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Sessions de 1966 à 1976 : Tahar Chériaa et son influence empreinte de militantisme

B. Les Journées Cinématographiques de Carthage:

1) Sessions de 1966 à 1976 : Tahar Chériaa et son influence empreinte de militantisme

- La 1ère session du 4 au 11 décembre 1966

La première session des JCC, intitulée «Festival International des Journées

Cinématographiques de Carthage (FIJCC»), s’est déroulée dans la prestigieuse

salle de l’édifice le Palmarium donnant sur l’artère principale de la capitale, qui demeure, jusqu’à nos jours, le centre névralgique des JCC, la quasi totalité des salles de cinéma, depuis le protectorat français, se trouvant dans cet espace.

L’ensemble du gouvernement jusqu’au sommet de l’Etat y a participé. Le Président de la République Habib Bourguiba a convié les participants à une réception au palais de Carthage et la première dame de Tunisie Wassila Bourguiba a suivi la manifestation de près. Cette session a été présidée par Lamine Chebbi53, président du Comité Culturel national ; les membres du jury

étaient Antoni Bohdziewicz54 de Pologne, Romano Calisi55 d’Italie, Louis

Marcorelles56 de France, Semih Tugrul57de Turquie, enfin Hamadi Ben Mabrouk58

et Tahar Chériaa de Tunisie, ce dernier cumulant les fonctions de secrétaire général et président du jury.

53 Lamine Chebbi est un homme politique tunisien. Il est le premier secrétaire d'État (équivalent de ministre) de

l'Éducation nationale de la Tunisie indépendante.

54 Antoni Bohdziewicz est un réalisateur polonais, il est ex président de la Fédération des Cinés-Clubs Polonaise. 55 Romano Calisi est un professeur à l’université de Rome.

56 Louis Marcorelles est un journaliste et critique de cinéma, il est secrétaire génèral de la Fédération

Internationale de la Presse.

57 Semih Tugrul est un professeur, journaliste et critique de cinéma, il est ex directeur de la télèvision nationale

turque.

58Hamadi Ben Mabrouk est journaliste et critique de cinéma, il est ex membre de la Féderation de la Presse

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La session était ouverte aux cinéastes du monde entier, surtout aux pays nouvellement indépendants et aux pays de l’Est qui produisaient un cinéma différent. Dans cette ambiance de lutte contre le cinéma dominant, américain en particulier, les films dits commerciaux du genre hollywoodien n’ont pas eu droit de cité.

Cette session inaugurale a rassemblé trente et un pays du monde dont dix pays arabes et africains, avec cinquante et un films (courts et longs métrages) dont quarante films en compétition produits par la RDA, la Bulgarie, l’URSS, la France, la Grande Bretagne, la Hongrie, la Hollande, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la Finlande, l’Iran, le Pakistan, la Suisse, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la RFA, la Grèce, l’Italie, la Pologne, la Turquie, la Belgique le Sénégal, la Guinée, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, la Libye, le Maroc, le Koweït, le Zaïre et le Liban.

En revanche, le film tunisien qui devait être projeté en avant-première «El-

Fejr:l’Aube» de Omar Khlifi59 dont les photos figuraient sur le dépliant du festival

n’était pas prêt!

Plusieurs personnalités littéraires et culturelles ont contribué à ce festival, car il est vrai que dans cette moitié des années soixante la Tunisie est perçue comme un pays moderne et ouvert sur toutes les cultures du monde. Cette fête, bon enfant, a été soutenue par des actions plus sérieuses avec la tenue de plusieurs colloques :

• le cinéma méditerranéen et arabe dirigé par Enrico Fulchignoni et Georges Sadoul ,

• le cinéma libanais par André Bercoff60,

59 Omar Khlifi est un cinéaste tunisien (voir annexe N°8, p.434). 60

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• le cinéma italien par Romano Calisi,

• les tendances actuelles du cinéma socialiste par Antoni Bohdziewicz,

• le cinéma turc par Semih Tugrul ,

• une rétrospective du cinéma franco-magrébin,

• des débats publics animés par des membres de la FTCC et d’autres ; il s’agit là d’une spécificité tunisienne qui a été reprise par d’autres festivals.

