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Cette étude a été rédigée à partir d’articles de presse et d’éléments fournis par les services de l’ambassade de France au Canada.

Le Canada est l’un des pays où la virulence du virus H1N1 fut la plus élevée. Il y a eu près de 200 décès au 17 novembre 2009 selon un article du Monde daté du 24.11.2009.

La gestion de cette grippe a, comme en France, fait l’objet d’une préparation importante en prévision d’une pandémie possible. La preuve en est fournie par la densité des informations disponibles sur le site de l’agence de la santé publique du Canada (ASPC).

Le Canada a mis en place un plan de lutte contre la pandémie d’influenza, d’inspiration beaucoup plus civile que le plan français qui paraît plus martial.

Il comprend des aspects pratiques. Il pousse par exemple les citoyens à en discuter en famille et dans leur cercle proche pour déterminer qui s’occuperait de qui en cas de maladie.

1. Une approche participative dans la gestion de la pandémie Dès le début de la saison grippale, l’ASPC a associé les professions médicales à sa politique de prévention et de lutte contre la grippe. En avril 2009, elle a mis à disposition des travailleurs de santé des directives relatives à la lutte contre la grippe.

Ce plan est beaucoup moins vertical que le plan français dans le sens où il insiste sur le rôle que chaque citoyen doit jouer. Il évoque d’une part la notion de solidarité que l’on retrouve dans toute la trame du plan pandémie grippale 2007, et d’autre part ce que chacun peut faire. Il précise ainsi qu’il « importe que chacun connaisse le rôle qu’il peut jouer pour aider à minimiser l’effet de la pandémie sur la société ». Le site de l’ASPC explique par exemple qu’une personne qui a contracté la grippe est immunisée et est d’autant plus à même d’aller aider des malades sans risque de nouvelle contagion.

Au-delà de l’implication individuelle exaltée par le plan canadien, l’Etat joue aussi son rôle de garant de la santé publique tout en prenant en compte la structure fédérale du pays.

2. La mise en place de la vaccination et les freins constatés En août 2009, l’ASPC a annoncé la commande de 50,4 millions de doses de vaccins pour environ 34 millions d’habitants. Le coût de cet achat était de 403,2 millions de dollars canadiens (environ 305,5 millions d’euros).

Alors que l’immunisation de la population est une compétence relevant des provinces, les circonstances exceptionnelles dues à la grippe A justifient que 60% du coût d’achat de ces vaccins soit supporté par le gouvernement du Canada.

La vaccination choisie au Canada est la même qu’en France, une vaccination de masse.

Au Québec, ce sont les 95 Centres de santé et de services sociaux qui ont géré la vaccination. Des bâtiments ont été réquisitionnés par les centres et gérés par les professionnels de santé, et en cas de besoin par des « vaccinateurs non professionnels ». Ces auxiliaires ont été formés.

La politique canadienne a en réalité été très proche de la politique française. Pour limiter la pandémie, le Canada a misé sur une vaccination de masse de la population. Deux doses étaient envisagées.

Selon une estimation basée sur un retour d’expérience, une infirmière vaccinait de 55 à 65 personnes par jour. L’objectif était de vacciner 2500 personnes par centre, pour 8 heures d’ouverture.

Le taux de vaccination a été très élevé, avec à la mi-novembre 6,6 millions de vaccinés soit un cinquième de la population, et fin décembre 2009, environ un tiers de la population, avec de grandes disparités par province. Au Québec, 57 % de la population était vaccinée le 12 février 2010.

Certaines personnes ont néanmoins été réticentes à se faire vacciner, du fait des révélations de l’OMS selon lesquelles il y avait eu au Canada un nombre inhabituel de réactions allergiques au vaccin, dont le cas malheureusement très médiatique d’une femme enceinte ayant perdu son enfant peu après sa vaccination.

Il faut bien sûr émettre toutes les réserves nécessaires car à ce jour aucun lien médicalement ou scientifiquement étayé ne vient établir de lien formel entre les deux événements, mais cela a sans nul doute contribué à la réticence quant à la vaccination.

Ces craintes ont été confortées par le retrait d’un lot de 170 000 de doses du vaccin Arepanrix du laboratoire GlaxoSmith Kline jugés « suspects ». Ce vaccin contenant un adjuvant, ce fut l’un des points d’achoppements entre les partisans et les adversaires de la vaccination.

3. Gestion concrète de la vaccination

Le guide pandémie d’influenza, qui sert de base à cette gestion, est très précis. Il va même jusqu’à prévoir quels critères doivent remplir les centres de vaccination qui doivent avoir des salles d’attente avec des chaises, un ou plusieurs photocopieurs, une cuisinette ou une cafétéria pour le personnel et des capacités de stationnement.

De même, le déroulement des vaccinations est très détaillé et chronométré, selon le passage dans diverses zones :

- une zone d’entrée, de vérification de l’admissibilité et de triage, - une zone d’évaluation des symptômes,

- une zone d’attente et d’information générale (15 minutes, mais temps variable),

- une zone de réponse au questionnaire (15 minutes), - une station d’inscription (2 minutes),

- une station de vérification du questionnaire (un peu plus de 1 minute), - une zone d’évaluation/counselling,

- une station de vaccination (moins de 2 minutes),

- une station de surveillance des manifestations cliniques/conseils postvaccinaux/gestion des dossiers (15 minutes),

- une zone de premiers soins (temps variable), - une zone de sortie.

Ce guide exhaustif est destiné aussi bien aux professionnels de santé qu’au personnel « vaccinateur non professionnel ».

Le plan pandémie a donc un aspect très pédagogique.

Il prévoit le personnel nécessaire et le rôle qu’il doit jouer, le tout avec une grande précision comme s’il avait été écrit à l’adresse d’une personne n’ayant aucune connaissance de la mise en œuvre organisationnelle et pratique d’une vaccination.

La question des stocks de vaccins disponibles n’est pas écartée par le plan qui prévoit deux cas de figure : si le vaccin n’est pas disponible pour tous, il est réservé aux personnes jugées prioritaires. Si les stocks sont disponibles en quantité suffisante pour vacciner toute la population sans distinction, des centres de vaccination de masse seront mis en place.

Les personnes considérées comme prioritaires sont les femmes enceintes, les enfants âgés de moins de 5 ans et en particulier les moins de 2 ans, les intervenants, leurs familles, les personnes âgées et celles qui en prennent soin, les personnes atteintes de maladies chroniques, les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis, les professionnels de la santé.

Le plan met l’accent sur l’importance des ressources humaines. Toutes les volontés sont appelées à contribuer. Tout est préparé en amont, surtout pour les professionnels de santé. C’est pourquoi le plan donne la liste exhaustive des professionnels concernés qu’il faut mettre en alerte.