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1.6 LE THEATRE: FELIX LOPE DE VEGA CARPIO

5. LES OUVRAGES D'HISTOIRE OU LE TRACE DE LA DIPLOMATIE ESPAGNOLE EN EUROPE

5.2. LES OUVRAGES SUR LA FRANCE.

Le premier ouvrage date de 1588. Il s'intitule Harangue au Roi Très chrestien, faite à Chartres par Monseigneur Don Bernardin de Mendoça, Ambassadeur pour le Roy d'Espagne vers sa majesté, édité chez B. Rigaud (76).

L'Ambassadeur d'Espagne, Bernardino de Mendoza (1540-1/1604) fut un écrivain et diplomate espagnol. Il était noble et très tôt se chargea de différentes démarches diplomatiques auprès du Pape Pie V, dans les Flandres et en Angleterre. Ayant déjà derrière lui une longue et brillante carrière, le Roi d'Espagne le chargea de l'Ambassade d'Espagne en France en 1584, auprès d' Henri III. Il resta en France jusqu'en 1591 ou début 1592. La situation politique de l'époque, si délicate, montre la confiance que Philippe II lui accordait et à laquelle il sut répondre, en faisant tout ce qu'il put en faveur du Roi.

Ce discours rappelle aux français que Philippe II avait comme mission principale de défendre la Religion Catholique. C'est la raison pour laquelle il combattit l'Angleterre, puisque, dans ce pays, on avait banni la religion catholique et martyrisé des catholiques. Philippe II demandait donc au Roi de France d'exercer des représailles contre les Anglais qui, de plus, avaient condamné à mort la Reine d'Ecosse -Marie Stuart- qui avait aussi été Reine de France, car elle avait été l'épouse de François II. L'Ambassadeur rappelle les derniers accords passés avec serment: le Roi Très Chrétien promettait de se retirer des ligues et associations faites avec les hérétiques. Philippe II voulait être sûr que le Roi Très Chrétien, Henri III, n'empêcherait pas "la destruction des hérétiques". En effet, Henri III s'était toujours montré hésitant et partisan des protestants jusqu'à ce que, poussé par les circonstances, il se décidera enfin à soutenir les catholiques.

Il ne faut pas oublier qu'en 1588 Henri III fit assassiner François de Guise et qu'une insurrection appelée Journée des Barricades, éclata, à Paris, contre Henri III qui réussit à s'enfuir à Chartres; d'où l'intérêt du discours de l'Ambassadeur espagnol, fait dans cette ville.

En fait, c'est un avertissement. Ce récit fait partie d'un recueil qui retrace tous les conflits nés entre la noblesse et le Roi autour des questions entre catholiques et protestants. Philippe II avait pris parti pour la Ligue; Henri III était un homme peu sûr, mais il était quand même le Roi et on lui demandait d'adopter une attitude nette.

Philippe II, en 1585, soutint la Ligue catholique, et chercha en même temps à faire donner la couronne de France à sa fille Isabel Clara Eugenia -petite fille d'Henri II de France: cf. récit du mariage de la seconde fille de Philippe II, Catherine d'Autriche, avec le Duc de Savoie en 1585, ce qui va préparer le terrain-.

Finalement, face à la crise, Henri III appela à son secours le Roi de Navarre -qu'il combattait auparavant- et, avant de mourir le reconnut comme successeur.

76.- Harangue au Roy Tres Chrestien, faitte a Chartres, par Monseigneur Don Bernardin de Menbdoça. Ambassadeur pour le Roy d'Espagne

Il existe une autre édition de cet ouvrage datant de 1588, mais on n'en connaît pas le lieu -Paris ou Lyon-. Ainsi, l'ouvrage du Fonds de la Part-Dieu, nous fait comprendre l'attitude de Philippe II et d'Henri III, dans un contexte politique assez critique.

Nous avons aussi un récit de 1590 qui s'intitule Déclaration du Roi d'Espagne sur les troubles, misères et calamités qui affligent la chrétienté et notamment le Royaume de France, édité à Lyon, chez Loys Tantillon (77)

Philippe II s'adressa le 8 mars 1590 à tous les Princes et Puissances catholiques. Il fait un résumé des luttes qu'il a dû mener contre les protestants, aussi bien aux Pays Bas qu'en Angleterre. Il regrette la mort d'Henri III, qui laisse la France aux mains des hérétiques. Il fait donc appel à tous les princes chrétiens et catholiques pour qu'ils se joignent à lui afin d'extirper l'hérésie et délivrer le Très Chrétien Roi de France, Charles X "injustement détenu en captivité par les hérétiques"; et afin de pouvoir ainsi conquérir la Terre Sainte, comme l'avait fait autrefois la noblesse catholique.

Cette déclaration devait être suivie d'une lettre adressée à Gaspard de Quiroga, archevêque de Tolède, écrite le 9 mars 1590, le lendemain de la déclaration dont nous venons de parler. Dans cette lettre Philippe II lui fait part de son intention d'aller libérer Charles X, ce qui n'est pas possible sans un "notable fonds de finances, qui ne peut être trouvé en France à cause des calamités et guerres civiles qui y ont eu cours pendant trente ans". Philippe II le prie donc de "faire assembler en diligence les Conciles Provinciaux à la manière accoutumée et taxer raisonnablement selon leur qualité tous ceux qui tiennent bénéfices en nos dites Provinces". Tout cela pour servir l'Eglise Catholique et attirer ainsi les bénédictions de Dieu, puisque la chrétienté semble être déchirée, et que son état fait craindre que bientôt les Turcs ne s'emparent d'elle.

