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Matériel et méthodes. 2

3.1. Ressentis et constats énoncés par les participants sur l’usage du médicament

3.3.3. Les médicaments génériques. - Une réticence majoritaire

Les personnes précaires ont, comme dans la population générale, un avis partagé sur les médicaments génériques. Ils sont réticents dans l’ensemble, craignant le « faux » et préférant le « vrai » : « (<) Et maintenant, mon médecin marque le vrai ».

La peur d’un manque d’efficacité et d’une mauvaise tolérance sont les principaux arguments avancés.

« Les génériques ça marche pas toujours ». « Le générique il me fait rien ».

« Ca fait pas le même effet les génériques ». « Il est pas bon ».

« (...) il est moins fort ».

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« Moi je prends plein de génériques, mais y en a un qui ne marche pas ».

« Mais je sais pas, il faudrait regarder, les génériques qui sont fait par les mêmes laboratoires que le normal, ça marche. Mais si c’est des génériques qui sont faits par un autre laboratoire, ça ne marche pas ».

« Moi je pense à ma fille qui a eu un petit souci avec son bébé dernièrement, ils lui ont donné un petit traitement, ils lui ont donné des génériques et ça lui a provoqué des allergies. Donc maintenant, parce qu'on dit voilà je prends un générique, donc maintenant elle en a peur (<) ».

- Une présentation différente par rapport au princeps.

Un des principaux problèmes posés par les génériques, est que la forme ou la couleur ne sont pas toujours identiques au médicament princeps, ce qui accroit le risque d’erreurs. Cité ci-dessous le cas du SPASFON LYOC ®. Le princeps est sécable, le générique ne l’est pas. Il en est de même pour le Xanax et son générique en fonction du laboratoire qui le fabrique.

« Quand on le donne aux enfants, le SPASFON® c’est quand on a mal au ventre et quand ils ont été opérés par exemple à l’hôpital d’enfant, très souvent on donne ½ SPASFON®. Et le SPASFON® générique, enfin le générique ne se casse pas donc les médecins donnent ...Ils sortent de l’hôpital et les médecins font une ordonnance de SPASFON® machin lyoc et sécable ½ ou ¼ de comprimé. Ils arrivent chez le pharmacien, il dit : « écoutez ils mettent rien donc générique ». Mais l’autre il a juste dit de couper il a pas pensé que le générique se coupe pas ». « Moi j’ai du XANAX®, je pouvais le couper en 2 parce que j’en prenais ½ le matin, puis un complet le soir. Le générique il est encore plus petit et il a pas de forme ! ... »

- Un risque d’erreur.

Cette présentation différente peut également entrainer un risque d’erreur de prise avec des conséquences non négligeables, comme l’illustrent ces quelques extraits.

«(<) parce qu’avant celui pour le cœur, il était rouge et maintenant il est blanc comme celui pour le diabète et à un moment donné je me suis demandé si je m’étais pas trompée, que je ne prenais pas le double de médicament pour le diabète».

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« - Elle a mélangé ! Parce qu’elle avait un médicament qu’elle avait l’habitude pour son cœur, il était rose en forme de trèfle ou d’étoile je sais plus !

- de cœur ?

- de cœur ! Et puis ils lui ont donné un générique qui avait une autre forme(<) et elle a mélangé et c’était grave parce qu’il y a eu des effets secondaires. Elle s’est retrouvé à l’hosto ». « - Ben, j’ai pris 2 fois le même, j’ai pris 2 fois le cachet du cœur...

- oui parce qu’il est de même couleur ou même de forme

- oui parce qu’avant j’avais un rose et un blanc, et puis j’ai pris 2 fois la même chose - parce que le blanc c’était le générique

- voilà et je tournais, je tournais, et mon mari a dû appeler le Samu ».

Pour limiter le risque de confusion, le pharmacien note sur les boites de médicaments génériques, le nom du princeps.

« Il me marque bien sur les boîtes ! .... Maintenant ça y est j’ai compris mais il me marque toujours, il me dit : « on ne sait jamais ».

Un autre problème sans cesse évoqué est inattendu : c’est que les pharmacies ne commandent pas toujours les médicaments génériques au même laboratoire ! Ce qui a pour conséquence des boîtes de couleurs différentes, un comprimé qui peut différer par sa forme, par sa couleur, et ce d’un mois à l’autre, ayant pour conséquence un risque d’erreur non négligeable.

« (<) Donc, vas-y pour t’y reconnaître. Ça change tout le temps, ce n’est pas la même boîte, c’est des noms barbares, ce n’est pas la même couleur. Mais pourquoi est-ce qu’ils les changent ? ».

« Oui, non mais le problème des génériques< Moi j’avais la liste de tous les médicaments, alors je prends ça, ça, ça. Mais le truc, c’est qu’après ils changent à chaque fois parce qu’en fait, s’ils changent de laboratoire, ça change de nom. Donc après tu sais plus où t’en es ».

« Les pharmaciens qui changent les boîtes de médicaments à tout bout de champ, c’est-à-dire qu'un jour c'est une boîte verte ensuite c'est une boîte jaune. Pour les gens qui savent pas lire, c'est du n’importe quoi ».

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« Tous les génériques que j’ai viennent du même laboratoire, et c’est même chiant, parce que toutes les boites sont de la même couleur. Elles sont blanches et violettes, non mais ! Alors que ce soit le médicament pour le diabète, le médicament pour l’estomac, le médicament pour l’hypertension, toutes les boites sont blanches et violettes. C’est l’idéal hein ! Alors tout ça, avec des noms à la con, enfin non, mais c’est quand même vrai qu’ils se terminent quasiment tous pareil ! Donc moi maintenant, je commence à repérer par rapport aux tablettes ».

- Une acceptation contrainte.

La majorité acceptent les médicaments génériques, mais en se sentant obligé, car ils ne pourraient pas avancer les frais en cas de refus des génériques. En effet, le dispositif « tiers payant contre génériques », renforcé depuis juin 2012 et aujourd’hui appliqué sur l’ensemble du territoire français, consiste à réserver le tiers payant aux assurés qui acceptent la délivrance de médicaments génériques lorsqu'il en existe pour les médicaments qui leur sont prescrits. Dans le cas contraire, le tiers-payant n’est plus applicable et le patient doit alors payer le médicament dans son intégralité.

« (<) Alors elle dit quand elle a son petit, moi je veux pas des génériques à ce moment, oui mais alors on lui dit faut que tu paies. On nous oblige à prendre les génériques ».

En parlant des médicaments génériques :

« Moi je m'en fous du moment que c'est remboursé par la CMU, tant que j'ai rien à payer c'est ce qui compte ».

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3.4. Stratégies mises en œuvre.