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Matériel et méthodes. 2

3.1. Ressentis et constats énoncés par les participants sur l’usage du médicament

3.2.3. La relation soignant-soigné, facteur d’observance

Le médecin traitant est au cœur de la prise de la prise en charge du patient. C’est lui qui assure la continuité des soins, et la mise en relation du patient avec les autres spécialistes du monde médical et paramédical. Pour la plupart, un climat de confiance s’est instauré au fil des années.

80 « J’aime bien mon médecin ».

« Je suis très bien avec mon docteur, ça fait 40 ans. J'ai jamais changé».

« 40 ans, il nous connait tous il sait quoi faire, il nous connait à fond, 40 ans, vers lequel on a le plus confiance ? C'est toujours le généraliste ».

« (<) Et chez qui je me suis tournée, vers mon généraliste. On a plus confiance au généraliste, qui nous connait, et qui nous écoute et puis que < et qui nous connait parce qu'en ce moment je lui dis n’importe quoi, enfin je lui dis tout (<) je me confie voilà, donc c'est toujours vers lui qu'on se renseigne, qu'on se tourne ».

« Si le médecin il te donne un traitement (<) bon moi je suis le traitement à la règle j'essaie d'être assez rigoureuse ».

Parfois, la relation est plus instable, comme ici avec un diabétologue, facteur de moins bonne observance.

« Je ne veux plus voir un diabétologue, c'est clair. C'est net, je ne veux plus voir un spécialiste, ils te prennent pour des cons tout le temps ; t'en vois un et 6 mois après c'est plus le même à l'hôpital, t'en vois un autre et il te change tout ton traitement et chaque fois c'est comme ça< Après on s’en sort plus ».

3.3. Les difficultés rencontrées face à une prescription

médicamenteuse.

3.3.1. Les médicaments non remboursés.

- Une source d’angoisse.

Un sentiment de peur est dominant chez les participants lorsqu’on évoque ce sujet. Parfois ils se retrouvent avec une ordonnance et ne savent pas si ce qu’elle contient sera remboursé ou pas.

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« Des fois on est remboursé, des fois on l'est pas, et c'est cette angoisse permanente de savoir, de pas savoir justement. Est-ce que je vais devoir payer, est-ce que je ne vais pas devoir payer, ne pas pouvoir prévoir, c'est ça qui est dur et rend la vie dure ».

« C’est comme au loto<tu peux pas savoir < ».

- Un problème notamment pour les maladies infectieuses.

Il existe de fait un certain nombre de médicaments non remboursés, notamment dans les pathologies ORL, cutanés, infectieuses, parasitaires.

Très peu de médicaments notamment sont remboursés pour les pathologies infectieuses de la sphère ORL.

« C’est vrai que le sérum physiologique c'est un vrai problème ». « Les sirops pour le gosse, il nous a dit c’est plus remboursé » « Les trucs dans le nez, de ta poche »

Un autre problème est celui des pathologies parasitaires. Les traitements sont souvent non remboursés et onéreux, notamment les traitements contre la gale, pathologie très contagieuse, qui va le plus souvent toucher les patients précaires, avec un risque épidémique important en l’absence de traitement adéquat. Les traitements locaux ne sont pas remboursés et sont les seuls possibles chez le nourrisson et l’enfant jusqu’à 15kg. Le traitement spécifique du linge et de la literie est également non remboursé. Les produits spécifiques contre la pédiculose de tête sont également à la charge du patient.

« (<) les trucs pour la gale, presque 30 euros on a dû payer. Rien n’était remboursé. »

Les vitamines B1-B6 en prévention des neuropathies chez les patients alcooliques ne sont pas remboursées également.

« Ben moi j’en ai besoin, c’est pas remboursé. Alors quand je prends de la PP ou de la B1, c’est 10 euros la boîte. J’en ai pour 15 jours. Donc ça fait 20 euros par mois ».

« Ben de toute façon les vitamines, on a des problèmes, c’est pas remboursé ».

