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8.   Niveau d’instruction et emploi 71

8.3   Le secteur et le type d’activités des répondants qui travaillent 77

Afin de décrire l’emploi des personnes vivant en HLM, nous avons d’abord interrogé les répondants occupant un emploi sur le secteur d’activités dans lequel ils étaient occupés. Pour simplifier la question, nous avions ciblé à l’avance une série de secteurs plus susceptibles que d’autres d’employer ses personnes. Cette stratégie s’est avérée efficace lors du prétest, et a été reprise lors de l’enquête proprement dite. Comme l’indique le tableau 8.4 ci-dessous, les secteurs d’activités où les répondants se retrouvent en plus grand nombre sont ceux des services aux particuliers et des services de santé ou d’aide aux personnes. Il est également judicieux de noter qu’un nombre non négligeable de personnes ont aussi choisi la réponse autre entreprise ou autre organisme, signifiant ainsi qu’elles ne se reconnaissaient pas dans les secteurs proposés ou ayant des difficultés à s’y situer.

Tableau 8. 4

Secteur d’activités des répondants qui travaillent Secteur d’activités Effectif Pourcentage

Commerce, épicerie ou entreprise secteur distribution 3 1,1

Restaurant ou chaîne de restauration rapide 5 1,8

Manufacture (imprimerie, textile, automobile, garage…) 7 2,5

Service à la clientèle, télémarketing, vente correspondance 6 2,1

Service aux particuliers (nettoyage, gardiennage…) 19 6,7

Service de santé ou d'aide aux personnes (hôpital, CPE…) 19 6,7

Service public ou gouvernemental (Ville de Montréal, Gvt du QC) 2 ,7

Autre entreprise ou un autre organisme 17 6,0

Données manquantes 1 ,4

Personnes en emploi 79 28,0

Personnes sans emploi 203 72,0

Total 282 100,0

Les deux secteurs qui apparaissent comme les principaux pourvoyeurs d’emploi pour les répondants sont très diversifiés. Ils rassemblent en effet des organisations et des entreprises du secteur privé ou du secteur public et présentant des profils d’emploi très diversifiés, alliant des personnes très et peu qualifiées. En ce qui concerne l’économie contemporaine des villes, ces secteurs correspondent bien au nouveau visage qu’elle présente suite au déclin relatif des secteurs industriels et la croissance soutenue des emplois liés aux services. Ces derniers offrent autant d’opportunités d’emploi aux cadres et professionnels qu’aux personnes faiblement qualifiées, en raison des opérations très spécialisées qu’ils soutiennent d’une part, et de la routinisation accrue d’une série de tâches d’exécution de base de l’autre. Autrement dit, les grandes organisations du secteur des services combinent, à l’intérieur de leur organisation, des postes très pointus et à responsabilités et des postes dont les tâches sont relativement simples et répétitives. De même, les avantages et la sécurité qui sont liés à ces différents emplois sont souvent très variables. Si les cadres et professionnels ont également vu leurs conditions d’emploi devenir plus incertaines, elles n’en restent pas moins meilleures que celles auxquelles peuvent aspirer les employés qui se retrouvent en bas de l’échelle des salaires9

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Plusieurs travaux ont tenté de décrire, à différentes échelles et pour différents contextes, les effets sur la structure de l’emploi de la recomposition de l’économie urbaine en une économie de services. Ces travaux insistent, à travers des modèles variés, sur l’écart qui se serait creusé entre les positions d’emploi supérieures et celles situées au bas de l’échelle, pour des analyses allant dans ce sens : (Bourgois, 2001; Sassen, 1993; Wilson, 1997).

Cette division du travail dans les entreprises et organismes des secteurs des services se retrouve indirectement exprimée par les répondants. Puisque présentant un niveau d’instruction relativement faible, ils déclarent aussi plus souvent occuper des emplois peu qualifiés et occupant une position subalterne dans la hiérarchie des emplois. Lors de l’entretien, nous avons posé une question ouverte sur le type de poste occupé par la personne. Les réponses obtenues à cette question sont très diversifiées, et il apparaît difficile d’en produire une classification cohérente. Nous proposons plutôt d’en examiner la liste rapidement, en indiquant les grandes tendances qui s’en dégagent.

Si un seul type de poste n’est pas largement déclaré par les répondants, celui de préposé aux bénéficiaires apparaît à 13 reprises dans les réponses, précédents celui de cuisinière (six occurrences) et de manutentionnaire (cinq occurrences). Tous les autres postes sont cités par moins de cinq personnes. L’univers de travail que tracent les énoncés de poste n’est pas simple à synthétiser. Il révèle globalement des « petits emplois ». Mais ceux-ci peuvent être de nature différente et donner accès à des secteurs de l’économie plus ou moins institutionnalisés, c’est-à-dire offrant une sécurité d’emploi supérieur et des avantages sociaux. Ainsi, à l’extrémité la moins institutionnalisée, l’on retrouve des fonctions comme « travail général dans un dépanneur (une épicerie à heures prolongées d’ouverture) », « femme de ménage » ou « laveur d’autos ». À l’autre extrémité, celle caractérisée par des emplois plus spécialisés et plus institutionnalisés, l’on retrouve des fonctions comme « soudeur monteur », « documentaliste », « comptable » ou « aide- infirmière ». Entre ces deux extrêmes, il est possible de placer une série de fonctions qui ouvrent potentiellement les portes d’un milieu de travail plus institutionnalisé, comme le milieu de la santé et des services sociaux ou du système scolaire, mais dont le contenu renvoie à un travail pénible et à des fonctions subalternes, comme « préposé aux bénéficiaires », « gardienne d’enfants », « surveillant » ou « chauffeur d’autobus scolaire ».

Malheureusement, il est difficile d’aller plus loin que cette interprétation générale et qualitative des réponses fournies. En effet, il est difficile de composer un indice synthétique ou de réaliser une analyse plus complexe permettant de classer les individus en fonction de différentes variables qualifiant leur emploi. Pour que ces analyses soient faisables, il faudrait disposer d’un échantillon plus étendu de personnes en emploi. Si cette façon de qualifier l’emploi des personnes vivant en HLM ne nous est pas accessible par ce biais, elle l’est toutefois à travers un ensemble de questions qui portent précisément sur cette dimension de l’emploi.

Nous avons en effet demandé aux personnes en emploi de nous préciser une série de choses au sujet de celui-ci, par exemple, si la personne était soumise à des horaires de travail fixes ou variables, si elle était amenée à travailler les fins de semaine ou les jours fériés, si elle bénéficiait d’avantages sociaux liés à son emploi. Les réponses à ces questions permettent de mieux saisir la qualité des emplois détenus par les personnes vivant en HLM.

À la première question, celle portant sur les horaires de travail, 64 % des répondants détenant un emploi au moment de l’enquête déclarent avoir un horaire de travail fixe, toutefois 52 % de ces mêmes répondants reconnaît aussi devoir travailler la fin de semaine ou les jours fériés. Quant aux avantages sociaux, 32 % des répondants détenant un emploi bénéficient d’au moins un avantage social relié à leur emploi, le plus fréquemment cité étant une assurance-maladie complémentaire (28 % des répondants détenant un emploi), assez loin devant la pension complémentaire (13 %) et l’assurance-vie (11 %).

De manière générale, la qualité des emplois auxquels les personnes interrogées ont accès est relativement faible. Elle renvoie aux positions les plus fragiles et les moins valorisées de la division sociale du travail, et offre peu d’avantages complémentaires. L’univers de travail ainsi décrit est donc peu institutionnalisé, entendu dans le sens que nous donnons plus haut à ce terme.