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Il lui faut un

baiseur

. Une semaine sans

baiser

. Elle décida qu’elle se vernirait également les ongles des pieds et des mains. De retour sous la douche, en laissant le jet et la mousse préparer l’ action du rasoir, elle eut l’ idée de se raser le

pubis

et l’entrecuisse tout entier. C’ est une opération délicate et longue, mais elle avait le temps. Il était dit qu’elle serait

hyper-sexy

aujourd’hui. Après l’ épilation intégrale, elle se détailla à nouveau dans le miroir, tout en s’ enduisant le cou, les bras, l’ arrondi et le dessous des

seins

, le ventre et les épaules de lait hydratant. Elle vaporisa sur les parties rasées une

eau de Cologne naturelle qui atténuerait le feu de la lame. Puis elle repassa au

Nivea

, n’ oubliant aucun pli, aucun recoin de sa moitié australe, y compris entre ses

fesses

, ce qui lui causa en plus aigu la même sensation de

désir

et de gêne que tout à l’ heure. Elle opta pour un porte jarretelle bordeaux. Elle n’avait plus de slip coordonné, tant pis, ou tant mieux pour son

amant

d’ ailleurs, elle n’en portera pas. Elle choisit des bas chair, il ne fallait que personne ne se doutât de son harnachement à l’heure. Elle penchait alors la tête en arrière pour laisser ses cheveux flotter dans le vent, les yeux perdus dans les lumières du manège ou le bleu du ciel. Elle adorait ce sentiment de chavirer entièrement, de s’abandonner à une ivresse totale, hors de l’espace hors du temps.

Bon.

Emmanuelle Brésilienne

se vêtait de tenues

sexy

, propres à exciter son homme, toutes plus transparentes et courtes les unes que les autres. Les idées se mélangent inlassablement dans sa tête. Mais aucune de correcte. Elle était de ces femmes à la beauté si délicate qu'elle en devenait presque effrayante. Celles qui vous captivent dès la première rencontre, avant même qu'elles aient pris conscience de votre existence. Les nombreuses évocations du monde

libertin

qui parsemaient son quotidien depuis quelque temps, et nourrissaient ses

fantasmes

. Il s’ agissait de petits déshabillés légers, de combinaisons ou de nuisettes, en tulle ou en mousseline de soie, courts, parfois accompagnés d’ un string en dentelle assorti qui disparaissait dès qu’elle utilisait ses jouets. Elle marche. Une beauté à se retrouver dans les magazines, sa majorité venue. Des magazines cochons circulaient en secret. On y voyait de superbes créatures dénudées. Des

seins

somptueux, des

culs

formidables, quelques poils, mais pas davantage. Elle a toujours aimé regarder les femmes et en apprécier la beauté. C’ est un jeu de

séduction

feutré entre elles. Surtout, elle portait une veste rouge en mohair velouté qui lui mit direct en émotion pour elle. Maquillage léger, robe rouge assez stricte, petites sandales, mon sac à main et la voilà dans les

trotoirs

.

L’exhib… Ah,

l’exhib !

Quelle étrange sensation, le visage dans la fraîcheur du vent, le buste encastré dans une gaine de métal, et ces mains qui folâtrent près de mon

entrejambe, lui réchauffant le ventre!

La courte distance lui séparant des ouvriers la permit de voir, aux bosses caractéristiques des pantalons, l’effet qu´elle avait produit! Ça existe ce genre de

perversion

? Elle a regardé le ciel, prit des gouttes de bruine sur le nez et renfoncé son chapeau sur sa tête. Elle a fait ce qu'elle avait à faire et a un peu de temps à tuer. Alors elle va se livrer à son activité favorite. Elle marche. Elle pense, trop fort. Puis au fil des pas sur les pavés humides, le bruit de la ville se mue en bruit de fond et elle rejoint ses propriétés. Elle voit défiler les gens autour d'elle, elle se voit marcher mais comme extérieure à elle-même. C' est arrivé si souvent auparavant qu'elle veuille s'asseoir sur le trottoir, n'importe où, et regarder les gens continuer à défiler sans elle. Cette fois, elle marche. Elle remonte quelques rues, tourne au hasard,..

La pluie ne le découragea pas et pourtant ce n'était pas une pluie lourde et chaude d' un orage d' été mais plutôt une bruine froide et fine capable de transpercer en moins de cinq minutes la veste la mieux imperméabilisée. Il trouva refuge dans le bar de l'

Aviation

le bien nommé car situé juste à coté du port. Il devait être trois heures du matin et commanda une bière.

Un homme, en imper et chapeau mou, il attend. Il sort une petite flasque recouverte de cuir usé, il s' en envoie une lampée, puis referme la flasque. Il s' allume une

gitane

, il réfléchit, le met un peu dans les vapes.

« J'ai buté des politiques, des gangsters, des milliardaires et des

pourris. Et même, une fois, une femme. »

C' est la grande banlieue, il fait nuit, c'est l' hiver mais l' homme n'a pas froid, il ne sent rien. Une heure qu' il attend, immobile, comme un crocodile.

