PARTIE 2 . LA FONCTION SYMBOLIQUE
II. La théorie de Jean Piaget
4. Les schèmes
Un schème correspond à la structure d’une action. Le schème permet cette action, qui elle
est perceptible. Le schème n’est pas directement perceptible car il s’agit d’une entité
abstraite. Il peut s’agir notamment chez le bébé du schème de la succion ou encore de la
préhension, mais les actions réalisées par les adultes sont également directement
sous-tendues par des schèmes. Pour savoir si un schème est présent, nous pouvons observer le
comportement du sujet afin d’y percevoir des régularités lors de répétitions d’actions.
Un schème a plusieurs évolutions possibles. Il peut se conserver, se consolider ou encore se
modifier. La modification d’un schème est possible de deux manières : soit en se
généralisant (à des situations ou des objets différents), soit en se modifiant sous la pression
de l’environnement. Les schèmes élémentaires du bébé, correspondant aux transformations
des actions réflexes, vont se diversifier grâce aux expériences vécues au cours de son
développement. Ils vont se généraliser, se multiplier et être plus mobiles. Une fois plus
mobiles, les schèmes vont pouvoir se coordonner entre eux et ainsi donner la possibilité à
l’enfant de résoudre chaque problème rencontré. C’est pourquoi ils sont déterminants dans
le développement de l’intelligence.
Pour que les schèmes puissent se développer et se modifier, les processus d’assimilation et
d’accommodation sont essentiels.
i. L’assimilation
Elle permet d’intégrer tout objet ou situation aux schèmes d’action de l’individu. Chaque
élément nouveau est ainsi assimilé dans les structures mentales.
Il existe plusieurs formes d’assimilation :
Cependant, l’intégration de tous les objets ou événements n’est pas toujours possible.
L’organisme sera contraint à se modifier s’il veut les intégrer, c’est alors que le processus
d’accommodation intervient.
ii. L’accommodation
Elle permet à l’organisme de se modifier afin de pouvoir s’adapter à son milieu et s’ajuster
aux nouvelles données. Le mécanisme d’accommodation prend le relai après que les
schèmes sont assimilés.
Par exemple, le bébé va être capable d’attraper de petits objets mais ne pourra pas encore
attraper des objets plus grands. C’est alors que l’accommodation se produit : le schème de
préhension manuelle va se modifier afin qu’il puisse attraper tous les objets, petits ou
grands. Ainsi, le bébé va pouvoir assimiler d’autres objets puisqu’il aura un champ de
possibilités plus grand dans le domaine de la préhension manuelle.
• Répéter la même action
• But : consolidation du schème correspondant à cette
action
L'assimilation
fonctionnelle
ou
reproductrice
• Appliquer le même schème à des objets différents
(exemple : le schème de succion permet de téter le
sein, le doigt ou un objet)
• But : élargir le schème par généralisation
L'assimilation
généralisatrice
• Discrimer les objets auxquels un même schème a été
appliqué (exemple : différencier la succion du sein, du
doigt ou d'un objet, car l'effet n'est pas le même).
• But : distinguer chaque objet alors que le même
schème est appliqué
L'assimilation
recognitive
•Chaque schème peut intégrer le domaine d'un autre
(exemple : les schèmes de vision et de préhension sont
capables de se coordonner, l'enfant peut attraper ce
qu'il voit et regarder ce qu'il attrape)
L'assimilation
réciproque
Pour résumer, l’assimilation et l’accommodation se complètent et sont inséparables.
Grâce à eux, le sujet a la capacité de s’adapter à son milieu.
iii. L’adaptation ou l’équilibration
L’adaptation du sujet à son milieu dépend de l’assimilation et de l’accommodation. Ce sont
donc les échanges entre le sujet et son milieu qui vont permettre de trouver un équilibre.
Piaget parle plutôt « d’équilibration » car le point d’équilibre ne peut pas être vraiment atteint,
en raison du milieu extérieur en perpétuelle fluctuation.
L’individu doit pouvoir anticiper les événements : pour cela, son développement doit être
assez régulier. Mais il doit également connaître des moments de perturbations, de
déséquilibres : il devra alors rechercher un nouvel équilibre. C’est ce que Piaget appelle
« l’équilibration majorante ». Ainsi, les équilibrations se basent sur les structures antérieures,
les dépassent, puis les intègrent dans des structures nouvelles.
Le développement de l’intelligence correspond à la recherche continuelle d’équilibre. De
plus, les stades de développement décrits par Piaget seraient des paliers correspondant à
des moments d’équilibration. L’intelligence correspond à la bonne adaptation du sujet aux
situations nouvelles, lorsqu’il arrive à trouver la réponse ajustée à un problème donné. Cela
permet la création de nouvelles structures. L’adaptation va permettre à la pensée de
s’organiser.
iv. Les stades de développement
Un stade correspond à une structure d’ensemble et à un palier d’équilibration. Selon Piaget
et Inhelder (1966), les stades se succèdent de la même façon chez tous les individus.
Cependant, l’intervention de l’environnement dans le développement peut faire varier l’âge
d’accès à un stade. Les âges correspondant à chaque stade sont donc plutôt des points de
repères. De plus, à l’intérieur d’un stade, l’ordre des acquisitions peut ne pas être le même
pour tous.
Stade
sensori-moteur
0 à 2 ans
• Développement et coordination des capacités sensorielles et
motrices du bébé
• Vers 12 mois : la mobilité des schèmes permet le développement
d'une intelligence "pratique", encore liée à l'action
• Vers 24 mois : apparition des premières représentations mentales,
l'enfant peut manipuler en pensée, et non plus seulement en action
• L'intériorisation des actions est possible
Période
préopératoire
2 à 7-8 ans
• Période de préparation au stade suivant : transition entre les actions
sensori-motrices et les opérations futures
• Fonction symbolique ou sémiotique : capacité d'évoquer les objets
ou les événements même absents, grâce aux représentations
mentales et au moyen de signifiants pour exprimer des signifiés
• L'action est désormais intériorisée, mais pas encore réversible
• On parle "d'intuition"
• Difficulté à considérer qu'un autre point de vue que le sien soit aussi
possible
Stade
opératoire concret
7-8 à 11-12 ans
• Les structures mentales sont plus mobiles : l'enfant peut envisager
d'autres points de vue que le sien
• Les opérations mentales sont possibles : actions intériorisées et
réversibles
• Coordinations des opérations mentales en structures :
logico-mathématiques ou infralogiques
• Les opérations ne portent que sur du matériel concret : le
raisonnement dépend encore du contenu
Stade
opératoire
formel
11-12 à 15-16 ans
• Progression des opérations mentales : raisonnement sur un matériel
plus abstrait (propositions verbales ou signes algébriques), capacité
de formalisation (la forme du raisonnement se dissocie du contenu)
• Développement d'une logique formelle et d'un raisonnement
Dans le document
Étude de la fonction symbolique chez des enfants de 3 à 5 ans présentant un retard de parole et/ou de langage
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