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La culture nous révèle d'autres mondes que ceux que nous pouvons percevoir avec nos sens.

Les images qui illustrent ce chapitre montrent bien une réalité peu ou pas perçue.

Pour beaucoup, le seul monde existant et appréhendable est le monde visible, palpable, audible et, accessoirement, celui du goût.

Parler de bactéries, de choléra, d'hygiène et de toute autre connaissance qu'une personne cultivée devrait posséder est un langage généralement écouté par politesse mais peu compris.

Il est plus commun de penser « aux mauvais sorts » ou, pour les rares incrédules, au facteur

« pas de chance » plutôt qu'au monde parallèle de l'infiniment petit ou de l'infiniment grand qui influencent notre vie, notre santé et notre travail sans que nous en sachions grand -chose.

Qui peut, hors la culture, imaginer qu'un lait très propre, au sortir de la mamelle d'une vache en bonne santé contient de 100 à 3.000 germes1/ cm³? Qui peut imaginer que pour être acide, un lait caillé contient plusieurs millions de germes par cm³ ?

L'invention de la photographie, c'est faite par l'observation d'une tranche de pomme-de-terre crue (de l'amidon) devenue plus sombre. Pourquoi ? Que s'est-il passé ? Est-ce l'air qui a fait noircir cette tranche de produit qui contient de l'amidon frais? Est-ce la lumière ? Quoi encore ? Par quelques expériences, Nicéphore Niepce montrera que c'est la « lumière » et le temps d'exposition à celle-ci qui sont importants. Evidemment, il a (et bien d'autres après lui) trouvé mieux que la pomme-de-terre pour fixer une image. Tous ces chemins, ces réflexions, ces questions et tous ces fragments de culture ont donné le monde de la photo et de l'audio-visuel que nous connaissons maintenant.

Il est temps de comprendre que de pareilles notions investissent d'autres champs de la pensée et ne peuvent en aucun cas naître sur un terrain trop inculte.

1Les germes dont on parle ici sont dans le lait: des moisissures, des levures, ou des bactéries.

Encore 5 fois plus grand,

Voici une épingle très ordinaire mesurant à peu près 3 cm. Et voici à droite une photo de cette épingle agrandie 50 fois. L’épingle toute entière mesurant 1,50m.

A titre de comparaison, disons que si vous mesurez – mettons 1,70 m- et que par magie on vous agrandisse aussi 50 fois, vous auriez une hauteur de 85 m et vous domineriez le premier étage de la Tour Eiffel. L’épingle toute entière à 1,50 m.

Sur la 2ème photo, la pointe de l’épingle est agrandie 5 fois de plus : 250 fois en tout. A la même proportion, vous auriez une taille de 85 x 5 = 425 m. Vous seriez nettement plus grand que la Tour Eiffel. La pointe de l’épingle – qui mesure maintenant 7,50 m – n’apparait plus du tout pointue. La matière de l’épingle est striée et sur ces stries apparaît des petites taches blanches.

Il ne nous est pas possible de voir ce qui se passe dans un béton lors de la prise, mais en changeant d’échelle, nous pouvons appréhender le phénomène de durcissement du béton. Prenons le cas d’une roche plongée dans l’eau : toute la surface de la roche est mouillée, l'eau y adhère puis, emportée par la gravité, elle va, si elle est en excès, suivre le film d'eau et venir se concentrer à la partie base de la roche pour former une goutte qui, une fois trop lourde, se détache et tombe.

Rien de bien compliqué ne vient de se passer sous nos yeux et pourtant personne n'est capable d'expliquer la succession des faits et ce qu'ils signifient.

Pourquoi la goutte est-elle tombée ? Les forces de capillarités (adhésions superficielles) et autres qui agissent dans un mélange sont faibles, mais comme nous disons: «A beaucoup de mains aucune charge n'est trop lourde ». En d'autre termes, beaucoup de petites forces peuvent en faire une grande. Chaque molécule d’eau qui adhère à la roche représente une force d’adhérence; en multipliant ces petites forces, nous pouvons imaginer qu’elles deviennent suffisamment grandes que pour permettre la prise d’un béton1.

Nous devons apprendre à voir, avec notre intelligence, au-delà du visible et de l'audible. (De la même façon que pour calculer une fondation, il nous faut calculer le poids d'une construction qui n'existe pas encore…)

« Voir, juger, agir » devient « Agir (construire, créer), voir, juger»: agir (créer dans l'action) nous mène à l'observation critique et, enfin, à la prise de décision. Si vous n'essayez pas de comprendre la cause de vos erreurs pour les éviter et les exclure, vous n'êtes pas en recherche, vous avez démissionné. L'école n'apprend pas à regarder, à voir et à analyser pour donner les bases d'une nouvelle pensée qui serait ouverture sur l'action. L'école nous fait croire que le savoir n'est plus nécessaire après les examens.

Une fois encore, cela nous rappelle que, pour que le peuple Haïtien se prenne en charge, il est nécessaire de sortir d'une culture à minima avec une langue de 1.500 à 2.000 mots. L'acquis d'une langue de communication est indispensable.

Nous sommes résolument dans un monde moderne qui nous écrase plus qu'il ne nous aide.

Notre école, tant par la qualité de ses professeurs que par les modes d'apprentissage privilégiant le par cœur, est une anti-école qui ne prépare pas à la prise en charge des problèmes de la vie de tous les jours ni à la compréhension des problèmes complexes.

Nous avons le droit de nous poser la question : « Pourquoi ceux qui ont le pouvoir refusent-il que les choses changent? »

1Forces de Van der Waals et autres

Une dernière fois on multiplie par 5. Le coefficient d’agrandissement est de 31.250 fois ! Avec vos 53,125 km, vous prendriez votre bain de soleil entre Paris et Fontainebleau. Les petites capsules sont devenues des espèces de hot dog posés sur une épingles de 927,50 m. En fait, il est temps de le dévoiler, ce sont des bacilles, bactéries très communes et inoffensives en forme de bâtonnets.

Tout le monde sait que ce n’est pas grand un microbe, mais à ce point-là, l’auriez-vous imaginez ?