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M ETTRE EN PLACE DES ASSOCIATIONS , FÉDÉRATIONS ET GROUPEMENTS D ’ ARTISANS DES MÉTIERS DU BÂTIMENT

⇒ P ERSPECTIVES D ’ UTILISATION DES MOYENS FINANCIERS DESTINÉS À LA RECONSTRUCTION

B. M ETTRE EN PLACE DES ASSOCIATIONS , FÉDÉRATIONS ET GROUPEMENTS D ’ ARTISANS DES MÉTIERS DU BÂTIMENT

Il parait évident, à qui fréquente le monde de la construction, qu'il est nécessaire de structurer les professions liées au métier du bâtiment. Si 40.000 maçons, ferrailleurs, contremaîtres et manœuvres travaillent dans les métiers du bâtiment, force est de constater que chacun travaille de son côté et échappe totalement à toute démarche de groupe.

Pratiquant souvent un métier qu'ils ont appris sur le terrain et ne recevant que de moindres informations, les maçons souffrent d'un manque énorme de formations théoriques et pratiques adaptées aux problématiques qu'ils ont à confronter.

Le dicton créole dit: « Le manœuvre vole le métier au boss ».

Jamais de « Pourquoi ? » ni de « Comment ? »; c'est ce que nous avons pu constater au cours des stages et des nombreuses années de formations prestées en Haïti.

Les maçons sont pour la plupart livrés à l' « à-peu-près », aux pratiques répétitives et souvent dangereuses. Quant à ceux qui ont appris quelques notions sur de nouvelles pratiques telles que la construction chaînée adaptée aux zones à risques sismiques, ils ont plutôt tendance à adapter ces notions aux pratiques courantes plutôt qu’à les utiliser suivant un code strict de bonne conduite.

À cela, deux raisons principales: les réalités de l'économie, certes, mais aussi le fait que des structures permanentes de formations et/ou de recyclages d'adultes sont presque inexistantes.

Quand j'étais jeune, beaucoup d'élèves de nos écoles belges quittaient les bancs de la classe au niveau du brevet pour rejoindre le monde du travail ; grâce à des structures d’accueil qui les ont reçu lors de cours du soir ou grâce à des congés de formations payées par les caisses des allocations sociales, je les retrouve maintenant à la retraite avec des compétences d'ingénieurs ou de techniciens supérieurs.

En Haïti, nous avons vraiment besoin d'une fédération de maçons qui offrirait :

⇒ un statut pour les professionnels du bâtiment ;

⇒ une certification des compétences des maçons et de leurs connaissances des règles et des bonnes pratiques (parasismique quand cela est nécessaire) par une fédération qui aurait aussi le pouvoir de sanctionner les fautes graves ;

⇒ la publication dans le moniteur et les journaux de l'indice des prix du secteur de la construction. Cet indice doit refléter et suivre les prix des produits de construction. Si l'index change, l'artisan doit avoir la possibilité d'augmenter ses prix en toute légalité et être cautionné par la loi ;

⇒ des règles et des programmes dans la formation des apprentis ;

⇒ des plans et des devis actualisés ;

⇒ des retraites et des temps de formation spirituelle (le sens) ;

⇒ un service de questions-réponses efficace et joignable par internet ou par téléphone par l'intermédiaire d'un professionnel compétent ;

⇒ des barèmes syndicaux ;

⇒ une incitation du pouvoir législatif à définir par des lois les cahiers des charges de tous les produits entrant dans le gros œuvre d'une habitation ou d'un lieu ouvert au public ;

⇒ un tribunal des métiers du bâtiment ;

⇒ une information sur les prix des matières premières qui concernent le bâtiment ;

⇒ des renseignements sur les produits et les techniques propres à améliorer la pratique du métier et la proportion du coût d'une construction réellement investie dans le bâtiment fini ;

⇒ une rationalisation et une unification au regard de la loi des unités de mesure qui doivent être dans tous les documents officiels et communes à tous les artisans ;

⇒ des cours du soir ;

⇒ des salles de classe ;

⇒ une salle de réunion ;

⇒ etc.

Toutes ces demandes (et bien d'autres!) viennent des artisans eux-mêmes. Si personne ne les prend en considération au niveau des compétences des artisans du bâtiment, ces derniers ne seront ni assez constants ni assez forts pour les faire aboutir.

Il ne s'agit pas ici de créer une structure globale regroupant architectes, ingénieurs et maçons (il y a trop de disparité de cultures et de classes et les intérêts des uns et des autres sont pour une bonne part trop différents), mais d'être totalement et exclusivement au service de la formation permanente et de l'organisation des manuels du bâtiment.

Avant d'agir sur le long terme, une association doit exister, être représentative de ses membres et avoir bien progressé dans la mise en place de systèmes d'information et de formations permanentes.

Il ne serait donc pas raisonnable de mettre la charrue avant les bœufs et de vouloir exiger de l'État ce que l'on n'exige pas de soi-même.

Car la tactique habituelle des gens de bien c'est: ne pas fixer les buts, ne pas prendre les moyens proportionnés, échouer et accuser les méchants.

Il faudrait une personne qui puisse créer une structure capable d'organiser sur le long terme des formations tout en gardant les objectifs prédéfinis. Pour cela, il faudra trouver les perles rares ayant une grande ouverture d'esprit, capables de communiquer et de transmettre leur soif d'apprendre et l'importance de se poser les questions pourquoi et comment.

PARTIE VI

L’EXPERTISE

Suite au tremblement de terre, beaucoup de personnes se sont tracassées, à juste titre, du sort de leur maison endommagée et de savoir si elle risque un futur effondrement ou non.

Pour répondre à ces angoisses, regardons les différents cas de figure:

 La maison n'a pas bougée, elle n'était pas sur un mauvais terrain, elle était construite avec un budget permettant l'achat du ciment et des fers qui convenaient. Les habitants de cette maison peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Pour un éventuel tremblement de terre de même amplitude, les risques d'effondrement brutal sont faibles.

 La maison montre une série de cicatrices et d'ébranlements : une expertise est alors nécessaire pour déterminer la gravité du problème.