« Quand on a ça dans le sang. Tuer. C'

est un métier, c' était ma vie. Mes employeurs c'étaient des cadors, des

affranchis ou des cartels, des associations de malfaiteurs. »

Il tire fort sur la cigarette, il a les doigts qui tremblent, il est habitué

. « Pas des

associations de locataires. Le syndicat du crime…pas le syndic de l'

immeuble. »

Il jette la clope par terre et l' écrase, il entend le râle qui monte et qui descend dans sa gorge, comme un vieux wagon qui crisserait dans une mine de charbon, une mine de goudron. Il ne tousse plus, de peur d' y laisser des lambeaux de chairs. Alors il laisse la crasse encroûter ses bronches. Il n'en

n'a rien à foutre, ça fait dix piges qu'il ne parle plus à personne. Dix piges que son dernier pote a canné. Les

fugitifs

, quant à eux, n' étaient que deux, le premier beaucoup plus vieux que le second. De peur ou d'affection, ils n'avançaient pas sans être étroitement collés l' un à l' autre. Un jour, le plus jeune, par une série de coups d'œil profonds et appuyés, réussi à faire parvenir les doutes et les peurs qui le tenaillait à son aîné. Ce dernier lui rendit l' antipode de son regard, les yeux remplis d' espoir et de confiance en leur réussite. Ils ne parlèrent pas. Ils avaient une autre façon, bien à eux et tout aussi efficace de communiquer. Le grand fixait son cadet longuement et mit soudain fin à cet échange muet. Et c' était tout. Ils étaient repartis et le petit avait compris. Ils réussiraient. Ensemble.

Pourtant, elle n' avait aucune idée de l' heure qu' il pouvait être ni depuis combien de temps elle attendait dans ce couloir désert. De temps à autres, des bruits lui parvenaient. Proches et lointains. Etouffés ou sonores. Chaque fois indéfinis; elle ne les écoutait pas. Une cloche avait sonné un coup, quelque part… Et parfois, des rumeurs d'automobiles, ouatées. Inutiles. Une sirène d' ambulance… Elle ferma les yeux. La suite des évènements révéla qu' elle se trompait néanmoins sur un point… Son œil s' ouvrit alors brusquement et révéla au monde un iris vert encerclant une pupille sombre et dilatée de panique. Il y eut un cri déchirant le voile d' un silence trop pesant, suivi d' une

plainte, longue.

Des actes précipités, une autre fuite, celles des

assassins

. Un gémissement. Et puis plus rien.

Y' a un

mec

qui vient d' apparaître en bas de l' immeuble au coin de la rue.

Emmanuelle

se colle contre le renfoncement de porte qui lui sert de planque. Il est couvert de nuit, personne ne peut le voir, il observe.

Emmanuelle

sort de sa cachette. Le

mec

traîne un chien au bout de sa laisse, il est en robe de chambre, avec un slip en dessous. Il sort son

flingue

, un vieux

45

qu' il graisse tous les jours depuis vingt piges. Il tire sur le chien

"PAM!

PAM!"

deux balles qui lui arrachent la tête, le clébard il reste un moment

debout avec un geyser de sang à la place de la caboche, on dirait un volcan en éruption, Elle n' a jamais vu ça. Il regarde le

mec

à coté du chien, il est pâle, il est paralysé, ses jambes nues et maigres, trahies par l' ouverture de la robe de chambre, tremblent en s' enfonçant dans le bitume et sur sa gueule se tord une vilaine grimace, de l' incrédulité déformée par la terreur. Elle regarde le

mec

, puis bute le

mec"PAM!"

une balle dans le ventre, il sait que ça suffit, le

mec

va pas crever tout de suite,

Emmanuelle

s' en fout. Le gars baigne dans son sang, dans le sang de son chien, le geyser s' est épuisé, plus un bruit, plus personne ne bouge. Les coups de feu ont réveillé tout le voisinage, mais personne ne bouge.

« C' est la terreur dans les chaumières ».

Elle s' allume une

gitane

, il avance vers ses refroidis et les regarde de prés. Il regarde autour de lui, c' est toujours le désert, les façades restent muettes, il sait que là haut ça téléphone aux

flics

. Il est bien au mitan de la rue, le

cadavre

du pante et de son chien à ses pieds.

« C' est fini, je vais attendre maintenant. »

Les sirènes, enfin, les lumières rouges et bleu qui flottent sur les murs, les pneus qui crissent, les portières qui claquent, les cris, et les projos en plein dans les chasses.

Les portières qui claquent… Elle ferma les yeux, juste après la guerre. Un autre homme entra, la trentaine, distingué. Il portait un costume et des petites lunettes rondes. Bizarrement, il me rappelait quelqu’ un. Elle le dévisageait le plus discrètement possible. Désormais tout lui semblait irréel. Elle était toujours impassible. Comme s’ il ne s’était rien passé. Il lève son

flingue

, un des

flics

crie aux autres de se planquer. C' est le grand calme plat, des chuchotements, le cliquetis des armes, les gyrophares tournent, tout doucement, éclairant les visages de bleu, de rouge, de blêmes. Les quatre

flics

braquent leur

Manhurin

, y' a un type là bas, en plein milieu de la rue, il porte un chapeau et un imper comme les gangsters dans les films de

Melville

et à ses pieds, y' a le corps d' un

mec

. Et d' un chien aussi. Pourquoi un chien? Le type avait valsé, quatre balles comme au

stand

, tête poitrine ventre et couilles, c' était le tarif pour avoir tiré sur des

keufs

. Un

flic

était mort, l' autre blessé grave pleurait sa mère, y' avait le clebs aussi, puis le type en robe de chambre et en

slibard

.

Emmanuelle

vit les trois petits flashes à une trentaine de

mètres, juste en face de lui, il sentit un clapet se fermer dans l' intérieur de sa gorge, il serra les fesses, instinctivement, et la mâchoire. C' est elle qui morfla en premier.

- C' est une balle, c'est ce qu'on envoie au gars quand y'a un contrat sur