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CHAPITRE 1 : L’infusion poste touristique

2.1. La ruée vers la mer

L’affluence touristique crée, au cours de l’été, une saison de fréquentation élevée et une autre quand la demande est moins importante. Entre ces deux extrêmes, se trouvent des périodes de moyennes saisons- que les professionnels du tourisme appellent des arrières saisons ; ou des longs week-ends voir des ponts. La fréquentation touristique et l’utilisation de l’espace d’hébergement influencent fortement l’espace visité- dans notre cas, les stations balnéaires. Si les touristes, par leur fréquentation de courte durée font surgir un urbanisme dépendant sur la fréquentation saisonnière, l’influence des investisseurs dans les maisons secondaires ou des migrations permanentes changent l’aspect urbanistique d’une station.

Les grands ports situés sur le littoral ont toujours été des zones de brassage de la population, ainsi créant des lieux cosmopolites par excellence. Mais à part quelques

exceptions, le peuplement du littoral est souvent originaire de l'intérieur. Thumerelle (1998) nous dit que pendant des siècles, les côtes ont été moins peuplées que l'intérieur des terres car l'agriculteur, en quête de plus de terre à cultiver, était arrêté par des dunes, des lagunes, des marais, des landes ou des mangroves peu propices au développement de ses activités.

L’installation de l’homme sur les rivages est une grande tendance, selon Marcadon (1999) de la deuxième moitié du 20eme siècle. Partout dans le monde, de la Chine au Brésil et de l’Australie à l’Afrique comme en Europe, la bande côtière manifeste une grande dynamique économique et démographique. Le rapport Picquard de 1973 indiquait que 10% de la population française vivait sur les communes littorales soit sur 4% du territoire national (Le Guen et al, 2004). La densité de la population littorale française atteignait 257 habitants/km2 soit deux fois et demi la moyenne nationale de 104 hab. /km2 en 1990 et de 315 habitants par km² (trois fois supérieure à la moyenne nationale) en 2005 (INSEE, 2008). Alors que le mouvement naturel contribue pour environ un tiers à la croissance de la population, c’est le solde migratoire que nous avons évoqué dans la partie introductrice de cette étude (Knafou, 1998 ; Pierret, 1998) qui est le facteur majeur de l’évolution. Marcadon (1999) nous dit que

101 c’est une spécificité du littoral par rapport aux espaces intérieurs du pays où la part du solde naturel est à celui du solde migratoire.

Le résultat se voit dans les statistiques de la population française. Le littoral montre un haut degré d'urbanisation. Ce degré de variabilité dans le taux d'urbanisation (au niveau national en France) est dépendant sur l'attractivité des côtes. Selon Thumerelle (1998), celui- ci est très élevé en Bretagne; où les trois quarts des villes (77%) de plus de 10 000 habitants sont situées en bordure de mers ou d'estuaires; de 72% en Nord- Pas de Calais, et un taux de 90% sur la côte Basque ou la Côte d'Azur. Le département de Loire Atlantique, (où se situe La Baule) est aussi fortement urbanisé le long de son littoral. Ce taux, selon Thumerelle (1998) s’élève à 86%.

Illustration 36: Variation de la population littorale entre 1999 et 2005. Source INSEE 2008 Ces statistiques portent sur l'habitation permanente. De plus, la concentration varie selon la période de l’année. Par exemple, les littoraux de l’Europe méditerranéenne accueillent des millions de touristes de l’Europe du Nord en été (Marcadon, 1999). Les stations de la côte Atlantique comprenant La Baule accueillent des milliers de touristes venant de l’intérieur des terres. Nous pouvons observer ce même phénomène à Bournemouth qui est

102 une station très fréquentée par des estivants anglais.

Il est aussi évident que les cantons littoraux possèdent des résidences secondaires en fort nombre ainsi que de nombreux campings. Les 4% du territoire national concerné (du littoral) concentrent 41% des résidences secondaires en France (Marcadon, 1999).

Conséquemment, la population littorale peut augmenter considérablement pendant la saison touristique par rapport aux chiffres de population résidente. Selon Thumerelle (1998),

l'amplification est sans commune mesure, des fois se multipliant par dix en été. Ainsi, conclut Thumerelle (1998) en citant la succession des recensements de la population, la confirmation du glissement du peuplement vers le littoral. Entre 1982 et 1990, par exemple, la population littorale a augmenté 1,5 fois plus rapidement que la moyenne nationale. On a aussi noté que 43% des autorisations des permis de construction des logements (primaires ou secondaires) ont été délivrées dans les départements riverains de la mer. Des études publiées par l’INSEE (2008) nous montrent que l’accroissement de la population littorale a été plus fort sur la période 1999-2005 que sur la période 1990-1999 pour de nombreux secteurs atlantiques même en arrière-pays. Sur le littoral Atlantique, toujours selon l’INSEE (2008), une pression démographique s’est amorcée dans les années 1970, où l’accroissement de population est devenu supérieur à la moyenne nationale. Parallèlement, le taux de croissance rejoint le niveau de la façade méditerranéenne.

Plusieurs auteurs ont essayé d’expliquer ce phénomène de ruée vers la mer. Bavoux (1997) nous dit qu'«on reste médusé devant le paradoxe de ces millions de touristes qui fuient leur ville parce qu’elle est surpeuplée, bruyante, polluée et qui viennent chercher dans telle ou telle station leurs deux semaines parfois aussi surpeuplées, embouteillées, bruyantes et polluées, la seule différence étant qu’il faut payer - et généralement fort cher – pour ce privilège. On va sur la côte pour «changer d’air» et on y reconstitue la ville avec ses immeubles, ses autoroutes, ses foules, ses stress. Il faut vivre avec son temps, disent les promoteurs ».