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E. LE CAS DE LA CHINE

2. La situation dans la province de Guangdong et à Canton

Le Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies de la province de Guangdong (CDC) a joué un rôle majeur dans la gestion de la pandémie.

Antenne de l’OMS pour la surveillance, la recherche et la formation en matière de maladies infectieuses émergentes, ce CDC a développé des mécanismes de surveillance, de prévention et de contrôle. Il est particulièrement intéressé par les collaborations internationales, car les maladies sont sans frontière.

Il a pour fonctions le traitement d’urgence des pandémies ; l’analyse scientifique des virus ; la surveillance ; l’analyse des risques et la communication.

Il prélève et étudie des échantillons, puis communique les informations trouvées à la presse. Il fait partie d’un réseau dont le centre national est à Pékin. Il coordonne lui-même l’action des 21 CDC locaux de la province de Guangdong.

Lors du H1N1, le centre a regroupé dès le 28 avril les autorités administratives concernées, puis a recherché les causes de la maladie et a travaillé sur la réponse clinique à lui apporter. Un plan de réponse d’urgence à la maladie a été rendu public dès le 1° mai. Un kit de traitement a été fourni aux hôpitaux à partir du 3 mai.

Le CDC remarque que le virus a été peu important jusqu’à fin mai.

Jusqu’au 10 juillet, les seuls cas provenaient de l’extérieur. Il s’agissait alors de recueillir des informations. Puis, du 10 juillet au 1° septembre, des malades ont été identifiés dans la province. Du 1° septembre au 1° octobre, la recherche s’est développée, et des traitements en soins intensifs ont commencé. Quelques écoles ont été fermées. Les rencontres publiques ont été limitées. Du 1° octobre au 31 décembre, la pandémie s’est développée. Le pic est apparu fin novembre. A partir du 1° janvier, le centre est revenu à sa fonction traditionnelle de veille et de surveillance sanitaire.

9896 personnes ont été infectées en 2009 dans cette province qui a 100 millions d’habitants. 36 décès ont été constatés. Ces chiffres ont été communiqués à la population.

Des conférences de presse ont été organisées, ainsi que des rencontres avec des chercheurs et des présentations dans les écoles pour diffuser l’information sur la maladie. Des enquêtes téléphoniques ont permis d’adapter la politique de communication du centre.

La production nationale de vaccins a débuté en septembre. Dix sociétés produisent le même vaccin pour l’ensemble de la Chine. La vaccination est facultative. La personne vaccinée sera suivie sur le long terme.

La campagne de vaccination a été lancée le 10 septembre pour des personnels particuliers, notamment les personnes chargées de la sécurité et les professionnels de santé, les employés de la douane et des transports, les policiers, les personnels préparant les Jeux Olympiques et les enseignants. Dès le départ, une seule dose a été envisagée. La vaccination en masse s’est ensuite déroulée au fur et mesure de la montée en puissance de la production.

La vaccination se fait dans des centres dédiés où travaillent médecins et infirmiers.

5 500 000 vaccins ont été commandés dans la province. Mais pour le centre, le problème n’a pas été de commander les vaccins, mais de les obtenir et de les distribuer.

4 % de la population se fera vacciner. Le centre estime que les patients ayant des maladies chroniques, les femmes enceintes et les personnes en ayant eu besoin se sont fait vacciner. Il considère que la population a réagi de manière calme.

A Canton même, agglomération qui comprend douze districts, et 120 communes, la lutte contre le virus a été gérée localement, tandis que le CDC de la région a fait de la recherche. On y a observé 2500 cas de H1N1 en 2009 et 350 en 2010 jusqu’en avril. A partir de mars, la grippe saisonnière l’a emporté.

Les centres de vaccination comportaient au moins un médecin, une infirmière, un ambulancier (la plupart d’entre eux s’occupent habituellement de vaccination).

Seuls Canton et Shenzhen ont eu des vaccinations massives ouvertes à tous.

7,5 % de la population et 30 % des élèves des écoles primaires se sont fait vacciner.

Une enquête a montré en janvier que 26,8 % des habitants avaient des anticorps.

Sur l’ensemble de la Chine, 100 millions de personnes ont été vaccinées pour une population totale de 1 milliard 450 millions de chinois. On a recensé des cas suspects dans 87,6 cas sur 1000. Des formes sévères sont apparues avec une fréquence de 0,9 pour 100 000.

Pour le docteur ZHONG, du laboratoire national des maladies respiratoires de Canton et co-découvreur du virus du SRAS, il était justifié de faire une vaccination ciblée contre le virus A(H1N1), vu sa gravité relative. Une vaccination massive ne se justifie dans le futur que lorsqu’on connaîtra la différence entre les réactions des personnes vaccinées et celles qui ne le sont pas. Dans le cas de la Chine, il faut tenir compte aussi de la capacité limitée et du coût de production de vaccins.

Il valait beaucoup mieux que le gouvernement fasse trop d’efforts que moins d’efforts, car on ne connaît pas encore le risque du H1N1.

Le docteur ZHONG se félicite par ailleurs du diagnostic précoce qui a été fait en Chine grâce à la détection de l’antigène de la neuraminidase. Ce diagnostic précoce conduisant à la gestion du risque, nouveau en Chine, est réalisé en

étudiant l’histoire du patient, ses contacts éventuels avec la volaille ou ses voyages récents dans une zone infectée. Il conduit à la prescription du Tamiflu le plus rapidement possible. Si ce traitement n’est pas efficace, les sécrétions respiratoires sont analysées pour détecter les antigènes.

QUATRIEME PARTIE :

REFLEXIONS SUR LA REPONSE PUBLIQUE A LA PANDEMIE

Dans le cadre de la gestion de la pandémie, les pouvoirs publics ont été confrontés à quatre questions : Comment décider et piloter la crise ? Comment apprécier la gravité de la situation ? Comment gérer au mieux les risques encourus ? Comment obtenir l’adhésion de la population ?

Ces thèmes ont été largement abordés lors de l’audition publique organisée par l’OPECST le 14 juin 2010, sous le titre : « H1N1, et si c’était à refaire ? ». Les échanges qu’elle a permis complètent utilement les réflexions sur le pilotage de la crise déjà évoquées dans la deuxième partie de ce rapport.