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La Société de géographie de Genève (SGG) fut fondée au mois

de mars 1858, par Henry Bouthillier de Beaumont, avec le concours de Georges Appia, Casimir de Candolle, François Chappuis, Henry Dunant, Henry Peyrot et Henri de Sassure. Au moment de sa fondation, elle était la quatorzième société savante de ce type dans le monde11. Cette société s'inscrit dans le mouvement commencé par la création de la Société de Géographie de Paris, en 1821, suivi par la Gesellschaft für Erdkune zu Berlin en 1828, et la Royal Geographical Society fondée à Londres en 1830. Le but de cette nouvelle société de géographie est le même que celui de ses sociétés sœurs : le progrès de la science géographique, comme exemplifié par le premier article de son premier statut. Je voudrais préciser qu'aucune date n'apparaît dans cette version du Règlement, que j'ai pu récupérer à la BGE (Cote : Ms. fr. 7995/1) ; toutefois, une note manuscrite d'un archiviste indique qu'il s'agit d'un document daté d'avant la révision du statut en 1884, il s'agit donc du plus ancien Règlement de la SGG dont la ville de Genève dispose. Son premier article explicite la raison d'être de la nouvelle société :

« Art. 1 – Le but de la Société est l'étude de la géographie dans toutes ses branches. Elle entretient pour cet objet des relations avec d'autres Sociétés ayant avec elle des communs sujets d'étude ; elle correspond également avec des savants, des voyageurs ou autres amis de la science.

Elle se propose ainsi de faire des publications qu'elle jugera convenables.

Son journal, Le Globe, publie ses Mémoires et son Bulletin, ainsi que les travaux originaux qui lui sont envoyés, des relations des voyages, des nouvelles, des extrait d'ouvrages étrangers, et sa correspondance»12

11 de Claparède, A. (1908), Coup d'Oeil sur la Société de Géographie de Genève depuis sa fondation en 1858, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 47, p. 13.

12 Règlement de la Société de géographie de Genève (antérieur à la révision

Au 31 décembre 1858, neuf mois après sa fondation, la SGG se compose de quinze membres, qui étaient, outre les sept cités précédemment, Louis Appia, Edmond Boissier, Paul Chaix, Rodolphe Ruby, Adrien Naville, François Seguin, Ernest de Traz et Elie Wartmann. Ces hommes sont généralement considérés comme les membres fondateurs de la Société de géographie de Genève13. Parmi eux, presque aucun n'avait une formation proprement géographique. Henry Bouthillier de Beaumont, fondateur et premier président de la Société, suivit des études en sciences physiques et mathématiques14, et s'était tourné vers l'agriculture et l'agronomie dans sa jeunesse. Georges Appia était pasteur et professeur de théologie15, Casimir de Candolle botaniste de formation, Henri Dunant un homme d'affaire (et futur fondateur du Comité international de la Croix-Rouge), Henri de Saussure entomologiste et minéralogiste de formation, Louis Appia médecin, Edmond Boissier botaniste de formation, et Paul Chaix professeur de géographie et histoire (ses études restent néanmoins incertaines)16. Sur les autres membres fondateurs, je n’ai pas pu trouver d'informations concernant leur biographie. On peut tout suite constater que, mis à part Paul Chaix, la plupart des membres n'avaient pas d'occupation directement liée à la géographie ; ce fait témoigne de la phase embryonnaire dans laquelle se trouvait cette science au milieu du siècle à Genève.

du Règlement du 26.12.1884), Cote : Ms. fr. 7995/1

13 de Claparède, A. (1908), Coup d'Oeil sur la Société de Géographie de Genève depuis sa fondation en 1858, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 47, p. 15.

14 de Claparède, A. (1898), Henry Bouthillier de Beaumont, notice nécrologique, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 37, p. 2

15 Georges A. & Monod, W. (1925), Georges Appia : pasteur et professeur en Italie et à Paris : 1827-1910 / souvenirs réunis par sa famille ; illustré des dessins de Georges Appia, Paris : E. Flammarion

16 Gauthier, R. & Goegg, E. (1901), Le professeur Paul Chaix, Le Globe.

Revue genevoise de géographie, Tome 40, pp. 143-151.

