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De l’estivant du début du siècle au consommateur actuel

CHAPITRE 3 : Les facteurs explicatifs de la relation entre le tourisme et les lieux touristiques balnéaires

3.2. De l’estivant du début du siècle au consommateur actuel

Le caractère inhérent à la région côtière : le soleil, la mer et le sable forment les ingrédients nécessaires pour le tourisme balnéaire. Ces facteurs rendent les lieux attirant pour les pratiques touristiques, résultant dans la naissance des stations balnéaires. (Boyer, 1999). Ainsi on peut trouver différents types de stations balnéaires, quelques-unes planifiées et d'autres non planifiées (Wong, P.P, 1993). Le résultat est que souvent nous trouvons des stations balnéaires avec des morphologies distinctes. Knafou (2012) nous dit que le tropisme

34 balnéaire est devenu universel. Après les pays européens et les Etats Unis, qui se sont dotés de stations balnéaires, cela fut le tour de la Chine, de l’Inde ou du Brésil, de vouloir créer des stations balnéaires tout au long du 20ème siècle. Ainsi, plusieurs pays en voie de développement construisent des stations balnéaires autant que les pays développés; résultant dans une variété diversifiée des stations dans les régions côtières autour du monde.

Aujourd’hui nous considérons les plages qui constituent le fondement du tourisme balnéaire comme étant dynamiques par leur nature même. Le phénomène du tourisme littoral est massif et largement répandu dans l’espace. En France, en 2007, il représentait 34,3% des nuitées en moyenne sur l’année, mais près de la moitié des nuitées de la période estivale (Messager & Ruiz, 2010). Desse (1999) dit que le taux des départs des Français en vacances à la mer est passé de 0,3% vers 1900, à 34% en 1960 puis à 45% en 1995. Les études publiées par l’Insee montrent que pour l’année 2003, sur l’ensemble de la saison, le littoral concentre les trois quarts des séjours, dont 83 % des nuitées françaises et 64 % des nuitées étrangères. Les Français ont privilégié le littoral de la Loire- Atlantique (+ 5 %), les étrangers ont plébiscité la côte vendéenne (+ 47 %). Les départements de Loire-Atlantique et de Vendée ont hébergé plus de touristes que l’année précédente (respectivement + 3,4 % et + 6,9 %).

Chez nos voisins allemands, ce taux est de 60% avec la majorité des touristes allemands partants hors de leurs frontières. Les destinations lointaines, très prisées depuis la baisse des prix du transport aérien visent massivement la bande littorale. Un ensoleillement assuré et un bon rapport qualité prix ; avec l’implantation des grandes chaînes hôtelières comme le Club Méditerranée sur les littoraux des Caraïbes, ou au sud-est asiatique ou d’autres destinations insolites confirme ce mouvement de fond.

Avec les moyens de transport, d’autres facteurs ont influencé le développement des stations balnéaires au 19ème siècle. En Angleterre, l’un de ces facteurs clés fut la rapide urbanisation de la population. La révolution industrielle a causé l’exode massif des populations villageoises vers des villes industrielles où à l’époque on pouvait trouver du travail facilement. Cette migration, selon Holloway (1983) a eu des conséquences importantes sur les travailleurs immigrés eux-mêmes. Les villes polluées et sans paysages appréciables les ont rendu nostalgiques par rapport aux contrées. Les travailleurs sont devenus conscients de la beauté et de l’attraction des paysages ruraux qu’ils venaient de quitter- fait qu’ils n’appréciaient guère quand ils y vivaient. Ces travailleurs dans les usines des villes effectuaient des travaux monotones et stressant tant au plan psychologique qu’au plan

35 physique. Ils cherchaient des moyens d’y échapper pendant le peu de temps de loisirs qu’il leur restait.

