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Chapitre 2 : Se déguiser en courant d’air

2.1. Sortir du puits, une condition originaire

Dans le dernier tome du cycle autobiographique, Un enfant, Bernhard indique qu’avec ses paroles diaboliques, sa mère « blessait toutes les fois [son] âme au plus profond » (UE, p. 38). La parole originaire restreint l’accès de l’enfant au monde, puisque la mère le tient responsable de la genèse de sa souffrance : « une honte peut ainsi être attachée à un individu parce que les autres membres du groupe en ont fait le dépositaire de leurs parties dangereuses afin de tenter de les circonscrire et d’en limiter les effets90 ». Placé dans une situation de complète dépendance face à l’adulte, et particulièrement face à la mère, l’enfant subit un premier traumatisme lorsqu’il est confronté au désinvestissement de cette dernière et doit trouver des alternatives afin de pallier la discorde qui mène à une crise de cohérence interne. En raison des conditions de vie qui sont les siennes, Thomas Bernhard est victime de l’« érosion progressive des structures symboliques et des rites sociaux91 ». S’il faut en croire Piera Aulagnier, pour qu’il y ait un Je, il faut que le « Je maternel impute à un Je non encore existant le désir supposé à la source de ce que le corps du nourrisson lui manifeste. […] Faute de ce Je anticipé, elle [la mère] ne pourrait ni vivre, ni investir, ni se donner comme existante

90 Tisseron, S. (2014). Op. cit., p. 44.

la relation qui la lie à cet infans92 ». Force est de constater que la mère de Bernhard n’a pas été capable d’anticiper le Je de l’être en formation, ou qu’il l’a ressenti comme tel, puisque le récit est parsemé d’indicateurs qui abondent en ce sens – « mon existence a toujours été inconcevable pour elle ». Comme le suggère Alice Miller :

La comparaison entre les mauvais traitements infligés à un enfant et les mauvais traitements infligés à un adulte présente, en dehors du degré de maturité du moi, de la loyauté et de l’isolement, encore un autre aspect. Le détenu maltraité ne peut certes opposer de résistance, il ne peut pas se défendre contre les humiliations, mais il reste intérieurement libre de haïr ses geôliers. Cette possibilité de vivre ses sentiments, et même de les partager avec d’autres détenus, l’enfant ne l’a pas. Il ne lui est pas permis de haïr son père [sa mère] […]; et il ne veut pas [la] haïr, parce qu’il l’aime. L’enfant ne se trouve donc pas comme le détenu d’un camp en face d’un bourreau qu’il exècre mais en face d’un bourreau qu’il aime, et c’est précisément cette dramatique complication qui aura l’influence la plus marquante sur la suite de sa vie93.

L’écriture devient alors une porte qui débouche sur un lieu où il tente de s’aménager une existence en se réappropriant une existence qui ne lui appartient cependant plus – lui a- t-elle déjà appartenu? Le récit est un lieu de restitution où le rapport à la mère peut finalement être vécu et prendre racine au cœur même de la narration. Partant de cette prémisse, le fait d’être en contact ou non avec le « vivant de la mère », selon l’expression de Winnicott, module la psyché de l’enfant en développement. Cela est patent dans le cas présent, puisque le narrateur n’y a pas accès. Si l’on fait abstraction des mauvais traitements qu’elle lui inflige un peu malgré elle, ayant aussi subi de multiples effractions psychiques de toutes sortes, elle accomplit les gestes d’une mère (repriser les vêtements, faire à manger, faire du ménage, élever des enfants – quoi qu’à ce propos Bernhard dise plutôt que sa mère ne l’éduqua pas, mais le corrigea), mais il n’est pas proche d’elle94. Au contraire, il affirme n’avoir jamais réussi à saisir le caractère de sa mère, une femme qu’il qualifie néanmoins de femme merveilleuse : « J’avais eu avec ma mère durant sa vie des relations où une distance existait entre nous, jamais exempte de méfiance et même de soupçons » (LS, p. 101) Ce n’est qu’après la mort de son grand-père, et donc peu avant la mort de sa mère, que la nature de celle-ci lui « était apparue clairement tout à coup » (LS, p. 101). C’est l’un des seuls moments où la mère apparaît sensible, pleine de grâce et d’attention à l’endroit de son fils. Elle lui parle de son

