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Chapitre 3 : Au monde en guerre se superpose un corps en guerre

3.1. Être socialement un zéro

Si la guerre et l’exclusion sont présentes dès l’enfance et fournissent à l’écrivain un matériau inépuisable pour raconter une histoire, la vie littéraire passera d’abord par la maladie. Dès le début de l’âge adulte, Bernhard est confiné en lui-même sans aucune possibilité de fuir le corps où il se trouve en raison d’une pleurésie. C’est à ce moment que tout commence réellement, puisque la maladie devient l’axe autour duquel il se désarticule progressivement; il se réarticulera ensuite dans et par le texte.

Le souffle et Le froid décrivent l’univers contraint des chambres et des antichambres, le mouroir dans lequel Bernhard est placé bien qu’il ne meure finalement jamais, son oppression perpétuelle (« j’étais condamné à étouffer », LS, p. 17), l’inhumanité des médecins et « leur besoin carrément pervers de se faire valoir ». Au sentiment d’impuissance s’ajoutent le bruit des instruments chirurgicaux tombant au sol, des machines cliquetantes et la mort que les souffrants ne peuvent repousser s’ils ne proviennent pas d’un milieu favorisé. Dans cet « Enfer », chaque malade a sa propre odeur et sature l’air.

Ce n’est pas à un simple monologue intérieur que Bernhard me convie. C’est l’occasion pour lui de mettre en scène un quotidien troublant, marqué par le conflit, l’impuissance, l’injustice et les dérives administratives.

Alors qu’il est à l’hôpital en attente d’une chirurgie, le rétablissement tarde en raison de son statut social inférieur : « […] je savais précisément que mon traitement exigeait une dose plus importante de streptomycine. Cependant, on ne me l’administrait pas parce que j’étais socialement un zéro » (LF, p. 32). Encore et toujours cette impression d’être un moins que rien, un parasite ou, pire, un numéro qui se soustrait constamment. Ainsi que l’indiquent Pierre Lombrail et Jean Pascal, « le terme “inégalité” se réfère à des besoins de soins non suivis d’accès ou lorsque les soins délivrés ne conduisent pas à des résultats de santé identiques138 ». À ce propos, une similitude, bien qu’elle puisse paraître improbable, apparaît

avec Anne Hébert et qui qui renforce l’idée initiale selon laquelle l’histoire de Bernhard est surtout son histoire dans l’Histoire. À la même époque, de l’autre côté de l’océan, le père d’Anne Hébert, Maurice, est atteint de tuberculose de façon récurrente. Le mal semble « incurable139 », mais peut être apaisé. Bien que les conditions de vie au Québec diffèrent alors énormément de celles que l’on retrouve en Allemagne et en Autriche, le jeu entre les classes sociales opère de la même façon :

Dans les années 1920, la province de Québec se dote d’un réseau de sanatoriums. Cependant, comme le dit la fable, selon que vous soyez pauvre ou riche, ignorant ou instruit, les traitements varieront. Le tout-venant est souvent soigné à l’hôpital Laval, à Sainte-Foy, inauguré en juin 1918; Maurice Hébert y séjournera en 1953. Les malades des classes supérieures, éduqués, fortunés ou ayant des relations (car les places y sont comptées), vont au sanatorium de Lac-Édouard, en Haute-Mauricie, établissement à l’origine privé, mais depuis 1920 propriété du gouvernement du Québec140.

Dans les récits de Bernhard, je relève de nombreux passages où l’écrivain abonde dans le même sens : « Un regard suffisait pour m’affecter à la salle commune la moins considérée de toutes, la plus grande du côté nord avec ses douze lits où l’on abritait ce qu’aujourd’hui encore on qualifie de sous-privilégié : les manœuvres, les apprentis. » (LF, p. 21) « Au rez-de-chaussée il y avait encore plusieurs de ce qu’on appelait des loggias pour

138 Lombrail, P. et J. Pascal (2005). « Inégalités sociales de santé et accès aux soins », Les Tribunes de la santé, 8(3), p. 35.

