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La Société neuchâteloise de géographie (SNG) fut fondée définitivement lors une séance présidée par Albert-Louis Roulet (1841-1886), directeur du département de l'Instruction publique du Conseil d'Etat neuchâtelois, au mois de février 1885. Un Comité provisoire composé de cinq membres fût nommé et chargé de rédiger un règlement provisoire. Les cinq membres étaient : Albert-Louis Roulet, Louis Favre (1822-1902), directeur du Gymnase cantonal, Jules Maret, rédacteur de la Suisse Libérale, John Clerc, professeur et futur conseiller d'Etat, et Charles Knapp (1855-1921), instituteur au Locle64. On remarque que, parmi ces membres fondateurs, la plupart sont liés à des institutions publiques du canton de Neuchâtel, à exception faite de J. Maret, ils font tous partie du domaine de l'enseignement. En effet, les problèmes liés à l'enseignement de la géographie occuperont immédiatement une place importante dans les activités de la SNG ; sa constitution même peut en partie s'expliquer comme répondant à des insuffisances dans l'enseignement de cette science dans le canton de Neuchâtel.

Comme pour la SGG, le but de cette nouvelle société de géographie est le progrès de la science géographique ; le premier règlement de la SNG, adopté le 16 mai 1885, fixe les objectifs suivants :

« Article premier. – La Société a pour but l'étude, le progrès et la diffusion de la science géographique dans tous ces branches.

Elle entretient des relations avec les diverses Sociétés de géographie et d'autres Sociétés savantes.

Elle fait partie de l'association des Sociétés suisses de géographie.

Art. 2. – La Société poursuit son but par l'étude et la discussion

64 Extrait des procès-verbaux (1886), Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, p. 11

de sujets rentrant dans le domaine de son activité, par des publications et des conférences.

Elle peut s'intéresser à des travaux et à des voyages entrepris par d'autres Société de géographie ou par des particuliers. »65

65 Règlement de la Société neuchâteloise de géographie (1886), Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, p. 155

Figure 5: première page du règlement de la SNG (1886), Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, p. 155

Le premier article du règlement est très proche du premier article du statut de la SGG ; ici, « le progrès et la diffusion » de la science géographique sont ralliés aux buts de la société. En effet, comme nous le verrons après, les questions pédagogiques seront, dès le commencement, primordiales pour la nouvelle société. La SNG, différemment de beaucoup de ses sociétés sœurs, c'est une société cantonale, donc, comme stipulé par l'article 4 de son règlement, elle peut se réunir que deux fois par an en assemblée générale, l'une en hiver, l'autre en été.

« Art. 4. – La Société tient au moins deux Assemblées générales par an, l'une en hiver, l'autre en été. L'ordre du jour en est fixé par le Comité.

L'Assemblée d'hiver est avant tout consacrée aux affaires administratives de la Société, spécialement à la nomination du Comité, à la reddition et à l'approbation des comptes. Le Comité détermine la date et le lieu de réunion de cette assemblée.

L'Assemblée d'été désigne chaque année la localité du canton où elle se réunira l'année suivante. »66

L'organisation interne de la SNG elle aussi, est très similaire de celle de la SGG. Elle se compose de membres effectifs, membres correspondants, et de membres honoraires (Art. 3)67. L’administration est confiée à un Comité de sept membres, nommé chaque année par l'assemblée générale d'hiver, à la majorité absolue des membres effectifs présents. Le Comité nomme dans son sein un vice-président, un secrétaire, un cassier et un archiviste-bibliothécaire. Le président est élu par l'assemblé générale (Art. 5)68.