Dans ces premiers années d'existence la SGG avait un caractère informel, elle ne possédait pas encore de siège définitif, et pas de statuts officiels, comme attesté par les mots d'Arthur de Claparède dans son compte-rendu pour le cinquantenaire de la SGG :

« Les débuts de la Société de géographie furent très modestes.

Ce ne fut tout d'abord qu'une simple réunion d'amis qui s'assemblaient au domicile de l'un d'eux pour se tenir au courant des découvertes, se rendre compte mutuellement de leurs lectures ou faire dans un cercle intime le récit de leurs propres voyages. »17

17 de Claparède, A. (1908), Coup d'Oeil sur la Société de Géographie de Genève depuis sa fondation en 1858, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 47, pp. 14-15.

Figure 4: première page du règlement de la SGG (daté avant 1884) (Cote : Ms. fr. 7995/1)

En effet, les premières réunions se tenaient chez H. B. de Beaumont, au Calabri – aujourd'hui située au numéro 2 de la rue de la Croix-Rouge – puis, à partir de 1859, les séances se sont déplacées à l'Ecole technique spéciale, fondée par le colonel Aubert, et Gustave Rochette, située à rue de l'Evêché. À partir de 1864, la Société s'installe à l'Athénée, palais consacré à la science par la famille Eynard18.

Le succès de la SGG sera en grande partie dû à ses publications, qui commencent en 1860, année de l'apparition du premier volume de Mémoires et Bulletin, le journal officiel de la Société de géographie de Genève, la plus ancienne revue géographique de Suisse (Lévy, 2015), qui prendra le nom du Globe à partir de 1866. Ce premier volume contient un étude sur l'ethnographie de l'Afrique par Paul Chaix ; des mémoires sur les explorations arctiques du Dr. Kane et de Mac-Clintock, toujours par le même auteur ; de Fr. Chappuis, des mémoires sur les lignes du commerce d'Alexandrie, de Suez, et de la Mer Rouge, ainsi que sur une visite de l'imam de Mascate, à Zanguebar ; de H. B. de Beaumont des essais d'agriculture dans le Kamtschatka ; et de Ch. Galopin des mémoires sur les îles Hawaii et du baron Aucapitaine sur la Zaouïa de Chellata. Avec les extraits de procès-verbaux des séances de la SGG – la première date du 14 décembre 1858 –, contenues dans le Bulletin, cette première publication compte un total de 483 pages19.

Une partie des études menées par la SGG s'inscrivent, dès le début, dans la lignée des sociétés de géographie appartenant aux empires coloniaux ; leur discours reflètent souvent les théories raciales, nécessaires à l'emprise de

18 de Claparède, A. (1908), Coup d'Oeil sur la Société de Géographie de Genève depuis sa fondation en 1858, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 47, pp. 16-19

19 de Claparède, A. (1908), Coup d'Oeil sur la Société de Géographie de Genève depuis sa fondation en 1858, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 47, p. 18

l'impérialisme européen, en vigueur au XIXème siècle (Rossinelli, 2016). Dans le rapport du président du quatrième tome, apparu en 1864, par exemple, on peut lire les mots suivants :

« Sur les continents, sur les îles, l'Européen, voyageur moderne, rencontre l'homme sous des aspects bien différents de forme, de couleur, de perception intellectuelle et morale. Malgré l'état animal et dégradé qu'il lui présente, il ne peut pas s'empêcher de reconnaître une origine semblable à la sienne ; dans bien des cas cependant, de honte, il en doute et ne peut pas s'expliquer une telle dégénérescence. »20

Cet extrait montre assez bien le sentiment de supériorité de l'homme européen par rapport aux populations africaines. De tels exemples sont multiples dans les premières éditions du Globe ; dans la séance du 10 mai 1864, le président définit la colonisation au XIXème siècle « une nécessité sociale pour plusieurs peuples, soit pour les émigrés, soir pour les pays d'émigration eux-mêmes »21. Ou encore, dans son rapport du 1864, H. B. de Beaumont, en parlant de la géographie, et sa portée en tant que science, se pose la question suivante :

« [le géographe] Prouvera-t-il, aidé de l'anthropologie, que le nègre, sauvage, cannibale, vivant dans l'oubli de toute loi morale, est aussi de la même origine que tous ces peuples de haute civilisation ? »22

20 Bouthillier de Beaumont, H. (1864), Rapport de M. le Président de la Société de Géographie, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 4, p.