Ainsi, dans cet état d'esprit, avec la perspective d'une Croisade en Terre Sainte, comme au Moyen-Age, Philippe II était prêt à tout, avant de laisser tomber la France aux mains d'Henri III qui, à l'époque n'avait pas du tout l'intention de se convertir.

Philippe II encouragea la formation d'un tiers parti, qui cherchait un autre souverain. Le Roi d'Espagne força Henri IV à se convertir quelques années plus tard, en 1593.

En 1590 Alexandre Farnèse occupa Paris et, le 14 mars 1590, Henri IV qui assiégeait Paris triompha à Ivry. Philippe II écrit donc cette déclaration à un moment critique pour la France, et nous voyons qu'il est disposé à tout pour que celle-ci ne devienne pas protestante.

Ce récit fait partie du même recueil que le récit suivant de 1590, qui a été édité à Lyon, chez Jean Pillehotte. L'intitulé de ce récit est: Bref discours et véritable des choses plus notables, arrivées

77.- Autos reales. 1590.8 Mars. Madrid. Déclaration du Roy d'Espagne sur les troubles misères, & calamitez qui affligent la chrestienté, &

notamment le Royaume de France (8 Mars 1590) Avec les lettres de sa Maiesté au Clergé (Gaspard de Quiroga, archev. de Tolède) pour fournir de leurs... aux fraiz de la guerre. Sur la copie imprimée à Douay, par Iean Bogard. A Lyon, par Loys Tantillon, in-8°, 13 pag., 1590.

au siège mémorable de la ville de Paris et défense d'icelle par Monseigneur le Duc de Nemours, contre le Roy de Navarre, écrit par Pierre Cornejo... (78) .

En fait il ne s'agit pas du tout d'un bref récit, car il est assez long: soixante pages. Il raconte en détail tout ce qui s'est passé lors du siège de Paris dont nous avons déjà parlé. L'oeuvre est dédicacée à la Duchesse de Nemours, dédicace ou Cornejo loue l'attitude de ses enfants lors de ce siège.

L'auteur, Pedro Cornejo de la Pedrosa fut un historien espagnol et un carme qui naquit à Salamanque vers 1536 et mourut le 31 mars 1618. Après son entrée au Carmel, il vécut aux Pays-Bas et en France à l'époque de la Ligue, qu'il défendit.

De retour en Espagne il fut honoré par le Roi Philippe III et la Reine Marguerite, qui le nommèrent professeur à l'Université de Salamanque. Il écrivit plusieurs ouvrages qui furent publiés en France, en Espagne et à Bruxelles.

Il s'agit d'un récit de grande importance puisqu'il a été pris sur le vif par un témoin oculaire, ce qui est souvent le cas dans ce genre de recueils, qui nous permettent de retracer l'histoire des événements les plus importants du XVIème siècle.

Le récit du Fonds lyonnais daté du 2 avril 1593 (79), rapporte le discours fait par le Duc de Feria à

l'Assemblée générale des Trois Etats de France. Le duc prononce ce discours "au nom du Roy Catholique pour l'élection d'un Roy Très Chréstien". Ce récit fait partie d'un recueil de vingt trois autres concernant ce qui s'est passé entre 1592 et 1593; ces récits sont de nature variée, comme d'habitude; on raconte les défaites des huguenots, on rapporte des copies de lettres envoyées à Rome, etc...

Notre récit fait référence à la paix établie en France entre le Roi d'Espagne et Henri II, laquelle fut confirmée par le mariage de la princesse Isabelle avec Philippe II, le 31 janvier 1560 -ce qui fit que Philippe II chercha plus tard à donner la couronne de France à sa fille, Isabel Clara Eugenia, qui était la petite fille d'Henri II.

Le Duc de Feria souligne le fait que le Roi Catholique a toujours envoyé ses troupes en France pour aider le Roi Très Chrétien à défendre la foi catholique -et sa couronne- en France, et loue la "patience du Roi Catholique parmi tant et de si grandes injures qu'il a reçu de vos Rois". Et il énumère ces ingratitudes.

Il rappelle l'alliance de Philippe II avec les Frères de Guise, et la grande quantité d'argent qu'il a donné pour cette cause; grâce à cela le Roi des Français "fut contraint de se tourner du Party de la Religion", mais comme il n'était pas sincère, les maux s'étaient multipliés. Ainsi la guerre ouverte est déclarée. Après avoir subi une défaite à Ivry, les troupes espagnoles qui étaient

78.- Bref discours et véritable des choses plus notables, arrivees au siège mémorable de la renommée ville de Paris... Par Pierre Corneio. A

Lyon, par Iean Pillehotte, in-8°, 60 pag., 1590.

79.- Harangue faicte en l'assemblée générale des trois Estatz de France le second iour d'Avril, par le Duc de Feria... Avec la lettre de sa maiesté