139 Lamontagne, M.-A. (2019). Anne Hébert, Vivre pour écrire, Montréal, Boréal, p. 47. 140 Id.

des malades particuliers qui étaient soit particulièrement malades soit particulièrement privilégiés à cause de leur position sociale, de leurs réputations […] », écrit-il encore (LF, p. 47).

Celui qui a été « rejeté dans une maladie qui [l’a] enchaîné plus de quatre ans aux hôpitaux et aux sanatoriums » (LC, 127) prendra conscience plus que jamais des limites inhérentes à sa condition. De simple observateur des autres malades, il deviendra tour à tour acteur et spectateur de sa propre déchéance, puis de sa résistance. Au début du Souffle, le narrateur mal en point ne peut que percevoir ce qui l’entoure. Il entend, il sent, mais il ne peut pas regarder : « […] j’étais trop faible pour seulement bouger la tête. » (LS, p. 15) Ce sont alors des sensations, des impressions qui le guident, davantage que des pensées clairement définies sur lesquelles il pourrait avoir une prise. Dans ce « présent sans perspective141 », il glisse certes sur un décor auquel il appartient, mais seulement en tant que maillon d’une chaîne qui le dépasse. Aux yeux du corps médical, Bernhard n’est qu’un malade de plus. Ce qui l’empêche de vivre – sa maladie – relève de la routine des infirmières, des médecins. Alors que les malades s’entassent comme des bêtes dans les salles communes de l’hôpital, le narrateur comprend qu’il ne peut espérer quelconque forme de sollicitude du personnel soignant; il sait qu’il ne doit avoir aucune attente, sinon espérer sortir de cet endroit vivant.

Dans Le souffle et Le froid, c’est l’entière subjectivité en tant qu’être humain à part entière qui est mise à mal. À l’hôpital, Bernhard n’est qu’un numéro parmi d’autres. Un numéro qui augmente le nombre de malades, mais qui se soustrait si son état de santé périclite; ce qui maintient le narrateur dans une sorte de statut quo. Autour de Bernhard, les agonisants vont et viennent, meurent et sont immédiatement remplacés par d’autres agonisants : « À un moment quelconque, des hommes en gris entrent avec un cercueil de zinc hermétiquement fermé, en ôtent le couvercle et y place un homme nu. J’en suis certain, celui qu’ils portent […] est l’homme devant mon lit. » (LS, p. 20) La mort semble même perdre son caractère tragique, elle devient presque machinale : « Effectivement, il y avait dans le mouroir exactement autant de malades que de lits. Aucun lit n’est resté sans malade plus de quelques heures seulement. […] les malades étaient remplacés non seulement tous les jours,

141 Bourdin, D. (2011). « La rage d'exister. Survivre, et parfois crier, en attendant peut-être encore de vivre », Empan, 81(1), p. 111.

mais toutes les heures […] » (LS, p. 34) Alors que l’être humain passe sa vie à l’éviter, la mort est ici attendue, ce vers quoi on tend. Les malades ne sont pas surpris de mourir. Ils le sont, au contraire, s’ils survivent : « Dans les lits à barreaux ne sont arrivés que des hommes dont on attendait qu’ils ne vivraient encore qu’un temps extrêmement bref, dans leur cas on ne comptait plus qu’en heures, tout au plus en jours. » (LS, p. 72) C’est d’ailleurs pourquoi Bernhard est automatiquement placé dans le mouroir lors de son admission. Pourtant, les jours et les semaines passent sans qu’il ne passe l’arme à gauche. Mais le corps médical s’entête et le laisse là; après tout, n’est-ce pas qu’une question de temps avant que l’infirmière découvre l’absence de pulsation cardiaque en soulevant la main du jeune poitrinaire?