Beaucoup d’autres médicaments ne sont plus remboursés, la BIAFINE pour les brûlures cutanées du premier degré, l’alcool à 60° à visée anti-inflammatoire localement, certaines seringues pour des traitements médicaux spécifiques, <.

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« Quand je vais voir le dermato, le produit proprement dit est remboursé, mais pas les accessoires de soins ».

« On pensait aux seringues qui accompagnent un traitement de 1500 euros, les seringues ne sont pas avec, c’était difficile à certains moments (<) ».

« Mais les seringues et les compresses, et l’alcool à 60°C, c’est ma pharmacienne, qui me les a filés. Elle s’est débrouillée (<) ».

- Une cause majeure d’inobservance médicamenteuse.

La plupart des patients en situation précaire vont refuser les médicaments non remboursés prescrits.

« Tout ce qui n’est pas remboursé, je prends pas, j’ai pas les moyens ».

« Ben, de toute façon, quand les médicaments ne sont pas remboursables, je les refuse comme ça c'est pas difficile ».

« Alors, bon c’était pas remboursé ? Alors tu te les gardes ! J’en veux pas ».

« Les médicaments qui sont pas remboursés ? Systématiquement je les refuse, je peux pas ... je lui dis : « excusez-moi mais 5 euros, c'est un minimum, mais je peux pas ça fait mon pain pour une semaine ».

« Moi je vois ma fille, elle a eu un médicament qui n'est pas remboursé pour son petit, elle l'a pas pris, elle me dit : « moi, je peux pas Maman ! Je peux pas donner 6 euros c'est pas possible pour une boite de machin, je peux pas me permettre< ben elle l'a pas pris ».

« Et il y a plein de médicament, quand c'est du sirop, des trucs comme ça, c'est pas remboursé ben les familles prennent plus de sirop... ».

« (<) C’est très compliqué en fait, et puis alors, il y a les médicaments complètement dé remboursés et là je sais que le mois-ci, j'ai dit que je le prendrai pas. Parce que lui tout seul, la pommade toute seule elle fait 47 euros, le tube de pommade ».

« (<) Moi personnellement si ça m'arrivait, je ne me soignerai plus du tout, je vais plus voir nulle part, c'est impossible parce que les médicaments ils sont trop chers ».

« - La dernière fois j'en ai eu pour 45 euros. J’ai refusé. - Après ça devient grave quand on refuse les médicaments ».

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« Moi personnellement si ça m'arrivait je me soignerai plus du tout, je vais plus voir nulle part, c'est impossible parce que les médicaments ils sont trop chers ».

Cités ci-dessous des extraits tirés d’un échange avec des pharmaciens d’officine.

« En tant que pharmaciens, on ne peut pas substituer les produits sans l’accord du médecin. La personne doit alors retourner chez le médecin pour avoir une autre ordonnance. Il doit à nouveau débourser 28 euros pour le spécialiste. Il ne peut pas payer cette somme donc il ne fait rien ».

« Si la personne vient avec son ordonnance, elle ne peut pas avoir les médicaments qui sont dessus parce que ce n’est pas remboursables. Donc, il faut qu’elle retourne chez le médecin pour se faire prescrire des médicaments remboursés. Si elle ne peut pas faire l’avance en allant à nouveau chez le médecin elle ne peut pas se faire soigner ».

Certains paieront les médicaments non remboursés prescrits, en prenant le strict nécessaire pour se soigner.

« On prend le nécessaire, c'est tout ». « Ben si on n’a pas le choix on met au bout ».

« Quelques fois je paie car les médicaments pour la toux ne sont pas remboursés, alors le pharmacien me donne le choix : vous prenez ou vous ne prenez pas ? ».

- Le rôle du médecin généraliste.

Certains médecins sont attentifs, et prescrirons uniquement des médicaments remboursés lorsqu’ils se retrouvent face à des personnes précaires.

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3.3.2. La franchise sur les boites de