L’Afrique subsaharienne fut à l’honneur avec l’attribution du premier Tanit d’or au film «la Noire de» de l’écrivain et réalisateur sénégalais Ousmane Sembene, face à une concurrence rude de films provenant d’Orient et d’Occident ; ce film avait été primé auparavant dans le cadre de «la Quinzaine

des Réalisateurs» au festival de Cannes en 1965.

Le Tanit d’argent fut décerné au film tchécoslovaque «le Premier cri» de Jaromil Jires. Quant aux courts métrages, le Tanit d’or fut décerné au film iranien

«Dawn of the capricorn» et le Tanit d’argent au film koweitien «le Faucon» de

Khaled Essiddik alors que la Mention Spéciale était attribuée au film italien

«Nouveaux témoignages sur la peinture étrusque» réalisé par Mario Carbone.

Cette présence massive pour une première session dans un pays dénué d’infrastructures cinématographiques ne peut-être qualifiée que de réussite. Étonnamment, l’Egypte, le plus gros pays producteur, distributeur et exportateur de films pour les pays africains et arabes, n’a pas participé à cette session suite au discours prononcé par le président Habib Bourguiba le 29 février 1965 au camp palestinien «Alebat Jacher» près de Jéricho où il parle d’une négociation avec l’Etat hébreu pour le partage de la Palestine.

Quant à la Fédération Internationale des Associations des Producteurs de Films (FIAPF), créée en 1933 et basée à Paris, composée de trente-et une

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associations membres, elle refuse son label au festival nouvellement créé et adresse une lettre au ministre tunisien de la Culture, Chedly Klibi en se positionnant comme responsable des festivals dans le monde.

En effet, la FIAPF organise et réglemente un certain nombre de grands festivals de cinéma dans le monde, sur la base d’une réglementation fixée et élaborée par la MPEA comme les festivals de :

• cinéma compétitif: Berlin, Cannes, le Caire, Venise…

• cinéma non-compétitif: Londres, Toronto, Vienne…

• cinéma compétitif spécialisé : Turin, Valence, Los Angeles…

• films documentaires et courts-métrages : Bilbao, Cracovie…

Or, en refusant son label, la FIAPF prétend user de son influence dans le domaine du cinéma mondial pour imposer sa politique. N’étant pas favorable au développement d’un cinéma engagé politiquement, elle exige la détaxation des films importés par le festival et la liberté de transfert de toutes les recettes des films, son critère principal étant de favoriser la prépondérance des cinémas occidentaux et particulièrement américains sur le marché international, y compris dans les pays nouvellement indépendants.

Suite à cette réaction, le festival de Carthage réservera la compétition officielle des courts et longs métrages exclusivement aux pays arabes et africains, tout en permettant aux autres pays du monde d’y participer, hors compétition. Il détourne ainsi cette pression politique et économique en dotant sa sélection d’une spécificité mondiale, celle d’être le premier festival consacré aux films arabes et africains. Il répond ainsi à la problématique posée par Georges Sadoul lors de son discours inaugural : « Le festival de Carthage est-il une manifestation qui s'ajoute

46 - La 2 ème session du 13 au 20 octobre 1968

Dans l’intervalle des deux sessions, deux événements d’une importance capitale surviennent, l’un national avec la première alerte cardiaque qui a frappé le chef de l’Etat, Habib Bourguiba le 12 mars 1967, annonciatrice du déclin de l’édifice ; l’autre pour le monde arabe, avec la guerre de «Six Jours» entre Israël et ses voisins, véritable séisme couronné par une grande défaite des pays arabes et l’occupation par Israël du Sinaï, du Golan Syrien, de la Cisjordanie et de la partie arabe de Jérusalem. Cette défaite a eu des retombés négatives immenses sur le mental des peuples arabes et de leur élite.