Suivant cet ordre d’idée, je me décentrerai du stricte cas bernhardien pour me pencher ponctuellement sur la maladie en tant que perturbation, laquelle, « par la souffrance physique et mentale qu’elle provoque, par les altérations qu’elle apporte aux conditions d’exercice de la vie, en fait éprouver la fragilité et la précarité et ouvre le sujet malade au vécu et à la conscience d’un soi vulnérable142. » Le malade voit toujours une partie de son identité lui être amputée. En effet, il n’est plus re-connu par qui que ce soit. Chez Bernhard, cette problématique est triple. Comme je le démontrerai, il n’est plus reconnu par certains de ses proches. Or, il n’est pas non plus considéré comme un vrai malade par les autres patients. Dans Le souffle, d’abord, puisqu’il ne parvient pas à mourir, bien qu’il soit dans le mouroir; dans Le froid, ensuite, puisqu’il ne parvient pas à produire la moindre expectoration en dépit de son statut de tuberculeux. La relation qui lie Bernhard à ses camarades d’infortune n’est rien d’autre que l’histoire d’une humiliation. Il est mis à l’écart, rejeté; le regard de ses compagnons ne se dirige que sur son propre échec à être un bon malade. Au sanatorium, on l’empêche d’avouer sa présence, émigrant parmi ses semblables. Quelle identité pour un malade qui ne l’est pas de la bonne façon? Bernhard n’arrive pas à s’aligner sur le sens du monde, ne parvient pas à offrir aux autres ce qu’ils attendent de lui :

142 Delory-Momberger, C. et C. Tourette-Turgis (2014). « Vivre avec la maladie. Expériences épreuves résistances », Le sujet dans la cité, 5(2), p. 34.

D’un côté il y avait les médecins qui répondaient à ma méfiance par de l’arrogance, de l’inaction, le fonctionnement à vide de leur activité médicale quotidienne, de l’autre il y avait les malades qui ne me reconnaissaient pas comme faisant partie d’entre eux, qui ne pouvaient pas me reconnaître, ils avaient été incapables de me percer à jour, je n’avais été peut-être après tout pour eux qu’une apparition passagère, dont il n’y avait pas de profit à s’occuper avec plus d’insistance, un numéro sur la liste qui pour eux ne faisait pas le poids, pas un malade à part entière, camarade mort de leurs pareils. (LF, p. 77)

Le narrateur ne fait partie d’aucune société.

Je propose maintenant de m’attarder quelque peu sur la problématique de la non- reconnaissance du sujet par ses proches. Aujourd’hui comme hier, le corps d’une personne souffrante n’est plus délimité par des frontières qui appartiennent au monde des vivants. Puisqu’il est « jeté en exil / hors de sa vie143 », son adresse change et personne – pas même lui – ne sait où il se trouve à présent. Il se fragmente et nul ne peut l’aider à rassembler ses morceaux. La notion d’injustice, si elle se pose, se fait ressentir à tous égards, puisque le malade se voit privé de ce qui donne à l’être de la dignité. Il a plutôt « la profondeur / d’un trou noir144 » et se fait absorber. Le sentiment d’impuissance est d’autant plus fort que le corps paraît à la fois ouvert et fermé : « […] tout chez moi n’était plus que calme et indifférence. » (LS, p. 18) Situé dans un entre-deux-mondes, le corps de Bernhard ne lui permet pas de savoir s’il est encore vie ou s’il est mort. Le corps incarne une sorte de sarcophage à ciel ouvert, une enveloppe sur laquelle est posé un timbre envoyant le contenu vers un ailleurs méconnu de ceux qui restent. Il est le vestige d’un dialogue, autrefois riche et nécessaire, qui s’est retourné contre celui qui le portait. Effectuant un travail de sape, la maladie noie le corps de l’intérieur et transforme en abîme le point d’origine. Celui qui était un être humain n’est plus considéré comme tel. Réduite à l’état de corps défaillant dans un décor qui empêche toute intimité, l’unité de son être total est négligée. Le choc résulte également du fait que l’entourage d’une personne souffrante se sent lui-même étranger face à elle :