92 Aulagnier, P. (1992). Op. cit., p. 16.

93 Miller, A. (1984). C’est pour ton bien, Paris, Aubier, p. 142.

enfance et de sa jeunesse, des livres qu’elle lit : « Maintenant ma mère était l’être qui m’était le plus proche. » (LS, p. 124) Puisque l’éternel retour du même est une composante forte de l’œuvre bernhardienne, je relève une similitude entre la mère et le narrateur qui renforce l’impression de fatalité qui nimbe la famille et qui les lie d’autant plus. Comme je l’apprends en lisant Le souffle, Bernhard doit renoncer à sa carrière de chanteur en raison de ses ennuis de santé aux poumons. Dans Un enfant, il est question de sa mère qui a contracté, à l’âge de douze ans, une maladie pulmonaire qui l’empêchera de poursuivre sa carrière de danseuse étoile. À mesure que les récits s’enchaînent, je comprends que sa mère ne cherche pas à enlever à Bernhard sa dignité, mais qu’elle essaie surtout de récupérer la sienne. En agissant sur son fils, elle agit sur sa propre enfance, et donc sur son propre destin. Si l’on considère qu’une part du parent se prolonge chez l’enfant, contrôler et dominer ce dernier octroi à la mère un semblant de répit. Elle évolue en terrain connu, elle sait où elle s’en va. Pour citer Dufourmantelle, l’enfant désubjectivé, « c’est le meurtre d’un enfant qui déjà n’existait pas dans le regard du parent. Un enfant qui renvoie au parent le merveilleux ou l’atroce non-lieu d’où il vient95 ».

S’il doit attendre dix-huit années pour finalement avoir accès à celle qui l’a mis au monde, son origine reste celle d’une désubjectivation qui commence bien avant sa naissance. Le jeune âge de sa mère, la guerre et la désertion de son amant peuvent expliquer cette incapacité à créer un lien d’attachement avec l’enfant. La mère incarne cette quête impossible de l’origine. Or elle a imprimé sur Bernhard une trajectoire similaire à la sienne; d’une part elle aussi a été abandonnée par ses parents lors de sa première année de vie et, d’autre part, elle aussi a été le fruit d’une liaison illégitime. Ainsi, l’histoire se répète. À supposer que « le parent en manque met son enfant en manque car il reproduit le seul mode de relation qu’il connaisse96 », le fait qu’elle rejette son fils peut certainement s’expliquer par le rejet et l’abandon qu’elle a elle-même subis. En abandonnant son enfant aux soins d’autrui, la mère s’ancre dans l’altérité lorsqu’elle revient, incarnant l’Autre et le semblable, la mère étrangère. Le monde de l’écrivain fait systématiquement valoir un récit d’enfance en relief en lequel la méchanceté de la mère joue un rôle de premier plan. Avant même de naître, il est déjà

95 Dufourmantelle, A. (2009). Op. cit., p. 121.

coupable du délit d’exister, ce qu’elle lui rappelle constamment par des phrases assassines. Judith Butler affirme que, « pour comprendre la souffrance des êtres humains qui subissent une forme d’oppression, il faut avoir conscience de la façon dont notre condition originaire peut être exploitée, contrariée, niée, et l’est effectivement97. »