66 Règlement de la Société neuchâteloise de géographie (1886), Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, p. 156

67 Règlement de la Société neuchâteloise de géographie (1886), Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, pp. 155-156

68 Règlement de la Société neuchâteloise de géographie (1886), Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, p. 156

Dans ses premiers années d'existence, la SNG peine à s'affirmer en tant qu'institution d'utilité publique dans le canton de Neuchâtel. Souvent, dans ses premières séances, on discute des sceptiques qui ne croient pas dans l'intérêt d'avoir une société de géographie à Neuchâtel. Dans l'avant-propos de la première édition du Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, cette question est soulevée à travers les fragments du discours prononcé par A.-L. Roulet dans la séance de fondation de la SNG :

« Diverses personnes, a dit M. Roulet en ouvrant la séance de fondation, ne comprennent pas le rôle que notre Société pourrait avoir à jouer. Quelques-uns pensent que chez nous la vie de société est déjà trop riche, trop variée et que ce ne peut être qu'au détriment de l'activité individuelle. […] D'autres croient qu'une Société de Géographie n'a pas raison d'être chez nous, que, les résultats des découvertes modernes étant suffisamment vulgarisés par la presse périodique et notre rôle ne pouvant être d'organiser des expéditions lointaines à la recherche de contrées inexplorées, nous n'aurons pas de tâche bien déterminée ni surtout bien utile à remplir. Ici encore se trompent. Et d'abord, passé oblige. La patrie des Merveilleux, des Osterwald, des Dubois de Montpéreux, des Frédéric de Rougemont, des Léo Lesquereux, des Lacroix, des Arnold Guyot, ne peut rester immobile au milieu du mouvement qui partout fait surgir des sociétés analogues à la nôtre... Et d'ailleurs notre tâche est plus vaste que ne semblent le croire à première vue des critiques superficiels. »69

Ce passage montre bien, d’un côté, le manque de reconnaissance qui subissait la SNG pendant ses premières années de vie, et de l'autre côté, la revendication de cette reconnaissance et la volonté d'acquérir une légitimité au sein du public. La tradition

69 Clerc, J. (1886), Avant-propos, Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, pp. 6-7

intellectuelle du canton est invoquée en défense de la SNG, ainsi que l'apparition des sociétés de géographie dans beaucoup de pays au monde. On comprend un certain désir, de la part du président, de faire partie de ce réseaux international de géographie, ou « mouvement », comme lui l'appelle. Comme pour la SGG, le contexte international, et l'apparition d'autres sociétés savantes de ce type, semble avoir jouée une partie importante dans la création de la SNG. Mais comment expliquer le scepticisme qui a caractérisé sa fondation ? Nous pouvons émettre faire plusieurs hypothèses.

Premièrement, le succès des sociétés de géographie dans les principales pays d'Europe était strictement lié au contexte colonial de l'époque (Rossinelli, 2016) ; la Suisse, n'étant pas une puissance impériale, n'a pas participé directement à ce jeu de conquête du globe. De plus, le canton de Neuchâtel, malgré les développements industriels du XIXème siècle, n'était pas un centre du commerce international, et n'avait pas les moyens d'exporter son économie outre-mer. Pour cette raison, la création d'une société de géographie dans cette région a pu paraître inutile à une grande partie du public.

Deuxièmement, dans les principaux pays d'Europe – Allemagne, France, Royaume Uni, Pays-Bas, Russie – la fondation et le développement des sociétés de géographie ont précédé la création des chaires universitaires en géographie, et l'institutionnalisation de la science géographique dans les cursus académique (Dunbar, 2001). Ceci est valable aussi dans le cas de Genève et la SGG, comme vu précédemment. Cependant, en ce qui concerne Neuchâtel, la situation était différente. La première Académie de Neuchâtel, fondée en 1838, présentait déjà des cours en géographie physique à partir de l'année académique 1841-1842 ; au sein de la Faculté des Sciences, A.

Guyot (1807-1884) donne un cours de deux heures par semaine intitulé « Physique du globe », qui sera renommé « Géographie générale comparée » l'année suivant, et Louis Agassiz donne un

cours de trois heures par semaine en géologie70. Ces cours sont restés en place jusqu'à la fin de la première Académie, en 1848.