10

21 Extrait des procès-verbaux des séances de la société (1864), Le Globe.

Revue genevoise de géographie, Tome 4, p. 76

22 Bouthillier de Beaumont, H. (1864), Rapport de M. le Président de la Société de Géographie, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 4, p.

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Il faut toutefois noter que cette vision n'est pas forcement partagée par tous les membres de la SGG. Les idées coloniales seront surtout reprises par G. Moynier (1826-1910), qui, en 1879, fondera la revue L'Afrique explorée et civilisée, publiée mensuellement jusqu'au 189423.

Nous constatons également, aux débuts de la Société, une vision assez instrumentale de la géographie, exemplifiée par cet extrait du rapport du président, toujours en 1864 :

« Si le géographe cherche à préciser la configuration des terres, continents ou îles, leur position, leur structure géologique, et à en reconnaître les divers produits, c'est pour donner une grande part du résultat de sa science au commerce, source de richesse, à sa sécurité et à son extension. »24

Encore une fois, cette conception de la géographie peut être comprise dans le contexte colonial de l'époque. Cependant, les ambitions de la SGG ne se peuvent pas se réduire au commerce, dès sa naissance, le progrès et la diffusion de cette nouvelle science en quête de reconnaissance faisaient partie de son agenda.

Dés ses premiers années d'existence, les activités et les correspondances de la SGG seront nombreuses. Elle entre toute suite en contact avec d'autres sociétés savantes d'Europe, comme la Société de géographie de Paris, la Royal Geographical Society, la Société d'anthropologie de Paris, la Société géographique de Dresde, et beaucoup d'autres, au fur et à mesure que le temps passe. Chaque mois elle reçoit des dons, la plupart sous la forme de livres, de la part des membres honoraires, des correspondants, d'autres sociétés de savants, des institutions, ou autre encore. Le nombre des membres augmente

23 https://www.e-periodica.ch/digbib/volumes?UID=aec-001

24 Bouthillier de Beaumont, H. (1864), Rapport de M. le Président de la Société de Géographie, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 4, p.

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constamment au fils des années ; on passe de sept membres au moment de sa fondation en 1858, à 229 en 190125. Elle s'engage immédiatement à faire connaître ses travaux au public ; déjà dans le mois de mars 1864, un projet d'exposition publique des ouvrages, des dessins, et des cartes qu'elle possède est élaboré par le bureau de la Société26. Les questions relatives à l'enseignement de la géographie capturent toute suite l'intérêt de la Société, mais jusqu'au milieu des années 1870, seront surtout les écoles primaires et secondaires qui seront prise en considération. La SGG est souvent appelé pour collaborer à la rédaction des cartes ou des manuels destinés à l'enseignement primaire et secondaire27. L'affirmation de la SGG, ainsi que l'expansion de son réseaux d'échange, participent à la création d'un champ d'études géographiques dans le canton de Genève.

On retrouve donc le point 5) du processus de professionnalisation de la science – l'émergence d'une solidarité de groupe et la construction d'une identité collective parmi les divers scientifiques – déjà présent dans les premières années d'activité de la SGG.

Le Congrès international de géographie de Paris de 1875, auquel la SGG et la Geographische Gesellschaft in Bern (fondée en 1873) sont invitées, marque une étape importante dans la réflexion autour de l'institutionnalisation de la géographie. Au sein de ce deuxième Congrès international de géographie (après celui d'Anvers en 1871), une liste des questions, adressée à toute les sociétés de géographie invitées, est rédigée par des Sous-Comités spéciaux. Les questions sont divisées par le sept groupes de travail suivants : 1) groupe mathématique (géodésie, topographie) ; 2) groupe hydrographique (hydrographie,

25 de Claparède, A. (1908), Coup d'Oeil sur la Société de Géographie de Genève depuis sa fondation en 1858, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 47, p. 48