L’écriture sert d’infrastructure à cette prise de conscience et permet à l’écrivain de s’analyser froidement, comme s’il n’était pas concerné par cette scène originaire. À travers les gestes qu’elle pose, la mère ambitionne de maintenir sa domination en détruisant son fils qui se retrouve désubjectivé. Cette notion de désubjectivation « nous dit les affres de ne plus être sujet, nous dit ce que signifie le fait de ne plus exister aux yeux de l’autre et l’infamie qui consiste à perdre peu à peu la qualité d’humain98 ». En narrativisant les éléments constitutifs de son être, Bernhard rend à son existence le mouvement jadis aboli par ce que de Ryckel et Delvigne appellent les dispositions acquises et les identifications sclérosées. Les deux psychothérapeutes ajoutent que « Ce que le temps a sédimenté, le récit va le déployer, permettant que […] je me réapproprie mes actes99. »

Toutefois, un élément encore plus fondamental retient mon attention : le patronyme Bernhard, qui n’a absolument rien à voir avec sa famille et qui interfère dans la transmission générationnelle. Anna Bernhard, sa grand-mère maternelle, fuit son premier mari, Karl Bernhard, un tailleur de Salzbourg et abandonne les deux ou trois enfants issus de son union arrangée par ses parents (leur nombre diffère selon le récit). Puisqu’elle ne divorce pas officiellement, elle conserve le nom de famille Bernhard et le lègue à la fille qu’elle aura avec Johannes Freumbichler, Herta Bernhard, la mère de Thomas. Le nom de famille Bernhard réactualise le départ précipité de la grand-mère, la fuite, et renforce le complexe de l’origine, l’impossibilité de remonter à la source. Nicole Beauchamp avance que l’« identification symbolique est donnée par le nom propre100 » et que le sujet est façonné de manière personnelle par celui-ci. Si, comme le suggère Serge Leclaire, « le nom tient son pouvoir de la permanence qu’il instaure et à laquelle il ne cesse de renvoyer101 », Thomas et sa mère transportent les vestiges d’un passé qui les rattrape à la seconde où on les nomme.

97 Butler, J. (2005). Op. cit., p. 58-59. 98 Harel, S. (2010). Op. cit., p. 116.

99 de Ryckel, C. et F. Delvigne (2010). Op. cit., p. 237.

100 Beauchamp, N. (2006). « Violence individuelle et destin : entre secret et honte. J.-M. Coetzee : scènes et fragments », Le Coq-héron, 1(184), p. 132.

Ils sont les dépositaires d’une histoire écrite en langue étrangère avec laquelle ils n’ont que peu à voir. Dans cette situation, comment le jeune enfant peut-il structurer sa propre reconnaissance? En outre, cela est voué à se répéter lorsque, durant le trajet qui le mène au foyer pour « enfants difficiles », les autres élèves demandent à Thomas pourquoi ne porte-t- il pas le patronyme Fabjan, Emil Fabjan étant le mari de sa mère. Or, ce dernier n’adopta jamais le nom de Thomas officiellement et ne fut donc pour lui qu’un « tuteur », jamais un « beau-père » : « Mille fois il m’avait fallu supporter cette question. J’expliquais que mon père n’était absolument pas mon père mais mon tuteur et qu’il ne m’avait jamais légitimé. » (UE, p. 128) Il y a donc d’un côté son père biologique, encore vivant, mais dont il ne connaît rien, ou si peu de choses, et de l’autre, le mari de sa mère qui le côtoie sur une base régulière, mais qui refuse de le considérer comme son fils. L’expression « refaire sa vie » prend ici tout sens, puisque sa mère aura d’autres enfants avec Fabjan, mais Bernhard n’appartiendra pas à cette famille recomposée – « Aussi loin que je puisse me reporter dans le passé, déjà ma mère, mon parrain, mes frères et sœurs m’ont appelé trouble-fête. » (LC, p. 37) Il incarne plutôt le résultat de tout ce qui n’a pas fonctionné et continue de ne pas fonctionner, l’empêcheur de tourner en rond. Vis-à-vis de son tuteur et de ses demi-frères et sœurs, Bernhard est très avare; il n’en parle pratiquement jamais. À peu de choses près, je pourrais croire qu’il est non seulement enfant unique, mais que le paysage familial ne se transforme pas.

