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CHAPITRE 1 : Les facteurs explicatifs de la relation entre le tourisme et les lieux touristiques balnéaires étudiés

1.2. L’action de l’état qui a aidé à lancer la station

1.2.2.1. Un premier gouvernement

En 1851 Bournemouth était toujours un petit village avec une population de 695 habitants. Mais le village grandissait rapidement. A cette époque, Bournemouth n’a pas vraiment continué à se développer comme une station balnéaire mais plutôt comme un village de pins au bord de la mer. Les fortunés et les aristocrates s'y rendaient pour s’aérer et reprendre des forces. Le développement et l'agrandissement du bourg dépendaient de l'effort des individus fortunés et des entrepreneurs (Bournemouth Council, 2002; Edwards, 1998). Mais la population rencontra des problèmes d'eau potable, d'assainissement et aussi un manque de routes pavées. C'est dans ce contexte qu'un acte du parlement a mis en place une commission dont la mission était de paver, de nettoyer et d’assurer l'éclairage des rues et l'assainissement. Cet acte, appelé The Bournemouth Improvement Act a permis la création un gouvernement local à Bournemouth. La responsabilité de ce gouvernement était limitée à un rayon d'un mile du centre de la porte principale de l'Hôtel Belle Vue (Popham & Popham, 1985). La région entière constituait 1140 acres. Ashely & Ashley (n.d.) nous disent qu’à l'époque, rien ne présageait que le village deviendrait la grande ville balnéaire d'aujourd'hui.

En 1856, treize commissionnaires d'amélioration ont été élus pour former ce gouvernement local. Ces commissionnaires devaient résider dans la région administrée ou devaient avoir leurs résidences dans un rayon d’'un mile maximum à l'extérieur. Les forces de police de Bournemouth ont aussi été établies cette même année (Bournemouth Council, 2003; Edwards, 1998). En 1859, un dispensaire fut construit. Les pauvres pouvaient s’y faire soigner et obtenir des médicaments gratuitement. Les commissionnaires ont œuvré pour développer la région sous leur juridiction. Ils ont conçu des sentiers, amélioré des routes et construit une promenade centrale menant vers le Bath Hôtel. Des prairies dans les alentours furent aménagées et transformées en jardins. Une petite jetée en bois fut construite à Bournemouth en 1855 pour pouvoir accéder à la mer. En 1861, un quai en bois fut construit pour la remplacer. En 1880, il a été remplacé à son tour par un quai en fer.

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Illustration 15 : Une carte postale datant de 1855, de la jetée montrant l'Hôtel Belle Vue.

La région a gagné en autonomie et a décidé de continuer sa politique de développement afin d’attirer davantage de visiteurs. Le 24 mars 1891, la ville adopta un blason où la devise de la ville est inscrite : « Pulcrhitsudo et Salubritas »; c'est à dire Belle et en bonne santé. Nous pouvons ainsi constater la volonté d’afficher l’aspect « sain » de la ville (Bournemouth Borough Council, n.d. b). A la fin du 19ème siècle, les bains publics ont été construits à côté de la jetée où se trouvaient aussi quelques magasins. Un article dans un journal local a sollicité la construction d'une route au bord de la mer, longeant la plage. L'article exprimait la nécessité de cette route en disant:

La construction de cette route est tout ce qu'il faut pour faire de Bournemouth une des meilleures stations de bord de mer anglaise. Ainsi nous pourrons directement concurrencer l'attrait de la Riviera ou d'autres stations étrangères (Ashley & Ashley, n.d.)

Sir Merton, le maire de Bournemouth à partir de 1894, était favorable à cette idée (South west Grid for learning, 2003). La municipalité fit construire une route le long de la plage en 1907, sous les collines au bord de la mer (Le Kaiser William d'Allemagne fut un des premiers à conduire sur cette route). L’idée de départ était de faciliter l’accès des handicapés en fauteuils roulants, à la mer.

48 Illustration 16: L’ouverture de la route longeant la mer (Undercliff drive), en 1907.

49 Nous pouvons ainsi constater la volonté des résidents et du gouvernement local d'assurer le développement de la ville de Bournemouth. Cet effort a été poursuivi dans les années qui suivirent. Un pavillon fut construit en 1929 (Ashley & Ashley, n.d.) ainsi que quelques parcs. Des terrains de golf furent aménagés. Un orchestre municipal prit place à Winter Gardens (jardin d'hiver). Des hôpitaux, des écoles, des bibliothèques et des maisons pour héberger les nouveaux arrivants furent bâtis.

50 1.3. La ruée vers la mer pour des raisons de santé

Bien que l’Angleterre est à l’origine de la pratique moderne des bains de mer (18ème

siècle) ; cette pratique s’est très vite répandue au reste de l’Europe et aux Etats-Unis. Les premiers établissements de bains de mer s’ouvrent en France vers la fin du18ème siècle (Boulogne-sur- Mer en 1785). Mais le littoral atlantique de la Bretagne et de la Vendée sont largement méconnues des visiteurs citadins au 18ème siècle. Vincent (2011) nous dit qu’on trouve les premiers baigneurs aux Sables-d’Olonne en 1816, au Croisic en 1819, à Pornic, à Saint- Gildas-de-Rhuys, à Saint-Malo dans les années 1820. Vincent (2011) suppose qu’il y avait déjà des baigneurs curistes à Préfailles (commune voisine de Pornic) durant la Révolution française. Au début du 19eme siècle, contrairement aux autres régions de la France comme la côte Méditerranéenne ou le littoral de la mer du Nord (qui sont des lieux de passage des Britanniques pour le Grand Tour), la pratique du tourisme est presque inexistante sur la côte Atlantique.

« La santé » était la raison principale influençant le choix de la destination touristique pendant une bonne partie du 19ème siècle. Les croyances dans l’aspect curatif des bains de mer ont été remplacées par les croyances dans les vertus de l’air marin. Ainsi, le climat est devenu le facteur principal dans le marketing des stations balnéaires au 19ème siècle.

On comptait le nombre d’heures d’ensoleillement dans quelques stations; c’est alors que les stations de Bournemouth et de La Baule se sont positionnées sur l’aspect curatif de l’air marin, grâce aux pins qui jouxtaient la mer et les promenades. Bournemouth est devenue populaire pour les convalescents qui souffraient de problèmes pulmonaires ou d’autres maladies respiratoires. (D’autres stations ont promu l’aspect romantique- ce qui fut le cas de Nice et la côte d’Azur ; ou encore les jeux et le casino à Monte Carlo où des milliers d’anglais se rendaient pour échapper à la moralité de l’Angleterre Victorienne.)

Nous allons voir comment le facteur d’être connu comme un lieu d’accueil pour les convalescents à influencé la popularité des stations que nous étudions au début de leur création.