• Aucun résultat trouvé

1. LES OUVRAGES LITTERAIRES

1.4. LE ROMAN DE LA MORALE DU GRAND MONDE ET DE LA POLITIQUE

Ce genre est représenté par deux auteurs: Antonio de Guevara et Gracian.

1.4.1. GUEVARA

Antonio de Guevara (fin XVème (1480 ?-1544) élevé à la Cour; franciscain, il devint le prédicateur de Charles Quint et historiographe de ce prince. Il fut très vanté de son vivant et très attaqué peu de temps après sa mort.

Ses publications débutent en 1527 avec le Libro Aureo de Marco Aurelio publié in-fol. à Séville, chez Juan Cromberger. La parution de ce livre fut un grand événement. Il fut autant lu sinon plus que l'Amadis de Gaula. On en fit de multiples rééditions et il fut traduit en plusieurs langues. On pense que ce livre était déjà connu depuis 1518 par des manuscrits. En effet, le Seigneur de la Grise en parle. Pendant son emprisonnement en Espagne en 1526. Il dit: pour "que j'occupasse le temps, me jettay aux livres que je peux trouver... entre lesquels le petit livre doré, lequel me tira tant de moy que tout le jour ne la plus grande partie de la nuict ne me suffisoient, tant pour le lire que pour l'escrire".

A la première édition espagnole en succèdent d'autres: En Espagne:

Princeps, à Séville en 1527.

Séville: 1528, in-fol - 1531, in-fol.-

1532, in-fol. - 1533, in-fol.-1534, in-fol. 1537, in-fol. - 1543, in-fol.1557, in-fol.

Valence: 1528, in-fol.

Saragosse: 1529, in-fol. - 1555, in-16°. Salamanque: 1531, in-fol. -1571-

1579, in-12°.

Barcelone: 1532, in-4° - 1624, in-8°

1628, in-8° - 1647, in-8°

Alcala: 1566, in-8°

Tolède: 1566, in-8°

Lerida: 1569

Madrid: 1596, in-12° - 1602- 1650, in-4°-

1651, in-4° - 1698, in-4°

Cordoba: 1600, in-12°

A Anvers: en espagnol en 1529, in-4° - 1534, in-8°-1539-

1545, in-12° - 1546, in-12°-

1550, in-12° - 1554, in-12° -

1594, in-12° - 1574, in-12°.

1594, in-12° - 1595, in-12° -

1604, in-12°.

A Lisbonne, en espagnol, en 1528 et 1535, in-fol. A Venise, en espagnol, en 1532, in-8° et 1553, in-8°.

Dès 1531 parut une traduction française à Paris avec le titre Livre doré de Marc Aurèle, empereur et éloquent orateur, traduict du vulgaire castillan en françoys par R.B. (René Bertaut) sieur de la Grise. Ainsi, nous trouvons en France les éditions suivantes:

En France: à Paris: en 1530, in-4° - 1531- 1534, in-4°- 1537, in-8° - 1538, in-8° - 1540, in-fol - 1546, in-16° -

1549, in-16°- 1550-1555-

à Lyon: en 1544, in-16° - 1557, in-8°- 1570, in-8° - 1577, in-8°, chez de Tournes

et en 1585, ouvrage de notre Fonds (11)

à Rouen, en 1576, in-8°.

L'Horloge des princes

à Paris: en 1540, in-fol. -1550- 1552,in-8°-

1555, in-fol. - 1561, in-8° - 1564, in-8°- 1565, in-8° -1566, in-8° - 1569 - 1572 1576 - 1578- 1580, in-8° - 1588, in-8°. à Lyon: en 1592, in-8°, chez B. Rigaud et

en 1608, in-8°, chez Rigaud.

A Londres, en anglais en 1534- 1535, in-8° et 1566, in-12°. Il y a d'autres éditions en italien, hollandais et allemand.

Le favory de Court,qui se trouve dans notre Fonds (12) édité en 1556 à Lyon chez Roville semble

être une autre façon de présenter le Libro llamado menosprecio de la corte y alabanza de la aldea publié en espagnol à Valladolid pour la première fois en 1539. Ce livre a été publié en France sous le nom de Le mépris de la cour et louange de la vie rustique, en 1542 à Lyon, à Paris en 1544, et les rééditions se sont multipliées jusqu'en 1621.

