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1.6 LE THEATRE: FELIX LOPE DE VEGA CARPIO

3. LES OUVRAGES DE MEDECINE ET PHARMACIE

3.4. MANUELS DE MEDECINE:

3.4.2. PEDRO PABLO PEREDA

Médecin espagnol du XVIème siècle, il naquit à Jativa (Valence). Il enseigna la médecine à l'Université de Valence, mais on ne sait rien d'autre sur lui.

Il publia son Methodum curandi Scholia exercentibus medicinam maxime utilia, à Barcelone en 1579, in-4°, puis:

A Lyon en 1585, in-8° et en 1587, in-8° -celui-ci figure dans notre Fonds (54)-,chez les Gunti et Pauli Guittii.

A Lyon, en 1600, in-8°-1602, in-8°-1630, in-8°, chez H. Cardon. A Venise, en 1602, in-8°.

L'exemplaire de notre Fonds de 1664, in-8° (55), chez Laurentii Anisson, reste une édition unique

avec son supplément de chimie de C. Spontio. En fait, il s'agit de la publication de manuels de Médecine qui sont davantage publiés à Lyon qu'en Espagne, puisqu'il y a eu seulement dans ce pays, une édition -la première- en 1579 et qu'à Lyon il y en a eu cinq, dès 1585 à 1630.

Reste à savoir si ces publications françaises, en latin, s'adressent aux futurs médecins français ou espagnols. A mon avis, ce sont les Français qui en étaient les destinataires, bien que les livres en latin sur un sujet d'érudition très précis, comme la médecine, fussent susceptibles de changer aisément de mains, d'un pays à l'autre. Quoi qu'il en soit, les contacts entre les Facultés de Médecine françaises et espagnoles, ne manquaient pas!

Dénombrer ces éditions nous a permis d’établir le graphique suivant:

54.- Petri Pauli Peredae... In Michaelis Ioannis Paschalij methodum curandi Scholia... Lugduni, ex officina Iuntarum et Pauli Guittii, in-8°, 635

pag., 1587.

55.- Petri Pauli Peredae... in Michaelis Ioan Paschalii methodum Scholia... Accessit chymica appendix authore Car. Spontio. Lugduni, sumpt.

Ce graphique nous permet d’affirmer que le succès constant d’Arnaud de Villanova pour toute la période étudiée est flagrant. Autrement, les premiers à publier ses manuels de médecine sont Juan Falcon et Laguna, qui publieront en 1515 et 1535 respectivement. Ceci se comprend aisément, car Falcon était doyen de la faculté de Médecine de Montpellier et Laguna était l’un des premiers médecins à pratiquer la dissection à Paris.

Dans la seconde moitié du XVIème siècle, C. Vega, Vallés Covarrubias et Monardes Alfaro sont les auteurs les plus publiés en France. Ainsi, les tendances de l’époque sont représentées en eux: la tendance classique avec Vega, la tendance humaniste avec Vallés, qui pratique des dissections et assure le tournant Galien-Hippocrate, et les nouveaux apports venant des Indes Occidentales, avec Monardes Alfaro.

Au XVIIème siècle, toutes les tendances demeurent, mais perdent une partie de leur force. C’est la France qui publiera, presque seule, les oeuvres de ces médecins et chercheurs espagnols. En effet, l’Espagne néglige à cette époque l’édition de ces oeuvres.

Sous réserve de quelques contributions exceptionnelles de certains médecins espagnols au monde médical français, nous n'avons pas l'impression que la médecine espagnole ait beaucoup apporté à la médecine française.

En revanche, nous constatons la grande importance qu'a la Faculté de Médecine de Montpellier qui choisit ce qui lui paraît intéressant dans le domaine médical, et le modifie par rapport à ses dernières découvertes. Elle présente ainsi ses recherches sur les remèdes pour la grosse vérole dès 1501, maladie apportée du Nouveau Monde, ce qui montre son dynamisme.

Lyon publie ces mises au point, et des ouvrages qui pourraient servir de manuels de médecine. On constate également que Lyon est aussi en contact avec la Faculté de Médecine de Valence et avec Alcala, par la publication des ouvrages de Pereda et de Vega; ces ouvrages restent, cependant, une exception.