J’avais dans l’intervalle, durant ces trois semaines et demie de séjour à l’hôpital, maigri de vingt-deux kilogrammes et perdu tous mes muscles. Je n’avais plus eu que la peau sur les os. Podlaha qui m’avait rendu visite dans cette troisième semaine avait été terrifiée par mon aspect, il n’avait pas tenu plus de deux minutes à mon chevet. (LS, p. 83)

143 Ouellette, F. (1988). Les heures, Montréal, Hexagone, coll. « Typo », p. 12. 144 Ibid, p. 57.

Ne reconnaissant plus son apprenti, c’est sa propre personne que Podlaha remet en question. Le jeune homme renvoie au propriétaire du magasin de comestibles une cruelle image de l’absurdité de l’existence et le ramène à sa propre mortalité : « La maladie n’est pas que l’affaire des malades, elle “fait se rencontrer à des pôles et places différents un ensemble de participants qui vivent dans l’horizon immédiat du sujet atteint”145. »

Les mois où le narrateur est hospitalisé et pendant lesquels son état se détériore lui font perdre tous ses acquis, mais lui permettent aussi d’interroger son rapport au monde, dont, au premier plan, le rapport qu’il entretient avec son grand-père. Ce dernier étant aussi hospitalisé, une distance se crée et s’impose entre les deux hommes et rend possible une confrontation intérieure chez Bernhard. S’il accuse les traits de son grand-père de ne plus donner d’indications quant au lieu d’où il vient, le rapport à son propre corps va aussi vers le rétrécissement. Ainsi que je l’ai mentionné précédemment, il est tentant de croire que la réclusion du grand-père a été incorporée par le petit-fils par mimétisme comme une tentative d’aller à sa rencontre. Il ne sait peut-être plus d’où il vient, mais il sait où il va.

Dans son ouvrage Deuil et mélancolie146, Freud caractérise le deuil comme une sidération face à la perte d’un être cher. Pour que le deuil s’impose et évolue, l’image du défunt doit être introjectée par celui qui reste; l’endeuillé porte en lui l’autre qui est décédé. D’une part, l’immobilité et l’éloignement du grand-père se transposent au cœur même des textes et deviennent une autre manière de faire passer le mort. D’autre part, en consacrant son avenir à la littérature, Bernhard rallume le flambeau qui s’est éteint avec le décès de son aïeul : « Mon tuteur me rapporta que mon grand-père avait plusieurs fois déclaré en sa présence qu’il lui fallait mourir sans atteindre son but : l’achèvement de ce qu’il appelait l’œuvre de sa vie à laquelle il avait travaillé les quinze dernières années. » (LS, p. 89) Ce but, il le portera à bout de bras, en parfaite cohérence avec l’idée selon laquelle les deux êtres ne formaient qu’un. La question qui se pose alors est la suivante : le grand-père n’est-il jamais mort?

Toutefois, et c’est à mon avis un des points forts des récits, l’écrivain ne sombre jamais dans une mélancolie qui m’écarterais simultanément de l’expérience à laquelle il le convie. Bien que le récit de la maladie soit toujours un récit chargé, Le souffle et Le froid

145 Ménil, A. cité par C. Delory-Momberger et C. Tourette-Turgis (2014). Op. cit., p. 35. 146 Freud, S. (2017). Deuil et mélancolie, Paris, coll. « Freud en poche ».

n’inspirent en aucun cas un sentiment d’apitoiement. La résignation initiale (« […] il y avait bien longtemps que je m’étais résigné à tout et j’aurais accepté qu’on me fît n’importe quoi » LS, p. 17) ne met que peu de temps à se transformer en volonté toute puissante d’exister : « Vivre et spécialement vivre ma vie, comme je le veux et aussi longtemps que je le veux […] Entre deux chemins possibles je m’étais décidé, cette nuit-là, à l’instant décisif, pour celui de la vie. » (LS, p. 22)