Le stress dû au travail fut aussi accompagné d’une augmentation considérable du pouvoir d’achat des travailleurs anglais. Une demande accrue de produits finis anglais augmenta la demande de main d’œuvre en Angleterre et conséquemment apporta une augmentation du revenu des travailleurs. Ceci permit aussi, au début du 19ème siècle, l’augmentation des voyages d’affaires tant au plan national anglais qu’international. Le développement économique en Angleterre a provoqué une demande grandissante de la consommation chez les citoyens les mieux payés, y inclus dans le secteur des voyages. Il est évident que tout le monde n’avait pas les moyens de partir en vacances à la fin du 19ème

siècle voir au début 20ème. Seules les classes aisées pouvaient se permettre de prendre des vacances pour partir en cures ou autres bains de mer. En France, les premiers consommateurs étaient des Parisiens fortunés, des aristocrates ou des bourgeois. Holloway (1983) nous dit qu’à l’époque, il manquait deux aspects essentiels pour lancer les voyages en masse en Angleterre : les congés payés et les moyens de transport peu cher et plus rapide. Même si en Angleterre, comme partout en Europe, les congés payés ont fait leur apparition bien plus tard dans les années 1930 (les seuls jours de repos étaient des Bank Holiday : jours chômés quand les banques étaient fermés) ; l’arrivée des trains a changé le paysage touristique balnéaire partout en Europe.

36 Conclusion de la partie 1

Nous pouvons dire que la pratique du tourisme balnéaire, née dans les premières décennies du 19ème siècle, selon Rubenstein (1999), a mis en scène des personnages des familles royales, des peintres, des écrivains ; elle a entraîné dans son sillage des modes vestimentaires nouveaux et des styles architecturaux. Elle a fait naître des nouvelles pratiques dans les domaines du voyage, de l’édition ou de la publicité, accélérée par le développement du chemin de fer ou de l’automobile, tout comme elle a participé à la création des institutions ou d’associations liées aux loisirs (Duhamel & Sacareau, 1998; Holloway, 1983; Rubenstein, 1999). Mais, pendant tout le 19ème siècle, il n’y avait pas de continuité linéaire entre ces stations toujours isolées ; la majeure partie des littoraux continuant une vie rurale et de pêche (Boyer, 1999). C’est ainsi que les côtes basses et en particulier les cordons littoraux ont été longtemps négligés par les touristes. A l’instar des populations qui avaient souvent préféré se réfugier à l’intérieur des terres (à l’abri du vent, des inondations ou des moustiques) comme ce fut le cas dans les origines de La Baule ou de Bournemouth, le tourisme de masses a évité ces espaces. Si les premières implantations sur la côte languedocienne, celle d’Aquitaine, la côte d’Opale ou belge datent des années 1850-1860, il faut attendre un siècle pour y voir surgir des grandes stations balnéaires. La villégiature d’hiver a laissé la place à un usage plus intensif de la plage pour s’y exposer au soleil, se baigner, pratiquer des sports de glisse voire le nautisme (Desse,1999). Les congés payés et l’augmentation du temps libre ainsi que l’accès aux moyens de transport abordable ont changé la donne considérablement dans un temps relativement court.

Ainsi, dans cette première partie nous avons vu l’évolution du tourisme de ses origines sélectives à un phénomène accessible aux masses (au moins dans les pays développés). Nous avons aussi vu les moyens qui ont amené les touristes vers leurs lieux de consommation touristiques et leur pouvoir à modifier l’espace visité. La pratique touristique a évolué, tout en bouleversant l’aspect du temps libre qu’on connaissait auparavant, aidé par des innovations dans les moyens de transports plus nombreux et plus rapides amenant les touristes vers des destinations diverses.

37 PARTIE 2 : LES MODELES D’EVOLUTION DE LA STATION BALNEAIRE : UNE APPLICATION AUX DESTINATIONS ETUDIEES

CHAPITRE 1 : Les facteurs explicatifs de la relation entre le tourisme et les lieux étudiés CHAPITRE 2 : L’évolution des stations avec le temps : La relation entre le tourisme et l’urbanisme

CHAPITRE 3 : L’évolution des stations expliquée en utilisant des théories de Gromsen et