Toutefois, à la fin du XVème siècle, les éditions françaises d'un médecin du Moyen-Age - Villanova- se multiplient, ce qui prouve que la médecine en vigueur au début du XVIème siècle est la même qu'à la fin du XIIIème et au début du XIVème siècle. En effet, Villanova s'était détaché des doctrines médicales présentées par les Arabes, dont la pensée dominait l'époque, pour faire évoluer -avec Lulle, l'alchimie et présenter la médecine dans le sillage des classiques: Hippocrate et Galien, notamment.

Ces publications vont jusqu'en 1532 environ, et se poursuivent un siècle plus tard -en 1633. En fait, cela tendrait à prouver qu'en ce premier quart de siècle, se produit un virage dans la médecine; virage qui va être assumé par des médecins français, comme Jean Fernel, Ambroise Paré et d'autres.

A ce propos, nous pouvons signaler la remarquable contribution de Juan Falcon, espagnol, installé en France, docteur régent de Montpellier qui édita, pour la première fois, un manuel de chirurgie selon le modèle classique prôné par Hippocrate et qui débute, comme il se doit, par une étude anatomique, ouvrage dont Paré a dû s'inspirer.

Falcon écrivit un autre ouvrage en 1559 dont le titre indique -entre autres choses - "...Hippocratis et Galeni, necnon Avicennae, Rhasis, Avenzoar...", preuve supplémentaire d'une option pour les classiques et contre les Arabes, option que l'Occident adopte à la suite de Villanova, au milieu du XVIème siècle, donc en pleine période de luttes contre l'Islam.

Les autres médecins espagnols dont les ouvrages sont édités en France, sont pour la plupart, soit des médecins du Roi d'Espagne, soit, des médecins qui ont étudié ou se sont installés en France, soit encore des médecins de portée universelle -voire européenne- qui avaient une grande érudition. Citons par exemple, Murillo Velarde y Jurado, qui nous a laissé en France un écrit sur la mélancolie; Vallés Covarrubias, érudit et professeur de médecine de l'Université d'Alcala, dont les ouvrages ont été publiés dans toute l'Europe; Laguna, qui, nous le savons, séjourna à Salamanque, Paris, Cologne et Rome; fut "doctor honoris causa" de l'Université de Bologne et accompagna Charles Quint lors d'un voyage à Gand; et, finalement, Gallego de la Serna, médecin du Roi d'Espagne qui, nous l'avons vu, fut appelé à Paris pour guérir la Reine de France.

En effet, ces médecins espagnols ont été des rénovateurs et représentent bien les tendances de la médecine de la Renaissance, à savoir: la pratique des dissections sur des cadavres humains; la tendance à faire de l'observation clinique, la base de tout diagnostic; et le recours aux textes originaux d'Hippocrate, en le prenant comme modèle du savoir et de la technique médicale. Aussi, il faut souligner les écrits du médecin espagnol Nicolas Monardes Alfaro qui écrivit un panégyrique en faveur des herbes apportées du Nouveau Monde. Lyon publia ses ouvrages en 1602 et 1619, après l'Espagne (1569-1571 et 1574), l'Italie (de 1575 à 1616) et l'Angleterre (de 1577 à 1596). Paris et Rouen le font en 1572 et 1588, respectivement. Lyon reste donc ouverte aux nouveautés dans la ligne de la médecine naturelle classique, à base de plantes.

En conclusion on peut remarquer que, en dépit du nombre restreint d'éditions espagnoles à Lyon, il existe en France, notamment à Paris et à Lyon, une connaissance ininterrompue des éditions espagnoles. La période où ces publications peuvent être datées est comprise entre 1480 et 1630, si l'on ne compte ni les ouvrages de Gallego de la Serna (de 1634 à 1640) protégé par le Roi de France, ni celui de Murillo Velarde en 1672, puisque ce dernier reste un cas isolé.

Ainsi, l'apport espagnol n'est pas énorme, mais il reste très intéressant, puisqu'il est tourné vers les nouvelles tendances en pharmacie et en médecine, en particulier dans le domaine des drogues venues du Nouveau Monde, et du changement des modèles jusqu'alors en vogue, pour des modèles classiques.

Les médecins espagnols s'inscrivent ainsi dans la plus typique médecine de la Renaissance Européenne.