Ensuite, à l'ouverture de la deuxième Académie, en 1866, des cours de géographie sont donnés dans la Faculté de Sciences, ainsi que dans celle de Lettres. Concernant la Faculté de Sciences, depuis l'année académique 1866-1867, Edouard Desor (1811-1882) donnera un cours de trois heures hebdomadaire intitulé « Géologie et paléontologie », Adolphe Hirsch (1830-1901) – directeur de l'Observatoire de Neuchâtel dès 1859 jusqu'à sa mort – donnera un cours de trois heures hebdomadaire intitulé « Astronomie et physique du globe », et Charles Vouga donnera un cours de deux heures hebdomadaire intitulé

« Géographie physique ». Dans la Faculté des Lettres, depuis l'année académique 1866-1867, Cyprien Ayer (1825-1884) donnera un cours de deux heures hebdomadaire intitulé

« Géographie comparée : introduction à la géographie comparée, et géographie comparée de l'Europe d'après C. Ritter »71. Ainsi, différemment de beaucoup d'autres pays et villes d'Europe, la géographie était présente dans l'Académie de Neuchâtel avant 1870, et a toujours fait partie du programme d'études. Ce fait peut s'expliquer par le caractère relativement jeune de cette Académie, qui a vu sa naissance au XIXème siècle, au moment où la science était en train de se moderniser partout en Europe.

En outre, l'importance donnée à la géographie, particulièrement à la géographie physique, s'explique aussi par les travaux des savants neuchâtelois, notamment L. Agassiz, et A. Guyot, ayant largement contribué à la diffusion de cette science dans leur canton, et aux Etats-Unis. L. Agassiz, l'homme le plus célèbre dans les milieux scientifiques neuchâtelois du XIXème siècle, était géologue-botaniste ; l'Académie qu'il a largement aidée à se

70 AEN, Règlements et programme de cours : discours, lois, rapports, programme d'examens, Programme de cours de l'Académie, semestre d'hiver 1841-42, Cote : 2UNI-1

71 AEN, Règlements et programme de cours : discours, lois, rapports, programme d'examens, Programme de cours de l'Académie, semestre d'hiver 1866-67, Cote : 2UNI-1

former ne pouvait pas ignorer ses matières. Nous pouvons supposer qu'étant donné la popularité de la géographie physique parmi les intellectuels neuchâtelois, l'introduction, dès le début, d'une chaire en géographie humaine s'est faîte de manière automatique par rapport à d'autres contextes régionaux. À l'inverse du cas genevois, la SNG ne participera pas à l'institutionnalisation de l'enseignement de la géographie au sein de son Académie ; et son rôle dans le processus de professionnalisation de cette science fût moindre. La géographie était déjà une profession à Neuchâtel au moment de l'apparition de la SNG. Il faut toutefois garder à l'esprit que, jusqu'à sa transformation en Université en 1909, l'Académie de Neuchâtel ne comprend pas les caractéristiques d'une université moderne : le corps d'enseignants n'est pas suffisamment rétribué, et les système des doctorats pas encore institué (Berrelet, 1993).

Mais, si la science géographique était déjà présente dans le canton de Neuchâtel, comment expliquer la création de la SNG ? On peut trouver des esquisses de réponse dans la suite du discours prononcé par le président de la nouvelle société à sa séance de fondation :

« Une première direction dans laquelle nous devons travailler, c'est d'arriver à une connaissance géographique plus complète, plus minutieuse de notre propre canton. […] En second lieu, notre activité devra être consacrée à la vulgarisation des meilleures méthodes d'enseignement de la géographie. […]

Mais c'est dans une troisième direction que notre société aura à déployer sa plus grande activité. Dans un pays industriel et commerçant comme le nôtre, il est étonnant que la géographie commerciale soit encore si peu vulgarisée. Les notions concernant les centres de production, d'échange et de consommation des marchandises principales et surtout de celle que nous produisons en grande qualité, la montre, sont encore très vagues dans l'esprit de tous. […] Notre Société devra prendre à tâche d'étudier et de vulgariser ces faits, si utiles à

nos commerçants [...] »72

Les raisons d'être de la SNG sont énoncées dans ce passage ; on dégage une vision utilitaire de la géographie, qui trouve son importance majeure en tant qu'outil au service du commerce.

