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La Jamaïque, Haïti, Saint-Domingue et Porto Rico sont coincés entre deux plaques tectoniques : au Nord, la plaque nord-américaine et au Sud, la plaque caraïbe.

Les mouvements divergents de ces deux plaques ont créé deux failles principales dans notre région géographique: l’une proche de la côte au nord d'Haïti et l'autre au sud débutant à Tiburon et allant se perdre en République Dominicaine dans la zone d'Enriquillo. Ces failles sont des points qui sont de plus faibles résistances ; c'est le long de ces failles que se localiseront prioritairement les futurs tremblements de terre.

Note :

D’après les experts, la faille qui a bougé n'est pas la faille Enriquillo, mais une petite faille qui n'était pas ou peu connue, ce serait la faille de Léogane.

Cette faille est courte et son potentiel destructeur est limité.

Les failles qui n'ont pas bougé sont longues et potentiellement dangereuses:

1. la première passe au nord du Cap et pourrait dévaster la côte nord,

2. la deuxième s'aperçoit à Tiburon pour aller s'épanouir dans la plaine du cul-de-sac et dans les vallées de la périphérie de Port-au-Prince.

De part et d'autre de ces failles, les sols devraient se déplacer librement en sens contraire d'une distance de 7 mm par an. Dans l'hypothèse où un glissement doux serait possible, aucune énergie ne s’accumulerait et donc il n’y aurait pas de danger de tremblement de terre. Mais dans l’impossibilité de ce cas de figure, les sols résistent aux déplacements, se bloquent et accumulent de l'énergie et la seule libération possible –brutale- est un tremblement de terre.

Nous pouvons comprendre que lorsqu'un matériau rigide est soumis à des contraintes de cisaillement, il va d'abord se déformer de manière élastique ensuite, lorsqu'il aura atteint sa limite d'élasticité, il va se rompre en dégageant de façon instantanée toute l'énergie qu'il aura accumulée durant la déformation élastique. L'énergie brusquement libérée le long des failles provoque les tremblements de terre.

Pour mieux comprendre, imaginons que l'on bande un arc: l'énergie d'un matériau élastique s'accumule; quand nous libérons la flèche, celle-ci est projetée avec force à grande distance.

Les ravages du 12 janvier 2010 à 16 heures 53 (heure locale) ne sont que la libération brutale de ces tensions. Le tremblement de terre avait une magnitude de 7,3. Il était de type crutal, ce qui veut dire que son hypocentre1 se trouvait à faible profondeur (13 km). L’épicentre2 se situait entre Léogane et Gressier.

Les magnitudes des répliques qui n'ont pas manqué étaient de 5 à 5,9 sur l'échelle de Richter. Entre le 12 et le 20 janvier elles ont diminué de puissance pour ne plus dépasser 4,5.

Le 17 janvier, 52 répliques avaient déjà été enregistrées ; peu de maisons et de ruines en furent affectées.

Le 20 janvier à 6 heures et 3 minutes, il y a eu un deuxième tremblement avec une magnitude allant de 6 à 6,2 sur l'échelle de Richter. Comme le premier, il était d'origine peu profonde, avec un hypocentre à moins de 10 km de profondeur et à 59 km à l'ouest de Port-au-Prince.

Le tremblement de terre de Port-au-Prince aurait, aux dires des spécialistes, donné une accélération de 0,36 g; un g représente l'énergie nécessaire pour s'affranchir de la pesanteur. Des accéléromètres installés pour mesurer uniquement les mouvements forts ont permis de mesurer, dans d'autres circonstances, des accélérations de 0,15 g3 dans des sols rocheux compacts, mais aussi des accélérations de 0,35 g dans des sols alluvionnaires épais de 15 m et peu distants des premiers.

L'information ne veut à priori rien dire mais si nous essayons de comprendre son côté pratique, nous découvrirons son importance.

Tous les corps sont attirés vers le centre de la Terre. Les constructions anticycloniques étaient basées sur le fait qu'une dalle lourde en béton (elles le sont toutes) supportée par des murs verticaux et reposant sur une bonne fondation résistait très bien à la pression du vent (pression qui peut atteindre 300 kg par m² de mur exposé aux rafales). Mais si le sol bouge et ondule de telle façon que la pression exercée par la dalle ne se fait plus dans l'axe vertical des murs mais sur des murs obliques, alors, sous l'action de l’apesanteur, la construction aura tendance à s'effondrer. Des forces qui inclinent la maison de 36 ° dans un axe (a) et ensuite de la même valeur dans l'axe opposé (b) ont tendance à briser les liens de la maçonnerie.

1 L’hypocentre d’un séisme, c’est le point où il prend naissance.

2 L'épicentre d'un séisme est le point de la surface de la Terre qui se trouve à peu près à la verticale de l'hypocentre là où l'intensité est maximale.

3 g = désignation officielle d’accélération de la pesanteur correspond à l'accélération que prend un corps en chute libre.

L'accélération de la pesanteur est constante en direction, en sens et en grandeur. Elle a été calculée pour g= 9,80665m/

Pour les petites constructions qui nous concernent, la solution consiste à faire des fondations, des murs, des cloisons, des poteaux, des planchers et des dalles selon un système monolithique très solide où tout est relié par des armatures métalliques : c’est ce qu’on appelle la construction chaînée.

Le 12 janvier, la première séquence du tremblement a duré 36 secondes. Il y a eu un temps d'arrêt de 16 secondes. Ensuite, la seconde séquence a duré 14 secondes.

Nous avons déjà pu voir, sur ce laps de temps, quelle puissance un tremblement de terre peut dégager !

Note :

Le dernier tremblement de terre qui a affecté la zone de Port-au-Prince et les zones jouxtant la faille Enriquillo / Tiburon semble daté, d'après la littérature de l'époque, de 1771 ; il y a donc 239 ans. Les deux rives de la faille, au lieu de glisser l'une contre l'autre de façon régulière, se sont bloquées ; l'énergie s'est accumulée et, lors du décrochement brutal des rives, l'énergie accumulée année après année (7 mm par an pendant 239 ans), a provoqué un tremblement de terre.

Si mon centre de gravité est projeté hors de ma surface de sustentation, je suis jeté au sol. Si quelqu'un me bouscule, j'écarte les jambes pour ne pas tomber: j'augmente ainsi ma surface de sustentation.

Rappelez-vous bien de cette notion car elle interviendra dans la détermination des grandeurs des bras de levier garantissant la sécurité des poteaux dans la construction de mur, par exemple.

Q UE FAIRE POUR CONTRER LA PUISSANCE DÉVASTATRICE