26 Extrait des procès-verbaux des séances de la société (1864), Le Globe.

Revue genevoise de géographie, Tome 4,p. 73

27 Extrait des procès-verbaux des séances de la société (1871), Le Globe.

Revue genevoise de géographie, Tome 10, p. 23

géographie maritime) ; 3) groupe physique (météorologie, géologie, géographie botanique et zoologique, anthropologie générale) ; 4) groupe historique (géographie historique et histoire de la géographie, ethnographie, philologie) ; 5) groupe économique (géographie économique, commerciale et statistique) ; 6) groupe didactique (enseignement et diffusion de la géographie) ; 7) groupe des voyages (voyages scientifiques, commerciaux et pittoresques)28. Dans le groupe qui nous intéresse, le groupe didactique, les questions posées sont les suivantes :

« 103. Quels sont les moyens pratiques de donner plus de popularité à l'étude élémentaire de la géographie et de la topographie ? Dans quelle mesure les cartes topographiques peuvent-elles servir à l'enseignement aux différents degrés ? 104. Quels doivent être les caractères des études géographiques dans les différentes branches de l'enseignement primaire, secondaire, et supérieur ?

105. Quelle place occupe l'enseignement de la géographie commerciale, et d'après quelle méthode cet enseignement est-il donné dans les établissements destinés à former des industriels et des commerçants ? Comparer les systèmes des divers pays.

106. Ne serait-il pas très-utile de mettre à disposition des établissements d'instruction certains instruments géographiques ?

107. Quels sont les établissements qui ont été créés pour favoriser les travaux et les connaissances géographiques ? Quelles comparaisons peut-on faire entre eux ? Quels services rendent-ils ? Quels services encore plus importants pourraient-ils rendre ? Quels établissements nouveaux pourrait-on créer, comme centre de travaux et de connaissances géographiques ? Quels sont les moyens de coordonner et de développer les travaux des sociétés de géographie et d'en tirer tous les

28 Congrès international de Géographie à Paris en 1875 (1874), Le Globe.

Revue genevoise de géographie, Tome 13, pp. 105-124

avantages désirables ?

108. Ne serait-il pas utile que les sociétés géographiques reçussent communication des catalogues, des cartes et des ouvrages géographiques qui appartiennent aux diverses bibliothèques et archives de province, qui renferment souvent des documents très-importants, encore ignorés du monde savant ? »29

Cette liste de questions témoigne, avant tout, de l'intérêt porté par les sociétés de géographie à l'enseignement de la géographie, à tous les niveaux. Elle nous informe aussi sur la phase dans lequel se trouve l'enseignement de cette science, encore en plein développement, et de la volonté de ces sociétés d'élargir et clarifier de plus en plus ce champ. Il faut toutefois noter que cette division en groupes de travail démontre une certaine maturité de la science géographique de l'époque, présentant déjà différentes spécialisations. En effet, cette division témoigne du point 4) du processus de professionnalisation de la science – la croissance rapide de la spécialisation.

Le compte-rendu de la Suisse à l'Exposition de géographie de Paris, fait par H. de Saussure, se concentre peu sur les résultats du groupe didactique, il est presque entièrement dédié à la cartographie, pour laquelle la Suisse a reçu beaucoup des compliments au Congrès. Il y a cependant, une partie du rapport qui parle des institutions scientifiques suisses, et rend compte de l'état dans lesquelles se trouvent :

« En Suisse, les grands travaux scientifiques qui sont d'intérêt général, ne sont pas, comme dans les autres pays, entrepris et dirigés par des administrations officielles, mais ils sont généralement placés sous le patronage de la Société helvétique des Sciences naturelles et dirigés par des commissions des savantes élues dans cette société libre, et aidées d'une

29 Congrès international de Géographie à Paris en 1875 (1874), Le Globe.

Revue genevoise de géographie, Tome 13, pp. 121-122

subvention du gouvernement fédéral. […] Les savants dont se composent les commissions ne sont donc pas rétribués, ils touchent seulement quelques indemnités de déplacement lorsque les finances le permettent ; ils agissent, on peut le dire, pour pur dévouement pour la science. »30