Nous pouvons tracer un parallèle avec la vocation coloniale d'autres sociétés sœurs ; il ne s'agit pas ici d'exporter des capitaux d'outre-mer, mais la dimension économique et utilitaire de la géographie est mise au premier plan. Ceci témoigne de la condition dans laquelle se trouve encore la géographie à la fin du XIXème siècle, considérée surtout comme une science profitable aux autorités et au commerce. Ce caractère utilitaire de la géographie est, peut-être, une des raisons qui ont freinée son affirmation en tant que science académique à part entière.

L'approfondissement des connaissances géographiques de la région est aussi mobilisée en défense à la création de la SNG, ainsi que l'amélioration des méthodes d'enseignement de la matière, surtout au niveau primaire et secondaire. On peut donc expliquer la naissance de la SNG comme une réponse à l'insuffisance des études géographique (vraie ou perçue) dans le canton de Neuchâtel. L'extrait nous montre une certaine insatisfaction par rapport à l'état dans lequel se trouve cette science à la fin du siècle. La SNG, se veut donc comme un organe complémentaire aux institutions officielles, devant donner une impulsion et une amélioration aux études géographiques. Le besoin, ressenti par les membres fondateurs, de créer cette société, illustre aussi le manque d'importance donnée à la géographie au sein de l'Académie. En effet, dans sa communication du 16 mai 1885, Léon Metchnikoff (1838-1888), professeur de géographie à l'Académie dès 1883 jusqu'à sa mort, critique vivement l'état de l'enseignement de la matière, à tous niveaux. Il commence son discours en rappelant l'importance de cette science, et l'importance d'avoir une société

72 John Clerc, Avant-propos, in « Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie », Volume 1, Neuchâtel, 1886, pp. 7-9

de géographie à Neuchâtel, en s'adressant surtout aux sceptiques.

« Or, Mesdames et Messieurs, nous vivons dans un temps où les études géographiques prennent un développement et une importance qu'elles n'avaient point, il y a à peine quelques lustres. La vie chaque année perd de plus en plus le caractère d'isolement, de cantonnement, et quelle que soit la carrière qu'embrassent les jeunes gens qui fréquentent aujourd'hui vos écoles, ils seront tenus, pour y réussir, de savoir ce qui se passe dans le monde entier. D'un autre côté, l'amplitude de nos connaissances géographiques s'est considérablement accrue, s'accroit encore d'année en année. […] Mais c'est surtout dans le sens de la profondeur que la Géographie a fait de rapides progrès. Jadis on pouvait se croire géographe, si l'on savait par cœur un grand nombre de noms et des chiffres. Aujourd'hui, à partir des faits les plus généraux de la cosmographie et de la physique du globe jusqu'aux détails les plus particuliers de l'ethnologie et de la sociologie, tout s'englobe dans la science géographique qui ne se contente plus de constater et de décrire, mais qui cherche aussi à comprendre, à déduire des lois générales. »73

Ce genre de discours, pour défendre de la géographie est assez courant dans les premières années d'existence de la société ; on retrouve la même rhétorique au sein de la SGG. Ces plaidoyers pour la géographie peuvent être lus comme un symptôme de la fragilité dans laquelle se trouve la matière à cette époque, encore mise en second plan par la communauté scientifique. Dans la suite de la communication, des critiques à l'enseignement, et au manque de reconnaissance de la géographie sont formulées.