De la première à la deuxième session de 1966 à 1968, le monde a vécu des bouleversements importants sur le plan international : la guerre du Vietnam s’enlise, elle paraît sans issue, est contestée par la jeunesse américaine ; le bloc soviétique a connu aussi sa seconde révolution avec l’émergence du printemps de Prague. La contestation gagne l’Europe, surtout la France, avec le fameux «Mai

68». Ce mouvement de contestation, appuyé par de nombreux intellectuels tels

que Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et d’autres, franchit vite la Méditerranée.

La génération d’après-guerre, imprégnée d’idées progressistes et égalitaires, remet en question le système économique et social. Le mouvement étudiant tunisien (UGET)61, qui n’a jamais accepté la domestication de son organisation

par le pouvoir, est sorti de son silence pour devenir la conscience de la majorité du peuple.

61Union Générale des Etudiants de Tunise est un syndicat étudiant, constitué en 1952 sous l’implusion du Néo-

destour, il est destiné à représenter les étudiants tunisiens et contribuer avec les autres organisations du développement du pays.

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C’est dans ce contexte de bouillonnement national et international qu’a lieu la deuxième session qui s’est tenue du 13 au 20 octobre 1968. Comme nous l’avons mentionné plus haut, le caractère international du festival s’est restreint par un choix délibéré de la part de ses organisateurs de ne pas être sous l’hégémonie de la FIAPF. Par souci d’indépendance et de liberté d’action, la compétition officielle sera exclusive aux pays arabes et africains. L’appellation a aussi changé et le terme festival international a été officiellement supprimé, tout en continuant à figurer sur les documents officiels du festival jusqu’à la quatrième session (1972), en revanche dés la 5ème session (1974) commencent à s’imposer définitivement les «Journées Cinématographiques de Carthage».

Les organisateurs évitaient ainsi la concurrence avec des festivals internationaux déjà existants (Venise, Berlin et Cannes) en se tournant vers les pays proches culturellement et socialement. Les Journées Cinématographiques de Carthage deviennent ainsi le festival des films arabes et africains ; la compétition leur étant réservée, les autres pays devaient se contenter des seules sections qui leur étaient destinées (Panorama, Hommages, Sections parallèles…). La deuxième session s’est distinguée par l’émergence et la consolidation d’une identité singulière. Douze pays arabes et africains y ont participé en compétition avec vingt-quatre films dont sept longs métrages et dix-sept courts métrages,

l’idée maîtresse étant de militer pour un cinéma de qualité et pour une distribution équitable des films sur le continent africain.

Lors de cette deuxième session, la participation de Frederick Gronich, directeur pour l’Europe de la MPEA et de Alphonse Brisson, directeur de la FIAPF a été mal perçue par les cinéastes arabes et africains présents, à tel point qu’ils n’ont pas hésité à dire ouvertement lors des débats leur désir de les voir quitter le festival. D’ailleurs, en réaction à leur volonté hégémonique, le jury n’a

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décerné aucun Tanit d’or (longs et courts métrages). Cet incident coûtera cher à Tahar Chériaa, président des débats, puisqu’à l’issue de cette session il écopera de six mois de prison sans condamnation officielle.

Mais sur intervention de certains de ses amis en Tunisie et à l’étranger, il sera libéré et réintégrera son poste. Le gouvernement tunisien promulgue une loi relative à l’attribution du monopole de l’importation et de la distribution des films au profit de la SATPEC, en date du 24/01/1969 sous le N°69-12, trois mois après la clôture de la deuxième session.

Du point de vue du contenu de cette session, des conférences ont été tenues, animées par des écrivains, des penseurs et des spécialistes dans le secteur du cinéma et dont les thèmes sont les suivants :

• l’influence féminine dans la poésie brésilienne moderne par Lygia Fagundes Da Silva Telles

• les voies et les problèmes du cinéma égyptien depuis quarante ans par Farid Mezzaoui

• l’avant-garde et nouvelle vague dans le cinéma français par Charles Ford

• le film d’avant-garde dans un pays sous développé : le Brésil par Paulo- Emilio Salles-Gomes

• les problèmes du cinéma en Afrique Noire par Paulin Vieypra

• l’exposition commémorative du 1er anniversaire du décès de Georges Sadoul.