Il s’agit toujours de lui et de ses grands-parents, de lui et de sa mère, de lui au lycée ou à l’internat, de lui dans un monde qui se dégrade à cause de la guerre et des conditions de vie terribles auxquelles ils sont tous soumis, mais la cellule familiale semble vivre la même saison perpétuellement. Il n’y a pas d’évolution psychologique avant que la maladie frappe et emporte son grand-père, puis sa mère, et confine le narrateur à l’hôpital. Préalablement à l’ombre mystérieuse qui apparait sur son poumon, sa mère tente constamment de le diminuer par tous les moyens possibles, que ce soit à l’aide du nerf de bœuf ou des mots, arme encore plus terrible que la première, ce bâton, comme l’écrit ailleurs Bernhard:

Comme en fin de compte le châtiment corporel m’a toujours laissé aussi peu impressionné que possible […] elle essayait de me mettre à genoux en prononçant les phrases les plus terribles, elle blessait toutes les fois mon âme au plus profond quand elle disait : Tu es ma

mort ! Tu es un rien du tout, j’ai honte de toi ! Tu es un aussi grand propre à rien que ton père ! Tu ne vaux rien ! Semeur de brouille ! Menteur ! Ce n’est qu’un choix de ses

malédictions qui ne prouvaient rien que sa détresse en face de moi. [...] Quand elle me voyait, elle voyait mon père, son amant, qui l’avait abandonnée. » (UE, p. 38)

Comme le suggère Butler à propos de la vulnérabilité, « parce qu’il est insupportable d’être assimilé à un traitre [ici, le père] ou à un collaborateur, il devient impossible de parler, sinon de manière étouffée, afin d’éviter l’identification terrorisante dont on nous menace102. » Interroger les membres de la famille au sujet de son père reviendrait à agrandir la profondeur de la blessure laissée béante par son départ. Toutefois, s’il se garde bien d’en parler à sa mère et à son grand-père – une seule fois suffit pour le dissuader de recommencer –, les multiples interrogations liées à son origine parsèment les récits et réactualisent constamment la quête de l’écrivain : « je m’interrogeais sur mon origine », « vivre avec cette incertitude », « Assommé? Fusillé? Cette question m’occupe encore aujourd’hui, il est vrai », et ainsi de suite. Bien que l’enfant d’alors soit devenu dans Le froid un adolescent, on comprend que l’angoisse le poursuit à travers les années : « Je suis réduit à des présomptions, toutes les choses qui concernent mon père ne sont restées que des présomptions, je me suis souvent demandé, parce qu’après tout il a été mon père, qui était mon père? » (LF, p. 68) Aborder dans l’écriture celui qui n’est pas là devient une manière de le faire apparaître, en somme, de créer un lien, aussi fictif soit-il. Il prétend n’avoir jamais été autorisé à parler de son père, alors même que sa mère se venge de ce dernier à travers son fils, comme en témoigne l’extrait suivant :

Je me vois à sept ou huit ans, donnant la main à ma mère, entrer à la mairie de Traunstein afin qu’on puisse me faire une prise de sang, preuve de la paternité d’Aloïs Zuckerstätter, mon père. La prise de sang confirma la paternité, mais mon père était introuvable et n’avait rien payé pour moi. La vengeance de ma mère consistait très souvent à m’envoyer, moi, à la mairie pour aller chercher les cinq marks que l’État payait pour mon entretien pour un mois ! Elle n’avait pas craint de m’envoyer, un enfant, directement dans l’Enfer avec cette remarque : afin que tu voies ce que tu vaux. (LF, p. 69)

Plus tard, c’est encore lui qui devra aller chercher le « don charitable » auquel sa famille a droit, puisqu’elle figure sur la liste des « indigents » soutenus par l’aide sociale. De ces moments, le narrateur conserve un souvenir terrible : « Je tremblais de rage quand je devais aller chez Madame le docteur Popp et tremblais encore plus de l’humiliation que signifiait pour moi le fait de recevoir le don charitable de la main de Madame le docteur

Popp. » (UE, p. 119) J’aimerais m’attarder un peu plus longuement sur la scène où il va à la mairie de Traunstein. « Afin que tu voies ce que tu vaux », lui dit sa mère comme si l’intégralité de sa personne, aujourd’hui et demain, se résumait à un montant dérisoire d’argent donné en charité par l’État. Cette honte, celle de ne valoir presque rien, il la trimballera encore longtemps.