En outre, quoique je me garde d’effectuer des associations rapides, l’horizontalité du corps malade me semble s’opposer à la verticalité du texte, comme si Bernhard essayait par ce processus de le restituer a posteriori. C’est d’ailleurs à ce moment que le narrateur commence à habiter sa tête de fond en comble, à défaut de pouvoir habiter son corps. Le texte, comme le corps, se lit de haut en bas et c’est pourquoi les cinq récits expriment une cérébralité en ce sens qu’ils mettent en scène ce qui se déroule dans la tête du narrateur et qui est pour lui la seule région qui demeure non seulement intacte – elle est affectée, mais pas assiégée par une maladie physique au même titre que ses poumons –, mais qui demeure également secrète. Contrairement à son corps, qui est livré à une médecine approximative et à l’humiliation de ses pairs, ses pensées lui appartiennent entièrement. Personne ne peut les lui enlever, personne ne peut y accéder sauf s’il décide de les partager. La tête est le dernier lieu de son recueillement.

Le souffle et Le froid posent d’ailleurs avec une grande agilité la question des relations entre le corps et l’esprit. Certains passages convoquent la mémoire, la conscience et l’inconscience et se réfèrent directement au cerveau, organe central par lequel passent l’âme et la maladie. Si un corps sans esprit n’existe pas, l’esprit peut-il survivre au corps? Bernhard s’agrippe à son esprit, certes, mais l’ombre qui se jette sur ses poumons s’y incruste depuis trop longtemps pour réussir à le maintenir dans la lumière. Bien que le corps paraisse complètement inerte de l’extérieur, les remous l’assiègent de toutes parts. Il faut donc y plonger puisqu’en apparence les surfaces trompent, mais la maladie écarte le souffrant de lui- même tout en le séquestrant. Prisonnier de la vitesse de la maladie et de la suspension du temps, lequel, croit-il, ne sera jamais plus à la hauteur du passé, le narrateur tente de se rassurer, mais se leurre par le fait même.

La maladie est souvent perçue comme une séparation irréconciliable, mais devient dans le même temps essentielle à la compréhension d’un soi transformé par la perte. Bien

que le narrateur entre dans l’âge adulte, il a l’impression de revenir au stade primaire de son existence, soit à l’époque où il était un bébé livré aux soins (bons et moins bons) d’autrui. Les images des scènes où il se fait porter et transporter, placer et déplacer, où on le pique, lui injecte des médicaments, le tourne et le retourne sur son lit renvoient à un certain égarement qui suit l’entrée dans le monde. Souvent présentée comme un retour au commencement, la maladie place la personne concernée dans un état de dépendance par rapport à celles et ceux qui l’entourent. Cependant, contrairement au très jeune enfant qui doit gagner son autonomie contre sa dépendance aux autres, l’homme malade perd son autonomie au profit de cette dépendance et chaque jour, il se retire un peu plus dans le silence. De toute manière, le langage peut-il réellement quelque chose quant à la dépossession de soi? Au moment où la maladie progresse et suppose la mort prochaine du narrateur, le langage se découvre décevant et trompeur. Bernhard ne maîtrise aucune notion du jargon médical qui compose ici la seule langue qui prévaut. Non seulement il ne peut parler à personne, sauf aux quelques membres de sa famille qui viennent le voir, mais les infirmières ne le renseignent pas sur son état de santé et les médecins parlent entre eux une langue qu’il ne comprend pas : « […] les médecins avaient prononcé une série de mots latins qui m’étaient incompréhensibles, du langage médical qui leur était seulement destiné […] » (LS, p. 17) Il est abandonné, pour ainsi dire, au cœur de sa maladie, tout en étant confronté à une solitude d’autant plus grande qu’il ne sait pas par quel bout se prendre. Même si les médecins se montraient disponibles pour répondre à ses interrogations, il ne saurait pas comment les formuler. La détresse du jeune adulte est palpable.

Dans ces deux récits, Bernhard fait état de situations auxquelles ont été confronté tous ceux vivant dans une société occidentale et ayant séjourné à l’hôpital une fois dans leur vie, à commencer par le manque de disponibilité des médecins : « Mais il n’avait pas été possible de parler avec les médecins. De prime abord, ils ne s’étaient pas engagés dans l’incommodité

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