Par cet extrait on comprend le rôle marginal encore occupé par les universités pendant cette période, et surtout le manque des professionnels dans le monde scientifique suisse. Dans la deuxième partie de la citation, H. de Saussure dit explicitement que la majorité de la production scientifique suisse est entreprise par des amateurs, ne recevant donc pas de salaire contre leurs prestations. L'auteur fait aussi remarquer que ce système n'est pas courant « dans les autres pays », laissant entendre qu'il y a des institutions étatiques derrière le développement de la science. En effet, au moment de cette intervention, Genève ne présentait encore aucune chaire en géographie au sein de son Université, et la géographie n'apparait pas dans les programmes d'études. Il n'y avait pas encore des postes fixes pour des géographes dans cet établissement.

Dans les années qui suivent la SGG élargie son réseau de communication avec de nouvelles sociétés savantes et institutions qui se créent dans tout le monde. En 1877 elle adhère à l'Association internationale africaine (AIA), créée en 1876 par Léopold II, roi de Belges, dans le but d'explorer et coloniser la vaste région centrafricaine entourant la fleuve Congo. Dans le mois d'avril de la même année, la SGG fonde le Comité nationale suisse pour l'exploration et la civilisation de l'Afrique centrale (CNS) à Genève, qui était un organe helvétique de soutien à l'AIA31. Encore une fois, on peut

30 de Saussure, H. (1876), La Suisse à l'Exposition de Géographie de Paris, Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 15, pp. 140-141

31 Fondation du Comité national suisse de l'Association international africaine (1877), Le Globe. Revue genevoise de géographie, Tome 16, pp.

123-127

rattacher ces actions au discours impérialiste de l'époque. Mais, je crois surtout, qu'on peut les comprendre en terme d'une volonté de faire partie d'un réseau international d'intellectuels, et d'avoir une place légitime au sein de ce réseau.

L'intérêt pour des questions didactique se fait vif à nouveau en 1880, quand la SGG décide de créer trois sections : l'une de Topographie, comprenant la géodésie et la cartographie ; l'autre de Géographie commerciale, s'occupant de ce qui a trait à l'industrie et aux voies de communication ; et la dernière de Pédagogie, touchant à l'enseignement géographique32. L'objectif derrière la création de ces sections, est de permettre le développement de la géographie dans le canton, comme explicité par H. B. de Beaumont :

« La manière dont le Règlement organise ces sections donne lieu d'attendre que leurs travaux concourront aux progrès des sciences géographiques à Genève et dans les alentours, en groupant les efforts jusqu'ici trop isolés d'un nombre considérable d'hommes instruits et d'esprit cultivés. »33

Cette citation nous montre comment, à l'époque, la géographie était encore une activité entreprise par des privés, « d'hommes instruits et d'esprit cultivés », ne jouissant pas d'un vrai soutient institutionnel. La volonté de reconnaissance pour la science géographique est forte dans les mots du président. On retrouve la même volonté dans son discours prononcé à l'occasion de la vingtième édition du Globe :

« Déjà avant la création des sociétés de géographie, cette science encore peu avancée accompagnait l'histoire dans les grands collèges et les lycées de France. Mais, après avoir

32 Extrait de procès-verbaux des séances de la Société (1880), Le Globe.

Revue genevoise de géographie, Tome 19,pp. 74-77

33 Extrait de procès-verbaux des séances de la Société (1880), Le Globe.

Revue genevoise de géographie, Tome 19, p. 77

accompagné l'histoire [...] la géographie peut-être avait-elle dû alors et devrait-elle aujourd'hui se séparer de l'histoire par un enseignement professionnel à part, s'élevant graduellement avec l'instruction secondaire et supérieure, pour développer la géographie scientifique dans les branches techniques, mathématiques et de géographie physique. Développement qui embrasse sa véritable vie et sa valeur comme science appliquée

accompagné l'histoire [...] la géographie peut-être avait-elle dû alors et devrait-elle aujourd'hui se séparer de l'histoire par un enseignement professionnel à part, s'élevant graduellement avec l'instruction secondaire et supérieure, pour développer la géographie scientifique dans les branches techniques, mathématiques et de géographie physique. Développement qui embrasse sa véritable vie et sa valeur comme science appliquée