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10.   L’entrée et la vie en HLM 95

10.2   La durée de résidence et la mobilité résidentielle à l’intérieur

Une fois entrés dans le logement social, les ménages familiaux peuvent y rester plus ou moins longtemps. Ils peuvent aussi y être mobiles en introduisant une demande de transfert auprès de l’OMHM. Cette dernière procédure est prévue pour assurer une meilleure adéquation entre les besoins des familles et les caractéristiques des logements. Les raisons qui motivent un transfert comprennent ainsi les modifications dans la composition des ménages – la taille de celui-ci augmente ou diminue –, mais aussi d’autres motifs : de santé, environnement préjudiciable, etc. Ces différentes raisons sont traitées de manière prioritaire par l’OMHM et la satisfaction des demandes dépend de la mobilité à l’intérieur du parc de logement social.

Le tableau 10.6 ci-dessous reprend les statistiques descriptives de base pour la durée de résidence en HLM des répondants au moment de l’enquête.

Tableau 10. 6

Durée de résidence des répondants en HLM : statistiques descriptives N Données manquantes Données valides 282 0

Moyenne 9,33

Médiane 9,00

Mode 6

Écart type 5,835

Asymétrie ,806

Écart type de l’asymétrie ,145

Curtose ,979

Écart type de la Curtose ,289

Percentiles 10 2,00 20 4,00 30 6,00 40 7,00 50 9,00 60 10,80 70 12,00 80 14,00 90 16,70

La durée moyenne de résidence des ménages familiaux est de neuf années et un tiers, très proche de la médiane, qui se fixe à neuf années, ce qui signifie qu’une moitié des ménages familiaux se situent en dessous de cette durée de résidence et que l’autre moitié se situe au-dessus. Ces chiffres sont proches de ceux que nous avions trouvés lors d’une recherche portant sur l’intervention sociale dans cinq « plans d’ensemble » de l’est de l’île de Montréal (Germain et Leloup, 2006). Les personnes qui vivent en HLM le font en général pour plusieurs années. Il s’agit de voisins de longue date, tels que nous le décrivions dans la recherche que nous venons de citer. Il est aussi opportun de souligner que 40 % des répondants vivent depuis au moins plus de 10 années dans les HLM, 30 % depuis plus de 12 années, 20 % depuis plus de 14 années et, finalement, 10 % depuis plus de 16 années. La population qui réside en HLM est donc peu mobile, surtout si on la compare au reste de la population de Montréal, caractérisée par une mobilité résidentielle assez élevée (cependant en diminution depuis quelques années). Enfin, pour mieux illustrer la distribution des répondants en fonction de la durée de résidence en HLM, la figure 10.1 reprend l’histogramme pour cette variable.

Figure 10. 1

Le graphique précédent permet de mieux identifier que le mode de la distribution correspond à une durée de résidence de six années. Il permet également de voir qu’une proportion non négligeable des ménages familiaux résident depuis 10 ans ou plus dans le logement social public. Enfin, un faible nombre de répondants ont des durées de résidence très longues – plus de 20 années de résidence, voire 30 années ou plus.

Ces résultats mettent en évidence que le logement social public ne répond pas seulement à une situation transitoire pour les ménages familiaux. Mais le fait de résider en HLM peut aussi renvoyer, si ce n’est à une situation permanente, à une période assez longue dans la vie des personnes rencontrées. L’idée que le logement social public serait une forme d’aide temporaire pour permettre aux ménages qui en bénéficient d’améliorer leur situation est donc à repenser au regard des durées de résidence observées dans l’enquête. Il est toutefois difficile de pouvoir comparer nos données avec des enquêtes antérieures. En effet, les profils de population établis par la SHQ, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, ne reprennent pas cette variable – ils indiquent plutôt de manière sommaire le niveau de sortie du logement social public. De même, il est délicat de lier les durées de résidence à d’autres facteurs individuels dans notre enquête. Dans ce type de démarche, il est de fait essentiel de disposer d’une base de comparaison. Par exemple, il serait opportun de pouvoir comparer le profil des personnes qui restent en HLM avec celui des ménages qui les quittent. Autre possibilité, il serait intéressant de conduire une enquête longitudinale sur une cohorte de ménages ayant accédé à un HLM en même temps, pour les suivre ensuite tout au long de leur trajectoire. La première des deux solutions est sans doute la plus praticable et la moins coûteuse. Elle serait une piste intéressante à suivre pour de futurs travaux.

Si les ménages familiaux résident assez longtemps dans le logement social public, ce n’est pas toujours sans y connaître une certaine mobilité. Pour l’évaluer, nous avons posé une série de questions sur les transferts et le nombre de logements occupés par les répondants. À la question de savoir s’ils avaient occupé plusieurs logements HLM, les répondants ont répondu oui à concurrence de 38 % (107 répondants). Parmi ces répondants, seul un répondant déclare avoir occupé deux logements HLM différents, alors que 80 % (86 répondants) déclarent en avoir occupé trois, les autres ayant occupé quatre logements et plus – le maximum se fixant à six logements. Ces chiffres ne sont pas à négliger. Ils démontrent en effet une certaine mobilité à l’intérieur des HLM.

Nous demandions également aux personnes concernées de nous préciser quelles étaient les raisons des différents transferts qu’elles avaient demandés. Les résultats exploitables sont ceux associés à la dernière mobilité à l’intérieur des HLM – pour les autres mobilités, les données manquantes ou le fait que la personne déclare ne plus se souvenir représentent une proportion trop élevée. Pour le dernier logement HLM occupé, le tableau 10.7 présente les motifs du transfert.

Tableau 10. 7

Motifs du transfert entre l’avant-dernier logement HLM et le logement occupé par le répondant au moment de l’enquête

Effectif Pourcentage

Surpopulation (naissance d'un enfant, mise en

couple, augmentation de la taille du ménage) 72 67,9

Sous population (réduction taille du ménage,

séparation) 8 7,5

Violence, dégradation, nuisance, quartier peu

sécuritaire 8 7,5

Conflit avec le voisinage 3 2,8

Souhait de vivre dans un autre quartier 2 1,9

Autre raison 12 11,3

Données manquantes 1 ,9

Total 106 37,6

Les principaux motifs liés aux transferts sont l’augmentation ou la diminution de la taille de la famille et, en particulier, le premier des deux cas qui compte pour près de sept transferts sur dix. Les causes dites « psychosociales » – un terme utilisé pour désigner les situations où une personne est en conflit avec ses voisins, ressent de l’insécurité ou est à l’origine de perturbation dans un immeuble – sont, quant à elles, peu fréquentes.