• Aucun résultat trouvé

Alors que des millions d’euros sont investis chaque année en France dans la recherche de nouveau médicaments, ne vaut-t-il pas faire en sorte que les patients prennent déjà ceux prescrits ?

- Réduire le nombre de comprimés et de prises médicamenteuses.

Un patient des focus groups avait souligné qu’un nombre de comprimé important à prendre constituait un frein à son adhésion au traitement.

Il semblerait que pour maintenir un taux d’observance suffisant, c’est-à-dire plus de 80%, le nombre de comprimés ne devrait pas excéder 4.

Dans certaines pathologies chroniques lourdes, comme le VIH, nécessitant des prises médicamenteuses pluriquotidiennes, de nouveaux médicaments combinés ont été mis sur le marché. En effet, ces dernières années, les firmes pharmaceutiques ont essayé, en plus d’améliorer la tolérance des antirétroviraux, de diminuer le nombre de prise et de comprimés jusqu’à proposer aujourd’hui des combinaisons en un comprimé unique.

Une étude réalisée en France en 2013 a démontré que l’observance d’un traitement antirétroviral était plus importante chez les patients qui ne prenaient qu’une prise par jour versus deux prises et ce résultat persistait 96 semaines après le début de l’étude. Le suivi de l’adhérence n’était malheureusement pas plus long. (94)

Dans l’hypertension artérielle, le diabète et l’asthme notamment, on a également vu apparaitre ces dernières décennies des médicaments « combinés » comprenant plusieurs principes actifs, appelés associations fixes.

Dans le diabète non insulinodépendant par exemple, l'association fixe biguanide-sulfonyluré a confirmé sa supériorité en termes d'observance sur les poly thérapies antidiabétiques orales. Il

196

en est de même pour le nombre de prise : 79 % d’observance pour 1 prise médicamenteuse à 66 % pour 2 prises et 38 % pour 3 prises par jour. (94)

Il serait peut-être intéressant pour les patients nécessitant une trithérapie (qu’elle soit anti hypertensive, anti diabétique ou autre), de créer une association fixe de trois principes actifs, afin d’améliorer l’adhérence, ou encore d’avoir plus de médicaments à libération prolongée pour diminuer le nombre de prises, et ainsi favoriser l’observance.

- Améliorer la tolérance médicamenteuse.

La tolérance est l'aptitude de l'organisme à supporter une substance sans manifestation nocive, c’est-à-dire sans effets indésirables.

Un bon nombre de patients que nous avons rencontré ont dit avoir arrêté leur traitement car ils le toléraient mal.

C’est là le rôle des industries pharmaceutiques. Elles travaillent déjà sur la tolérance médicamenteuse, frein majeur à l’adhérence du patient. Un traitement avec des effets secondaires gênants ou handicapants ne sera pas pris. (13) Elles ont pour but de limiter les effets secondaires les plus gênants, tout en sachant que l’absence d’effets indésirables ne sera jamais possible.

- Améliorer le conditionnement des médicaments :

Un « mauvais » conditionnement des médicaments est également un facteur de sous-observance. En effet, comme nous l’avons énoncé dans la partie Résultats, certains patients ne font pas renouveler leur ordonnance à temps car certaines boîtes de médicaments contiennent 30 comprimés alors que d’autres n’en contiennent que 28. Il est alors fréquent de constater en consultation que les patients ne prennent pas tel ou tel médicament depuis 2 ou 3 jours car ils n’en ont plus, alors qu’ils leur reste des comprimés d’autres médicaments.

En France, les médicaments sont mis en boîtes, alors qu’il est intéressant de noter que dans d’autres pays, y compris de l’Union Européenne, les médicaments sont délivrés à l’unité. (27) Ceci permettrait d’éviter le gaspillage lié aux emballages (souvent luxueux pour certains produits), mais également de délivrer uniquement la quantité de comprimés désirée par le médecin, ce qui serait très intéressant en ce qui concerne les antibiotiques et les anxiolytiques

197

notamment. En effet ça permettrait de réduire l’automédication, et donc le taux de résistance de certains antibiotiques par exemple, souvent pris en automédication par les patients.

En avril 2014, une étude a été initiée sur proposition du gouvernement dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité Sociale 2014 en France, permettant à certaines pharmacies de Lorraine, Limousin, Provence-Alpes-Côte d’azur et Ile de France, de délivrer certains antibiotiques à l’unité pour une durée de 3 ans. Les modalités des conditions de mise en place de cette expérimentation ont été publiées au Journal Officiel. Au total, 14 antibiotiques sont concernés. (95) Peut-être un premier pas vers une généralisation des médicaments vendus à l’unité.

Le packaging est notamment pour les médicaments génériques d’un même laboratoire, source de confusion pour les patients. Les patients reconnaissant plus leur traitement à la couleur des comprimés et à la forme de la boîte qu’aux noms DCI qu’ils considèrent comme « barbares » . Il serait donc intéressant pour les laboratoires de différencier clairement les différentes boites de médicaments, pour limiter le risque d’erreur et favoriser une meilleure acceptation des médicaments génériques.

- Concernant les médicaments génériques :

Le Code de la Santé Publique définit le médicament générique comme « < celui qui a la même composition qualitative et quantitative en principe actif, la même forme pharmaceutique, et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence est démontrée par des études de biodisponibilité appropriées< ». Le médicament générique est donc la copie d’un médicament original qui, lui, ne bénéficie plus du droit d’exclusivité car le brevet est tombé dans le domaine public. Les spécialités génériques sont soumises aux mêmes degrés d’exigences et de qualité que ceux des spécialités de référence. (27)

Cependant, si le médicament contient le produit actif de référence princeps, il n’est pas identique dans sa forme, sa taille, sa couleur, et dans ses excipients. C’est bien là ce qui fait défaut, car il y a un risque d’erreur important, et les patients des études le mettent en avant. En effet, des comprimés peuvent remplacer des gélules, un comprimé sécable sans sa forme princeps peut ne plus être sécable, la forme d’un comprimé peut différer de même que sa couleur.

Pourtant, la loi N° 2011-2012 du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé précise dans l’article L.5121-10-3 que « Le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle protégeant l’apparence et la texture des formes pharmaceutiques orales d’un spécialité de référence au sens de l’article L. 5121-1 ne peut interdire que les formes pharmaceutiques orales d’une spécialité générique susceptible d’être substituées à cette

198

spécialité en application de l’article L.5125-23 présentent une apparence et une texture identiques ou similaires». (27)

Certains patients de l’étude suggèrent donc qu’il faudrait que les médicaments génériques se rapprochent le plus possible de la forme et de la couleur pharmaceutique du médicament princeps pour éviter les erreurs, parfois fatales. C’est également ce qui pourrait expliquer les mauvais chiffres d’acceptation des médicaments génériques en France.

Par ailleurs, un autre problème soulevé par les focus groups et retrouvé dans les entretiens, était que le packaging des boites de médicaments pour un même médicament pouvait varier d’un mois à l’autre. En effet, les pharmacies passent souvent des commandes de gros au laboratoire le plus offrant. Ce qui a pour conséquence des boites de couleurs différentes, un comprimé pouvant varier par sa forme pharmaceutique, sa couleur, d’un mois à l’autre avec un risque d’erreur non négligeable et un risque de moins bonne observance.

Renouer le dialogue.