73 Metchnikoff, L. (1886), Communication faite par M. Léon Metchnikoff à la réunion de la Société neuchâteloise de géographie le 16 mai 1885, au Locle, Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, pp. 19-20

« En comparaison de cette importance toujours croissante de la Géographie, de la multiplicité de ses problèmes, l'enseignement géographique se trouve, partout et à tous les degrés, dans un état déplorable. À l'école primaire, au collège, à l'Académie, le meilleur des professeurs ne peut plus se flatter d'avoir enseigné la géographie à ses élèves ; il doit s'estimer heureux s'il ne s'est pas rendu incapable à jamais d'acquérir les vraies connaissances géographiques. […] J'arrive enfin au degré supérieur. Moi-même j'ai l'honneur d'occuper, à l'Académie de Neuchâtel, un de ces chaires de géographie comparée qui manquent encore dans un grand nombre d'Universités suisses et françaises. Je puis donc parler d'expérience dans cette matière et je déclare qu'un professeur chargé de faire en deux années un cours de géographie se trouve dans la situation tragique d'un homme devant une mer à boire. Quand même on aurait doublé, triplé le nombre d'heures consacrées à l'enseignement géographique, il ne m'en resterait pas moins impossible de faire faire à mes auditoires le tour du globe comme il doit être fait, [...] »74

L'auteur est assez clair par rapport à l'état de l'enseignement de la géographie ; on décèle une certaine frustration dans ces mots.

La frustration née de la constatation que la géographie est en train de se moderniser, alors que l'enseignement de celle-ci ne suit pas cette évolution. Le fait est que, même si les apports des deux grands géographes allemands ont donné un caractère scientifique à la matière, à la fin du XIXème siècle, la géographie est encore à la recherche de son identité ; au sein de la communauté de géographes, il n'y avait pas de consensus au regard de la définition même de la matière, ni d'accord sur les méthodes à adopter. Ce manque de cohérence est soulignée dans la suite de l'intervention :

74 Metchnikoff, L. (1886), Communication faite par M. Léon Metchnikoff à la réunion de la Société neuchâteloise de géographie le 16 mai 1885, au Locle, Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Tome 1, p. 21

« Chacun de mes collègues enseignant une autre science quelconque se trouve devant un champ, vaste mais nettement délimité, devant un corps de doctrine compacte et arrêté, ayant ses méthodes et ses systèmes consacrés par un usage de longues années ; tandis que moi, je me trouve en face du vague, de l'indéfini. […] À tous les degrés, l'enseignement géographique a un besoin urgent d'être réformé. […] et l'un des moyens les plus sûrs pour y arriver est de créer partout des groupes, des centres locaux, où toutes les personnes qui s'intéressent au progrès de la Géographie viendraient échanger leurs idées, se communiquer mutuellement les faits de leur expérience, de leurs recherches et de leurs méditations... Or, nous assistons aujourd'hui à la formation d'un de ces groupes [...] »75

Le caractère didactique de la SNG est évoqué dans ce dernier passage ; pour L. Metchnikoff, le but de cette nouvelle institution doit être celui d'améliorer l'enseignement de la géographie, à travers ses activités, et ses publications. C'est exactement le déficit dans les études géographiques, et son instruction, qui a poussé à la création de la SNG. En lisant ces extraits, nous pouvons affirmer que la professionnalisation de la géographie n'est pas complètement achevée dans le canton de Neuchâtel. Pour cette raison, la fondation de la SNG parut raisonnable aux yeux des certains intellectuels. L'idée de L.

Metchnikoff de créer des groupes d'étude de géographie, rejoint le point 5) du processus de professionnalisation – l'émergence d'une solidarité de groupe et la construction d'une identité collective parmi les divers scientifiques. Cette identité, qui contribuera à l'amélioration de l'enseignement de la géographie, devra être formée à travers les activités de ces groupes, dont la SNG.

Aux premières séances de la SNG le nombre des participant est faible, et plusieurs fois mention est faite des

75 Ibid., p. 22

individus qui ne croient pas dans cette nouvelle institution.

Malgré cela, la première liste des membres effectifs comptera 174 personnes76, et en 1886, le premier Bulletin de la société est publié. Ce volume se compose des extraits des procès-verbaux des séances du Comité, de la Communication faite par L.

Metchnikoff, et des cinq articles sur des sujets géographiques

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