Une des multiples conséquences de ces deux premières sessions fut la naissance du Festival Panafricain de Ouagadougou (FESPACO) qui a vu le jour en février 1969 en marge de la deuxième session des JCC ; il est appelé à se dérouler en alternance avec les JCC. Au début, ce festival ne concernera que les

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Etats de l’Afrique de l’ouest, il s’élargira par la suite aux autres pays du continent. Il s’inspire des JCC pour ses choix et ses orientations, son but essentiel étant de faire connaitre la civilisation et les diverses cultures africaines, exprimées par l’image animée.

Ce ne fut pas l’unique réalisation au profit du cinéma africain puisque cette session charnière a permis la création d’une Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI) lors de la table ronde organisée par l’Unesco et les JCC sur le thème «Arts traditionnels oraux en Afrique et leurs relations avec le cinéma et

la télévision en Afrique» et dirigée par Enrico Fulchignoni et Tahar Chériaa.

Roger Hanin qui allait devenir plus tard un grand acteur était présent, il n’a pas tari d’éloges sur la Tunisie et son cinéma en déclarant au journal l’Action du 18 octobre 1968 : «Je serais enchanté de travailler avec des producteurs

tunisiens».

- La 3 ème session du 11 au 18 octobre 1970

Les impératifs de l’étatisation ont augmenté le rythme de la collectivisation pour aboutir à la grande et grave crise qu'a traversée la Tunisie en 1969. La troisième session qui s’est tenue en octobre 1970 se déroule sur fond de crise politico-économique, la plus importante qu’a connue la Tunisie depuis l’indépendance. Craignant une véritable insurrection, le président Habib Bourguiba a donné un coup de frein brutal à la politique de collectivisation forcée qui avait plongé le pays dans une grande tourmente. Le puissant ministre et principal artisan de cette politique de collectivisation, Ahmed Ben Salah62,

titulaire de cinq portefeuilles ministériels, sera condamné à dix ans de travaux forcés.

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Dés 1970, une politique libérale a été mise en place, confiée au chantre du libéralisme en Tunisie, Hédi Nouira63, afin de redresser l’économie tunisienne.

Cette session a été présidée par Tawfik Tordjman, un homme du sérail et le beau fils de la Première dame de Tunisie Wasila Bourguiba. Président-directeur général de la SATPEC et ancien chairman d’une banque à économie mixte appelée l’Union Internationale de Banque (UIB), il répondait aux préoccupations du moment car une large frange du parti au pouvoir rassemblée autour d’un ancien ministre Ahmed Mestiri,64contestait déjà les dépassements de toutes sortes

et un pouvoir autocratique et sans partage.

La nomination du gendre du président pouvait être interprétée de deux façons, la première étant un rapprochement stratégique avec les «Beldi :

Tunisois», la seconde étant un dénigrement de la classe politique. A cette session,

Tahar Chériaa a cumulé le poste de secrétaire général et celui de membre du jury. La session a été marquée par :

l’organisation d’une table ronde entre l’Unesco et les JCC sur le thème «la

bande sonore dans les films africains et arabes», dirigée par Enrico Fulchignoni

et Ezzedine Bechaouch65

l’organisation de la semaine «de la Société des Réalisateurs de Films»

le festival de cinéma pour enfants « club Cendrillon de Pari »

• la constitution de l’assemblée générale de la FEPACI, dont les membres ont proclamé l’adoption de ses statuts et l’élection d’un premier bureau exécutif. Le siège du secrétariat général fut fixé à Dakar et la présidence confiée au Tunisien Hatem Ben Miled.

63 Hédi Nouira est un homme politique tunisien, premier ministre en 1970, il quitte définitivement la vie politique

en 1980, décédé le 25/01/93.

64Ahmed Mestiri est un homme politique tunisien, il annonce sa démission du poste de ministre de l’Intérieur du

gouvernement de Bourguiba du 21/06/1971.

65 Ezzedine Bechaouch est historien archéologue tunisien, il a été nommé ministre de la Culture dans le

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La FEPACI élaborait un programme d’action pour les deux années à venir au profit des deux festivals panafricains, les JCC à Tunis-Carthage et le Fespaco à Ouagadougou; elle a apporté son appui effectif aux luttes des cinémas nouveaux, parvenant à tisser des liens solides entre des cinéastes venant de zones linguistiques, culturelles et politiques différentes, édifiant un pont sur le Sahara entre des peuples arabophones, francophones et anglophones.