D’une part, ce genre de phrases assassines non seulement entretient mais renforce la dévaluation de l’enfant qui en fait les frais. Lorsqu’elles sont répétées et accentuées dans la durée, leur persistance empêche l’enfant d’avoir prise sur sa vie et lui interdit de croire que celle-ci se déroule selon une logique chronologique dite normale (passé, présent, futur). Au contraire, le temps ne semble jamais passer et le jeune être humain reste au même point, celui de la déshumanisation. « Tu es ce qu’ils te nomment : le plus affreux de tous les enfants ! », écrit encore Bernhard (UE, p. 18). Impossible dans ce cas de passer à côté de la notion d’énoncé performatif tel que l’a théorisé Austin. Le performatif est une modalité du discours qui accomplit une action par le simple fait d’être énoncé. Il faut donc distinguer entre énoncé constatif (descriptif ou simplement communicationnel) et énoncé performatif (actif ou performant) : « Ces énonciations […] ne décrivent pas l’action, elles sont une action (ex : se marier). C’est par le fait même de dire “oui” qu’on se marie ou de dire “je promets” qu’on promet. Dans ces cas, dire c’est faire103. » Bien que la mère ne « promette » rien, la façon dont elle interpelle le narrateur en déterminant pour lui les limites qui le consacrent (« tu es ceci, tu es cela ») dépasse largement le strict cadre de la représentation; elle devient le mode même de sa domination. Conséquemment, le jeune Thomas finit par s’infliger lui-même cette violence psychologique, puisqu’elle devient constitutive de son rapport à soi : « J’étais cruel, j’étais abject, j’étais sournois […] Quand je pensais à moi-même j’étais rempli de dégoût. […] Répugnant ! » (UE, p. 18) ou encore « Un pareil trouble-fête je l’ai été toute ma vie […], nom dont j’ai toujours été qualifié par ma famille » (LC, p. 37). Bernhard emprunte d’ailleurs la même formule lorsqu’il parle des habitants de la cité de Scherzhauserfeld : « ils avaient nécessairement dû croire avec le temps qu’ils étaient ce dont on les qualifiait : une racaille criminelle. » (LC, p. 33)

103 Blanchet, P. (1995). La pragmatique. D’Austin à Goffman, Paris, Bertrand-Lacoste, coll. « Référence », p. 21.

D’autre part, le fait que le jeune Bernhard aille chercher les cinq marks octroyés par l’État le place dans un rôle de pourvoyeur, devenant responsable d’assurer sa propre charge, ce qui rompt certainement le reste de cohésion interne de l’enfant qui subsiste alors en lui. Dans Un enfant, il ajoute encore : « Mon visage faisait plus que ressembler au visage de mon père, c’était le même visage. » (p. 38) Le fils se substitue à la figure paternelle. Par sa présence, il incarne lui-même le père qu’il n’a pas. Mon intérêt pour la figure du père absent vient également de ce que le texte autobiographique révèle à propos de la construction narrative de la vie du narrateur. Bernhard écrit dans L’origine que « la plupart [des lycéens] ont été au lycée avec moi pour devenir ce que leurs pères ont été, ils ont repris les affaires ou les fonctions de leur père » (p. 161). Si les autres vont à l’école pour suivre la trace de leur paternel, est-ce un hasard si Bernhard se qualifie lui-même d’« incapable » et qu’il n’arrive à rien au lycée? Si, comme son père, il apprend à échouer tout ce qu’il entreprend? S’il apprend à disparaître? L’association est éloquente. Cela est d’autant plus problématique que

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