (Comprehensive Assessment of Water Management in Agriculture 2007).

1.1.4.1 L’eau virtuelle

L’eau virtuelle définit toute l’eau qui est nécessaire à la fabrication d’un produit (Allan 1996). Ce concept est plus souvent employé dans le cadre du commerce de biens nécessitant une grande quantité d’eau : céréales, coton, etc. Le principe de l’eau virtuelle suggère qu’une augmentation stratégique du commerce alimentaire en fonction de la disponibilité de l’eau pourrait atténuer la rareté de l’eau et réduire la dégradation environnementale. Au lieu de miser sur une indépendance alimentaire, les pays présentant une pénurie d’eau devraient importer de la nourriture des pays qui sont plus riches en eau. De plus, la production alimentaire dans les régions riches en eau est ironiquement souvent plus efficace en termes de consommation d’eau par kg produit que celle dans les pays où l’eau est plus rare (Hoekstra and Chapagain 2007). Ainsi, en important des biens agricoles, une nation “économise” la quantité d’eau dont elle aurait eue besoin pour produire ce bien localement. En d’autres mots : elle exporte sa consommation d’eau. Par exemple, l’Égypte, un pays où la rareté de l’eau est importante, a importé 8 million de tonnes métriques de grains

des États-Unis en l’an 2000. Pour produire cette quantité, elle aurait eu besoin de 8.5 km³ d’eau pour l’irrigation (à titre de référence, le lac Nasser fournit annuellement 55.6 km³)(European Environment Agency 2009). Mais les pays pauvres dépendent, en grande partie, de leur agriculture nationale, et le pouvoir d’achat requis pour couvrir les besoins alimentaires à partir du marché mondial est souvent bas. Alors que ces pays tentent d’atteindre une sécurité alimentaire, ils sont méfiants de dépendre des importations pour assurer leur besoins alimentaires de base et une certaine autonomie est souvent au cœur de leur politique. Malgré les problèmes liés l’eau, le développement de la ressource par de nouvelle sources semble une option plus sécuritaire pour atteindre la production nécessaire et stimuler l’économie.

De plus, d’autres facteurs interviennent, tel que décrit par Kumar et collaborateurs (Kumar and Singh 2005) qui affirment que la dynamique des flux d’eau virtuelle est davantage contrôlée par l’accès à des terres cultivables que par l’accès à l’eau. Ces propos sont renchéris par Chapagain et collaborateurs (Chapagain and Hoekstra 2008) qui expliquent que la raison pour laquelle les dynamiques sont plus diffuses qu’on ne s’y attendrait par rapport aux échanges d’eau virtuelle est que sous le régime des marchés actuels, l’eau est rarement le facteur dominant déterminant les importations et exportations de biens à haute consommation d’eau. D’autres facteurs tels que la disponibilité des terres et de la main d’œuvres jouent un rôle important, tout comme les politiques nationales, les subventions d’exportation et les barrières d’échanges internationaux. Leurs propos sont supportés par l’analyse de Wichelns (2010) et Yang et collaborateurs (Yang and Zehnder 2007) qui critiquent le fait que l’eau virtuelle soit considérée comme une solution aux problèmes de rareté d’eau.

1.1.4.2 L’utilisation agricole

Hamdy et collaborateurs (Hamdy et al. 2003) identifient que la solution afin de satisfaire les besoins grandissants des secteurs municipaux et industriels doit venir d’économies du secteur agricole. Non seulement parce que ce secteur représente la plus grande partie de l’utilisation totale, mais également parce qu’il comporte un important potentiel d’amélioration de l’efficacité. Dans un système d’irrigation traditionnel, aussi peu que 45% de l’eau utilisée est en fait absorbée par les plantes, avec plus de 50% de pertes. Ainsi, pour une situation typique où 80% de l’eau utilisée dans une région l’est pour fin d’irrigation, une augmentation de l’efficacité d’irrigation de 10% fournirait 50% d’eau additionnelle pour les secteurs industriel et municipal. Ceci démontre

bien le potentiel d’économie d’eau en agriculture. Également plusieurs pays incluent la réutilisation d’eaux usées pour les usages agricoles dans leur planification hydrique, ce qui est déjà largement utilisé dans les régions arides de la méditerranée, libérant ainsi l’eau de meilleure qualité pour des usages potables, pratique qui devrait se répandre de plus en plus dans les régions arides et semi-arides.

1.1.4.3 La gestion de la demande

Le 2e rapport des Nations Unies sur l’évaluation de la ressource eau dans le monde (World Water Assessment Program 2006) identifie le fait qu’une approche holistique et intégrée de la gestion de l’eau est nécessaire, en réponse à un système secteur-par-secteur (irrigation, municipal, énergie, etc.) souvent critiqué. Une telle approche intégrée favoriserait la coopération trans- sectorielle et également la gestion et le développement de l’utilisation des terres, de l’eau et des autres ressources, maximisant les bénéfices sociaux et économiques de façon équitable, sans compromettre la durabilité.

Alors que traditionnellement la réponse au stress hydrique est d’augmenter l’offre en développant des nouvelles sources et en augmentant les prélèvements aux sources existantes, les solutions portent maintenant davantage sur des approches efficaces et équitables, intégrant davantage la gestion de la demande, en intégrant une utilisation plus efficace de l’eau, en améliorant la balance entre la disponibilité actuelle et la demande, et en réduisant les usages excessifs. Des outils permettant d’évaluer la demande, les opportunités de réduction de consommation d’eau et les meilleures décisions à prendre dans un contexte intégrant la ressource en eau dans les diverses problématiques environnementales, sociales et économiques sont donc indispensables pour une meilleure gestion de la ressource. L’Analyse du Cycle de vie est un outil qui offre ce potentiel.

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