L'oeuvre de 1556 de Guevara, Le Favory de Court, est dédicacée par Jacques de Rochemore, son traducteur, à "Monseigneur Anne, Duc de Montmorancy, pair, connétable, et Grand Maître de France, Gouverneur par le Roy en son Pays de Languedoc" pour les "plus favoris de Court"..."non pas pour la conservation de la faveur et crédit où vous êtes envers notre Roy, étant plus que certain que vous les avez plutôt pratiqués et exercés... sinon pour trois raisons. La première, pour la satisfaction... à vous faire toute ma vie un perpétuel et humble service... la louange de vos héroïques et illustres vertus. La seconde, étant... tant plein de belles doctrines... bons exemples... cueillis au jardin de vertu et bonnes moeurs... qu'en lisant y pourrez voir décrites (sinon toutes) au moins la plupart des recommandables vertus et honetetés qui reluisent en vous même... Et la tierce, parce qu'il m'a semblé qu'il ne pouvait convenir à autre mieux... qu'à vous, comme vous êtes pour aujourd'hui le vray et péculier favori du plus grand et magnifique prince qui vive comme est notre très chrétien Roy de France".

-L'Histoire de Primaleon de Grèces

continuant celle de Palmerin d'Olive... n'aguere tirée tant de l'italien comme de l'Espagnol, & mise en nostre vulgaire par François de Venassal Quercinois. Premier livre. Lyon, chez Pierre Rigaud. 404 pag., in-16°, 1618.

11.-Le livre doré de Marc Aurele empereur et éloquent orateur (car. civilité), traduit premièrement dz vulgaire castillan en françoys par R.B. de la Grise.. Lyon, Jean de Tournes. 542 pag., in-16°. 1585.

12.- Le Favory de Court... Nouvellement traduit d'Espâignol (d'A. de Guevara) en Françoys par Maistre Iaques de Rochemore... A Lyon, par

Le traducteur raconte ensuite les hauts faits et les qualités de la famille de Montmorancy au service du Roy... Il ajoute... "pourtant le prince n'a besoin de rien, que des amis de tel calibre que vous êtes". La dédicace a été faite à Nîmes le 30 novembre 1555. On dirait que cette dédicace va être lue par le Roy et tous les nobles. La protection d'un noble au traducteur, lui assure aussi la bonne renommée de sa maison dans les générations à venir, et dans l'actualité une publicité sans prix qui lui garantit les bonnes grâces royales.

Nous avons ici un "mécénat" qui vise à assurer à la maison du mécène une bonne place auprès du Roi. Si le XVIIème siècle voit gouverner les favoris du Roi, ceux-ci prennent leur importance au cours du XVIème siècle, par le biais des éditions d'ouvrages traduits de l'espagnol, destinés aux nobles.

Quant aux Epistres dorées moralles et familières, -dont nous avons deux éditions dans le Fonds de la Bibliothèque de la Part-Dieu (13) - publiées à Lyon en 1556-1558-1575-1578-1584 (un

quatrième livre) et 1588, et à Paris en 1565-1570-1573-1577-1588, elles furent publiées pour la première fois à Valladolid en 1539, sous le nom de Epistolas familiares, traducciones y razonamientos.

Ce qui nous montre le dynamisme de Lyon qui, contrairement à ses habitudes, publie la première, Paris ne le faisant qu'ultérieurement.

Les Epîtres Dorées de 1558 ont été traduites par le "Seigneur de Guterry (né en Navarre, médecin du Cardinal de Lorraine depuis 1553), Docteur en médecine & Médecin de mon Seigneur... Cardinal de Lorraine, en su Abbaye de Cluny" et dédicacées au "très excellent et très illustre prince, Charles, révérendissime Cardinal de Lorraine, arcevesque et Duc de Reims, premier Pair de France", afin de "chasser encore et bannir les mesmes citoyens, inventeurs des choses qui pourraient corrompre les bonnes et louables coutumes et honnêtes manières de vivre... empoisonner les entendements par disputes sophistiques et sciences pernicieuses... endommager le peuple de marchandises trop chères ou des charges insupportables..." pour qu'elles "servent de conseil, aux curieux de connaissance de l'antiquité & aux gens de loy".