Le réalisateur Férid Boughédir qualifie la FEPACI comme un véritable exploit : « si cette union a été possible c’est que l’ennemi était partout le même :

les grandes compagnies occidentales de distribution cinématographique qui utilisent les salles de cinéma africaines comme une chasse gardée pour la rentabilisation de leurs propres films et appliquent les méthodes les plus dures pour empêcher l’existence de ce concurrent naissant : le cinéma africain 66».

- La 4 ème session de 1972

Marquée par le contrecoup du désastre de la «Guerre de Six Jours» de 1967, elle a engendré des répliques un peu tardives de la part des intellectuels, surtout les cinéastes arabes. «les Dupes», film du réalisateur égyptien Tawfik Salah, primé par un Tanit d’or, traite de la question palestinienne et inaugure ainsi une vague de films arabes traitant de ce sujet. Le point de vue du réalisateur fait que l’ennemi, Israël, demeure en retrait par rapport à un autre «ennemi», visant les régimes et les gouvernements arabes, responsables de la grande défaite de juin 1967. Cette session a organisé des activités et des projections de :

66 Férid Boughédir, In Hatim Jaibi, Génèse d’un cinéma du Tiers-monde: le cinéma tunisien 1956-1957, 1976,

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• films de l’organisation de libération Palestinienne

• films des mouvements de libération africains

• films des cinéastes amateurs tunisiens

• une rétrospective du cinéma égyptien des années trente

• la semaine de la société des réalisateurs de films

• un séminaire organisé par le Centre international de liaison des écoles de cinéma et de télévision (CILECT)

Le cinéma militant a donc continué à être à l’honneur, c’est une session de militantisme et de résistance.

- La 5 ème session de 1974

La cinquième session des JCC voit les intellectuels déçus par une autre grande défaite, celle de la guerre d’octobre 1973 appelée en Occident «la Guerre

du Kippour», mais revigorés par le premier choc pétrolier, conséquence de cette

guerre. En outre, cette session est caractérisée par l’absence des deux protagonistes des JCC, Chedly Klibi nommé directeur du cabinet présidentiel et Tahar Chériaa, appelé à une mission à Paris dans le cadre de la francophonie. Elle a failli être compromise.

En effet, le portefeuille de la Culture ayant changé de titulaire, le nouveau venu était un illustre homme de lettres très exigeant et pointilleux, Mahmoud Messadi67 qui avait occupé pendant une dizaine d’années le poste très prestigieux

de ministre de l’Education Nationale et avait été l’initiateur de la réforme de l’Enseignement amorcée en 1958. Il a convoqué les responsables du cinéma pour évaluer le parcours des JCC, comme il l’a fait d’ailleurs pour les autres domaines

67 Mahmoud Messadi est un écrivain et homme politique tunisien. Après l’indépendance, il occupe le poste de

ministre de l’Education nationale, de 1958 à 1968. Il contribue à mettre en place un système éducatif moderne, bilingue, puis il a été nommé ministre des Affaires Culturelles de 1973 à 1976.

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relevant de sa compétence. Il a demandé un rapport d’évaluation à une commission présidée par Tahar Chériaa.

D’après le fondateur de la manifestation la réunion était quelque peu tendue, le ministre ayant exprimé la décision de ne pas faire aboutir cette édition des JCC si elle ne satisfaisait pas aux objectifs tracés. Pourtant il s’avère que cette session fut l’une des plus riches par la qualité des organisateurs, le choix des films et la composition du jury. C’est l’écrivain Tahar Guiga qui assurera la présidence des deux sessions de 1974 et 1976, un homme de lettres fort distingué en Tunisie et l’un des proches du ministre avec qui il a collaboré au ministère de l’Education Nationale.

A cette session, le Tanit d’or est décerné ex-æquo aux deux films «Kafr

Kacem» du réalisateur libanais Borhane Alaouié, relatant le génocide d’un village