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Pour V. BURY, qui reprend les travaux de A BULLINGER, « la marche sur la pointe des pieds ou sur leurs bords externes reflète une fragilité de toute l’enveloppe

Chapitre 3 : Le psychomotricien comme soutien à

B. S’engager pour soutenir l’exploration et le jeu

Le psychomotricien est acteur et dynamique dans les différents suivis : il est à l’origine de différentes expériences sensori-motrices, c’est-à-dire qu’il va pouvoir proposer et initier certaines explorations à l’enfant. Le fait qu’il puisse lui même se prêter au jeu et s’engager dans le mouvement ou l’action, permet à l’enfant d’observer et d’être rassuré quant au fait qu’il n’y ait aucun signe de danger pour lui, puisque le psychomotricien le fait lui-même. De même, pour les enfants qui sont en grandes difficultés dans la compréhension verbale, le fait de passer par le corps peut être un support fondamental. De ce fait, cet engagement offre un réel appui aux enfants autistes, il peut alors permettre de diminuer leurs inquiétudes et angoisses corporelles : 


En séance de psychomotricité, Alexis semble inquiet à l’idée de passer dans le tunnel proposé par la psychomotricienne. Cette dernière s’engage alors dans ce tunnel dans un premier temps, en suivant Alexis peut le faire aussi. L’implication de la psychomotricienne a permis au petit garçon d’être rassuré mais aussi de comprendre la situation.

L’engagement du psychomotricien s’observe également au travers du jeu qui représente un outil fondamental dans l’approche psychomotrice. Pour F. JOLY, le jeu offre un espace pour une : « interaction ludique et créative, d’accompagnement médiatisé et d’implication étayante, favorisant la motricité en relation, l’éprouvé et leur psychisation, dans la confrontation étayante à l’engagement psychique et psychomoteur du thérapeute » [10, p.158]. 


Cette médiation permet à l’enfant autiste de communiquer ce qui ne lui est pas encore communicable : il peut mettre en scène ses vécus, affects et préoccupations au travers du jeu. Le psychomotricien est amené à soutenir la transformation des éprouvés de l’enfant en représentations, selon C. POTEL, « le jeu est l’un des moteurs puissants d’intégration, d’élaboration et de transformation d’expériences concrètes en « matières symboliques », qui vont nourrir l’intelligence du sujet et le rendre à même d’établir des concordances entre ce qui se vit, se touche, se sent, s’éprouve, et ce qui se pense. Le jeu permet la compréhension, l’intériorisation » [60, p.348]. Le jeu a son importance capitale dans la construction de soi. 


L’accompagnement du psychomotricien dans le jeu de l’enfant autiste est essentiel. En effet, ces enfants sont en difficultés pour « jouer » : on voit le plus souvent, des enfants qui ont des conduites stéréotypées, isolés de l’environnement et qui par conséquent, ne sont pas dans un jeu en relation. Il s’agit alors de s’adapter et de se positionner par rapport à l’enfant. Par exemple, on peut commencer par l’imiter puis, progressivement, il est possible que l’enfant prenne conscience de notre présence et le début d’un jeu en relation peut se dessiner. C’est quelque chose qui peut prendre du temps, mais c’est indispensable à leur développement et à la construction de leur identité.

Lucas joue seul, il fait une tour de petits pots de couleurs. Je l’imite alors et prends moi aussi, un de ces petits pots pour le positionner sur la tour. Je le fais plusieurs fois. Au début, il ne semble pas prêter attention à ma présence, puis lors de la construction de cette tour une nouvelle fois ; il positionne un petit pot, puis il attend et me regarde. Il semble avoir intégré ma présence et la prendre en compte. Les séances d’après, Lucas peut reprendre ce jeu avec moi. Quelque chose de la prise de conscience de l’autre peut s’observer dans cette situation.

De plus, le jeu opère un lien bi-directionnel : des choses peuvent venir de l’enfant et d’autres du psychomotricien. On observe des allers/retours constants entre les deux. Il arrive souvent que le psychomotricien parte de ce que propose l’enfant, notamment avec les enfants autistes, le rendant alors acteur ; puis, il peut proposer des variations à ce jeu et le faire évoluer au travers d’expériences structurantes. D’ailleurs, J.BOUTINAUD dit que le psychomotricien « reprend, modifie, transforme certaines propositions de l’enfant plus ou moins gangrenées par la pathologie pour relancer la recherche d’un plaisir à être » [10, p. 154]. Souvent, auprès des enfants autistes, il s’agit de pouvoir détourner le jeu stéréotypé pour quitter cet isolement et conduire à une « motricité en relation ».


En résumé, l’engagement corporel du psychomotricien permet d’une part de rassurer l’enfant autiste, qui s’appuie alors sur le professionnel pour éprouver. Et d’autre part, le psychomotricien soutient et accompagne l’enfant, au travers de différentes expériences, pour enrichir son vécu corporel et permettre la construction de soi.


Cette implication du corps est parfois plus efficace que de simples mots : « certains de nos actes peuvent acquérir une valeur interprétative et constructrice, quelquefois plus efficace qu’une parole » [10, p.155]. Toutefois, il s’agit pour le psychomotricien d’associer toutes ses possibilités : le toucher, le regard, la parole, la pensée ainsi que l’engagement dans l’action pour « fournir un cadre de référence qui contient les terreurs et ouvre pour l’enfant sur le sentiment de se sentir porté physiquement et psychiquement, préliminaire indispensable pour l’avènement du Moi corporel et du psychisme naissant » [10, p.157]. Le psychomotricien offre à l’enfant autiste la possibilité d’être porté psychiquement et physiquement, il étaye l’appropriation de son propre corps et l’ouverture sur l’environnement extérieur.