En fait, le traducteur espère un bon accueil à sa traduction lorsqu'il dit "...et si la France a fait tant d'honneur à quelques plaisantes fables venues depuis peu d'années en ça de la même Espagne, je dois espérer que ces épîstres... ne sont mal reçues...".

Nous constatons ici un affermissement du succès de la littérature espagnole en France. Lors du passage d'une oeuvre à un autre pays, l'on dirait que le traducteur prend la responsabilité du succès de l'ouvrage, se mettant lui-même en cause si cela n'était pas le cas.

Les dédicaces attirent ou visent à maintenir la faveur des puissants sur les traducteurs, en même temps qu'elles servent de publicité pour la bonne renommée du puissant. Nous en trouvons un exemple de ceci dans une dédicace (ouvrage Primaleon, édition 1618 faite par François de

13.- Epistres dorées moralles & familières... A Lyon, par Macé Bonhomme. 560 pag., in-4°. 1558.

-Les Epistres dorées et discours salutaires... avec un traité des travaux et privilèges des galères, trad. par le Seigneur de Guttery. Lyon. B. Rigaud. 352 pag., in-8°. 1588.

Vernassal à François de Lorraine, Duc de Guise) que voici: "...plusieurs tachent de perpétuer leur nom & par ce moyen d'immortaliser leur mémoire, aux siècles de la postérité..".

Cette dédicace en français est suivie de la traduction castillane. Ensuite, il y a une note au lecteur ou l'on s'excuse des possibles fautes du texte et l'on donne des excuses invraisemblables (l'on ne savait pas que les épîtres allaient être publiées... elles ont été volées, etc..) empreintes d'une fausse humilité que l'on retrouve presque toujours dans les écrits de cette époque.

En ce qui concerne les oeuvres de Guevara, il semblerait que leur succès en Espagne aussi bien qu'en France fut considérable. En Espagne on l'admire et en France on le critique à cause de son style mais néanmoins il séduit, puisque ses oeuvres sont rééditées à plusieurs reprises.

Les Epistres dorées fournissent de nombreuses anecdotes à d'autres écrivains français tels que Bellefores, Tesserant, Marcouville, Du Verdier et Montaigne qui songera même un temps à donner à ses Essais la forme de lettres fictives à l'imitation de ces Epistres.

1.4.2. BALTASAR GRACIAN

Le Fonds Lyonnais renferme deux ouvrages datant de 1693 et 1696, du Père Baltasar Gracian, jésuite, qui introduisit dans la prose le langage précieux et compliqué que Gongora introduisit dans la poésie.

Les ouvrages de Gracian connurent, même de son vivant (1584-1658), une grande vogue, et furent traduits dans plusieurs langues. Ils traitent, en général, de la morale du grand monde, de la politique et de la rhétorique.

C'est le cas des ouvrages de notre Fonds qui ne figurent pas ailleurs (14). Gracian a été publié à

Paris vers la moitié du XVIIème. siècle et L'Homme de cour est l'un de ses derniers ouvrages publiés à Lyon.

Ce genre de la morale du grand monde et de la politique avait déjà été introduit en France en 1531 par Antonio de Guevara, mais à la fin du XVIIème siècle ce genre manifeste les excès du style chargé de l'époque.

D'ailleurs entre Guevara et Gracian il existe une énorme différence qui marque une rupture: Guevara a été publié surtout au XVIème siècle, plus au XVIIème (à l'exception de l'ouvrage de 1608 édité à Lyon) et il incarnait l'écrivain de la Renaissance: il fit connaître aux gens de son époque la pensée de Marc Aurèle et essaya de perpétuer ce modèle, non en regardant vers le passé, mais en progressant sur le chemin que les classiques avaient signalé; alors que Gracian appartient à un modèle complètement différent: il s'agit d'une autre époque.

14.- L'Homme de Cour de Baltasar Gracian, traduit et commenté par le Sieur Amelot de la Houssaie... nouvelle édition reveue & corrigée. Lyon,

chez François Barbier. 373 pag., in-12°. 1693.

-L'homme de cour de Baltasar Gracian traduit et commenté par le Sieur Amelot de la Houssaie... Lyon, chez François Barbier. 373 pag., in-12°. 1696.